Le temps d'un aller retour avec quelques petits fours et sa camarade avait disparue. Adélaïde ne connaissait pas cette femme mais pour le coup, c'était un type de comportement qui lui plaisait moyennement. Tant pis. Haussant les épaules de façon nonchalante, elle sortait avec son assiette de nourriture, se souciant peu de ce que le maire était en train de raconter derrière lui. A vrai dire, elle n'était là que pour la bouffe et ce n'était pas son discours qui allait y changer quoi que ce soit. S'éloignant du restaurant pour se balader un peu, elle enfilait les petits fours à une vitesse dingue. Elle aurait du se soucier du maire, de son discours, de sa toux soudaine. Elle aurait dû se méfier d'une nourriture gratuite, de son excès de gourmandise et surtout, elle n'aurait pas dû s'éloigner autant de la foule.

Ses pas l'avaient menée près d'un point d'eau, beaucoup plus silencieux que le restaurant. Depuis quelques minutes, elle avait cette tendance à se gratter un peu la gorge et plus les secondes défilaient, plus elle avait cette sensation d'être gênée. Une gêne qui se transformait en un véritable malaise. Elle avait cette sensation de manquer d'air, elle respirait exactement comme une personne en pleine panique. Elle ne l'était pas, pas avant de sentir ses poumons se compresser, incapables de se remplir d'air, incapables de la faire respirer. Le manque d'oxygène faisant, elle avait seulement eu le temps de lâcher son assiette qui se brisait dans un fracas attirant les regards et de sortir son téléphone pour taper un 9 avant de littéralement s'écrouler sur un homme. ( @Sven Kaplov ) Il devait terminer l'appel au 911 ou pour sûr, elle y passerait.

Spoiler:

Adélaïde peinait à respirer. Elle ignorait d'où ce problème venait, elle ignorait jusqu'à la mort du maire quelques secondes avant qu'elle ne puisse plus tenir sur ses jambes, son corps privilégiant sûrement l'afflux sanguin vers son cerveau que le reste. Elle se retrouvait incapable de bouger, sa respiration était roque et en même temps, presque inaudible. Elle était en train de mourir. C'est la sensation qu'elle avait tant ses poumons lui faisaient un mal de chien. Elle peinait à comprendre ce que l'homme cherchait à lui dire, elle peinait à entendre la voix au loin qui clamait que la scène était désormais une scène de crime. Elle avait envie de pleurer sans pouvoir y arriver. Elle pensait à son père, à Andreas, à sa mère, sa grand-mère, Aaron qu'elle avait aperçu et même à son chien. Les larmes n'étaient pas là, incapable de pleurer mais son cœur se serrait de chagrin. Elle gardait les yeux ouverts, tentait en vain d'articuler des mots mais comment répondre quand on est incapable de respirer? Impossible. Elle se contentait de subir, de penser à toutes les choses qu'elle aurait pu faire, qu'elle ferait si elle s'en sortait mais pour le moment, elle ne voyait qu'un chemin sans issue. Elle pensait à son jeune âge, à toutes ses années qui s'envolaient en un instant, à tous ses efforts pour rien. Elle se sentait mourir, elle avait la sensation de partir avant de finalement totalement s'évanouir, apercevant à peine les sirènes des pompiers sur le point d'arriver, n'ayant seulement le temps que de serrer ses doigts contre ceux de @Sven Kaplov comme pour se donner une dernière dose de courage.

De tes yeux injectés de sang, tu la regardes. Tu es ... Fatigué ? Chaud ... Froid ... Fièvre ? Tu ne te sens pas bien. Qui es-tu ? Où suis-je ? Il veut me tuer ... Au secours ... Non ?

Le maire tombe.

Un meurtre ???

Balayage instinctif de la salle. Qui recherches-tu ? C'est évident.

Dans ses vêtements chics, et son air détaché, tu le recherches, désespéré. Où se cache-t-il ? Il est temps d'y aller. Olive ... Ton Olivier. Oliver (@Oliver Penford). Ta loyauté maladive désireuse de te dévorer. Des corps se lèvent, des voix hurlent, des personnes courent, d'autres tombent. Et lui ?

Où es-tu ?
Où es-tu ?
Putain de merde, mais où es-tu ?

Tu tousses, Harriet tousse, mais ça, tu t'en fiches : tu es trop occupé à sonder les environs. Où es-tu, putain ?

Une silhouette que tu reconnaîtrais parmi mille se détache finalement de la foule. Elle faiblit. Elle marche. Tu la vois qui essaye d'avancer. Bordel mais ... Il va se faire piétiner.

Ton courage à deux mains, tu essayes de t'avancer. Vous êtes venus ensemble et vous repartirez ensemble. Règle numéro un : ne jamais abandonner un acolyte.

Nouveau toussotement.
La tête qui tourne.

Je continue de marche
Je tousse
Je m'arrête
J'arrête
Je me remets à marcher
Je tousse, encore, plus fort
Violence, violent ... Violemment

Je

* koff *

Je ...

Main portée aux lèvres, besoin d'évacuer,
Mauvaises ondes, mauvais souvenirs, mauvais champagne ...

