Un cri. Tout d’abord. Et puis une peur. Des personnes se lèvent soudainement et je me retourne pour voir ce qu’il se passe. Un homme, le visage rouge, ne semble plus pouvoir respirer. Dans son assiette juste devant lui, un croissant, à moitié dévoré, à moitié intact. Les personnes autour ne semblent pas capables d’agir. Alors il rougit, encore un peu plus. Créant cet élan de panique dans le café. Dans la file d’attente pour avoir ma propre boisson chaude et ne sachant absolument pas comment sauver un être humain, je suis aussi immobile que mon voisin. Assistant de manière totalement impuissante à la scène. A la suffocation de l’homme en question. A sa mort … Non. Il ne peut pas mourir. Pas maintenant. Pas dans un café. Pas à cause d’un croissant. Ce serait une mort trop horrible, trop dénuée de sens. Et cela pourrait engendrer un scandale contre cette pâtisserie française. Non, il ne peut pas mourir. Pas ici. Pas devant mes yeux. Pas au moment où mon manque de confiance en moi se fait ressentir et que le monde entier en est témoin. Non. Il ne peut pas mourir.
Une femme accourt. Nous la voyons tous. Son rôle émerge soudainement. Ce sera elle. Ce sera la sauveuse. Et personne ne s’y trompe. Elle se jette sur lui et semble savoir exactement quel geste exécuter. Comment le sauver. Comment stopper cette scène de désastre. De peur. De mort qui arrive à contre-courant. Elle est là. Elle va le sauver. Elle va tous nous sauver.
J’aperçois sa chevelure au premier abord. Qui ondule au rythme de ses mouvements précis pour aider l’homme qui s’étouffe. Qui balaye son dos. Qui s’enroule autour de sa nuque. Sa chevelure soyeuse. Mais ce n’est pas ce détail qui m’éblouit. Son visage. Malgré la tension, la concentration, le besoin de sauver cet homme. Je reconnais ce visage. Presque immédiatement. « Talya … » Murmurais-je dans un souffle à moi-même comme pour être certaine de ce que je vois. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vue. Et pourtant. La reconnaitre fus d’une facilité que je ne soupçonnais pas. Plus rien n’exista alors. Pas les gens autour de moi. Pas la peur qui envahie les lieux. Même pas l’homme qui meurt doucement. Je ne la vois qu’elle. Malgré la panique qui se fait sentir. Les quelques autres volontaires qui accourt vers l’homme, vers elle, pour aider au mieux. Je ne vois qu’elle. Que son visage. Que sa silhouette.
Alors, comme pour l’impressionner, je me décide d’y aller. Moi aussi. Je sauve des animaux dans un zoo. Je peux peut-être aider pour sauver un être humain. Sortant de la file d’attente je me précipite aux côtés de la brune. A genoux. Je jette mon regard immédiatement vers elle et demande d’une voix la plus contrôlée possible. « Je peux aider ? » Après tout. La vie d’un homme est en jeu.
afé. Pitié. Juste un café. Je me laissais glisser mollement au fond de mon fauteuil dans ce petit café du centre-ville. Je sortais d'une nuit assez longue et agitée à l'hôpital et sans ce rail de coke pris juste avant de partir sur un coin de lavabo dans les toilettes, je serais sûrement par terre, dans un sommeil profond. Je souffle sur ma tasse, plus précisément sur le liquide brunâtre qu'elle contient. C'est bien trop chaud. J'allais sûrement avaler ça et partir me balader un peu en ville après, histoire de profiter de mon supra-dynamisme artificiel. Quoi que je pourrais aussi bien rentrer à la maison. J'ai haussé les épaules. Qu'importe. Je me plaisais à observer les gens, J'aimais imaginer leur vie. Me dire que ce petit gars à lunettes sur son mac devait être un créatif, qu'il s'était fait larguer par sa meuf car il préférait photoshop à sa copine. Et qu'il était trop fauché pour se payer un deuxième café, ce qui expliquait pourquoi il dormait paisiblement sur son clavier. La tête posée sur ma main, je laissais les corps circuler dans les allées, les gens aller et venir. Tout allait vite dans ma tête. Trop vite. Mais j'aimais ce sentiment de vivre en accéléré.
J'étais bien tranquille, là. Dans mon fauteuil. A ma table. Seule. Mais quelqu'un avait décidé de me pourrir la vie. Encore un peu plus. Merveille. Joie. Cet homme que je fixais était en train de manger. Goulument. J'ai vu ce morceau de croissant entrer dans sa bouche et comme au ralenti j'ai vu ce morceau tomber au fond de sa gorge. J'ai vu son regard. J'ai vu sa détresse. J'ai senti le bout coincé. J'ai vu ses joues devenir rouges. J'ai vu les gens s'attrouper, comme les gens le font toujours. Mais personne n'agissait. Tout le monde se regardait, l'air hébété, comme si personne ne savait quoi faire. Ou alors personne ne savait quoi faire. Enfin si, quelqu'un savait. Moi.
