L.A.P.D. ferme ses portes
L'aventure se termine ici mais promis, ce n'est pas un adieu ! L.A.P.D ferme ses portes mais nous vous invitons à nous
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Oscar Luccheti

Oscar Luccheti
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Sujet: OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation.   OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation. EmptyVen 29 Avr 2016 - 1:09

Oscar Luccheti

29 ans • Italien • Homosexuel • Célibataire
Ancien étudiant en droit familial • Chômeur • Classe moyenne • Feat. Thom Morell

QUI ES-TU?
Je suis le goût des vagues et l'odeur salée de la Sicile. J'y ai grandi, j'y ai vécu et j'y ai aimé. Puis, j'en suis parti. J'ai étudié à travers le monde avant de m'installer ici.
________________

Sur mon passeport, il y a écrit Oscar. Oscar Luccheti. Apparemment, c'est moi. Je suis Italien. Né en Sicile. À Syracuse, apparemment. Il y a vingt-neuf ans, un 31 octobre. Je parle de moi comme si je parlais d'un autre, mais en réalité, c'est tout comme. Je ne suis plus l'homme que mes proches connaissaient. Cet étudiant en droit de la famille avec un brillant avenir devant lui ; celui qui désirait devenir avocat, sauver la veuve et l'orphelin, et se faire plein de pactole par la même occasion. Je ne suis plus cet homme doux, docile, conciliant et charmeur, avec ses tendances égoïstes et égocentristes ; un brin trop narcissique. Je ne suis plus l'homosexuel attitré de chaque bande d'amis, parce qu'il devait toujours y en avoir un, et que c'était toujours moi. En réalité, je vous dis tout ça, mais cela ne sert à rien, car ce n'est plus moi.

Alors reprenons depuis le début.

Je m'appelle Oscar. Apparemment, j'ai 29 ans. Je suis Italien, mais je vis ici, à présent. Los Angeles. Cela fait sept ans, maintenant, mais compte tenu de ma situation, on peut dire que cela ne fait que quelques mois. En septembre, j'ai été agressé dans une allée sombre. On m'a emmené aux urgences, mais mon cerveau avait décidé de se mettre en veille, quelques temps. J'étais dans le coma. Puis, je suis revenu. Après six semaines d'inconscience, je suis revenu à la vie. J'ai ouvert les yeux, et j'ai parlé. Ou du moins, essayé de parler. Personne ne s'y attendait. Ils étaient tous prêts à signer mon arrêt de mort.

J'ai dû réapprendre à parler, marcher, manger, pisser. Toutes ces choses qu'on prend pour acquises, mais que mes muscles ne savaient plus faire. J'ai dû apprendre à me souvenir, également. Afin de rattraper toutes ces parties de mon passé qui s'étaient évadées de moi pendant mon sommeil. Je n'ai pas tout retrouvé, encore, mais ça va venir, avec le temps. Du moins, c'est ce qu'on m'a dit.

Parfois, j'ai des moments d'inattention et de confusion, où je ne me rappelle plus où je suis, ni ce que je fais. Depuis le coma, je suis devenu plus silencieux et méfiant, apparemment. Distant. Froid. Réfléchi. Tempéré. C'est ce qu'on m'a dit. Moi, je ne sais pas si c'est vrai. Je ne me connaissais pas avant. Enfin, si, mais ... Je ne connais plus celui que j'étais avant. Voilà. C'est ça, ce que je voulais dire. Je n'ai pas énormément d'argent, mais ça, vous deviez vous en douter.

Je vole, évasivement. Dans mes pensées. Dans celles des autres. Et également dans leurs maisons. Au passage, j'attrape un objet ou deux, sans ciller ni cligner des yeux. Pendant plusieurs mois, je devais marcher avec une canne. Maintenant ? elle me sert davantage d'accessoire pour qu'on puisse s'apitoyer sur mon sort. J'avais une vie normale ; maintenant, elle ne l'est plus. Je me dois de vivre tapi dans l'ombre : c'est moins dangereux, ainsi. C'est plus sur. Au final, piller, ce n'est pas si difficile que cela. Qu'il s'agisse d'un téléphone ou d'une télévision, le principe est le même: il suffit de se lancer, sans réfléchir à deux fois. Puis, de courir, plus rapidement que jamais, sans jamais se retourner.

Ce n'est pas si difficile ...

Si seulement le reste était aussi facile.

Plus que jamais, voilà que je cherche un sens à ma vie. Sans savoir si je finirai un jour par le trouver.




PORTRAIT CHINOIS
• Première chose à laquelle tu penses au réveil: Je n'en ai aucune idée.
• Première chose que tu fais en rentrant le soir: Prendre une douche.
• Une musique qui te fait changer d’humeur en un rien de temps: Beethoven: Sonata "Pathetique" Op. 13 - I. Grave. Allegro di molto e con brio.
• L'activité qui te remonte toujours le moral: Cela dépend des jours.
• Si ta vie était un film, ce serait: Vertigo.


• Ce qui te fait le plus facilement pleurer: La solitude de mes pensées.
• Ton plus grand complexe: Mon corps.
• Ta plus grande fierté: La force de mon esprit.
• Ton mot préféré: « Ceruleo. »
• Le meilleur motif pour raccrocher au nez de quelqu'un au téléphone, à tes yeux: « Je suis un peu fatigué, je crois que je vais devoir te laisser. »


• Définis-toi avec une expression: « Quand on veut, on peut. »
• Ta personnalité en un mot: Tenace.
• Ta personnalité (au lit) en un mot: Versatile/Sauvage.
• Plutôt sexe ou abstinence ? Les deux.
• Tu as le pouvoir de changer le monde. Que fais-tu ? J'apprends aux enfants la valeur du respect de soi et des autres.




CASIER JUDICIAIRE
Faux papiers • utilisés avant la majorité pour entrer illégalement dans des espaces réservés aux citoyens adultes (bars, boîtes de nuits ...)

Drogues • un recours ponctuel aux propriétés du Cannabis avant l'accident. Pas de rechutes depuis.

Vols • une cinquantaine d'incidents, étalés sur les cinq derniers mois. Montres, bijoux, bracelets, téléphones ... Généralement effectués en plein jour, l'arrestation n'a jusqu'à présent jamais été une menace concrète.

Cambriolages • trois ou quatre infractions distinctes. Entrée illégale sur des propriétés privées dans l'objectif d'y piller des objets de valeur afin de mieux pouvoir les revendre.

Arnaques • crimes en phase de préméditation.




PRÉNOM: Ferdi. PSEUDO: FA. ÂGE & ANNIVERSAIRE: 20 ans; 25.4. PAYS: Londres, UE.  GROUPE: Non-suspectés. NIVEAU DE RP: Tolérable. PRÉSENCE: Régulière. PERSONNAGE: Inventé. JE VEUX: Ça m'est égal J'AIMERAIS QUE MON PERSONNAGE PUISSE ÊTRE SUSPECTÉ: Oui ANCIEN MEMBRE DE FRAT/L.A.P.D.? Luke Larson, Cheryl Renfield, Lisa Renfield, Yannick Hobbs, Sapphire Sachs, Stephen Smith, Oscar Luccheti, Peter Michaels & Croesus Kingsley. AUTRES COMPTES: Aucun. SOUHAITES-TU T'INSCRIRE AU MP DE MASSE? Oui [X] Non [ ] TA PLUS GRANDE PEUR VIS-À-VIS DU FORUM? Qu'il n'ouvre jamais –> [ ]. UN DERNIER MOT? Fin?
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Dernière édition par Oscar Luccheti le Jeu 14 Juil 2016 - 13:17, édité 7 fois
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Oscar Luccheti

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Sujet: Re: OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation.   OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation. EmptySam 4 Juin 2016 - 2:52

Trapped in my body

« Trapping my soul »



ORDRE
sENSIBILITÉ

cOMPASSION

aMBITION

rESIGNATION

– N'aie pas peur.
Suis moi.
Saute.
________________

Mes bras bougent.
Mon corps avance.
Je nage.
Je suis trempé.
Je nage.

