Alors même que je tenais mon briquet orné des initiales de Calypso, prêt à allumer sa cigarette, je vis dans ses yeux, un regard sombre qui me fusillait, un regard que je n'avais pas vue depuis très longtemps.

« C'était un de tes amis? »

A ce moment là, je su que c'était l'heure pour moi de me dévoiler à celle qui ne m'avais jamais menti, à celle avec qui je voulais partager ma vie, mais ce n'était pas le lieu, je devais tout lui avouer dans un endroit à l'abris des regards.
Je levai la main en l'air, l'agitant en direction d'un 4x4 noir, puis tendais cette même main à Calypso, c'était à ce moment là qu'elle allait décider de découvrir la vérité et d'entrer dans mon monde ou de refuser et préférer rester dans le mystère.

« Je t'ai toujours aimé depuis que nous nous sommes rencontrés, durant ton absence certaines choses ont changés et je suis prêt à tout te dire. Je veux que malgré tout ce que je te dirais dans cette voiture, tu gardes à l'esprit que tout ce que je ne t'ai pas dit était dans le but de te protéger. Quoi qu'il en soit j'aimerais vraiment passer le reste de ma vie avec toi, tu es celle qui me comprends, celle avec qui j'ai passé les plus beaux moments de ma vie. »

Je m'approchai alors pour la serrer fort dans mes bras tandis que mes yeux devenait larmoyant et que le 4x4 arrivait à notre niveau.
Un moment de faiblesse, moi qui était un grand dealer de drogue j'avais une faille, Calypso, cette femme avec qui je voulais tout partager et celle pour qui je ferais tout pour ne pas la perdre.

C'est le cœur noué de remords que je la serrais fort dans mes bras pensant à tout ce que nous avions vécu et tout ce qu'il nous restait à construire. Oui je lui avait menti, oui j'avais commencé notre relation sur un mensonge mais ce soir je voulais tout recommencer, que nous laissions tout les deux nos mensonges dans ce 4x4 noir et qu'une fois sortie, il les emportent loin, qu'une confiance réelle, forte, et durable prenne place entre nous, comme ça l'était il y'a de ça huit ans.
Peu importe ce que nous avions fait durant ces huit ans, nous étions perdu, nos repères avaient été balayés à cause de ses parents et j'avais un réel désir de changer cela, de leur montrer que malgré le mal qu'ils avaient fait endurer à leur fille en l'envoyant loin d'eux, loin de moi, nous restions uni, et que ni leurs actions, ni leurs avis ne compteraient.
Calypso était tout pour moi, et ce soir j'allais lui montrer.
Nos deux corps étaient à nouveaux unis, et nos larmes étaient chargées de remords, j'étais prêt à tout pour la garder auprès de moi, a chaque fois que mon regard se posait sur elle, je voyais un visage d'ange qui me faisait tout oublier, que j'avais envie de chérir.
Il était temps de tout avouer, je l'accompagna avec délicatesse vers le 4x4, je lui ouvrait la porte et la fit monter puis monta à mon tour.
Je pris ses mais entre les miennes, la rapprocha de moi, la serrant dans mes bras, et commença mon récit:
«Lorsque tu es partie il y'a huit ans, j'ai perdu tout repère, tu étais le rayon de soleil qui illuminait ma vie, et sans toi à mes côtés, je n'avais plus envie de me battre, je me laissais tomber vers le monde qui m'attirait constamment, vers le monde que je me refusais de rejoindre, celui de la nuit où tout devenait plus simple, écouler une petite quantité, puis une plus grosse, puis une encore plus grosse, etc.
Le temps passait et je prenais du galon, je tissais mon réseau comme une araignée avec sa toile, mon nom commençait à se faire connaître "Mist", c'était le pseudonyme que j'avais choisi, et à mesure que le temps passait et que ton absence se faisait ressentir, je me plongeais de plus en plus dans ce business, et quelques temps plus tard j'ouvris mon night-club pour blanchir l'argent des deals sans attirer l'attention, et je pris goût à cette couverture, alors je laissai les petits deals à un bras droit tandis que je me déplaçais uniquement pour les gros, pour montrer que "Mist" était toujours bel et bien vivant agissant dans l'ombre. Pour en arriver là où j'en suis, on m'a forcé à me salir les mains, mais aujourd'hui j'ai instauré un système de respect dans le business que je tiens.»

Je pris alors une grande inspiration avant de continuer, passant l'une de mes mains délicatement dans la longue chevelure de Calypso.

« Le petit caïd que j'étais, le russe à l'accent bizarre, c'était fait un nom qui étais respecté, mais l'argent ne fais pas le bonheur et même si j'en ai bien profité, quelque-chose me manquais, et ce vide que je ne parvenais pas à combler, c'était toi. J'étais comme un corps séparé de son âme, séparé de son ombre. Et ton retour m'a donné espoir.»

Je tourna son visage vers le mien, la fixant dans les yeux et venant déposer un baiser sur sa bouche.