J'ai prié pour que quelqu'un d'autre se lève, quelqu'un dont le charisme transparaitrait : « je suis médecin » il aurait dit. Il ne dit rien. Il n'existe pas. Ce quelqu'un c'était moi. A voir, les pauvres gens qui s'attroupaient autour de lui et qui risquaient d'assister à son décès en direct live, je me suis résolue. Il fallait que je le sauve. Pourtant croyez-moi, j'voudrais mieux rester tranquille dans mon coin. Mais non. Je vais devenir le héros, celle que tout le monde regarde. Et bon sang, ce que je déteste être le centre de l'attention.
Je me retrouve à côté de lui. Je ne me rappelle même pas m'être levée. Mais il faut se rendre à l'évidence, la téléportation n'existe pas. Tout le monde me regarde. J'avais raison. Et si je retournais m'asseoir? Il devient bleu. Non. Faut que je reste debout. Il y a trop de gens autour de moi. Je me sens mal. C'est moi qu'ils vont devoir secourir s'ils restent là. « Je peux aider ? » une voix. Un visage. Un beau, un très beau visage. Eden Snow. Je me murmure intérieurement. Je me redresse soudain. Comme si le fait de voir ce visage connu dans la foule me donnait des ailes. « Fais les reculer, s'il te plait.. » je crois que je lui souris. Je ne sais pas. Mon visage est engourdi. Je reconnecte mes neurones. Je suis dans la brume. Ses lèvres sont bleues. Il se tord, il essaie de tousser mais il n'y arrive pas. Je passe ma main au niveau de son thorax et je claque gaiement dans son do de l'autre main. Normalement ça aurait du suffire.
Ce morceau de croissant c'est un vrai résistant. Je finis par passer à la méthode forte, en espérant ne pas avoir à lui faire une trachéotomie avec un stylo comme dans urgences. Je me place derrière la victime, en me collant à elle. Je n'ai plus qu'à tenter une manoeuvre spéciale, dite d'Heimlich. Mes bras l'encerclent, j'appuie sur son sternum par pressions successives. Et enfin le morceau de pâte feuilletée s'envole depuis sa gorge prenant un aller-simple pour le sol. Il fait un gigantesque bruit, tel un ogre. Il cherche l'air. Et l'air revient. Soucieuse, je l'observe et je l'assois sur une chaise. Bordel. Il respire. Je suis un putain de héros. Et comme pour me le rappeler, la foule exulte : « il va bien ! il est en vie. » je sais, et ce n'est pas grâce à vous. Ils applaudissent maintenant. J'ai envie de m'enfuir. Je supplie du regard les gens d'arrêter, mais je ne dois pas supplier de manière assez voyante. Ils continuent. Eden. Où est-elle? Elle est la seule qui peut me sauver des gens. Eden. Sauve-moi. Tire-moi de là.
Elle. Je ne vois qu’elle. Ce mec peut bien mourir maintenant. Je ne lui importe plus aucune attention. Mes yeux sont rivés sur elle. La seule idée que j’ai pour avoir un regard de cette femme est de me manifester. De me jeter dans ce brouhaha. A ses côtés. Sans savoir ce que je devrais faire. Sans connaître un seul geste à réaliser. Mais la voir me donne l’envie de faire n’importe quoi. Quitte à mettre une grosse baffe à l’étouffeur pour le faire taire et me laisser seule à seule avec cette brune. Je propose mon aide. Seul éclair de génie qui me frappe pour montrer ma présence. Et cela semble fonctionner, alors que je n’avais aucun espoir. Ou infime était-il. Elle me demande de les faire reculer. Ou peut-être est-ce un ordre. Je ne sais trop rien. Mais j’acquiesce comme un petit soldat. « D’accord » A ses mots. Sans réfléchir. Tu es ma muse Talya. Et je me lève, tends les bras, demande aux personnes de reculer, de laisser de l’espace à notre sauveuse. A tous. Car aucun de nous ne serait capable de faire ce qu’elle est actuellement de réaliser. Un minuscule mètre de répit lui est offert pour la laisser agir. Ses gestes sont sûrs. Et je la vois. Avec les yeux d’un gamin ébahi. La voyant sauver cet homme. Comme si cela paraissait normal. Comme si, elle était normale. Mais elle ne l’est pas. Elle est Talya Adam. Et à mes yeux, c’est bien plus que n’importe quel bonhomme dans ce café. Je tourne le dos à la scène, tente de faire reculer les fous furieux, comme l’a si bien demandé l’ancienne Gamma. Ce sont les applaudissements qui me font comprendre. Ce sont les paroles. Les cris de joie. C’est l’effervescence qui prend place maintenant. La peur est partie. La peur est loin. Tous congratulent l’héroïne du jour.