Dans l'océan de mes pensées se trouve un visage monstrueux.
Dans le lac de mes songes se trouve un cauchemar glorieux.
Dans la cascade de mes souvenirs se battent des fausses vérités.
Dans l'abîme de mon passé se cache ma nouvelle identité.

On m'a montré les photos, les portraits, les visages de mon passé. On m'a montré les images, les souvenirs, les clichés de mon identité. Yeux verts. Peau bronzée. Cheveux longs, ou courts – et ondulés. Yeux inoffensifs. Sourires taquins. On m'a montré le fantôme de ma vie passée.

Dans le miroir, j'observe mon reflet.
Mes cheveux collent à ma peau, les gouttes d'eau glissent le long de mes épaules. La lumière, blanchâtre et impersonnelle, m'abrutit. Je regarde cet étranger que je ne connais pas, cet inconnu qui se sèche le visage à coups de serviette bleue. Je me demande pourquoi il me regarde avec son regard inoffensif et vitreux.

Tu m'as dit que tu m'aimais.
Tu m'as promis que tu me défendrais.
Entre tes bras, je me sentais protégé.
En sécurité.
Tu étais la vérité.

Les photographies s'étalent sur la table. Mais à quoi bon ? À quoi bon ? Leurs mots s'ancrent dans mon cerveau. À quoi bon ? À quoi bon ? Je ne suis pas un pantin fait pour véhiculer des idées. Je ne suis pas une éponge qui absorbe toutes les informations qui lui sont lancées. Je ne suis pas un objet, une page blanche à remplir de ses dessins et desseins. Je ne suis pas un outil. Je ne suis pas une chose.

Mon âme saigne sous les coups de la société.
Ils me parlent, tous. Ils me regardent. Ils attendent.

Qui suis-je ? Que suis-je ? Même moi, je l'ignore.

Il y avait les journées pluvieuses, les journées capricieuses. La pluie était ma seule amie. J'ai trouvé refuge au sein de ses sanglots ; j'ai été rassuré par ses maux. Le ciel gris ne m'agressait pas autant que ce blanc immaculé et aveuglant, celui qui recouvrait les murs, les draps, les vêtements, le plafond. La fenêtre m'a apprivoisé, et je me perdais dehors. Paralysé dans ce lit, je m'imaginais là bas. Mon âme dansait et vagabondait parmi les rues de la ville, avec allégresse, victorieuse. Confinée par les limites de mon corps, mon âme n'était plus limitée par mes mouvements. Je me perdais dans mon imagination, je voyageais dans le temps. Je remplissais les trous béants de ma mémoire par des rêves et des promesses. Ce sont mes souvenirs, maintenant. Mes pôles se sont inversés. Mes rêves sont réels. Concrets. Matériels. Personnels. Mes souvenirs sont cruels. Distants. Flous. Communautaires. Lorsque je me rappelle de mon passé, j'ai l'impression de me mentir avec impudence et effronterie. Ce n'est pas moi. Ce n'est plus moi. Ce ne sera pas moi.

Je refuse.

Les coups sont tombés, un par un. Je ne voulais que danser, je ne demandais rien à personne. Je cherchais à me perdre au rythme des mélodies, m'unir à la musique, disparaître dans la chanson. Les coups se sont abattus. Sur mon ventre, sur mes côtés. À gauche, à droite, devant.

La lumière des réverbères m'aveuglait, brûlant mes yeux avec intensité. Des choses se brisaient en moi, sans que je ne m'en rende compte. Souffle coupé – respiration saccadée. Je n'ai pas eu le temps de réagir. Je n'ai pas eu le temps de bouger. Je n'ai rien eu le temps de faire. Baigné dans l'impuissance, j'ai attendu que la fin arrive, elle qui approchait si cruellement. Puis, une douleur aiguë, sur le derrière du crâne.

Puis, plus rien.
Plus rien ...
Plus rien ...
Absolument rien ...

Plus d'univers intérieur,
Plus de microcosme en moi.
Plus de monde ensoleillé,
Plus de pensées abstraites,
Plus de rêves égarés.

Mon corps était la prison que la vie m'avait construite, et je ne pouvais plus m'en défaire, ni m'en libérer.


Au secours
Je suis perdu

M'entends-tu, dans le vacarme ambulant ?

Présent et absent à la fois, j'erre, de pensée en pensée

Tu parles mais je ne t'entends pas

Ou peut être que je t'entends mais que je ne m'en souviendrai pas ?

Pourquoi n'étais-tu pas là ? Pourquoi ne me protèges tu pas ?

Sauve moi
Sauve moi

Sauve moi ...

Je t'en supplie

Emporte moi loin d'ici, redonne moi goût à la vie

Ravive la flamme, qui s'éteint en mon sein

Rallume le feu de mes passions, la lumière de mon esprit

Sauve moi ...

Je t'implore

Avant qu'il ne soit trop tard, sauve moi.

Tes lèvres tremblent, tes yeux s'humidifient

Moi je ne bouge pas: je n'existe plus ; je n'existe pas.

Je ne veux pas mourir.


– Et sinon, ça fait mal ?
– De quoi ?
Je ne sais pas. Moi, si je ne me rappelais plus de rien, je ne sais pas si je le vivrais bien.
...
...


Parfois, j'ai l'impression que personne ne me comprend.
Qu'on s'attend à quelque chose, en me voyant, sans me dire quoi.
On me regarde, on m'observe. J'écoute et j'attends, en silence. Et pour quoi ?
Personne ne me dit rien, personne n'ose en parler.
Me souviendrais-je, un jour ?
Marcherais-je de nouveau, un jour ?
Dans leurs regards se cachent les regrets de la culpabilité.
Coupables. Tous coupables. Des visages tous coupables.
Leurs yeux me racontent des crimes dont ils sont eux-mêmes inconscients.
À qui puis-je me confier ?
Qui viendra me sauver ?

Lorsque j'ai rouvert mes yeux, ma vie a recommencé.
Comme un nouveau né, je me suis ouvert au monde pour la première fois.
Sans savoir à quoi m’attendre, ni être prêt pour ce que je verrai.
Les images sans définition défilaient devant moi, et tout ce que je voyais, c'était le blanc.
Le blanc aveuglant.
Le blanc abrutissant.
La lumière, qui brûlait l'âme à travers les yeux.
Et tous les jours, pendant des mois, elle était là. À brûler la vie recroquevillée au fond de moi. À brûler mes souvenirs. À brûler mon passé.
Mon identité réduite à des cendres incandescentes.

***

SILENCE

TAISEZ VOUS
PITIÉ
ETEIGNEZ VOS VOIX
LAISSEZ MOI EN PAIX
DANS LE SILENCE, LE SILENCE ...

LE SILENCE ÉTERNEL
DE MES PENSÉES

Entends-tu les cris silencieux de mes pensées ?
Vois-tu le désarroi déraisonnable de mon identité ?
Je vis. Et je me sens mort. Abandonné.
Et si la vie n'avait pas été le bon choix ?
Si j'aurais mieux fait de ne pas m'accrocher ?
À quoi je sers ? Pourquoi je suis là ? Pourquoi m'a-t-on épargné ?
Quel est mon but ?
En ais-je un ?
Ou suis-je simplement destiné à vivre, sans direction, pataugeant à travers les marécages de l'existence sans jamais trouver refuge ?
On me penserait ingrat, mais je ne le suis pas, je ne le suis pas ...

J'ai besoin d'échapper à cette monotonie, à la banalité.
À force de voir la même chose tous les jours, on finit par s'ennuyer. Et la nuit, lorsque les lumières s'éteignent, tout recommence, et les questions remontent à la surface : Suis-je vivant ? Ou suis-je emprisonné dans un cauchemar incessant ?