* KOFF * * KOFF * * KOFF *

Je n'arrive plus à marcher !

Bras accroché à une chaise, j'essaie d'avancer.
Ma main est rouge

* KOFF * * KOFF * * KOFF *

Je m'assois un instant pour me reposer.

Kai ne fit pas attention à l'intervention de l'homme qui prend place sur l'estrade. Il n'écoute pas un seul mot de son discours. Le regard fixé sur l'homme aux bouclettes, il ne peut s'empêcher de fulminer au fond de lui. De se demander comment il connait Théa. Quelle relation possède-t-il avec elle. Et surtout, à quel point sont-ils proches pour en venir aux mains. Il sait pertinemment qu'il n'a pas à se poser cette question, qu'il n'a pas à être jaloux, pourtant, il a totalement conscience de ses pensées. Ne cherchant pas une seconde à s'en éloigner. Au contraire, il se fraye un chemin pour suivre l'inconnu qui aime se battre. Histoire de lui poser quelques questions. Et pourquoi ne pas lui coller un bon pain en pleine tête par la même occasion. Il s'éloigne du groupe d'amis qui s'était formé, le regard attaché à sa cible, restant encore à distance. Le discours ne lui parvient pas aux oreilles, ou il ne l'écoute pas. La scène du décès en fait de même. Son seul objectif est ancré dans son regard.

Il le perd des yeux. Et c'est ainsi que la réalité le frappe. Il a ralenti le pas, se retrouvant maintenant arrêté net. Au milieu de la foule, d'inconnus. Sa respiration se fait saccadée. Il sent en lui que quelque chose ne se passe pas comme d'habitude. Il cherche quelqu'un qu'il connait. D'abord son meilleur ami, mais il semble maintenant trop éloigné pour apercevoir Aristide. Puis n'importe qui. Ses mots ne sortent pas. Il respire de moins en moins bien. Se mettant à haleter rapidement à la recherche d'un air qui pourrait alimenter ses poumons. Chose qui ne fonctionne pas. Il sent son état empirer. Un état de panique le submerge. Serait-il en train de mourir ? Maintenant ? Là ? Dans cette solitude ? Inspire, expire. Cela ne fonctionne pas. Son corps semble refuser toute tentative de survie. Et soudain, dans ce énième essai pour rester en vie, il voit le sol se rapprocher pour s'y écraser avec force et disparaître. S'évanouissant sans pouvoir lutter davantage.

Une fois la brute éloignée, c’est le maire qui attire mon attention. La mienne et celle de toutes les personnes présentes, à vrai dire, puisqu’il semble s’adresser à la foule. Aux côtés de mes amis et tout comme eux, je me tourne pour écouter avec un minimum d’attention nécessaire ce qu’il a à nous dire. Pour que cet homme veuille déranger une horde de chasseurs de Pokémon en pleine exploration, je me dis que ça doit être un tant soit peu important. Ceci dit, important ou pas, il semblerait qu’il éprouve quelque difficulté à s’exprimer et franchement, de la part d’un élu, ça me choque. De surcroit, n’a-t-il pas assez d’argent pour se payer le meilleur médecin de la ville ? Tousser au micro de la sorte, quel manque de savoir-vivre et quelle répugnance… Bwah…


Je m’apprête à en toucher deux mots à ma voisine, @Ozalee Carstairs, lorsque celle-ci se plaint de plus rien entendre. Et au moment même où elle dit ça, je ressens une douleur déchirante dans le creux de mes oreilles. Comme celle que l’on subit lors d’un décollage ou d’un atterrissage d’avion, mais en deux fois pire. “C’est quoi ce bordel ?...” Et tandis que, dérangée par la douleur, je m’accroche sans le faire exprès au bras d’@Aristide Kendricks (lui aussi à côté) je paie alors attention autour de nous. Beaucoup de gens sont en peine, d’autres s’interrogent… Mais tout le monde semble en panique. Et moi, je perçois de moins en moins les bruits environnants. L’angoisse me gagne petit à petit. Mes sourcils se froncent, ma prise au bras d’Aristide se resserre… Mais il m’échappe, s’occupant d’Ozalee qui, visiblement, vit très mal ce qui est en train de se passer. Immobile, j’apporte mes mains à mes oreilles, ferme les yeux un instant et me concentre sur mon audition. La douleur s’amenuit, à l’instar de mon ouïe. Le néant… Le néant. Si contradictoire avec tout ce qui se passe autour de moi, quand je rouvre les yeux. Et d’ailleurs, quand je les rouvre, je constate qu’Aristide s’est effondré à même le sol. “Aristide! Ca va?” Je lui demande spontanément. Mais c’est un peu comme si je n’avais rien dit. Je ne m’entends pas, je n’entends plus rien ; les mots sortent sans que je ne me contrôle.


