“Une seule enfance est supportable : la nôtre.”

Le 2 juin 1971, un petit Giovanni né dans le village de Turin en Italie. J'ai grandis dans une famille épanouie et pleine de bonté. Ainé de la famille, 4 ans après ma naissance ma sœur Alessia arrive au monde. Nous passons tous deux une enfance très calme avec des parents aimants. Mon père américain décidera à l'âge de mes 15 ans de déménager et de repartir au États-Unis. Nous nous retrouvons ma mère, ma sœur et moi seuls en Italie. A 18 ans, rempli d'envies d'adolescent et d'ambitions, je rejoins mon père à Los Angeles en Californie. Je laisse ainsi derrière moi Alessia et maman. Elles nous rejoindront 2 ans plus tard, quelques semaines avant... mon incident.

“L’erreur est humaine. Persévérer est diabolique.”

Le 2 octobre 1989, je débarque à Los Angeles chez mon père dans un premier temps. Je cherche des petits boulots me fait des amis et rencontre une personne qui changera le cours de ma vie. Mickaël Smith, un receleur de drogue. Je deviens très bon ami avec lui jusqu'au jour où il décide de m'initier à cette pratique. Il me met en contact avec son chef qui me propose 3000$ pour chaque recel réalisé. Jeune et con, j'accepte l'offre alléchante et débute une très courte carrière de pègre. Voyageant énormément d'un bout à l'autre du pays, ramenant de plus en plus d'argent et utilisant des méthodes toujours plus controversées pour ne pas me faire déceler, je prends gout à ce job qui pour moi était la chance de ma vie.

Le 6 octobre 1991 quasiment deux ans jour pour jour après mon arrivée à LA, j'utilise une méthode très dangereuse pour passer le contrôle des agents de sureté de l'aéroport de Mexico. Le but est d'avaler des sachets de cocaïne afin de les retrouver dans mes selles quelques jours plus tard. Le problème de cette méthode bien qu’indécelable, c'est que si un sachet se transperce, une grande dose de cocaïne arrive d'un coup dans notre corps. Je n'en étais pas à mon coup d'essai alors je restais serein pour le voyage. Je passe le portique de sécurité sans problème, ils me fouillent et ne trouvent rien, comme d'habitude. J'embarque et m'assois normalement dans l'avion à ma place et patiente avant le décollage. Tout à coup, je suis pris d'angoisse incontrôlable, je sens mon cœur palpiter et je commence à avoir des sueurs froides. Je n'ai pas le temps de me lever de mon siège que je m'écroule à terre, pris d'un malaise. L'avion n'ayant pas encore décollé les secours sont appelés immédiatement et me prennent en charge très vite. Je me trouve alors plongé dans le coma pendant de longues heures.

A mon réveil, je vois mes parents à mon chevet. Les yeux trempés de larmes.

- Jo... Tu nous as fait tellement peur ! Qu'est ce qui t'as pris de te droguer ?! Tu crois que c'est comme ça que tu vas réussir ta vie ?! C'est comme ça qu'on t'a éduqué ton père et moi ?! me criait ma mère avant qu'un infirmier lui dise de sortir de la chambre pour se calmer.

Quelques jours plus tard, je sortais de l’hôpital. Les policiers m'attendaient pour que je sois auditionné sur les faits. Pour moi, aucun doute, j'allais être enfermé. Mais cette expérience m'avait tellement marquée que même si j'étais libre, je ne comptais pas recommencer tout ça. Par chance, en reconnaissant les faits et en étant inconnu de la justice, aucune peine n'a été rendue à mon encontre. J'avais d'ailleurs donné des noms des chefs et autres participants de ce trafic, cela a permis quelques années plus tard de démanteler leur organisation.

Cette expérience m'a suffit à comprendre que l'illégalité n'a rien de bon. Épris d'une motivation certaine à faire arrêter tout ça, je me lance dans le droit, tout d'abord dans le but d'être Avocat puis finalement appréciant les fonctions de Juge, je me lance dans la magistrature. Je démarre mes études en 1991 après mon incident et 7 années plus tard je sors major de promotion et deviens Juge des Enfants en 1998 à Los Angeles.