Je vous vois défiler, tous.
Vous êtes si fiers, avec vos beaux vêtements et vos gadgets électroniques. Vous êtes debout, vous. Vous pouvez parler, vous. Marcher. Manger. Discuter. Exister. Vous avez une vie, du travail, une existence. Cela doit vous coûter, non, de vous déplacer jusqu'ici afin de venir m'observer ? Une bête en cage, un animal analphabète. Qui entend sans pouvoir répondre, le vomi s'échappant d'entre mes lèvres ressemblant davantage à des cris de baleine qu'à des paroles. Quelle preuve d'altruisme que celle d'aller flatter votre ego en rendant visite au nouvel animal du zoo. Mais je vous vois, et je vous entends. Vous et vos paroles condescendantes, vous et vos questions stupides. Vous et votre enthousiasme niais et nauséabond.

Je vous hais.

Je pleure, lorsque j'ai mal.
La douleur, lancinante, grandit dans mon coeur.
Une dague, un poignard, quelque chose de pointu est là, comme planté,
Et immobile, figé, je la sens continuer sa quête pour mon coeur.
Je pleure, lorsque tu pars.
Je pleure, tout seul, dans le noir.

Pourquoi m'abandonnes-tu ?

Je savais que tu ne pouvais pas supporter ma douleur.
Je savais que tu ne tiendrais pas sous le poids des silences de mon secret.
Je le savais.

***

– Yaourt. Va ... Vache. Manger. Faim. Fam ... Fam ...
– Famille ?
Fam ... Fam ... Fami-ne ...


Ils ne
veulent
pas sortir
ces mots
Ils sont
là, cachés,
tapis dans
l'ombre
discrète
créé au
fond de
mon gosier.
Mes cordes
vocales
vibrent
une fois
ou deux
et rien
ne sort

Le silence
affreux


Parfois, je parle. Parfois, je ne dis rien. Parfois, je le dis, ce mauvais mot: celui qui n'était pas celui que je voualsi dire. Et ma langue foulche. Et je pale mal. Je perds el ifl de sem spenées. eJ boulie coen m'explumer. Ls mo eskistent ou n'eskistent pas. Ce enne pas un oich. Pseronne me copmen. Ronnepser pour m'adie.

On me réapprend à parler, syllabe après syllabe, son après son. On me réapprend à marcher. On me réapprend à manger. On me réapprend à exister. Mes yeux ne sont plus collés au plafond. Je peux enfin lui faire des infidélités, si je trouve la force de m'asseoir. Souvent, on m'aide à m'asseoir. Je ne suis pas un homme, avec la force de me redresser. Faible, assisté, il faut qu'on m'aide pour que je puisse faire face au mur. Moi, tout ce que je veux, c'est de pouvoir faire face à la vérité.

Qui suis-je ?

Je ne me reconnais pas dans tous les mensonges que tu me dis sur moi.

Ça, c'était moi, en première année de droit. J'étais deuxième de la classe, parce que la première était une véritable garce. Mais j'allais aux soirées, moi, et les gens m'aimaient bien à cause de mon accent. Les professeurs m'aimaient bien, aussi.

Et ça ?

C'était moi en deuxième année. Je regarde le sourire niais et le visage stupide. Je vois la bienveillance et la naïveté dans mes yeux. Je suis horrifié. C'était moi, ça ? Ce gosse innocent et aussi imberbe qu'un nouveau-né ? Cet ignorant, ce benêt que tout le monde devait avoir envie de piétiner ? Je donnais des cours aux nouveaux étudiants, je faisais du tutorat. C'était du bénévolat. Je n'y gagnais rien.

Ça, c'était moi, il y a quatre ans. Apparemment, je souriais tout le temps. Apparemment, j'étais heureux. Apparemment, il y avait toujours une étincelle dans mes yeux. Je vois la photographie et j'ai envie de me gifler. J'ai l'air si fier et narcissique. Et égoïste. Ça, c'était moi, lorsque j'étudiais.

Apparemment. Je ne veux pas y croire, je ne veux pas que ce soit vrai. Je vois ces images et je ne me reconnais pas. On me montre un miroir, et la ressemblance ne me frappe pas. Ce regard, ce n'est pas moi. Ce sourire non plus. Apparemment, si. Ils pensent tous que si. Pourquoi ai-je tant de mal à y croire, moi aussi ?

Et pourtant, j'en ai envie ...

Mais rien à y faire. Je ne suis pas Oscar. Pas celui dont ils se souviennent, tous. Et le pire, dans tout ça, c'est que eux y croient. Dur comme fer. Tout le monde y croit, mais pas moi.

Me vois-tu, mon amour ?
Je hante tes rêves, je danse dans tes cauchemars.
Mes pas sont dévorés par l'avidité des flammes.
Mes pieds sautent et retombent dans un ballet endiablé.
Je suis mordu d'une folie que seul tu saurais calmer.
Tu me vois, suivre le mouvement du feu,
Danser avec la braise, et la laisser me consumer.
Suis-moi.
Perds toi dans ma ferveur.
Aimons-nous, fiévreusement,
Dans le crépitement des flammes.
Brûlons ensemble, jusqu'à l'aube, pour l'éternité.
Brûle moi.
Sauve moi.
De cette insupportable lumière qui me détruit, nuit après nuit.

Tu me parles, mais je ne t'entends pas. Tes lèvres bougent. Je te regarde. Sourdement, je t'observe, tandis que tes mots s'accrochent à mon cerveau pour s'y ancrer et s'y planter, tels des drapeaux coloniaux. Je me sens écrasé par tes paroles. Je perds connaissance, et tu continues de me ruer de coups. De nouveaux souvenirs, de nouveaux encouragements. Tout ce que je veux, moi, c'est qu'on me laisse tomber vers le fond.

***

– Acqua.


Le premier mot sorti de mes lèvres. Un râle rauque et bestial. Acqua. De l'eau. Pour effacer mes péchés et ma mémoire. Me débarrasser de ce passé qui m'enserre les chevilles comme une malédiction. Prisonnier délivré d'une geôle mal surveillée, je suis là pour laisser ma marque sur le monde, une nouvelle fois. J'ai échoué, la dernière fois. Cette fois-ci, je ne me raterais pas. Mon nom sera inscrit, dans des livres, à ma mort. On se souviendra de moi. Je ne compte pas mourir sans identité à nouveau. Disparaître sans laisser de traces. M'éteindre dans une étincelle fébrile. Si je dois disparaître, ce sera dans des flammes gargantuesques et sauvages, dévorant tout sur leur passage. Raser le vieux afin de faire de la place pour le neuf. Tel un phénix, je renais de mes cendres.

Les lumières de l'Univers s'éteignent une par une. Je les admire, les yeux mi-clos. Est-ce donc à cela que ressemble la mort ? Est-elle donc si belle et poétique, cette femme fatale, venue me chercher ? Dans ses bras, je cherche la délivrance de mon identité. Leurs regards m'y projettent déjà. Mort. Des reins défaillants. Un corps défaillant. Bientôt, il ne restera de moi plus qu'une coquille vide et creuse, sans substance. Je m'en irais ailleurs. Je vivrais une vie meilleure. Ou pire, selon le jugement dernier. Les étoiles rient entre elles et me regardent, malicieusement. Elles parlent de moi, mais je ne les entends pas. Je lève mon bras afin de pouvoir les atteindre. Celui-ci retombe, trop faible pour l'exercice. Déception. Je ne suis peut être pas encore mort, et pourtant, je n'ai pas l'impression de vivre. Seule la douleur au fond de mon être me rappelle que j'existe. Sur tous les autres domaines, je ne suis qu'un pâle reflet du moi passé.