« J'ai envie d'avancer avec toi à mes côtés et ma détermination est immense, aujourd'hui je ne crains plus rien et je veux me dresser face aux obstacles qui se dresseront à nous et crois moi qu'aucun ne nous résistera.
Tes parents ont cru qu'en nous éloignant, notre lien en serait fragilisé voir brisé mais l'effet inverse c'est produit, et si c'est le cas pour toi aussi, j'aimerais que tu emménages avec moi dès ce soir. Tu n'auras qu'a toquer à la vitre qui nous sépare du chauffeur et de lui demander de nous ramener à la maison. Je ne veux pas simplement que tu connaisses ma vie, je veux que tu en fasses partie»

Mon regard plongé dans le sien, les yeux larmoyants, j'étais un homme rempli d'espoir et sa décision allait changer celui-que j'allais devenir.

Plus le temps passait, plus je me sentais libéré de tout lui avoir enfin révélé, sur moi, sur ce que j'étais, à chaque vérité pronnoncé je me sentais un peu plus prêt à braver tout les obstacles pour Calypso.
Alors même que je finissai mon récit, je l'observai, elle était troublée, je pensais que tout lui dire, la soulagerais également, mais son regard était rempli d'incertitude, de doutes, et alors que je lui proposais de me rejoindre et de partager ma vie chaque jours, chaque nuit, elle se referma en me disant:

« Sven, tu sais très bien que c'est impossible, je... »

Elle avait les yeux larmoyant, je sentai qu'elle souffrait et c'était en partie de ma faute, ce soir là je lui en demandais trop, beaucoup de choses avaient changé en huits ans, et je m'étais sûrement leurré en pensant que malgré ce temps de séparation nous étions encore proche, prêt à tout l'un pour l'autre et alors que j'allais lui répondre, que peu importe ce que pensais sa famille, elle devait faire ce qu'elle désirait car c'était de sa vie qu'on parlait, peu importe la richesse que ses parents avaient, j'avais également un grand pouvoir dans cette ville et malgré toutes les menaces et les coups bas qu'ils pourraient faire dans le seul but de détruire leur fille un peu plus qu'elle ne l'était déjà, je me tiendrais présent, prêt à la défendre.

« J'ai besoin de temps. »

Elle venait de décliner ma proposition, mon espoir fut balayé en quelques secondes alors que je lui disait tout sur moi pour que nous puissions à nouveau être ensemble et partir sur des bases solides. Mon visage se figea, je ne savais que répondre.
Et alors que je détournais mon regard vers la vitre, elle me dit:

« Je n'ai jamais été forte. Et quoique tu puisses en dire, tu as toujours été le plus solide de nous deux. Je suis faible, Sven. Beaucoup trop faible pour assumer mon amour, mon désir pour toi. Beaucoup trop faible pour oser affronter mes parents. Beaucoup trop faible pour tout risquer, pour abandonner mon nom, ma famille, ce destin tout tracé. Je t'aime, Sven, ça ne fait aucun doute. Mais tu ne sais pas tout de moi. Je suis lâche, terriblement lâche. Je finirais sûrement comme ma mère, une pauvre femme froide et solitaire enfermée dans un manoir. Tu as vécu tellement de choses, tu as tellement souffert. Je ne voudrais pas être une souffrance de plus, un poids que tu ne pourrais supporter. Je voudrais tellement te donner l'amour que tu mérites. Je ne crois pas en être capable.
»

Ce n'était pas de la faiblesse que je voyais dans ses yeux, dans le ton qu'elle employait, mais de la peur, la peur de faire face aux personnes qui avaient toujours tout décidé pour elle, la peur de me décevoir alors qu'elle ne l'avait jamais fait, et peu importe les choses qui étaient arrivé pendant les huit ans, je n'en avais rien à faire, le passé nous hante alors que le présent peut nous offrir tellement.

« Je sais que tu as peur de ce qu'il pourrait arriver à l'avenir si tu décidais de rester avec moi, de la réaction de tes parents. Je t'offre une vie à mes côtés, avec mes qualités et mes défauts.
Tout ce qui est arrivé pendant les huit dernières années m'importe peu, seul le présent et le futur compte pour moi.
Tu es plus forte que tu ne penses l'être, tu as juste à te détacher des chaînes que tes parents ton mises, tu es libre de choisir qui tu es, qui tu seras et ce que tu feras de ta vie, alors quoi que tu choisisses fait le pour toi et non pour les autres. Je respecterais ton choix quoi qu'il en soit. »

Je ne pouvais me battre éternellement, si elle refusait de vouloir se libérer de ses parents, je ne pouvais rien y faire, mais si elle acceptait, je pourrais montrer à ses parents l'influence que j'ai dans cette ville.
Je levai la main en direction du chauffeur pour lui signaler de s'arrêter et dit à Calypso en lui tenant le visage de mes deux mains le rapprochant du mien tout en la dévorant du regard:

« Il faut que tu choisisses ce que tu veux faire toi, mon chauffeur t'emmèneras où tu veux, chez toi ou chez moi. Tu es tout pour moi, mais si tu décides de partir, je remettrais mon masque et redeviendrais le Mist que j'étais, que je suis... »