Je tire machinalement sur le bord de ma robe comme pour la faire descendre, de peur qu’on voie ma petite culotte. Ce serait vulgaire n’est-ce pas ? Je ne veux pas de cela. Elle se trouve réticente. Cette robe ne souhaite pas collaborer alors j’abandonne, une nouvelle fois, et la laisse à hauteur de cuisse. Il parait que ça fait sexy. Légèrement vulgaire, mais sexy. Je n’avais pas cette impression pourtant en partant de chez moi. Le lutin à l'entrée me félicite de ma tenue en me remettant une chaussette que je refuse poliment. Non, cela ne m’intéresse pas. C’est tellement peu romantique. Tellement peu glamour. Même son bonnet à pompon, je le refuse aimablement et tourne les talons pour pénétrer dans la salle. La déco m’impressionne au premier abord. Tout est soigneusement disposé. Joliment accordé. La neige qui se jette sur les participants. Les guirlandes qui éclairent la pièce agréablement. Le monde commence à affluer. Cela annonce une jolie soirée. De quoi détendre les esprits après les derniers événements. Pas de noirceur. Pas de meurtre. Tout parait tranquille ici.

Un regard discret. J’aperçois Alice. Oh non. Les problèmes. Stratégie d’évitement opérationnelle. Je décide tout bonnement de ne pas aller la voir. De me trouver à l’opposé de la salle. Quitte à devoir me cacher derrière un bonhomme de neige s’il le faut. Un pas précipité. Me voilà malencontreusement prise au piège. Le buffet ? Trop de chances qu’elle y aille plus tard dans la soirée. Finalement un sapin de Noël décoré dans un coin de la salle me parait être une bonne compagnie pour ne pas me rendre trop près de l’Alpha. Prenant au passage un verre d’une boisson fraiche, sans même prendre la peine d’en demander le contenu. Comment faire pour partir discrètement maintenant ?

BAL  DE  NOËL

ouvert à tous

 
La salle des fêtes de Los Angeles se remplie. L’esprit de Noël se répand comme la poudreuse artificielle qui tombe chaleureusement sur les invités. Le buffet connaît un succès. Les bonnets à pompon sont vite mis à l’honneur. Le décor plaît. Rien ne pourrait interrompre cette magie qui trône dans la salle.

Et soudain. Deux projecteurs sont allumés dans le fond de la salle, au bout de la piste de danse. Comme pour prévenir de l’arrivée imminente d’une personnalité. Qui pourrait prendre place dans ces lieux ? Surtout après la mort du maire il y a peu. Qui prononcera le discours de fin d’année de la ville tant attendu ? Les têtes se dressent. Les regards fixent le mètre carré éclairé.

« Oh ! Oh ! Oh ! »

Un costume rouge pointe le bout de son nez. Le célèbre chant résonne dans les enceintes accompagné des quelques notes caractéristiques de cette fin d’année. Pas de costume trois pièces, pas de personnalités, pas de discours ou de radotage ce soir. Le bal de Noël est fait pour détendre les esprits après les tragédies de ces derniers temps. Alors quoi de mieux que l’arrivée du père Noël pour aider les invités à profiter d’un moment de féérie ? Peu importe l’âge que vous avez. L’habit que vous portez. Les croyances que vous conservez. Le père noël sera toujours ce symbole de votre enfance. De cette insouciance. N’ayez pas peur ! Venez le voir ! Qui n’a pas rêvé de donner sa liste pour voir ses rêves se réaliser ? Qui veut un selfie avec notre homme à barbe blanche préféré ? Qui va oser venir s’asseoir sur ses genoux ?

