Pourquoi faisons-nous cela ? Pourquoi n’arrivons nous pas tout simplement à répondre à ces questions ? Pourquoi avons-nous tant peur de nos réponses mutuelles ? Je me pose ces quelques questions quand Talya se relève. Quand elle s’éloigne de moi. Quand elle retire ce doux contact qui m’apaise tant. Mes yeux restent fixés sur son dos. Alors qu’elle ne me regarde pas. Je ne sais pas quoi lui dire. Je ne sais pas comment lui dire qu’il n’y a jamais eu personne qui a su me procurer ce bien être qu’elle sait me donner. Me transmettre. Me faire sentir. Aux yeux de personne d’autre je n’ai vu ce regard qu’elle a quand elle me regarde. Me faisant passer pour cette femme que je pensais ne jamais pouvoir être. Talya … Revient. Reviens auprès de moi. Rallonges toi. On pourrait rester là tant de temps. Toi et moi. Sans rien ni personne pour nous séparer. De nouveau. Non. Pas cette fois. Talya … S’il te plait. Restes.
Je l’écoute. Je m’imprègne de chacun de ses mots. En silence. Mon regard toujours posé sur elle et sur rien d’autre. Je ne la vois pas. Je ne vois pas son regard. Son visage. Ses mains. Je ne vois que ce dos qui me fait face comme pour me faire ignorer une quelconque réaction. Comme si je ne devais pas voir ce qui se cache. Que me fais tu Talya ? Pourquoi ne me regardes tu pas ? Pourquoi m’ignores-tu soudain ? Ne suis-je pas assez bien pour toi ?
Elle demande mon avis. Ses mots ont été si profonds. Comme si elle venait de les arracher de son cœur. De son âme. Alors je me redresse à mon tour. Pour m’asseoir à côté d’elle. Posant mon regard sur son visage, passant une main sur sa joue pour tourner ses prunelles vers moi. Regardes moi. Je ne te laisse plus le choix. « C’est une grande question. » Soufflais-je doucement sans savoir par où commencer. Sans savoir quoi lui dire réellement. Nous avons été séparées si longtemps. Je ne sais pas ce qu’elle a voulu me faire passer comme message mais je suis certaine qu’il y en a un. Qu’il y a un but à tout ce charabia. Moi, l’amour, tu sais, je n’y connais rien. Sauf quand je te vois. Toi. « Qui a pu te faire du mal à ce point Talya ? » Je pose ma question doucement car c’est la seule qui me vient à l’esprit quand je pèse ses mots. Quand j’en ressens le poids. La puissance. Il y a une douleur dans ses dires. Et pour une fois, je lâche prise. Laissant à autrui un quelconque mystère. Après tout. Pour quelle raison n’aurait-elle pas le droit à ma franchise ? Pourquoi devrais-je absolument lui laisser que des questions en suspens quand elle se livre à moi ? Je cesse mon jeu et réponds. « Ce que j’en dis … » Commençais-je en tentant de trouver les bons mots. « J’en dis que tu ne devrais pas tant souffrir, tu ne le mérites pas. » Je marque une pause pour relâcher l’emprise que j’ai sur son visage. Pour passer un bras autour de sa taille et me rapprocher doucement d’elle. Délicatement. « J’en dis que tu dois trouver la bonne personne, celle qui fera que tu ne souffres pas, celle en qui tu pourras avoir confiance car elle en aura aussi en toi. » J’ai une envie de lui dire que cette personne c’est moi. Pas quelqu’un d’autre. Que c’est moi et qu’elle n’a plus besoin de chercher. Mais il est trop tôt. Nous venons à peine de nous retrouver.
Je dépose alors un baiser sur sa joue. Souris Talya. Je ne suis pas là pour te voir miner. Je ne suis pas là pour assister à un désastre. Sois forte. Sois faible. Sois ce que tu veux. Mais sois avec moi. C’est tout ce que je souhaite. J’enfouis mon visage dans son cou. Ferme les yeux une seconde. Son parfum fait remonter des souvenirs que je pensais enfouis dans un recoin de mon esprit. Et de mon cœur. Qui ne pourraient jamais refaire surface. « Il n’y a personne » Je murmure au creux de son oreille. « Pour ta question de tout à l’heure. Il n’y a personne dans ma vie. » Juste toi. Qui me hante. Sans cesse. Je me retire. Je m’écarte. Je pose mon regard devant moi. Observant les passants dans le parc. Glissant une main sur sa jambe. Comme un geste banal. « Et oui, je veux toujours être zoologue. » Je termine en souriant, riant presque doucement. Je ne veux pas être la fille en qui elle ne peut pas avoir confiance. Je ne veux pas être celle qui pourrait la faire souffrir. Alors je ne joue plus. Je ne la taquine pas plus et je me livre. Moi aussi. Poses moi toutes les questions que tu veux Talya, je pourrais te répondre. Le cœur ouvert. Et l’esprit libre. « Tu sais … » Non tu ne sais pas. Pas encore. Je tourne mon visage vers elle. Regardes moi. Regardes moi dans les yeux. Vois dans mon regard que je suis franche. Que rien de ce que je dis n’est un mensonge. Que jamais je ne jouerais de toi. Peu importe ce qui a pu t’arriver. Peu importe qui a pu te faire tant de mal. Regardes comme je ne le ferai jamais. « Cela me fait vraiment plaisir de te revoir et j’aimerai ne plus te laisser repartir. » Un moment j’eu envie de l’embrasser. A nouveau. Mais je me retins. Car finalement. Elle … Comment elle dit ? Elle a un truc, pas vraiment, sérieux. Mais il est là. Alors. Alors je n’ose pas. Je n’ose plus. J’aimerai. Un regard sur ses lèvres. Et je détourne le regard. Arrachant un brin d’herbe à mes pieds. Je suis faible. Face à elle. Depuis toujours. Et je le sais.