Je la cherche. Du regard. Mais les gens se mettent à me bousculer. A voir l’homme secouru. Qu’ont-ils tous ? On me bouscule une nouvelle fois. Pour aller la congratuler. Elle. Je l’aperçois. Et plus rien ne peut m’arrêter. Elle semble perdue. Souhaite-t-elle tout ça ? Ce remue-ménage autour d’elle ? Je n’en sais trop rien, mais moi, je n’en veux pas. C’est elle que je souhaite. De ma fine silhouette je me fais un chemin jusqu’à elle, me faufile pour lui prendre la main et sans demander mon reste, je l’emmène à ma suite à l’extérieur de cet endroit. Loin de tout ça. Loin de tous ces fous.
Sans savoir comment, et encore moins pourquoi. Nous nous retrouvons sur le côté de l’immeuble, à l’écart de la porte d’entrée. Loin des regards indiscrets. Et encore plus loin de tous ces gens qui voudraient venir lui parler, la féliciter ou encore lui demander un autographe. J’ai décidé qu’elle n’avait pas de temps pour ça. J’ai décidé qu’elle avait du temps pour moi. « Impressionnant. » Commençais-je. Car oui, moi je peux le dire. Je me permets de le faire. « Tu as été impressionnante. » De sauver cet homme. D’avoir agi aussi vite. D’avoir été une héroïne tout en restant aussi belle. Aussi magnifique. Tu n’as pas changé. Comme dans mes souvenirs. Tu es toujours la Talya qui m’a fait craquer à l’époque. Je n'arrive pas à ajouter quoi que ce soit. Mon assurance partie à l'eau, elle me coupe le souffle.
ant pis pour mon café. Il restera seul sur cette table jusqu'à ce qu'un serveur attentif le remarque et le balance dans un vieux lavabo. Triste vie que celle d'un café oublié sur une table. Parfois je me dis que si ça se trouve, je suis juste un café sur une table. Et que le serveur qui devait me téj dans le lavabo était toujours pas arrivé. Les yeux plein de liesse me fatiguent. Je n'en i ai plus l'habitude. A vrai dire, je n'en ai jamais eu l'habitude. Peut–être que travailler à l'hôpital et non à Disneyland y était pour quelque chose. Je ferme les yeux. Un. Deux. Trois. Je les ouvre, ils sont encore là. Ils sont même plus nombreux. Le mec endormi sur son mac avait fini son somme, les filles et leurs casques sur les oreilles avaient délaissé leur musique pour prendre des snaps de leur fabuleuse petite matinée où elle auraient vu une inconnue sauver un inconnu. Ils étaient trop. Une main m'extirpe du lieu. Et c'est tant mieux. Mes pupilles sont drôlement dilatées. Tout devient flou. Je me téléporte, ou je marche. Je ne sais pas. L'air frais. Le silence raisonnable d'une rue. Je suis en vie. Je crois. Qui? A qui appartient cette main salvatrice?
Elle. Eden. La mie du pain. Le coeur de l'emmental. Le jaune de l'oeuf. Le meilleur de ce qui existe dans le monde. Je plonge dans ses yeux comme dans l'océan. Je m'y baigne. Et je m'y noies. Elle m'entraîne plus loin, loin de la folie furieuse qui s'est emparée de ces gens. Est-ce que c'est vraiment elle? Est-ce que c'est vraiment l'Eden que j'ai connu il y a quelques dizaines de mois? Nous nous arrêtons, ou plutôt elle s'arrête. Moi je la suis. Je ne fais que la suivre. Emmène-moi au bout du monde. Je te suivrais. Jette-toi d'un pont. Je te suivrais. Peu importe où tu iras. Tant que ton regard est la dernière chose que je vois. Tout ira bien. « Impressionnant. » je détaille sa peau, ces longs cils, ses prunelles brillantes de mille feux. Ses pommettes. Et sa bouche bon sang. Sa bouche. J'essaie de me remémorer le goût de ses lèvres alors qu'elle parle. Je rougis. Je crois. Je ne sais pas. Je m'en fiche. « Tu as été impressionnante. » ses lèvres bougent. Je n'en loupe pas une miette. Comme au ralenti, je regarde la commissure de ses lèvres remuer, son délicieux sourire. J'en esquisse un à mon tour. Un sourire d'une telle beauté ne peut pas rester à sens unique. Mon regard est vif. Cette fois. J'ondule. Mon cerveau ne sait pas s'il doit tourner lentement ou vite. La cocaïne dans mon organisme ne m'aide pas. Pourvu qu'elle n'en voit rien. Je ne voudrais surtout pas paraître à mon désavantage devant elle. Surtout pas devant elle. Je le cacherai. Elle ne m'avait jamais vu comme ça. Elle ne devait pas me voir comme ça. Est-ce qu'on aurait du se revoir seulement? Est-ce que c'est ça le destin? Mes yeux se plissent, rieurs. « Non, tu. Tu as été impressionnante. Je crois que c'était bien plus difficile de nous sortir de là en vie que de voler au secours d'un type qui avale son croissant de travers. » je souris bêtement. Je ne sais pas quoi dire. Nous avons tellement à nous dire. Nous avons des mois à rattraper. Des mois où nous aurions dû parler. Des mois où n'aurions pas du faire que nous croiser, mais en profiter. J'ai gâché ce temps. Elle l'a gâché aussi. On s'est ratées. A regret. Mais je n'ai plus faim de regrets. Je veux rattraper le temps. Rattraper tout ce qui est à rattraper. Tout ce que je peux grappiller comme secondes à ses côtés. Je baisse timidement la tête. « Ca faisait.. longtemps...» Puis je la regarde. Et tu n'as pas changé. Ou si. En mieux. Encore mieux. Est-ce que ça existe seulement? Qu'est-ce qu'il y a de mieux que la perfection?