eva, tu t'attardes surs les contours de son visage, essayant de savoir ce qu'elle pense. tu la vois qui repose son attention sur toi. quelque chose de fort ? tout ce que tu voudras. elle t’entraîne vers le bar. en vérité, même pas besoin de t'y traîner de force, c'était ta prochaine destination.  la même chose, s'il vous plait. tu regardes hypnotisé, le barman vous apporter vos deux verres de whisky. et puis, les projecteurs s'intensifient au fond de la salle, t'interroges eva du regard avant de voir une barbe blanche dans un costume rouge. la chanson démarre, suivis des fameux oh oh oh. c'est une blague ? tu sais pas si tu trouves ça kitch, déplacé, ou si c'est juste l'idéal : ce dont tout le monde à besoin pour se détendre. alors tu finis par laisser un fin sourire s'installer sur ton visage. toute la salle semble apprécier, tu vois des sourires, dès début d'applaudissement, des verres levés. t'attrapes le tien sans quitter santa claus du regard. tu te détournes un instant pour voir l'expression de ta cavalière. quoi ? me dis quand même pas que tu veux aller t'asseoir sur les genoux du père noël ?

notes:

L'autre nigaud de Kai m'a vue, je le sais pertinemment mais Môsieur préfère rester avec ses amis fraîchement débarqués plutôt que de venir me saluer. Très bien, je retiens. Une Collins a une très bonne mémoire, enfin de mon côté de la famille en tout cas. D'ailleurs en parlant de l'autre branche si mystérieuse, ma cousine Alice est non loin de lui. Jalousie ? Non, voyons, je ne me rabaisserais pas à cela... Quoi que ?

Un homme d'une trentaine d'année arrive ensuite vers moi, une coupe de champagne dans les mains. Sa proposition me fait sourire alors que je me saisis de son verre et que je trinque avec lui. Moi, servir complice en jouant la comédie ? Il est vrai que ça ne me ressemble pas du tout... "Pas de soucis ! Tant que vous m'aiderez avec le goujat entouré de ses amis et avec..." Je chuchote en voyant mon si sexy maître de stage Jace Kerington. "Lui.."

Commençant mon parfait petit rôle, je glisse mon bras dans son dos et lui souris en embrassant sa joue au passage de Jace qui ne fait pas plus que ça attention à sa petite stagiaire. Cela me vexe un peu, mais je n'ai pas dis mon dernier mot. Je prends le mystérieux inconnu par la main et me dirige vers mon boss. "M. Kerington, vous n'allez tout de même pas me dire que vous n'avez pas reconnue votre stagiaire préférée tout de même !" Je ris légèrement tout en me collant à l'homme aux yeux azures. "Je vous présente mon petit ami, Mark." dis-je en tournant ma tête vers l'intéressé.

Noël. Aaron m'avait vaguement poussé à me rendre au bal de Noël. Ce genre de mondanité n'était pas particulièrement une choses que j'appréciais. Trop de monde, de bruit, de faux semblants. Rien qui puisse réellement m'emballer. Pourtant, je suis devant l'entrée. Mon carton d'invitation en main. J'attends quelques secondes. Je tente de prendre le pouls de la soirée en jaugeant le nombre de personnes présentes au sein de la salle. Je respire profondément. Je pénètre. Ambiance de fête. Décoration raffinée.  Nombreuses personnes, ici ou là, à danser, discuter, s’empiffrer même de petits fours et autres toasts aux mets divers et variés. Des serveurs fendaient la foule et se pliaient en quatre pour satisfaire les envies des fêtards. Des groupes se formaient déjà, des couples également. La fête prenait une tournure agréable. D'autant plus que le Père Noël fit une apparition remarquée et remarquable. Il subjugua la populace autour de lui. Nombre de personnes semblaient retomber en enfance, retourner à leur prime jeunesse où la magie de Noël opérait. Sans doute moins embarquer par la magie du moment, je me frayai un chemin vers le bar. Prendre un verre de whisky. Je passe commande. Un serveur me sert. J'en profite pour balayer la salle du regard. Tenter de reconnaître des personnes de mon entourage, des proches. Je vis, de ci, de là quelques clients de la librairie. Mon verre à la main, je m'avance vers l'un d'entre eux. Soudain, je sens que la veste de mon costume s'humidifie. Je m'arrête. Je baisse les yeux sur ma manche trempée. A mes côtés, une jeune femme brune. Une inconnue. Elle semblait contrite par sa maladresse. C'est Noël ! Je n'allais pas m'énerver pour si peu. En riant je lui dis : "J'imagine que vous n'aimiez pas ma veste... Trop colorée probablement !".