– Ça fait plaisir de te voir de nouveau parmi nous.
– Ça fait plaisir d'être de retour.
Tu nous as manqué.
Je sais.


Je suis libre. De mes mouvements, de mes paroles. Ou presque. Je peux bouger. Ramasser des objets sans les faire tomber. Manger. Boire. Parler, parfois. Souvent. Des petites phrases, épuisantes, qui font mal à la mâchoire. Mais je suis libre, et je suis vivant. Je n'ai jamais été plus impatient. Je vois le monde, dehors, derrière la fenêtre, et j'ai envie d'y retourner. Je me souviens des draps verts et des cadres, sur les étagères. Je me rappelle de la cuisine, spacieuse et lumineuse. Le monde extérieur. J'aimerais pouvoir échapper à ma réalité. Je patiente encore. Bientôt, je serai libre, entièrement. Sans être retenu par mes peurs, ni mon passé.

***

Ils ne t'aiment pas.

Tu crois ?

Ils sont uniquement ici par pitié.

...

Regarde bien dans leurs regards. Ça se sent bien qu'ils n'ont pas envie d'être là. Ça se voit.

...









































Il y a des jours où je ne veux voir personne.

Je les vois défiler, un par un, à chercher à me voir. Parfois, je demande aux infirmières si je peux passer la journée sans qu'on me dérange. Parfois, je fais semblant de dormir. Les gens croient que je dors tout le temps. Au départ, c'était vrai. Une violente torpeur m'abrutissait les sens et s'éprenait de moi, constamment, régulièrement. Puis, j'ai fini par m'habituer au fait de dormir, qu'il soit réel ou simulé. Lorsque je dors, on ne me parle pas. Je n'ai pas besoin d'entendre tous les mensonges de leurs vérités. D'après certains, je suis timide. D'autres me disent ambitieux. J'en ai marre de ne plus savoir qui je suis. J'en ai marre d'avoir besoin qu'on me décrive ma personnalité, la personne que je suis, mon identité.






J'EN AI MARRE, PUTAIN
Toutes vos voix
Toutes ces voix
Qui m'envahissent et me brouillent l'esprit
Me disant quoi faire, qui être et quoi penser
Et pourquoi ?
Parfois, j'ai l'impression d'être une poupée de cire.
Vous essayez de me façonner à votre image, mais ce n'est pas moi, ce n'est plus moi.

***

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Sally, c'est celle dans la chambre à gauche. Je l'entends respirer la nuit, dans des râles rauques et insistants. Elle ne parle pas beaucoup, Sally. Elle a été défigurée par un incendie. Ça fait trois jours.

Mickey, c'est le petit garçon, dans le couloir d'à côté. Son père l'a emmené faire du vélo, un Samedi matin. Il faisait beau. Le soleil était chaud. Puis, ils l'ont emmené ici. Depuis hier, il dort. Pour combien de temps encore ? Personne ne le sait, réellement.

June, elle est arrivée il y a trois semaines. Avant, sa soeur venait tous les jours. Maintenant, elle passe deux fois par semaine. Ses visites sont moins longues, et moins fréquentes. Et bientôt, elle sera oubliée. Comme moi je l'ai été.

Arthur. Il a toujours été là, Arthur. Depuis mon réveil. Avant mon réveil. Comme un meuble, il ne bouge pas. Il décore sa chambre de sa mâchoire prononcée et de son air serein et apaisé. Il ne se réveille pas.



Bientôt, ils vont vouloir le décrocher des machines.  Pas assez de place, trop de patients. Moi aussi, ils voulaient me décrocher de la machine.

Lorsqu'on me promène, je passe devant eux. Mon regard se perd parfois dans l'entrebâillement d'une porte, et je les regarde. Un étau se resserre autour de mon coeur. Ils sont en vie. Étais-ce donc à ça que je ressemblais ? Étais-ce comme ça que les gens me voyaient ? Si faible, si fragile ...

J'ai envie de leur parler.
Faire un pas, aller vers eux.
Leur tenir la main.
Être là.
Il faisait si froid ...
Ils doivent avoir si froid ...
J'ai des frissons dans les bras, le ventre, les aisselles.
Je ne peux pas ...

Je ferme les yeux.

Je ne peux pas regarder cette tristesse,
Je ne veux pas repenser à la douleur.
Je ne peux pas contempler leur lutte entre la vie et la mort,
Je n'aime pas me sentir aussi impuissant.

Mon reflet m'effraie, parfois.

Tu l'aimes, ma boîte ?
Il fait chaud, dedans. Enfermé entre quatre murs, je suis là et j'attends. Le salut. Un nouvel envol. J'aimerais pouvoir sortir dehors, déployer mes ailes, et découvrir de nouveaux horizons. Ici, tout est simple ; noir ... Ou blanc. Il y a la vie. La mort. La joie. La tristesse. Le souvenir. L'amnésie. Deux choses. pas de milieu.

Je suis dans la boîte dans une boîte dans une boîte dans une boîte dans une boîte dans une boîte dans une boîte dans une boîte dans une boîte.





LE
CYCLE
DE
LA
VIE


***







NUITS





LUNES





SOLEILS





JOURS

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Sujet: Re: OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation.   OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation. EmptyJeu 18 Aoû 2016 - 2:18

I trusted you

« Keep twisting that knife into my heart »



Lorsqu'on m'a remis en liberté, j'avais du mal à croire qu'il s'agissait réellement de la réalité.

Tout était tellement ... Réel. Et intense. Des couleurs vives, chatoyantes, brûlantes au regard. Mes iris abîmées par ces rouges et ces jaunes dorés. Des sons assourdissants, abrutissants, de klaxons, de moteurs, de conversations bruyantes et hurlées sur un trottoir, en plein milieu de la journée. Je me sens petit, dans ma petite chaise magique qui bouge sur ses roues. Parfois on me pousse, parfois j'avance moi-même, grâce à ce fauteuil utile et pratique. Mais au final, je suis libre. Ou presque. Si je croyais avoir laissé ma prison derrière moi, à l'hôpital, la réalité, c'était qu'il ne s'agissait là que d'une cruelle illusion.


I trusted you
我信了你
я доверял тебе
Waxaan aad ku kalsoon tahay
Ich habe dir vertraut
انا وثقت بك
Mi fidavo
Mimi kuaminiwa wewe
Yo confiaba en ti
私はあなたを信じていた

Je te faisais confiance.



La véritable prison, et ma croix à porter, se trouve en moi, dans mon âme, aux tréfonds de mes pensées.

La prison de mes souvenirs, la prison de mon passé ...

Il m'étouffe, l'ancien Oscar. Il se rit de mon malheur, avec son air innocent et son rictus moqueur.


Si lire déconcentre, parler torture. Je ne veux pas parler, au début. Je ne peux pas parler, au début. Parce qu'on s'accroche à mes lèvres pour boire chacun de mes mots, et qu'ils refusent de sortir, et que ça me fait peur. Je ne veux plus qu'on me regarde. Je n'aime pas cette sensation de devoir quelque chose à tout le monde, à laquelle je suis incapable d'échapper. Elle me suit partout. Dans la rue. Lorsque je mange. Lorsque je respire. Aux toilettes. En regardant la télé. Dans mes cauchemars. Dans mes pensées.

On me demande mon histoire. Enfin ... Ce que je ressens, quoi. Ce que je vis. Ce dont je me rappelle. Et si c'est facile, ou difficile ... On ne me le demande pas comme ça, évidemment. Pas ouvertement. Ce serait trop flagrant. C'est timide, plutôt. Discret. Secret. Caché au fond d'un regard distrait trop insistant ou d'un silence étonnamment bavard. Au bout d'un moment, je me suis bien rendu compte que je ne pourrais plus rester.