Elle dit n’importe quoi. Aucuns de ses mots ne semblent cohérents. Ou bien, est ce moi qui ne comprends pas. Est-ce moi qui suis perturbée de la revoir. Après des mois. Qui pourraient sembler être des années. Je n’ai rien fais d’impressionnant. Mais elle. Oh oui, elle. Talya. Elle a sauvé un homme. Sous mes yeux. Sous mon incompétence. Peut-être aurais-je préféré être à sa place. Etre la victime que la belle brune viendrait sauver. De quoi mimer une fausse mort et clamer au bouche à bouche. Peut-être suis-je train de vouloir mourir pour qu’elle me sauve à mon tour. Non je n’ai pas été impressionnante. Mais elle, oui. Aurais-je réellement voulu être dos au sol ? Prête à jouer avec la vie pour qu’elle me retienne à cette dernière ? Maintenant que mes yeux se noient dans les siens, je ne saurai quoi répondre. Même après tout ce temps, je me rends vite compte qu’elle me déstabilise. Encore plus vite que ce que je pourrais penser. Garder la tête haute, l’impression d’avoir le contrôle, le tout, est devenu bien difficile avec cette ancienne Gamma dans les parages. Je souris, presque bêtement. Ou en tout cas, c’est l’impression que j’ai. J’ai toujours cette impression qu’elle raconte n’importe quoi en voulant me donner le mérite de ce moment. De ce sauvetage. Alors qu’il n’en est rien. Je suis persuadée, et comme les quatre-vingt-dix-neuf pour cents des autres présents à ce moment-là, que je n’y suis pour rien de ce sauvetage de folie. Elle n’est pas que timide. Elle est humble. Aussi. Et j’aime ça.
Ses derniers mots me font chavirer. Elle baisse la tête. Ma seule pensée est de lui faire redresser en me rapprochant d’elle. Mais je n’en fais rien. Glissant doucement un « C’est vrai … » Audible que par nous. Seules. Telle une bulle qui se forme autour de nos corps pour ne laisser personne gâcher ce moment où je la revois. Elle. Cette brune. Cette femme. Qui me chamboule. Qui me transperce. De toute part. Mon cœur qui chavire. Et mon corps qui jubile. Je ferme les yeux une seconde pour calmer le jeu. A leur réouverture, je m’aperçois bien vite de l’échec de cette tentative. Elle est toujours là. Et mon corps ne répond pas, une nouvelle fois. Inspirant profondément. Je commence à me demander si cette timidité n’est pas transmissible. Suis-je victime moi aussi de cette maladie ? D’ordinaire non. Je suis intimidée. Pourtant. Mais je n’ose l’avouer.
Il me faut une seconde de plus pour me donner ce courage. Et regagner cet air si sûr de moi. Pour enfin reprendre la parole. « Maintenant que je te vois … » Je marque un temps de pause pour laisser mon regard s’imprégner de chaque détail de son visage. Cela est important pour ma mémoire, de se souvenir de tout ça, de toute cette beauté. « Tu es toujours aussi belle. » Je ne souhaite pas laisser une seconde de plus passer sans que je puisse avoir la chance de lui dire. Cela fait des mois que je ne l’ai pas vu. Et ces simples mots m’ont brûlés la gorge, désireux de s’en extirper. Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce moment. De libération. Je respire enfin. Mon cœur s’ouvrant pour gagner un souffle. Je m’approche d’elle. Passe une main dans ses cheveux. J’en avais oublié le contact. Et cela me donne un frisson. Un papillon dans le ventre. « Tu m’avais manqué. » Dis-je dans un soupir en déposant un baiser sur sa joue. Suis-je en train de jouer ? De chasser ? Ou ais-je finalement baisser les armes ? Baisser le bouclier ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.
