une soirée banale dans les rues de los angeles. c'est à dire bruyante. les klaxons aux coins de rue. les deux engueulades de couple que t'as déjà croisé sur la route du cork lounge. le mec déjà complètement bourré à huit heures du soir. la fille qui sait pas tenir sur ses talons. et aussi la bande de potes qui ont encore la foi d'essayer de refaire le monde. tu les aimes bien ceux là. jamais méchants, juste idéalistes. t'aimes bien écouter ce qu'ils ont à raconter, leur manière de penser. tu sais pas où t'as pris cette habitude, mais tu l'as prise. celle d'écouter le monde autour de toi quand tu marches. t'écoutes les voix, les intonations, les bouts de conversations. même pas pour les ragots, ni les potins, juste pour agrandir ce qui te sert d'imagination. tu tournes au coin de la rue. plus qu'une petite centaine de mètre et tu arrives au cork lounge. la douce musique se propage jusqu'à tes oreilles, entraînantes. un demi sourire se forme sur tes lèvres. t'échanges quelques poignées de main avec les habitués devant le bar. tu rentres, la serveuse s'accroche à ton bras et t'embrasse la joue. je pensais pas que tu me réservais un si bon accueil. quelques années que tu viens. quelques années que c'est comme ça. que cette proximité avec tout le monde te plait. et que tu reviens encore et encore depuis le temps. tu lui fais un baise main en rigolant silencieusement. un jägerbomb pour commencer, s'il te plait. tu t'installes au bar, parcours la salle du regard. pas grand monde, il est encore tôt. la belle te sert le verre. tu te laisses alors bercer par les bruits ambiants. la musique, les mélodies que tu connais et qui t'apaisent, qui arrivent à surpasser le bruit des voix autour de toi. tu joues avec ton verre, le fait tourner entre tes doigts. avant de prendre la décision de porter une cigarette à tes lèvres pour aller la fumer dehors.

le froid t'embrasse, viens courir le long de tes membres. se glisse dans tes manches et dans ton cou. le vent danse et se balade autour des corps. une danse sans fin. tu remontes le col dans un faible espoir de garder un peu de chaleur. faut dire que le cuir réchauffe pas. t'aurais peut-être du sortir une veste plus chaude. trop tard. tu trinques à toi même. d'une main tu sors une clope de son paquet, puis ton feu. tellement automatiquement que tu t'en rends compte qu'une fois qu'elle est allumée. une latte, et une autre. une gorgée pour changer. non c'est pas de l'ennui. c'est loin d'en être. c'est du repos. juste du repos. les pensées sur off. les battements de cœur intensifiés. les iris qui se posent sur l'intérieur du bar, attentives. attentif, tu l'étais moins. t'as mis un petit temps à l'entendre cette voix. douce et grave. tu remets tout en état de marche. hm ? oh. tu coinces ta cigarette entre tes lèvres, pour libérer une de tes mains. bien sûr. que tu marmonnes pas vraiment de façon intelligible. poche arrière, victoire, tu trouves enfin le précieux que tu tends au brun. t'as le temps de dévisager un peu l'inconnu, pendant qu'il allume sa clope, sans te faire repérer. une roulée, pas une industriel. t'apprécies sa veste aussi, sans trop savoir pourquoi. le tout ça rend sobre, simple. mais élégant. tu secoues discrètement la tête. chasses les pensées. marre que le photographe prenne le dessus sur ce qui te sert de cerveau. alors que t'es en pause. en paix. repos général. tu le savais, fallait rester sur off. pénurie de briquet ? je compatis. ça disparait beaucoup trop vite ces petites choses. on les perds, on les donne, on se les fait voler. alors, on en rachète encore et encore, en esperant terminer le gaz avant qu'il disparaisse.

les phares d'une voiture qui t'éblouissent d'un peu loin. un passant qui vous frôle d'un peu trop près. le murmure des conversations ambiantes. agréable sans être invasive. une soirée plus douce que prévue. ta concentration qui se focalise naturellement sur les paroles du brun. ton verre à moitié vide que tu fais tourner entre tes doigts. tu tires une latte, puis une deuxième. tu copies son sourire sans en avoir conscience. je sais pas. tu lui as été infidèle ? si oui, il a raison d'être jaloux. quelques mots doux et ça devrait aller. tu rigoles silencieusement. plus très sûr du sujet de discussion. contact éphémère entre vos peaux. ça passe inaperçu. en revanche tu te rends compte que tes doigts sont gelés. le froid danse et s'amuse. le sang circule mal, la fumée, beaucoup trop bien. tu replaces le précieux dans ta poche arrière. t'as l'impression que le jean t'écorches les doigts. faut croire que ton corps à du mal à faire circuler le sang et la chaleur. une latte de plus. tu finis ta réflexion. si non, laisse tomber. bonne conclusion ? tu sais pas vraiment. les bons conseils sont rares. les mauvais pas assez. alors conseil à prendre ou pas, tu le donnes quand même. fin du verre cul sec. il claque contre la table sur ta gauche. oups. autant d'entrain n'était pas nécessaire. enfin une main de libre. le froid s'en empare. tu te rends compte, que les présentations ne sont pas encore venues s'immiscer. la clope à moitié décimée, tu tends ta main libre. ezekiel.