Sujet: Re: SAVED MAN. RESCUE ME. [WITH TALYA] Ven 27 Jan 2017 - 15:18
Talya & Eden SAVED MAN. RESCUE ME.
V
iolence. Quand je la sens si proche de moi, je me fais violence. Violence pour ne pas faire de pas en avant que je pourrais regretter. Elle est juste à côté. Ses doigts délicats s'emparent de ma mâchoire, de ma tête pour que je lui fasse face. Je n'aime pas vraiment planter mon regard dans le sien car j'ai l'impression que mes yeux sont rougis. Je ne veux pas qu'elle lise en moi, qu'elle voit le fond de mon âme. Un frisson parcourt ma colonne vertébrale tandis qu'elle me demande qui a pu me faire autant de mal. Je ne peux dire un mot. J'ai beau entrouvrir la bouche, mes mots meurent dans ma gorge. Mes yeux cherchent le sol mais je ne peux pas. Je suis obligée de la regarder bien en face et franchement, cela me gène. Je ne peux pas lui dire la vérité, je suis obligée d'éluder et de la regarder en même temps. J'ai mal. Je ne sais pas si elle comprend mon malaise ou si c'est spontané mais elle libère son emprise pour continuer ses explications. « J’en dis que tu dois trouver la bonne personne, celle qui fera que tu ne souffres pas, celle en qui tu pourras avoir confiance car elle en aura aussi en toi. » Je regarde mes pieds. Crois-tu Eden? Crois-tu que je dois trouver quelqu'un alors même que tu te trouves à côté de moi? Je commence moi même à me demander si je ne me suis pas fait de films. Est-ce que je plais à Eden autant qu'elle me plaît? Est-ce qu'elle n'est pas en train de m'expliquer que je dois trouver quelqu'un d'autre? Est-ce à cause de ce que j'ai dit? De ce que j'ai fait? Je reste muette face à la délicate blondeur de ma chère Eden. Mais elle m'embrasse. Sur la joue. Signaux contradictoires. Elle met sa tête dans mon cou et vient enserrer ma taille. Je passe mon bras autour de ses épaules, toujours murée dans mon silence. « Pour ta question de tout à l’heure. Il n’y a personne dans ma vie. » Voilà un mot qui soulage. Elle en dira d'autres, plus réconfortants encore. Des mots comme on en rêve. Des mots doux. Je la regarde avec tendresse, posant mes yeux charbons sur sa peau claire, dans ses petites prunelles. Je ne peux m'empêcher de sourire du coin des lèvres. Ma commissure se creuse pour lui signifier que ce qu'elle dit me fait plaisir mais je ne peux plus. Je n'arrive plus à parler. Je plisse les yeux légèrement. Eden... « Je... » Je n'y arrive pas. Sa présence m'apaise, me rassure mais en même temps la peur de la voir s'enfuir me dévore, la peur qu'elle me tourne le dos, la peur qu'elle ne comprenne pas, la peur d'être rejetée ou même déçue. Je cherche la réponse dans ses yeux. La réponse à mes interrogations. « Il... » Je me détache de notre étreinte pour mieux la regarder. Un rayon de soleil illumina ses cheveux de la couleur des blés. Ses longs cils, ses petites tâches de rousseur, elle était délicieuse. Les diamants verts qu'elle avait dans les yeux avaient un pouvoir d'attraction inédit. Mes doigts viennent se poser doucement sur sa nuque et je l'attire vers moi avant de l'embrasser tendrement. Je n'y ai pas réfléchi. Je ne l'ai pas calculé. Je ne me suis pas demandé ce qu'elle allait en penser, et à vrai dire, c'est vrai que c'était bien plus agréable comme cela. Ses lèvres rebondies étaient d'une douceur qui faisaient chavirer mon coeur. Les yeux clos, je profitais du spectacle merveilleux que représentait sa bouche contre la mienne. Des papillons dans le ventre, par millions... Lorsque ce baiser se termine, je ferme une parenthèse avec. Une parenthèse qui m'a fait du bien. Qui m'aide à ouvrir la bouche. Qui m'aide à dire ce que je n'imaginais pas dire il y a quelques minutes. « Tu me demandais qui m'avais fait du mal toute à l'heure... » Je ne peux pas lui dire les mots. Les mots sont trop durs, trop forts. Alors j'essaie de lui faire comprendre, je pédale dans la semoule. « C'est... c'est un "lui" » Je lui laisse le loisir d'imaginer ce qu'elle veut. Je n'ai pas envie de développer davantage, pas sans savoir comment elle allait réagir. Elle allait peut-être penser que je m'étais envoyé un mec y'a quelques temps. En fait je réalisais que les indices que j'avais laissé ne suffisaient probablement pas à ce qu'elle comprenne. Je la sondais du regard. Je me demandais s'il était encore temps de faire demi-tour et de prétexter une aventure qui avait mal tourné. Je ne savais plus. En silence, je plongeais mon regard dans celui de la jeune Gamma.