En 2003, je passe Adjoint du Procureur et 3 ans plus tard Procureur. Une carrière brillante, bien plus belle que celle d'un délinquant.

Aujourd'hui, je fête 18 ans de carrière au sein de la magistrature de Los Angeles, chevronné, de bon conseil et intraitable sont mes réputations, et je compte bien les conserver ainsi.

“Je suis contre les femmes, tout contre.”

2006 n'est pas seulement l'année de ma promotion en tant que Procureur, c'est aussi l'année où j'ai rencontré la femme de ma vie : Abigail. Nous nous sommes rencontrés singulièrement, il est vrai, mais c'est tout de même une histoire qui vaut le coup d'être racontée.

3 novembre 2006 à la Chambre d'accusation, le juge s'assoit et attend que tout le monde se mette en place. Je suis là également, assis à la droite du Juge, dossier sous les yeux. L'affaire concerne un viol, l'auteur étant connu j'avais décidé de le faire comparaitre au plus vite devant le Juge. La victime est assise auprès de son avocat, la tête baissée écoutant ce qu'il lui murmure. L'auteur des faits discute lui aussi avec son défenseur qui d'ailleurs semble stressé. Le juge me regarde et me fait un coup de tête, nous commençons. Alors je me lève :

- Monsieur le Juge, tout d'abord si nous sommes réunis devant vous aujourd'hui c'est pour prendre une décision. Juger un acte de violences, ici des violences sexuelles commises à l'encontre d'une femme qui avait une vie normale avant tout cela. Face à nous un homme, qui n'est pas un primo-délinquant comme on peut en voir. Qui n'est pas un homme épanoui, qui est connu des services de police pour divers interventions musclées sur fond d'alcool. Alors Monsieur le Juge, je vous laisse décider à charge et à décharge de ce que pourront dire les avocats des deux parties, toujours est-il que ma décision est prise de mon côté. Disais-je sur un ton convaincu.

Alors les deux parties se justifient, les avocats nous font un théâtre de guerre comme à leur habitude et finalement, le juge doit prendre une décision. Dans les paroles de l'avocat de la défense nous sentons de l'hésitation. Le juge lance alors :

-M. CONRAD Lucas vous êtes accusé du viol de Mme BOULANGER Abigail, reconnaissez-vous votre culpabilité ?

Avec stupeur et surprise, l'accusé répond, stoïque :

- Oui, je reconnais le crime.

- M. CONRAD Lucas je vous déclare coupable du crime que vous avez commis. De ce fait, vous faites face à une peine de 15 ans de réclusion criminelle et de 150 000$ d'amende, les peines sont applicables immédiatement, je demanderai aux services pénitenciers de conduire M. CONRAD à la prison centrale de Los Angeles et de l'inscrire au registre d'écrous. Madame BOULANGER, Monsieur le Procureur, Messieurs les avocats, je vous remercie de votre présence, l'audience est levée.

Juste après cette scène tout le monde se lève et part peu à peu, je discute avec les avocats encore sur place et va voir la victime afin de la rassurer. Elle avait les yeux mouillés d'émotion. Pour elle s'était une délivrance d'entendre un tel jugement. Elle pensait qu'il serait relâché comme tous ces délinquants en liberté dont on parle dans les journaux. Alors on parlait tranquillement quand j’aperçus une toute autre femme quand elle commença à sourire. Sourire qui devait être absent depuis des semaines. On sentait de la fatigue dans ses yeux cependant elle me semblait tout à fait charmante. Nous avons parlé pendant au moins 2h devant le Tribunal, petit à petit nous parlions de choses plus personnelles dans la conversation jusqu'au moment où elle décida de me donner son numéro de téléphone "au cas où...". Et finalement... A partir de ce moment là... Nous ne nous sommes plus jamais quittés.