ui est-t-elle ? Qui suis-je ? Que sommes nous l'une pour l'autre? Peut-être tout, peut-être rien. Peut-être que le destin nous a séparé pour mieux qu'on se retrouve ? Ou peut-être qu'il nous rassemble pour mieux nous éloigner. J'aurais voulu Eden. J'aurais voulu qu'il y a un an, on se saute dessus. J'aurais voulu qu'on s'aime et qu'on devienne l'équivalent lesbien de Brangelina. J'aurais voulu qu'on soit un beau petit couple dont les gens sont jaloux parce qu'on aurait été extraordinaires ensemble. J'aurais voulu. Toi. Je t'aurais voulue. Mais je n'ai eu qu'un lot de consolation. Une fille comme tant d'autres. Une fille comme il en existe des milliards. Une fille banale. Mais moi c'est toi que je voulais. Tu le devineras. Entre elle et moi ça n'a pas duré. J'ai créé des barrières faciles à surmonter. Je voulais te faire réagir mais ça n'a pas marché. Je voulais que tu sois jalouse. Que tu m'apprécies assez pour me le dire. Pour me rafler à elle. Pour ne pas m'abandonner. J'aurais voulu que tu l'éloignes et qu'on soit tous les deux. Mais c'est trop tard. On n'est plus il y a un an. On est plus les mêmes. Même si moi, j’aimerais toujours. Mais toi? Qu’est-ce que tu veux? Hein?
« C’est vrai … »
De quoi? De quoi parles-tu? Je confonds mes pensées et la réalité. Ah foutue coke. Non. Non. Attends Talya. Je sais! Elle trouve que cela fait longtemps elle aussi. Longtemps c’est peu dire. Cela fait plus d’un an. Nous nous voyions chaque jour. Chaque jour, le nez dans mes bouquins, je voyais la belle Eden rentrer dans sa chambre juste en face de la mienne. Mais elle avait d’autres occupations. Quand je rentrais de gardes, elle partait en cours. Nous ne faisions plus que nous croiser. J’en garde une certaine amertume, j’dois dire. J’aurais sûrement du lui dire, j’aurais du la retenir. J’aurais du prendre cette initiative, sauter dans le vide. Lui attraper le poignet. La stopper dans sa marche. La regarder droit dans les yeux. Lui dire ce que j’avais sur le coeur. L’empêcher de partir. La faire mienne. Mais non. Je la regardais partir, en faisant parfois un petit signe de la main, pour lui faire comprendre que je l’avais vue… En attendant qu’elle agisse. Mais elle n’en fit rien.
« Maintenant que je te vois … Tu es toujours aussi belle. »
Je crois rêver. Est-ce que je rêve? Peut-être que j’hallucine. Oui, ça c’est possible. Est-elle vraiment devant moi ou est-ce ni plus ni moins qu’un mirage? Ce que je veux entendre? Je ne sais plus. Je fixe ses yeux. A la recherche de la vérité. Le noir qui plonge dans le vert. Je cherche un indice. La moindre trace qui dans ses prunelles me prouvent qu’elle dit vrai. Qu’elle ne me dit pas juste ce que je veux entendre.
« Tu m’avais manqué. »
Mais elle s’approche. Et je fonds. Je suis la glace en été. Un glaçon jeté au feu. Elle touche mes cheveux et embrasse ma joue. Je crois que j’ai fermé les yeux. Non, j’en suis sûre. Vous savez. C’est ce truc qu’on fait quand on mange la mousse au chocolat la meilleure du monde. On ferme les yeux en faisant : HMMMM. Puis on les rouvre comme pour retourner sur Terre, même si le paradis c’était cool. Ce contact me réchauffe instantanément. Je frissonne même de bonheur. Alors elle ne m’en veut pas.
« Je… »
Je rougis. Tu m’as manqué toi aussi. Bien sûr. Ca ne se voit pas? J’esquisse un sourire en baissant la tête. Je peux faire la fille forte. Je peux sauver un mec qui avale un croissant de travers. Mais face à cette femme. Je ne suis rien. Ou plutôt je suis tout. Un torrent d’émotions. D’amour, de haine, de frisson, de peur, de joie, de tristesse, d’amertume. Je ne sais plus quoi penser. Alors dans cet élan désespéré où les mots ne sortent plus de ma bouche. Je fais ce que je ressens sur l’instant. J’ouvre mes bras et je la serre fort contre moi.
« Tu m’as manqué encore plus… »
Je chuchote à son oreille. Je la garde contre moi. Je profite du doux parfum de sa peau. De l’odeur délicate de son shampoing qui tient sur ses cheveux. Du contact de son corps avec le mien. Et pour la première fois en des mois, je me sens apaisée. Je me sens bien.
« Eden… »
Nous nous écartons légèrement l’une de l’autre. Et je la regarde. Hey. Calmez-vous les yeux. Jouez la sexy please. Arrêtez de vous dilater, vous, les pupilles. Vous vous prenez pour qui? Non mais je rêve. Bon, tu sais quoi. Autant lui dire. Après tout si ça se trouve elle l’a déjà remarqué. Je savais que tout ce que je dirais n’aurait plus la même force après avoir dit ça. Si ça se trouve elle le prendrait même mal.