Elle m’embrasse. Sans que je ne puisse m’y attendre. Et franchement, ça fait du bien. J’oublie tout durant ce laps de temps. Toutes ses questions. Toutes mes questions. Tout. Comment fais-tu cela ? Je sens toutes sortes de sensations. Qui font bondir mon estomac dans un sens puis dans l’autre. Les yeux complètement clos, je savoure ce qu’elle m’offre. Comme une denrée rare. Comme une récompense après une longue compétition. Je suis presque triste quand ce baiser vient se rompre. Quand elle se détache de moi. Je pourrai rester des heures à savourer les secondes de bonheur qu’elle me procure quand elle m’embrasse. Mais au lieu de ça j’ouvre de nouveau les yeux, les paupières se levant lentement, mon attention totalement monopolisée et à l’écoute de la belle Talya. Je secoue la tête de haut en bas, doucement, pour confirmer ses dires. Oui, c’est ce que je demandais. C’est ce que j’aimerai savoir. Dis-moi Talya. Dis-moi quel est ce mal qui te ronge. Qu’ais je raté durant ces années d’absence. De quelle souffrance je n’ai pas pu te sauver. Son regard dans le mien. Je me sens perdue. Incompréhensive. Je tente pourtant, de comprendre, de trouver des indices là où elle ne m’en donne pas. C’est un lui … Cela parait tellement vaste. Que je suis-je censée comprendre après une telle annonce ? Je suis perdue. Déboussolée. Je m’attendais à plus. Plus de détails. Plus de confidences. Mais je perçois dans les yeux de la brune que le mal est profond. Qu’elle en souffre. Et que moi, moi je ne peux rien faire pour l’aider. Probablement qu’elle le refuse, aussi, sans doute.
Ma main se pose sur la sienne. Délicatement. Comme pour la rassurer. « Je suis désolée. » C’est tout ce que j’arrive à dire pour le moment. Sans même savoir réellement pourquoi. Je perçois simplement sa souffrance. Et tente d’y répondre de la meilleure des manières. Et puis, je dois lui avouer. « Je ne comprends pas … » C’est trop vaste, trop flou. « … mais tu n’es pas obligée de tout me dire maintenant. » Je ne vais pas la torturer pour connaitre le moindre détail. Je ne vais pas la forcer à parler, à dire des choses qu’elle ne désire pas. Mon seul souhait est d’être avec elle, près d’elle. Pour l’aider. Pour apprécier nos retrouvailles. « Tu pourras tout me dire quand tu seras prête. » Et si ce n’est pas aujourd’hui, tant pis. Je la prends dans mes bras en enlaçant son corps de mes bras. « Je suis là et je ne pars plus. » Hors de question de la perdre une nouvelle fois. Hors de question que nous souffrions une nouvelle fois de l’absence de l’autre. Elle m’a manqué. Bon sang, comment n’ais je pas pu m’en rendre compte plus tôt ? Comment ais je fais sans l’avoir à mes côtés tout ce temps ? C’est à cet instant, quand son parfum m’enivre, que je la réalité me frappe. C’est elle. C’est elle et personne d’autre.