C'est l'histoire d'un bonhomme,
Qui n'était plus tout jeune,
Ni trop courageux,
Un bonhomme
qui, à cause
de sa peur
a choisi
de ne
pas

revenir.

Il m'a fallu des semaines pour me remettre sur pied. La vie n'a jamais été construite pour des handicapés. Je roulais en silence dans cet appartement où je squattais, mais qui ne m'appartenait pas et sur lequel je n'avais aucun droit. Un invité. J'étais un invité.

J'ai souvent l'impression que tu n'oses pas me regarder. Fais-je donc si peur que ça ? Pourquoi as-tu peur de l'affronter, mon regard, qui n'attend que ton approbation ? Amitié, familiarité, proximité ... Où sont passés ces mots, ces notions, ces idées ?









"Je m’inquiétais pour toi, je venais tous les jours"


C'était les mots, tes mots. Ceux que tu m'avais déclaré, ce jour là. Les yeux ouverts, je te regardais.

Amitié, familiarité, proximité.

Je ne me rappelais pas. Tu étais là, et tu me connaissais. Moi, je ne te connaissais pas. Pas d'amitié. Pas de familiarité. Pas de proximité.

Tu visitais chaque jour.


Je vagabondais avec mon esprit.

Présent.

Absent.

Ailleurs.

Partout.

Nulle
Part

J'existais

Sans exister.

Tu me racontais les histoires de ma vie, de mon passé. J'hochais de la tête et j'acquiesçais dans mon silence, incapable de parler, effrayé à l'idée même de m'exprimer. J'enregistrais tout sans intervenir. J'ancrais dans mes songes toutes les vérités sur mon identité. Je t'intégrais.

Une partie de moi.
C'est ce que tu es devenu.
Comme la respiration
Comme les émotions
Ta présence est devenue évidence
Ton absence, impensable.

Ma vie est revenue, mais tu lui échappais. De toutes les histoires que tu me racontais, il ne restait que de vulgaires échos, des bribes fracturées, brisées, abandonnées ... Oubliées. Je ne te voyais pas comme tu te décrivais. Je ne te situais pas là où tu t'imposais. Et pourtant, ce que tu me disais ... C'était réel. La vérité.

***

J'aime être avec toi. Au calme. Détendu. Posé. J'aime entendre ta voix, douce mais grave, profonde mais rassurante. Ton regard, perçant et docile. Ton air mystérieux. Tes paroles bienveillantes.

J'aime que tu me parles de moi. Et de nous. Et de ce que tu savais. J'aime être avec toi. J'aime avoir le droit d'oublier. Tu ne me forces jamais à être celui que je ne suis pas. Cet ancien Oscar. Tous les autres voulaient que je le redevienne, cet ancien Oscar ...

AncienOscarEstMort. AOEM.

AOEM.
Alors où est Mike?
Attends, oublie, exprime, montre
Avec opulence et magnanimité,
Attends, oublie, exprime, montre.
AOEM.
Allons ouvrons écoutons manquons.
AncienOscarEstMort.



Au final, j'y ai cru comme du feu. Je t'ai suivi. Je t'ai écouté. Tu t'es imposé. Je t'ai accepté. Une partie de moi. Tu faisais partie de moi. J'étais chez toi. Dans ta maison. Ta maison ...

Ton foyer.

Je ne suis qu'une personne, parmi tant d'autres.


J'ai voulu être productif. Faire quelque chose ; aider ; contribuer. Montrer que je ne logeais pas gratuitement, impunément, de façon ingrate. Je désirais apporter une pierre à l'édifice, aussi petite soit-elle. Entre deux sessions de thérapie physique, j'ai fait mes recherches, afin de préparer mes dossiers.

Je les ai envoyées, ces lettres. Écrites avec passion, ferveur et acharnement. Des heures passées devant un écran aux lettres dansantes, à taper sur un clavier qui ne m'obéissait pas. J'ai tout cherché. Puis ... J'ai attendu.

J'ai attendu ...

J'ai attendu ...

Attendu

ttendu

tendu

du



... Une nouvelle lettre de refus que j'ajoute à la pile. Il n'y en a pas beaucoup, en réalité, puisque la plupart des gens se content d'ignorer mes demandes. C'est plus facile, ainsi. Il n'y a nul besoin de décevoir. On se contente de ne rien dire, et le silence parle de lui même.

Le silence, le silence ...

Mais quelle pute, ce silence.

Il m'a détruit la vie.

***

C'est une sculpture. De glace. Et elle fond, au soleil. Lentement. Goutte après goutte. Particule après particule. Il la frappe fort, ce soleil. Il cogne. Il cherche à lui nuire. À la détruire. Il cherche à me détruire.

Parce que je ne suis pas heureux, lorsque je contemple et que je réfléchis. Parce que le bonheur, illusoire, n'est qu'une promesse balancée dans le vent que l'on n'obtient jamais. Ça me manque, l'enfance. Et l'innocence. En réalité, ça me manque, qu'est-ce que ça me manque, tout ça.

La simplicité de la vie.

En réalité, j'essaie. En réalité, je galère. En réalité, je patauge. La vie se moque de moi, en réalité. Elle essaie de me faire croire que j'ai le choix, lorsque tout ce que je fais, c'est de subir. Je subis mon destin. Je subis mes plaies. Je subis mon sort. Rien n'est dû au hasard.

Ici, je m'ennuie. Je me perds dans mes pensées, dans mes idées. Dans les notions acquises. J'ai la sensation de ne servir à rien. Inutile. Je me vois dans le miroir, je me vois dans l'eau. Mon reflet fait pitié. Je fais pitié. Je suis pitoyable.

Je croyais que ce serait la liberté, dehors. Que la prison, c'était terminé. Le bonheur pouvait enfin commencer. Cruelle blague ; sombre machination. Nous ne sommes libres que lorsque nous mourons. Si seulement je l'avais su plus tôt ; je me serais accroché avec moins de ferveur.


* * *

Je me fais chier à mourir, ici, en vrai.

C'est plat, en ce moment. Tout est plat. Sans goût. Sans saveurs. Il faut conformer. Vivre dans un moule, comme une poupée. J'y jouais, plus jeune. Ça, je m'en rappelle, à présent. Barbie ... Ken ... Ils étaient sages. Ils m'obéissaient. Ken ouvrait la porte de la voiture pour Barbie, et elle le remerciait. Puis ils s'embrassaient. Et parfois, ils s'embrassaient tous nus. Ça aussi, je m'en rappelle. Je n'ai jamais compris d'où m'était venue cette idée.

Il y a les livres, moisis, humides, usés, que je n'ai pas envie de lire. Ces pages recouvertes de mouches noires et grotesques qui agressent mes iris et mes pupilles ...

Et si moi, je ne peux pas lire deux mille mots ?

Ça me donne le tournis, la migraine, le vertige, VERTIGO. Et si moi ... J'avais une limite ? Un ... espèce de quota de mots ...

QUOTA: pourcentage, proportion prédéfinie qui constitue le minimum limité ou réglementaire pour remplir un critère.

Mon Maddox n'est pas là. Il l'est rarement, en ce moment. Je ne peux plus me perdre dans ses yeux bleus, ou admirer sa silhouette Olympienne sans qu'il ne puisse s'en rendre compte. Mon sauveur m'a abandonné. Après m'avoir recueilli, me voilà délaissé. Perdu, seul, noyé dans cet appartement titanesque, perché tout en haut, à une hauteur vertigineuse. J'ai déjà envie de m'effondrer à chaque pas que je fais. En regardant par la fenêtre, ce n'est plus une question d'envie: je perds l'équilibre, inévitablement.

J'avais une famille, tu sais ? Il fait le fier, il fait le paon. Il sourit, avant de se mordre la lèvre, essayant vainement de masquer la douleur qui ne veut pas s'en aller.

Un père, une mère ... Un frère ... Il agite un bras sur le reste de la salle. On dirait pas comme ça, mais j'avais une famille.