« Désolée… Je suis pas vraiment dans mon état normal … »
Je regarde le sol. Un peu confuse. Un peu honteuse aussi. Je me recule un peu. De stress. Je masse ma main gauche. Et ça? Va-t-elle remarquer l’annulaire à mon doigt? Comment je vais bien pouvoir lui expliquer ça… Saloperie de journée.
Je sens mon cœur battre intensément. Mon estomac se nouer tendrement. Quand je suis dans ses bras, je ne peux plus faire la fille forte. Je ne peux plus mentir. Comme si les bras de Talya qui m'enlacent font disparaître toute ma carapace. Toute cette image que je tente d'avoir en masquant mes faiblesses. Toute cette fierté que je refoule en moi. Elle éclipse tout. D'un geste. Simplement en me prenant dans ses bras. Et je goûte à ce paradis en fermant les yeux. En savourant. Car au creux de ses bras, je me sens bien. Comme si tout le temps que nous avions passé éloignée l'une de l'autre se mettait à disparaître durant quelques secondes. Comme si nous n'avions jamais été séparées. Alors que nous connaissons la vérité. Le temps n'a pas disparu. Il s'est trouvé là. Entre nous. Quand aucune de nous n'a osé aller vers l'autre. Quand il était plus simple de faire sa vie chacune de son côté plutôt que de se battre pour retenir l'autre. Comme si le temps, était une barrière entre nous que nous venions d’abattre en l’espace d’une étreinte. Je remercie Talya au fond de moi. De ce geste. De cet élan. De me communiquer ce bien être qui parcoure mon corps. Je ne sais pas comment lui dire, alors je garde ce remerciement pour moi. Profitant simplement de ce contact.
J’entends sa voix. Cela me donne un frisson. Cela faisait si longtemps que je ne l’avais pas entendue. Comme une mélodie. Comme une sirène qui m’apaise. Elle me chuchote quelques mots d’une douceur exquise. Comment ais-je pu passer à côté de cet envoutement aussi longtemps ? Je ne m’en étais pas rendue compte. Sûrement par habitude de ne pas y avoir le droit. Et maintenant que j’y goute une nouvelle fois, je ne comprends pas comment j’ai réussi à vivre sans cela. Ce petit ton de voix si agréable. Elle souffle mon prénom. Je comprends que nous devons stopper cette étreinte, ce moment de calme, ce moment de bienêtre. J’aurai voulu lui dire de se taire et de profiter de ce contact, mais je n’en ai pas la force. Je l’écoute. La regarde. Je ne me rends compte de rien jusqu’à ce que ses mots viennent plomber ce moment. Je suis sonnée. Que voulait-elle dire ? Je plisse les yeux. L’observe. Elle a l’air gênée. Sa timidité est encore présente. A l’époque, c’était ça qui m’avait fait craquée, je me souviens. Je lui tends ma main, pour attraper la sienne. « Qu’as-tu fais Talya ? » Je suis bien trop contente de la revoir. Bien trop enveloppée de mon petit nuage pour lui en vouloir de quoi que ce soit. Tout ce à quoi je pense, c’est de savoir si elle ne met pas sa vie en danger. Mais après l’épisode du sauvetage de croissant tueur, ma question parait bien limpide. « Que se passe-t-il ? » Je lui demande, sur un ton le plus doux possible tout en me rapprochant d’elle. Sans rancune. Sans méchanceté. Juste pour montrer que je suis là si elle le souhaite.
arfois j'ai l'impression qu'Eden est encore plus dans les vapes que moi. Elle n'a donc rien vu. Si ça se trouve, je me fais des films, ça ne se voit pas tant que ça. Ni ma bague, ni mon côté speed. Après tout, si ça ne se voit pas, je ne vois pas l'intérêt de lui en parler. Je pense que finalement être honnête à tous les coups ce n'est pas si bien que ça. Je fourre ma ma dans ma poche, en prenant mon air timide habituel et discrètement je fais glisser ma bague de fiançailles hors de mon annulaire. Problème réglé. Sauf que maintenant que je lui avais dit que quelque chose n'allait pas, il allait falloir que je me justifie. Je lui souris un peu bêtement. « Rien d'important. » Ca c'était faux. « Du moins... Rien de plus important que toi. » Ca par contre c'était vrai. Je n'aimais pas mentir aux gens auxquels je tenais mais je crois que ça serait beaucoup trop long à expliquer. Eden et moi, on avait déjà perdu assez de temps comme ça. Je ne voulais pas perdre une seconde de plus. D'autant que je venais de la retrouver. Je ne voulais pas la faire fuir. Je ne voulais pas la perdre, pas encore.« Tu sais Eden... », je sors mes mains de mes poches, laissant ma bague au fin fond de ma poche de jean. « J'ai beaucoup pensé à toi depuis que je suis partie de UCLA. » je souris doucement. Mon sourire fait apparaître une petite fossette au coin de mes joues légèrement rosées. Elle me fait un effet que je ne peux pas maitriser. Je glisse mes doigts dans ma nuque. Un peu gênée. « En fait, je regrette beaucoup la manière dont j'ai agi à l'époque... » je caresse du bout du pouce sa main, celle que me tient la douce Eden.
