Ce jour-là était plutôt calme, j'étais passé au club un peu en avance car je devais m'occuper du livre de compte, je dirigeais avant tout un gros business de drogue et l'argent devait être blanchi, pour l'instant le club était le meilleur moyen d'injecter l'argent sale dans le circuit sans attirer les soupçons.
Au début c'était complexe étant donné que peu de monde se rendait dans notre club, mais au fur et à mesure qu'il se fît connaître, il gagna en réputation et fût bientôt l'un des club dont tout le monde parlait, le Legacy avait prit son envole et ça faisait ma fierté, c'était en quelque-sorte mon bébé mais aussi un plan de retraite lorsque je prendrais ma retraite même si honnêtement je ne pensais pas vivre vieux.
J'étais installé confortablement dans la pièce qui surplombe la piste de danse quand je le vit arriver, un homme au visage apeuré, il semblait chercher quelqu'un, je descendis alors et lui demande ce qui lui arrivait, il me répondit en sanglot:
« Mi.. Mis.. Mist ?»

Mist était mon nom dans les affaires, aucun nom, prénom, ou autre information personnelle ne devait être connu, je l'attrapa alors pas le col et lui dit de parler moins, fort que ce n'était pas le lieu pour parler de ça et que si il grillait ma couverture il le paierait de sa vie, il se calma et me dit qu'il y'avait un problème avec l'une des cargaisons, il ne pouvait pas l'entreposer dans le bâtiment où l'on cachait tout le stock et avait décider de me le refourguer au club.
Je passai de longues minutes à réfléchir et je trouvai enfin le lieux propice pour stocker tout ça sans que ça éveille les soupçons.
Quand j'avais acheté le club, il y'avait une pièce insalubre que j'avais fait restaurer au cas où j'aurais besoin de dormir là-bas, personne n'avait connaissance de celle-ci car j'avais prétexté que c'était une cave condamné où se trouvait toute sorte d'animaux sauvages et dont j'avais caché la clef derrière une peinture dans mon bureau.

Quelques heures plus tard tout le stock avait était transféré dans la pièce secrète et le gars s'était calmé, c'était clairement mieux pour lui car sa vie en dépendait.
Ce soir j'avais décidé d'aller accueillir les clients dehors à l'aide d'une poignée de mains, et c'est là que je la vit, Calypso avait trouvée mon club et s'était rendu jusque-là, habillé pour l'occasion, je lui souris alors et lui fit signe de s'approcher, en me demandant ce qu'elle était venue faire ici.

Quelle était la probabilité que Calypso arrive en même temps que l'un de mes idiots de distributeurs qui avait un problème d'entreposage de drogue.
Aujourd'hui je devais jouer finement, Calypso ne devait pas découvrir le genre d'homme que j'étais, tout cela pourrait la mettre en danger et ça je ne pourrais jamais l'accepter.
Donner raison à ses parents qui huit ans plutôt l'avait expédié en Italie sous prétexte que j'étais une mauvaise fréquentation, non merci.
Oui je trempais dans ce milieu, mais j'avais toujours du respect pour les valeurs de la vie, j'ai sauté sur un marché qui était lucratif qui pouvait aider mes parents à vivre dans de meilleurs conditions, et si le choix était à refaire, je referais sans hésitation le même.

Alors même qu'elle avançait vers moi de noir vêtu, elle s'était habillée en conséquence et semblait impatiente de me voir et de découvrir le club mais je ne m'étais pas préparé à ça, que se passerait-il si mon distributeur prononçait le nom "Mist" devant ses yeux, ou si il venait parler du sujet de sa présence ?

Elle vint vers moi, posa l'une de ses mains sur mon épaule et m'embrassa sur la joue et dit:

« Bonsoir Sven. Sympa son club. »

Je réfléchis quelques-secondes à la manière dont j'allais lui faire visiter les lieux sans que l'on croise l'intrus, je décida donc de lui tendre la main tout en disant en souriant et en venant déposer un doux baiser sur sa joue à mon tour:

« Bonsoir Calypso, bienvenue au Legacy. Je ne savais pas que tu viendrais aujourd’hui. Veux-tu que je te fasse visiter ? »

Puis j'appela la barmaid à qui je dit en russe:

« Assure-toi que le livreur ne croise pas notre chemin, j'ai une invitée spéciale aujourd'hui. »

C'était une lourde charge de cacher un secret aussi lourd à une femme avec qui j'avais temps partagé, mais je devais tenir bon, autant pour elle que pour moi, nous n'étions pas prêt à partager cela sans que ça nous mette en danger.

Elle semblait si heureuse de m'avoir fait cette petite surprise, d'être venu jusqu'à mon lieu de travail pour découvrir dans quelle ambiance je bossais, je ne pouvais pas laisser paraître mes doutes et je devais lui offrir la plus belle des soirées au club.
Alors même que nous avancions à travers le club mon regard restait en alerte, vérifiant que le distributeur ne viendrait pas m'importuner.
Nous arrivions alors dans un endroit plus calme du club, propice à la discussion et à la boisson, Calypso passa son bras dans mon dos et me conduisit à une table.
Au moins je n'avais plus à regarder partout à chaque pas que je faisais, je devais arrêter de penser à cela, sinon Calypso se douterait de quelque-chose.
Je la fixa alors dans les yeux et à ce moment là elle plaqua sa bouche contre la mienne et se redressa, elle était si douce, je ne voulais pas perdre cette femme qui avait ce don de me calmer avec qui je pouvais tout partager, elle me dit alors:

« Tu as l'air... tendu. Tu n'es pas content de me voir ? »