Je retire mon étreinte pour observer son visage. Voir ses traits pliés. Voir l’émotion la bouffer. « Allez, allons-nous changer les idées. » Je me relève, lui tend une main et l’aide à me rejoindre debout sur l’herbe. Je n’aime pas la mélancolie. Je n’aime pas voir les gens souffrir. Je n’aime pas la voir elle, dans une pareille souffrance. Je refuse de faire face à elle. Je refuse d’être complice d’un tel acharnement. Je lui prends la main, pour lui montrer que je suis là. Et j’avance en empruntant un sentier dessiné sur le sol. « Tu te souviens … » Commençais-je en regardant un instant le ciel avant de la regarder, elle, cet ange brun. « Quand tu m’as fais la visite de la maison des Gamma ? » Rien de mieux que de se remémorer ce souvenir. Mêlant excitation, joie et découverte. Je venais de la rencontrer ce jour-là et pourtant, je savais déjà qu'un courant passait entre nous. Je savais qu'un jour nous en serions là où nous en sommes. Je savais que mon cœur allait battre pour elle.
oupir. « Je suis désolée... Je ne comprends pas … » Je la regarde avec tendresse. Je vois qu'elle aimerait bien lire dans mes pensées mais qu'elle n'y arrive pas. Je la pardonne. Elle ne peut pas vraiment comprendre avec le peu d'éléments que je lui ai fourni. Je le reconnais volontiers, de toute façon, lorsqu'elle m'enlace pour me réconforter, j'oublie tout. J'oublie mes malheurs, mes pleurs, j'oublie la drogue et ma terreur. Elle endort tout en moi, sauf mon coeur. Mon coeur, lui, tambourine dans ma poitrine. Quand je sens son parfum caresser mes narines, quand sa peau frôle la mienne, quand ses lèvres douces capturent ma bouche. Je ne suis plus rien. Je ne suis plus cette fille timide qui rasait les couloirs de l'université. Quand je suis avec elle, je suis juste moi. Avec mes fêlures et avec mes imperfections. Je suis moi et je lui plais ainsi. Et même si elle ne sait pas tout, même si je n'ai pas pu tout lui dire, une partie de moi espère qu'elle saura me comprendre. Qu'elle saura passer outre. Je la serre contre moi comme si je lui disais : je ne veux jamais que tu partes, je ne te laisserais jamais partir. J'ai peur de la perdre et je crois que tout cela commence à me faire peur. Si j'avais imaginé un jour que je ressentirais ce que je ressens aujourd'hui pour la belle Gamma... Je ne peux mettre de nom sur ce que je ressens. Je ne veux juste plus la perdre: ni de vue, ni tout court. Je ne veux pas qu'elle disparaisse comme cela a été le cas ces dernières années. Nous avons trop à faire ensemble, trop en commun pour ne redevenir un jour que des étrangères. Non. Eden. Cela je ne le permettrai pas.
A ma surprise, elle m'entraîne dans la ville, à marcher. Je crois que je commence à m'éloigner un peu trop de chez moi. Je l'écoute parler avec ma candeur habituelle, ma main capturant ses doigts avec les miens. « Tu te souviens ...quand tu m’as fais la visite de la maison des Gamma ? » Je souris. Evidemment. Comment pourrais-je oublier la vue délicieuse de cet ange blond. Nous avons partagé la même maison quelques temps et par la même occasion, quelques moments très agréables. Je me rappelle que ce petit tour de piste avait terminé dans ma chambre et que j'avais déjà eu la chance de goûter ses lèvres ce jour là. Que mes doigts avaient pu caresser la délicieuse peau sucrée d'Eden. Je me rappelle mon émoi quand il a fallu qu'elle parte et la promesse intérieure que je me suis faite: cette fille sera à moi. Et nous voilà, marchant main dans la main, des années plus tard. « Je me souviens de chaque instant... De chaque sensation que j'ai eu ce jour-là...» je ne peux m'empêcher de rire doucement même s'il y a quelques minutes de cela j'étais au bord des larmes. « C'était vraiment une belle journée.. » Je regarde mes pieds avant de poser mes petites prunelles noires pour l'observer. « Comme chacune des journées que je passe à tes côtés... » J'aimerais que ce moment dure une éternité. J'oublie. Je respire. Je ne regarde même pas où nous allons. Je vois passer des panneaux. Des établissements qui me semblent tristement familiers. Je ne comprends pas tout de suite avant d'avoir comme un flash. On se rapproche de... là. Là où c'est arrivé. Mon sang se glace. Je ne peux plus avancer. « Eden... je.... » Je pourrais lui avouer. Je pourrais tout lui dire. Lui raconter. « Je devrais rentrer prendre une douche... Ma garde n'a pas été de tout repos... » Mais je ne suis pas prête, pas prête à ce qu'elle sache tout, du moins... pas aujourd'hui... Je suis bouleversée. Je lui lance un regard. « Ca m'a fait très plaisir de te voir... On se refera quelque chose très bientôt... Promis... » Je serre doucement ses doigts pour appuyer mes propos. Elle me manque déjà. Je m'approche doucement pour déposer un furtif baiser sur sa bouche et ne laisse pas vraiment de place à la négociation. « A très vite, beauté. » Je tourne les talons et tire ma révérence avant de rentrer chez moi.