Je la regarde dans les yeux, observe chaque variation de couleur, chaque petit point. J'ai honte d'omettre des détails si important dans ma vie. Comme "Oh, au fait, le mec avec qui je faisais semblant de sortir jusqu'à maintenant pour faire plaisir à mes parents, bah on vit ensemble, même qu'on organisé des fausses fiançailles" ou encore "Oh au fait, je me suis fait un rail de coke juste avant de partir, du coup j'en ai encore un peu dans le nez, ça te dérange pas j'espère?". J'ai du mal. A mentir. Mais encore plus à lui mentir à elle. C'est dur de mentir quand on tient à l'autre. Je baisse un peu la tête. « Je reconnais que j'ai merdé. Gravement merdé.» Sur tous les plans.
Je tiens sa main. Je ne la lâche plus. Comme si la lâcher serait synonyme de la voir partir à nouveau. Ce n’est pas une poignée ferme. Ce n’est pas avec force que mes doigts prennent possession des siens. Tout en délicatesse. Tout en douceur. Je veux la garder, comme si je ne l’avais jamais quittée. Je me rends compte que ce qui n’était qu’un jeu à l’époque représentait bien plus au fond de moi. Mais je ne m’en étais pas rendue compte quand il le fallait. Alors maintenant que je l’ai face à moi. Maintenant que j’ai sa main dans la mienne. J’ai ce sentiment d’avoir mal agi, que mes intentions de l’époque étaient mauvaises. Mon cœur se serre. Comme une promesse que je ferais plus la même erreur. Que je ne jouerai plus. Avec elle. Avec les femmes. Je ne veux plus vivre ce moment. Car il est trop important. Car je réalise qu’elle m’avait manquée. Plus que ce que je pouvais me l’admettre en plus d’une année de temps. Où étais tu ? Où étais-je ? Tout ce temps où nous étions éloignées. Tout ce temps où chacune a vécue loin de l’autre. Où nous avons vécues toutes ces choses sans l’autre. Alors que nous aurions pu être ensemble. Alors que nous aurions pu vivre tant d’événements aux côtés de l’autre. Elle m’a manqué. Je ne peux plus le nier. Cette impression. Ce sentiment. Me reviennent en pleine face alors que ma main sent ses doigts caresser doucement ma peau. Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant ? Pourquoi a-t-il fallu que tu sauves cet homme plutôt que nous deux ? Je tente d’effacer ces questions qui me hantent, mais ces mots révèlent davantage d’interrogations. Je ne suis pas la seule à être retournée. Cela ne me rassure pas. Concrètement à ce que j’aurai souhaité. Sa timidité est toujours là. Je la vois. Je l’observe. Mes yeux ne perdent plus un détail de son visage. Je ne perds pas non plus une miette de ses paroles. Comme si chacun devait rester ancrées dans ma mémoire.
« Tu n’es pas la seule. » C’est tout ce que j’arrive à dire. On a toutes les deux merdé. On a toutes les deux laissé passer ce moment qui aurait pu être le nôtre. Elle n’a pas à s’en vouloir. Elle n’a pas à se sentir la seule fautive. Non. Nous avons toutes les deux la lourde responsabilité de n’avoir rien fait. D’avoir tout gâché. Quelque chose qui nous appartenait. Mais nous n’avons rien fait. Nous avons laissé filer ce qui nous appartenait. Et pour la première fois, ma faculté à être bavarde, à être sûre de moi, à savoir jouer avec les gens disparait. Comme si le fait que mon cœur puisse ressentir quelque chose me paralysait. Comme si sentir battre ma poitrine était mauvais et que je me devais de l’arrêter. Pourtant, je commence à apprécier cette sensation. Je commence à vouloir laisser parler mon intérieur et ranger ma fierté. Pour une fois. Ce serait bien. Pour moi. Pour elle. Pour nous. « Ne t’en veux pas. » S’il te plaît. Ne sois pas la victime. Sois la femme qui fait de moi la guimauve qui fond devant tes yeux. Sois l’éponge qui me fait avaler tous les sentiments que je me suis toujours refusés. Je me rapproche d’elle. De ma main libre attrape sa nuque et dépose un doux baiser sur le front de la belle brune. Les mots, je peine à les dévoiler alors que les actes sont d’une facilité que sous estimais. Je me redresse pour arrêter ce moment de détresse, relâcher mon emprise de son cou et murmurer tout bas. « Tout ce que je sais. » Oui, car j’arrive à dissocier un sentiment parmi d’autres. « C’est que tu m’as manqué. » Et ça, il m’est tout à fait impossible de le nier. Dans mon cœur, dans mon corps, ce sentiment m’envahit. J’aimerai dire que je suis forte, que rien ne m’atteint. C’est ce que je tente de faire croire la plupart du temps. Mais à ce moment-là, je ne peux plus faire briller ma carapace. Mes yeux la dévorent. Mon regard s’adoucit. Je la remercie intérieurement d’être là. Je la remercie de parler à ma place. Car j’ai toutes les peines du monde à me livrer. Je sais pourtant qu’il le faut. Pour avancer. Pour ne plus la laisser s’en aller. Pour qu’elle ne disparaisse plus. « Que dois-je faire pour que toi et moi, on puisse réparer notre erreur ? » Car tout ce que je souhaite, c’est elle. C’est nous. Il m’a fallu du temps pour le remarquer. Maintenant, c’est chose faite.