L'amertume de ses pensées voilait sa raison.

Oscar ... Il y a quelque chose que tu devrais savoir ...

Vomi verbal. Torrent de mots. Idées terribles. Oscar horrifié.


Pas un jour ne passe sans que je ne repense à toi.
Tu étais mon héros. Mon aîné, mon exemple, mon inspiration. Pas un jour ne passe sans que ton absence ne se fasse ressentir. Si j'avais oublié, je me souviens de tout, à présent. Mon frère. Mon Fabio. Et ça fait mal, de repenser à toi. Et ça fait mal, de repenser à ton visage. À ton sourire. À la légèreté de ton âme et à ton insouciance, fatale. Tu me disais toujours que je m'inquiétais pour rien. Toi, tu ne t'inquiétais pas assez.

Je revois ton sourire, je revois ta chaleur. Elle me hante, lorsque je m'y attends le moins. Il me suffit de baisser mes gardes pour que toutes les pensées que je renie reviennent sans limitation.

Fabio.

Le téléphone me fait signe, sur la table. Il aimerait bien que je le ramasse. Que je compose ce numéro que je fais semblant d'avoir oublié, mais dont je ne pouvais que me souvenir. La maison. Les appeler, eux. Les rassurer. Leur faire comprendre qu'ils n'ont pas perdu tout l'effort d'une vie. Simplement un fils. Pas deux.

Je n'ai pas ce courage.



Je n'ai plus de courage, moi.
Pas après tous ces refus. Pas après toutes ces claques reçues.
Pas maintenant que la vie semble si simple, à le laisser être courageux à ma place. Pouvoir me reposer, l'espace de quelques heures ... Quelques jours ... Quelques années ...

Dépendre d'autrui. Ça ne me plaît pas. Ça me plaît. Je ne sais plus, je ne sais pas.

Lorsque je suis seul, j'ai surtout envie de hurler.

AAAAAAAAAH
AAAAAAAAAH
AAAAAAAAAH
AAAAAAAAAH AAAAAAAAAH
AAAAAAAAAH

aaaaaaaaah

AAAAAAAAAH


La voilà, la mélodie des cauchemars. Celle qui hante les nuits et terrorise les voisins. La voilà, la chanson que je chante, dès que je suis assassiné ou que je ressens mon crâne s'écraser contre les briques. Je hurle, je beugle, je crie, je pleure. J'implore, je supplie, j'attends ...

Puis je me réveille.

Citation :
c a u c h e m a r • Rêve agité, effrayant et angoissant.

J'en fais un tous les deux soirs, en moyenne. Un cauchemar. Un mauvais rêve. Un mauvais souvenir ... Une prémonition. Non. Je ne sais pas. C'est fouillis, dans ma tête. Je ne sais plus. Le psychologue m'a prévenu que cela risquait d'arriver. Je verrais des choses qui ne se sont jamais produites. Et qui, pourtant, semblent plus réelles que ce que je vis réellement.

Ce soir, c'est réel.

Mais je ne me réveille pas.

Mon regard s'accroche sur chaque détail. Ces éclats de verre, qui jonchent le sol et le décorent comme des bijoux tranchants. Cette chaise brisée, allongée contre le sol. Le pied de la chaise, enroulé dans ma main. Des cadres brisés, du verre cassé, tout détruit.

C'est de ma faute.
Ne t'inquiète pas, on trouvera une solution.
Je suis dangereux.
...



On trouvera une solution.


Somnambules.

C'est comme ça qu'on les appelle, ces gens qui mènent une double vie. Ceux qui parviennent à être quelqu'un le jour, avant de se relever la nuit pour vivre d'autres choses, sans même s'en rendre compte. Parfois, il ne s'agit que de manger ce biscuit supplémentaire que l'on s'était juré de ne pas dévorer. Parfois, il est question de marcher vers l'extérieur, afin de prendre un peu d'air frais.

Puis ... Il y a d'autres somnambules.

Ceux qui ne vivent pas en marchant sur des bulles. Ceux qui font des choses la nuit qu'ils seraient incapables de réaliser le jour, lorsqu'ils sont conscients et éveillés. Il y a ceux qui font des choses plus graves. Les somnambules qui font peur. Ceux qui sont dangereux, pour eux-mêmes ... Et pour les autres.

Le docteur a parlé. C'est ce que je suis. Somnambule. Et voilà que je me rends compte qu'à défaut de pouvoir vivre une vie correctement, il y en a une deuxième qui se déroule lorsque je ferme les yeux. Une vie évasive, secrète, hors de ma portée. La nuit, je me redresse et je fais des choses dont je ne me souviendrai jamais.

Ça m'effraie.

Enfin, les masques sont tombés.

Tu souris.
Tu ne souris pas.
Tu regardes.
Tu ne regardes pas.

La beauté. La laideur.

Tout n'est que masques. Tu te cachais sous du maquillage d'expression. Un deuxième visage, inventé pour ma satisfaction.


Tu existais pour me plaire.
Tu étais celui dont j'avais besoin.
Le saveur. Le héros.
Tu m'as gardé près de toi.
Personne ne m'a jamais autant blessé.

La vérité est tombée, comme du vieux papier peint qui commence à se détacher du mur. Quelqu'un y fait une fracture, inconsciemment, avec insouciance. Il ne faut pas grand chose pour la faire, cette première fracture. Un peu trop de force et le mauvais outil, et le tour est joué. Appuyer au mauvais endroit, de la mauvaise façon ...

Tu as tué ton frère.
Je l'ai tué.
C'est vrai.
Je ne m'en souviens pas.
Et pourtant, c'est vrai.

Et pourtant ...

C'est impossible, aussi.

Tuer, tuer ... Tuer ...

Fabio.

Impossible que je puisse l'avoir tué.
Je refuse.


Tu as décollé le papier peint. J'ai fait semblant de ne rien voir, mais j'ai tout vu. J'ai tout remarqué. Ce petit pan de peinture caillée qui se détachait du mur. Alors, lorsque tu ne regardais pas, lorsque tu étais ailleurs, occupé à machiner et à planifier ta prochaine manoeuvre, j'ai gratté. J'ai fouillé la maison de fond en comble pour trouver les bons outils. J'ai attrapé le pan du mur, comme un masque, et je l'ai arraché. J'ai déchiré les couches de mensonge pour arriver au véritable visage de ce mur : ta véritable identité.

menteur
monstre
meurs
meurtrier


Au final, tu m'avais bien berné. Tu m'avais pris au piège, tel un animal inoffensif et effaré. Tu aurais probablement réussi. Tu aurais dû réussir.

Mais non.

Échec.

Je ne veux plus jouer.

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Dernière édition par Oscar Luccheti le Mer 24 Aoû 2016 - 2:56, édité 6 fois
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Sujet: Re: OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation.   OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation. EmptyMer 24 Aoû 2016 - 2:26

Running away, constantly

« Running from you, running from me, running away from who you want me to be »



... Et je me suis enfui.

Ce n'était pas prévu.

Cette boule de peur dans mon ventre, là, au fond, dans ce creux ... Ce n'était pas prévu.

Cette terreur, cette frayeur, à chaque voix, à chaque bruit ...

Ce n'était pas prévu.

Rien de tout cela n'était prévu ...

Accident.
Supercherie.
Fausses confidences ...
... Amnésie.

Je n'étais pas censé être ta chose. Un objet. Un pantin. Tu t'es servi de moi, et je n'y ai vu que du feu. J'étais une poupée. Ta petite poupée.

Un objet, un pantin,
appartenant aux autres, à ceux de
la haute société.
Une poupée, un jouet,
On peut l'habiller,
La faire bouger,
Lui faire ce qu'on veut,
Et elle obéit,
En silence,
Et elle subit,
En silence,
Et ...