Mes yeux se relèvent sur Ozalee ; je lis dans son regard ce que l’on peut lire dans tant d’autres regards. Et quand je me retourne vers l’estrade du maire, je ne l’y vois plus. D’autres personnes sont là, affolées, mais lui… ? Victime d’un phénomène incompréhensible et effrayant, je sens mon coeur s’emballer tandis que je déglutis. Mes pensées vont vers mon père, décédé il y a de cela quinze ans dans les attaques terroristes à New York. Je me dis qu’il a dû vivre une angoisse de ce genre, certes, mais en bien pire puisqu’il était tout là-haut, dans l’une des tours. C’est plus fort que moi, j’y pense, et ça me fait mal, ça m’effraie davantage. Agenouillée à côté d’Aristide, je ne bouge plus, m’inquiétant aussi pour lui.

Sa femme (@Harriet Lensie) avait cessé depuis belle lurette de se comporter comme l’exigeaient les codes du gratin de la société. Si Edward s’efforçait de palier à son irrespect, il savait qu’elle pouvait lire dans ses yeux que son comportement lui déplaisait fortement et ce malgré le sourire niché sur ses lippes. Il cherchait juste à faire bonne figure, comme à son habitude. Le richissime propriétaire des casinos Lensie n’était guère enchanté par sa présence ici, mais il ne la regrettait plus. Sa femme semblait bien trop étourdie pour préserver leur intégrité comme leur passé commun et il était temps qu’il intervienne. Elle ne fait que le conforter infiniment dans ses choix. Son attitude est déplorable. S’il n’y a qu’une seule chose qu’elle fait de bien, c’est de refuser ce verre qu’il lui a tendu pour l’occuper un instant. Si elle n’a pas retenu la leçon au sujet de la nourriture, elle fait bien de ne pas accepter le verre, bien qu’Edward soit totalement étranger à son contenu, il n’a été que le passeur. Il se laisse aller à une petite mimique légère qui laissait transparaitre sa fierté. Sauf que ce fut de courte durée. Edward retrouva cette expression de marbre face à l’exigence de son épouse qui le laissait indifférent. Elle ne récupèrerait pas son bien, pas aujourd’hui. Surtout qu’il s’agissait d’une aubaine pour lui qui souhaitait savoir pourquoi la jeune femme se rendait chez la psy régulièrement chaque semaine. D’un air plus que détaché, le fortuné se plait à accentuer le fossé qui sépare les deux époux en lui faisant remarquer son attitude. « Me cacherais-tu des choses, Harriet? Tu as l’air plus soucieuse de voir le téléphone en ma possession qu’en la possession d’un parfait étranger. » Cet étranger (@Oscar Luccheti)  qu’il ne cerne pas, et qu’il n’apprécie pas. Il se désintéresse totalement de lui. Le maire vient de faire une entrée fracassante sur l’estrade. Mais il saoule déjà Lensie qui lève les yeux au ciel à l’écouter faire des blagues stupides. Et puis soudainement, le maire voit sa gorge l’irriter, pire, le voilà qui s’effondre dans un bruit sourd. Il en faut plus pour étonner Edward Lensie, qui hausse les épaules dans une indifférence totale. « Comme c’est dommage. » Le maire est mort. La vue d’un cadavre ne risquait pas de l’effrayer lui qui baignait dans toutes les magouilles les plus invraisemblables et qui avait vu pire au cours de sa vie. Toutefois, il ne comptait pas s’attarder ici, un homme non effrayé par ce spectacle serait vite pris pour le suspect numéro un, surtout que Lensie avait toujours plus ou moins intéressé la police de LA. Si Harriet continuait de lui réclamer son téléphone, il remarqua que le monde autour de lui s’agitait non pas parce qu’il s’agissait d’une scène de crime comme on voulait le signifier, mais parce que les gens qui s’étaient gavés comme des porcs commençaient à se rendre compte de leur maladresse. Du poison. Harriet se mit à tousser elle aussi. Un peu trop. Jusqu’à ce que du sang vienne tâcher sa fine menotte. Furieux de la voir en proie à un étouffement certain, il laissa échapper sa véhémence. « Je t’avais pourtant dit de ne jamais toucher à la nourriture dont tu ignores la provenance. » Ni une ni deux, le propriétaire des casinos se saisit de sa femme pour la porter dans ses bras, dégainant au passage son propre téléphone portable joignant son chauffeur personnel. « Phil, on décolle, direction l’hôpital. » Bousculant tout le monde sur son passage, se fichant bien du sort de chacun, il se frayait un chemin avec hâte. Il était inquiet. A l’heure actuelle, personne ne se mettrait en travers de son chemin. Pourtant, il était hors de question qu’il montre le moindre ressenti. « Le téléphone, le buffet, ça commence à faire beaucoup, Harriet. Je ne peux pas te surveiller en permanence. » Jetant un regard ça et là, il entreprit de vérifier qu’il pouvait quitter les lieux sans encombre. Phil était là. Il lui ouvrit la portière et il s’engouffra dans la limousine. Il n’avait pas l’habitude de sauver des vies, il ne savait même pas ce qu’il devait faire. La faire vomir ne servirait à rien, il était trop tard pour cela. Il avait allongé sa femme sur le côté, la tête de cette dernière reposant sur ses genoux tandis que son chauffeur n’avait jamais roulé aussi vite. Il savait qu’il serait mort ce soir s’ils arrivaient trop tard.