es oreilles bourdonnent, ma tête tourne. « Ne t’en veux pas. » Et pourtant je m'en veux Eden. Si tu savais comme je m'en veux. J'ai perdu du temps, on a perdu du temps. Trop de temps. Et quand tu embrasses mon front je crois défaillir. Sentir des doigts dans mon cou. Sentir tes lèvres contre ma peau. Un tourbillon de sensations m'envahissent, et je me laisse aller. Je ferme les yeux. J'oublie les bruits de la rue. La brise légère qui nous caresse les bras. J'oublie le passé, j'oublie nos erreurs. Il n'y a plus rien. Rien d'autre qu'elle et moi. Ce moment aurait pu durer éternellement, j'aurais voulu mourir comme ça. Dans son étreinte, en sentant sa chaleur contre moi. Ses douces lèvres.
Mes lèvres s'étirent pour lui sourire doucement alors qu'elle rompt son étreinte dans mon cou. Je lui en veux une seconde, et je me noie à nouveau dans ses yeux, ils me font tout oublier, jusqu'à mon propre nom. Ses prunelles vert sapin me tuent. Littéralement. Si bien qu'à force de les regarder je crois que je vais me sentir mal. Je vais me perdre. Je vais tomber. Je vais craquer. Je vais souffrir. Je vais succomber à son charme. Alors je baisse la tête. Juste un petit peu. Je n'aime pas éviter son regard. Je n'aime pas la fuir alors que je viens de la retrouver mais j'ai peur. Trop peur qu'elle me tienne au creux de sa main. Peur qu'elle retienne mon coeur en otage. Peur que l'opération se finisse mal et de finir en victime collatérale. « Que dois-je faire pour que toi et moi, on puisse réparer notre erreur ? » Et là je hausse les épaules. J'ai trop de choses à lui dire. « Ne me laisse jamais disparaître. » Je suis un peu étourdie. Je passe ma langue pour humecter mes lèvres asséchées. « Et surtout, Eden... » J'ai un goût de fer dans la bouche. « Ne disparais jamais. »
Mes yeux charbonneux se perdent encore une fois dans ses beaux yeux, à mesure que je les retrouve. Ils me captivent. Tels des aimants. Ma douce Eden. Si seulement je pouvais me blottir dans tes bras à cet instant. Ils me font envie ses bras. Et je me surprends à m'imaginer dedans. Sous une couette. La tête posée contre l'épaule d'Eden. Posées sur le canapé devant un bon petit film. Bon sang, ce que j'aimerais ça. Je secoue la tête. Ne pense pas à ça, Talya. Tu te fais du mal. « Ne disparais jamais parce que je ne supporterai pas d'avoir à avancer sans toi. » Tu es ma bouffée d'air frais, tu es mon oxygène. Et si j'avais osé, je te l'aurais : je ne veux pas avoir à avancer avec quelqu'un d'autre. Car je ne veux que toi. Je glisse une mèche blonde rebelle derrière l'oreille d'Eden. Je n'ai pas pu résister au besoin oppressant que j'ai de la toucher. De sentir qu'elle est là, et vraiment là. Je soupire doucement. Un soupir de soulagement autant que de dépit. Je l'ai retrouvée, elle est là. En face de moi. Eden. Je crois que je souris bêtement. Mes yeux se plissent légèrement. Un sourire que je ne sors que pour les plus grandes occasions. Elle est là. Eden est là. Je ris doucement. Je dois avoir l'air folle. Mais je suis folle. Je m'en fiche. « Promets-le moi... » Je ne peux plus faire autrement que de sourire mais mon regard est pénétrant. Alors que je la fixe je sens un mince filet froid couler sous mon nez. J'ai ce réflexe de toucher pour regarder ce que c'est. Rouge. Rouge sang. « Et merde... » Je farfouille dans mon sac pour trouver un mouchoir mais où est-ce que je les ai foutus? « C'est rien, c'est juste.. »la coke. « Le froid... ça peut faire ça... le froid.. parfois.. hein. » J'essaie de la convaincre ou de me convaincre. Je ne sais plus très bien.