Pour moi, c'est assez.
Je ne veux plus subir.

Subis.


Ou impose-toi.

Sois victime ...


... Sois coupable.
Frappe ...

... Ou sois frappé.


Mange ...

Sois mangé.






monteconfiance
montemoiet
fais
viensavec
surfervaguesmoi
les
monteenfuis
monteettoi
viens



Avant, je rêvais d'équilibre. Le bonheur semblait impensable sans ça. Une harmonie entre toutes les valeurs. La bonté, la noirceur de l'âme. Le travail et la détente. L'égoïsme et l'altruisme. Il fallait un peu de tout pour pouvoir réussir. Être heureux. Confortable. À l'aise.

Ce n'est plus le même monde et les règles du jeu ont changé.
Un monde où les chiens mangent les chiens tandis que leurs propriétaires misent cyniquement sur un gagnant. Je vis dans ce monde là, moi. Mange ou sois mangé. Frappe ou sois frappé.

Il n'y a qu'un seul choix. Victime ou bourreau. Le choix est vite fait.


Je refuse de subir à nouveau.
De me soumettre, de me plier en quatre,
Agenouillé, à tes pieds,
Telle une petite pute
Sans valeur,
Incapable d'avoir son mot à dire.

Je refuse de me rabaisser,
Ni même de m'abaisser,
D'être asservi, par toi
Ou un autre,
Ou même par la loi.

Je refuse, tu m'entends ?
Je refuse de n'exister que
Pour les autres, qui s'en fichent de mon sort.
Dorénavant ...

Je n'existe que pour moi.




Alors je me suis enfui.

Tu ne faisais plus trop attention. Je disais Oui, oui. et pour toi, ça voulait tout dire.

Oui, j'ai tué mon frère.
Oui, tu as raison.
Oui, tu as gagné.
Évidemment que oui.
Oui, partout, car on ne peut jamais te dire non.


Pendant longtemps, j'y ai cru. Arrêter a été facile. Plus facile que je ne le pensais. Je continuais de dire "oui", et comme ça, le jeu était terminé. Tu as lâché prise. Tu as dé-serré l'étau. Celui qui était fermement accroché autour de ma gorge. Celui qui me volait ma voix, et toute ma liberté de faire ou de penser. J'ai attendu, patiemment.

Lorsque l'opportunité est apparue, je l'ai saisie. J'ai pris ce que j'ai pu trouver, puis je me suis enfui.

J'ai disparu, dans la nature.

Tu me reverras, enfoiré. Je te le promets.


Maintenant je me cache. Je marche, en silence, déguisé par cette capuche qui dissimule mon véritable visage.

Avec ton argent, facile de me retrouver.

Tu peux avoir des yeux partout, mais ils ne pourront pas t'aider si je deviens invisible.

Alors je me perds dans la foule. Et je deviens tout le monde.

Si je ne reconnais pas ces inconnus, dans la rue, les vitrines m'apportent le réconfort de la familiarité. Je revois ... Mes passages. Mes allées et venues. Mes souvenirs, ma vie passée, le moi disparu. Ça me fait sourire, ça m'attriste, ça m'énerve, ça m'agace. J'ai envie d'être comme lui, et de ne plus l'être, en même temps.

C'est ... Frustrant.
Cette impression de devoir être quelqu'un, parce que tout le monde s'y attend. Devoir être Oscar. Gentil. Joli. Et souriant.

Je ne veux pas conformer. Je veux être moi. Dans les allées entre les stands du marché, je me promène, à la recherche de cet esprit nouveau que je me découvre, à présent. Soies, bocaux, vêtements, fromages ... Fruits, fraises, pommes, pêches ... Abricots ... Bananes. Ma main attrape une orange, que je glisse discrètement dans ma poche.

Ni vu, ni connu.


C'est moi, ça?

... Si seulement je le savais.

Il m'a volé ma vie. Il m'a dérobé de la vérité. C'était facile de voler, en retour. Je ne savais pas que ça continuerait d'être aussi facile.

C'est difficile de dormir, la nuit. J'ai trouvé un endroit pas trop cher, et je ne me sens pas en sécurité. Et je n'ai pas d'argent, pas assez pour rester indéfiniment. Il me faut un plan. Il me faut quelque chose. Un système. Une façon de survivre. Un mode de vie.

Je rentre. Je dors. Je me réveille. Je ressors. Je vis, je ris, je pleure, je renais. Je suis moi, ou du moins, je l'étais ...

Et maintenant, je le redeviens. Tel un phénix, je renais.

Il y a des jolies choses, dans les rues. Il y a un festival, ou un carnaval, enfin, une connerie de ce genre là, quoi. Il y a des gens qui se promènent, heureux et insouciants. J'en fais partie, ou du moins, à moitié.

Parce que je ne suis pas heureux, et je ne suis pas insouciant. J'ai cette douleur en moi qui ne fait que de s'accroître. Elle ne veut pas s'en aller. Elle veut me faire pleurer.

Les problèmes, tu me les as créés. Tous. Avec tes mensonges et tes fourberies ... Tu as détruit ma vie. Je n'ai pas tué mon frère, et tu le sais. Tu me fais peur. Je continuerai de me cacher.


Pour le moment, je continue de marcher. Je suis le mouvement, je flotte au milieu de la foule. Je surfe sur la vague, avant d'attraper une montre au vol, puis un bracelet. Je continue de me glisser entre les corps, de me faufiler entre les identités. Apparu puis disparu, ni vu ni connu, voilà que je m'en vais.

Une montre, un bracelet.
Bijoux, bijoux ...
Jolis bijoux, colorés, décorés.
Luxueux, chers, importants, précieux.
Vous manquent-ils ?
Ils sont à moi, désormais, désolé.


Ce n'est pas du vol si ...
Si quoi ?
... C'est du vol.


Le hasard m'a tout pris. Maintenant, je prends tout, au hasard. Je n'ai pas tout retrouvé, de ma vie passé, de mon identité. J'ai certaines pièces du puzzle, d'autres sont encore perdues sous le canapé. Certaines ne reviendront jamais. Puis, il y a les fausses pièces. Celles de Maddox, tirées d'un autre puzzle et repeintes avec attention pour correspondre, plus ou moins grossièrement, à celui de mon identité. Au final, démêler le vrai du faux est toute une aventure. Je ne trouve plus les pièces du puzzle, de mon puzzle. Les véritables pièces, là: celles de ma véritable identité. Alors, je prends celles que je trouve. Un collier, un porte-feuilles ... Les reliques d'autres vies. Gardiens d'identités. Je découvre le monde à travers les gens, que je découvre à travers leurs objets. C'est fascinant. Dangereux. Délicieux. Déstabilisant. Je me sens en contrôle. Puissant. Courageux. Ou pas. Et je vis. Si je n'ai pas d'identité, autant prendre celles des autres. Ce n'est pas comme si les pièces que je leur prends leur manqueraient, de toutes façons. Ils ne sont pas comme moi, eux. Moi, je n'ai même plus droit à un puzzle. Les pièces ne s'emboitent plus. Tout se casse la gueule autour de ma carcasse déboussolée.





J'aimerais que les choses soient simples, à nouveau ; pouvoir m'évader et m'envoler, dépasser, déborder, échapper, réchapper à cette vie, cette prison. Je ne sais plus quel est le moment à partir duquel tout a commencé à s'effondrer mais j'aimerais bien y retourner pour pouvoir m'offrir une deuxième chance à une meilleure destinée. Quand est-ce que tout ce cauchemar a réellement commencé ? Quand suis-je tombé de mon nuage pour me retrouver le crâne écrasé contre ce bitume granuleux ?


Voici mon testament.
Qu'on m'enterre dans mes dernières volontés.
Qu'on m'oublie.
Faites qu'on ne m'oublie jamais...