Comment avais-je espérais pouvoir lui mentir ?
Elle savait très bien quand ça n'allait pas mais la raison était bien différente de ce qu'elle pensait. Ce n'est pas la voir qui me posait problème, c'était lui mentir sur une partie aussi grosse me concernant et qu'elle image aurait-elle de moi si elle apprenait que j'étais devenu un gros fournisseur de drogue.
Elle posa sa tête contre mon épaule et je me sentais être son grand chevalier protecteur dans ces moments-là, je posa alors un baiser délicatement sur son front et l’enlaça de mes bras, j'étais bien et malgré le fait qu'a tout moment elle pouvait apprendre que je m'appellait également Mist, je voulais passer cette soirée avec elle.
Je répondis alors:

« Te voir, illumine ma soirée, tu ne seras jamais la cause de mes problèmes. J'ai juste eu un contre-temps au niveau du club rien de bien grave.»

Allait-elle se rendre compte que je mentais sur l'origine du problème ? Je n'en savais rien, mon regard restait posé sur elle à l'admirer et rien ne m'importait plus à l'heure actuelle.

Le retour de Calypso avait chamboulé ma vie, avant rien de comptait plus que mon business, je me levais en pensant deal et je me couchais en pensant bénéfice, mais son retour déclencha quelque-chose d'extrêmement fort bien plus beau qu'une pseudo vision du bonheur prise après un rail.
Je vivais quelque-chose de puissant, fort, beau, réel, une sensation indescriptible m’envahissais en sa présence, la seule perspective de pouvoir perdre cette femme à qui j'étais lié me rendais fou.
Je la regardai boire son cocktail, toujours avec une douceur et une délicatesse forte, c'était aussi ça qui m'avais séduit chez-elle.
Elle vint se laisser se poser sur mon corps et me dit:

« C'est fou. J'avais toujours pensé que tu finirais comme ces mecs avec qui tu traînais. Une de ces pointures à la tête d'un gros business de drogue. »

Mon visage se figea pendant quelques secondes, le regard vide, je me demandais pourquoi elle abordait ce sujet, alors même que je n'arrêtais pas d'y penser, était-ce une coïncidence ? Le destin avait-il décidé que je devais tout avouer sur moi aujourd'hui ?
Mais après une courte attente qui me sembla une éternité elle se mit à rire:

« Et te voilà patron de ce club. Tes années de débauche sont loin derrière toi. »

Plus le temps passait, plus j'avais envie de tout lui avouer, nous avions décidé de prendre un nouveau départ ensemble, et je construisais cette relation sur un mensonge.
Mais elle m'avait donné l'occasion d'aborder le sujet sans pour autant attirer le doute, je devais en profiter, et je lui dit alors tout en esquissant un léger sourire:

« Aurait-ce fait une différence si c'était le cas ? M'aimerais-tu toujours de la même façon ? »

Et alors même que je je plaçais ma main sur son doux visage pour porter ses yeux face au miens, un homme arriva.
C'était le livreur et apparemment personne n'avait réussi à le tenir éloigné, à mesure qu'il s'avançait je sentais une colère monter en moi, je relâchais doucement mon emprise de Calypso, et me redressait face à lui le regard noir, je ne pouvais partager que peu de moments comme celui qui était en train d'arriver avec elle-ci et il allait me voler celui-de ce soir.

Alors même qu'elle m'avouait que me savoir encore dans ce milieu ne changerais pas son affection à mon égard et qu'elle allait me confier quelque-chose qui semblait important:

« Oui, bien sûr. Mais... »

L'homme portait son regard vers nous et continuai sa marche.
La meilleure chose à faire aurait été de rester calme et de jouer l'innocence mais mentir devenait de plus en plus dur et je n'étais pas capable de jouer la comédie avec tout le monde.
Plus il s'approchait plus mon attention se détournait de Calypso pour se porter sur son visage balafré, et plus mon regard devenait noir et mon attitude froide.
Alors même qu'il était face à nous, se tenant droit, Calypso engagea la conversation, d'un ton froid, avec lui et cela semblait le déstabiliser:

« Vous êtes...? »

L'homme ne répondît pas sûrement terrifié autant par Calypso qui le dévisageait, que par mon propre regard qui parlait de lui même, elle se leva et commença à partir tout en continuant à fixer l'homme.
Elle me laissait avec lui et avait sûrement compris que ça n'était pas une visite de courtoisie.

« Je vais fumer. Tu me rejoins? Une fois que tu auras réglé... Tes affaires. »

Alors même qu'elle était partie, j'empoigna l'homme par le col, et lui fît promettre de ne jamais remettre les pieds dans son club, et que si jamais il osait parler de la femme qu'il avait vu à mes côtés ce soir, je lâcherais mes meilleurs hommes à ses trousses et que je m'occuperais moi même de son cas.
Alors que j'empoignais toujours son col, je le traîna vers la sortie avec force, quelques regards étaient braqués sur moi, mais je n'y prêtait pas attention.
Une fois dehors je le relâcha et il se mît à prendre la fuite.
Je remis alors mon costume en place tout en me dirigeant vers Calypso, ne la lâchant pas du regard essayant par tout les moyens de me calmer, même si la colère restait affiché sur mon visage.
Arrivé à elle, je sortis mon cigare ainsi que mon zippo sur lequel j'avais fait graver les initiales C & S, un moyen pour moi de ne jamais l'oublier et de l'avoir toujours au près de moi, et l'approcha de Calypso lui proposant d'allumer sa cigarette tout en lui disant:

« Je suis vraiment désolé pour ça, j'espère que tu me pardonneras cette interruption... »