Parfois, il m'arrive de penser à ce qui arriverait si je rendais ce que je prenais. Et si moi, on me rendait ce que la vie m'avait pris ? Mon temps ... Mon année ... Ma jeunesse. Mon avenir. Plus le temps passe, plus les tensions augmentent: je ne sers à rien. Vivre dans l'ombre ne m'amène à rien. Je n'ai pas d'objectifs. Pas de rêves. Pas d'ambitions.

J'ai cette faim, en moi, au fond de moi,
Qui me terrorise.
Elle hante mes pensées.
C'est cette abysse infinie et affamée
Dans laquelle se perd toutes les lois de la moralité.
Faim de frissons, faim de passion ...
Je vole pour mieux me sentir en liberté.


Il nargue les lois, la vie et l'avenir. Il prend son destin en main. Il s'amuse. Il vit. Parfois, il lui arrive de regretter. Puis, la banalité morose de son quotidien le rattrape, et il s'y remet, de plus belle, et avec encore plus d'entrain. Une autre montre, un autre bijou ... Il ne peut plus s'en empêcher. La rapine est devenue seconde nature, chez cet italien confus. Il respire, il mange, il boit, il réfléchit. Et maintenant, il vole. Ça aussi, ça fait partie de lui.
C'est le frisson grisant.
Celui qui lui donne l'impression de niquer un système qui n'fait que d'lui cracher à la gueule.
Il prend son envol avec des ailes qu'il n'a pas fabriquées.
Il se sent puissant, plutôt qu'impuissant.
Impossible d'être une victime lorsque l'on est coupable.
Il déteste être victime.
Il ne jure que par sa culpabilité nouvellement trouvée.

Puis, un jour, le voilà pris à son propre piège.

Pris
au

piège
son

piège
non

le tien
ni

le mien
ni

les vôtres
son

piège
le
sien

à
lui

On lui a pris autre chose.
Un porte-feuille, cette fois-ci. Le sien. Non un de ceux qu'il avait volés. Après tous les morceaux de son identité qui s'étaient envolés, voilà qu'on lui prenait l'une des seules choses concrètes qu'il lui restait.

Il se met à courir, malgré la faiblesse relative de ses muscles. Il le poursuit, cet homme tatoué, inconnu, rapide, agile, très plus habile.

oliver.


C'était Oliver, même s'il ne le connaissait pas. Oscar lui courait après, pour reprendre ce qu'on lui avait volé. Il court, ils courent. Tous deux sont engagés dans une poursuite enflammée. Lorsqu'enfin l'un perd son souffle, l'autre peine à le rattraper. Finalement, le destin scelle les sorts. Un cul-de-sac interrompt le jeu d'attrape souris. Oscar peut enfin le confronter.

Rends-le moi.


Au final, il ne me le rend pas. Je le regarde. Je plante mon regard dans le sien. Cela ne change rien à cette expression froide et fermée qu'il me renvoie, sans hésiter.

Il n'a pas peur.

J'aimerais être comme ça. être comme lui. Ne pas me retrouver rongé par ces cauchemars de Maddox, tous les soirs, lorsque la torpeur prend le dessus sur ma volonté et la vainc, en deux-trois mouvements bien planifiés.

Tu n'as pas peur.

Apprends-moi.

Même en volant les montres, j'ai peur. Apprends-moi. Apprends-moi à grandir. Apprends-moi à dompter mes émotions. Apprends-moi à reprendre le dessus sur mon identité et à retrouver le contrôle de ma personnalité.

Oliver, apprends moi.

Il y a quelque chose dans ce moment que je n'oublierai jamais. J'ai l'impression de me regarder dans un miroir, mais de ne pas voir mon reflet. Un moi qui n'est pas moi. On se comprend, tous les deux.

Depuis que je me suis réveillé, personne ne me comprend.

Draps sales et tachés, vieux matelas abimés et usés. Rien à voir avec l'opulence de cet appartement dans lequel j'étais tout comme séquestré. Ici, la vie est réelle. Froide, cruelle et difficile. Ça, je le sais, maintenant. Le confort n'existe pas. Il ne s'agit que d'une illusion décevante qui aliène et réécrit les pensées. Il n'y a rien de plus vrai que la misère. Cette douleur au creux du ventre, lorsque l'impossibilité de trouver à manger devient une réalité permanente. Cette manie insupportable que les cheveux ont de devenir gras et d'empester lorsqu'il est impossible de les laver. Pour la première fois depuis mon éveil, je comprends enfin ce qu'est le sens de la vie. Je me rends compte, enfin, que je ne vaux rien, et que les autres non plus. Nous ne sommes rien de plus que des fourmis insignifiantes à l'échelle de l'univers. Le reste n'est qu'aléas et hasards.

On cambriole. Je cambriole, maintenant. Je trouve la clé sous un paillasson, ou on se débrouille pour avoir les codes d'accès. Les missions sont simples: entrer discrètement, ramasser ce qu'on peut, puis tout charger dans le camion qui nous attend loyalement à la sortie. On ne l'a pas fait souvent, encore. J'adore ça. Je déteste ça.


Entouré par ces objets qui ne m'appartiennent pas,
Je les regarde avec tristesse, déception et regret.
Je culpabilise, parfois.
Je me sens mal.

Ce que j'ai fait ... Ce n'est pas moi.
Enfin ... Si, c'est moi mais ...
J'ai ...

C'est ...

J'ai ...

Putain ...

J'ai ...

J'ai comme l'impression qu'il se cache encore là, quelque part. Tapi dans un coin sombre. Là, dans mon coeur. Cet ancien Oscar que je croyais pourtant perdu dans les dégâts de l'accident. Je le croyais disparu, mais parfois il revient. Lorsque je n'ai plus de conscience, il se manifeste. Et je le maudis pour cela.

D'un autre côte ... Moi, j'adore ça.
Voler.
Ça me donne l'impression de me confronter à cette société qui ne cherche qu'à me descendre et à me rabaisser à chaque nouvelle opportunité.
Je me venge enfin de tout le mal qui m'a été infligé, à ma façon, avec fierté.
J'aime le [i]frisson
, également. Celui de ne pas savoir si on va se faire attraper en plein acte. L'inconnue du futur, le goût du risque et du danger.

J'adore ce que je fais. Je me déteste de faire ce que je fais.

Et maintenant, je me mets à croire et à penser que je ne peux qu'être maudit.

cursed security

Je me sens en sécurité, ici. Étrangement. Je ne suis pas seul. Je ne suis plus seul. La nuit, je peux fermer l'oeil. Après avoir fait un cauchemar, je me réveille parfois en sursaut, mais je ne bouge plus dans mon sommeil. Je ne suis sans doute pas somnambule. Cela expliquerait beaucoup de choses. Quels sont les autres mensonges qu'il a bien pu me raconter sur moi ? Qui suis-je, réellement ? Qu'est-il arrivé à Fabio ? J'ai l'impression que toutes les réponses à mes questions existent, mais qu'elles sont enfermées quelque part. Seul Maddox détient la clef pour y accéder ... Et sans ces réponses, il m'est impossible d'avancer.

Alors je réfléchis. Je planifie. Je prépare mon coup. Mon assaut. Ma vengeance. Je prévois de tout reprendre, à cet homme qui m'a tout pris. S'il pensait pouvoir me vaincre, je compte bien le décevoir. S'il croyait me faire peur, j'espère bien le surprendre. Je ne suis pas vaincu, j'ai survécu. Je n'ai plus peur, je ne suis plus seul. Un jour, il regrettera. Un jour, il regrettera tout le mal qu'il m'a fait.

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Sujet: Re: OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation.   OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation. EmptyVen 26 Aoû 2016 - 18:37

OULOULOUUU
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Sujet: Re: OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation.   OSCAR ▶ order, sensitivity, compassion, ambition, resignation. EmptyMar 30 Aoû 2016 - 9:29

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