Lorsque ses yeux se posent sur moi, un frisson me parcours. Je crois que j'aime bien qu'il me regarde. Il y a quelque chose de séducteur, de joueur dans son regard et ça m'intrigue. J'aime son côté désinvolte et insouciant à la limite de l'insupportable parfois. Même si je ne voulais pas ressentir quoi que ce soit, je ne pouvais pas m'empêcher de rire à ses blagues et d'avoir envie qu'il soit plus proche qu'il ne l'était déjà. Proche comme dans l'ascenseur.
« Parfait ! Je demanderais une formation spéciale alors ! » Je souris en regardant droit devant moi. Pendant l'espace d'un instant je n'ose pas le regarder .J'ai peur de ce que mon regard pourrait vouloir dire. Puis j'ose, je lève les yeux vers lui et je pense que même un aveugle verrait l'envie qui danse au creux de mes iris.
« Et qu'est ce que tu crois qu'il y a comme options dans la formation spéciale ?  » Je souris moi aussi de façon un peu provocante. Une fois la clim mise, je m'enfonce un peu dans mon siège. Je pense qu'on en a pour un moment encore. J'ai hâte de quitter la moiteur de la voiture mais je suis aussi bien avec lui dans cette voiture. Lorsqu'il parle d'avoir apprit à tirer avec son père, j'ai l'impression que son regard se perd dans le vide. Après avoir passé du temps avec lui et du temps assez intime, je me hasarde à lui poser une question plus personnelle, plus sérieuse.
« Et ton père tu le vois encore ? » Je posais la question pour en apprendre plus sur lui, ne serait-ce que sur la façon dont il allait me répondre. Je commençais à me sentir vraiment proche de lui, comme si on se connaissait depuis longtemps, comme si nous étions entrain de prendre la route des vacances et non pas celle du FBI ! Je voulais voir aussi si serait capable de me répondre sérieusement, s'il pouvait se confier à moi, s'il ressentait la même chose que moi. Je pense que c'était beaucoup trop demander. Si ça se trouve il n'y avait que moi qui ressentait cette étrange attraction. Mais si c'était le cas pour lui j'avais besoin d'un mot, d'un geste de sa part pour me le montrer.

On ris, on ris beaucoup et j'adore ! Dans le métier que je fais on a pas vraiment souvent l'occasion de rire. Et même entre deux enquêtes quand on relâche la pression on se sent parfois coupable de s'accorder un moment de plaisir avec ce qu'on vient de voir et ce qui nous attend. Mais on reste des humains, je reste une femme avant tout et avant j'adorais rire. Avant que Liam ne se fasse tuer je riais très souvent aux éclats. Maintenant j'ai la sensation de n'est que l'ombre de moi même et d'entendre mon rire à des milliers d'années d'ici.
La conversation devient plus sérieuse et j'apprécie ça aussi. Serait-il capable d'être amusant mais aussi sérieux à la fois ? Pas seulement un bout en train incapable d'être parfois posé et calme !
« Oui oui, je le vois encore ! Mes parents habitent à Hollywood Hills, je vais les voir de temps en temps ! »
Je m'étais tournée face à lui pour le voir moi me parler. Il avait dit ça avec un naturel incroyable. Comme si c'était normal qu'il me dise ça à moi. Je dois dire que j'avais trouvé ça très agréable. Et puis il m'avait retourné la question .. Je m'y attendais. Non pas qu'il soit sans gêne mais c'est normal de renvoyer une question qu'on vient de vous poser. Je suis quelqu'un de très secret. Je ne parle pas de ma vie privée. Personne au boulot n'est au courant pour la mort de mon frère, encore moins ce que j'ai pu faire pour en savoir plus. Je ne parle jamais de lui comme si à chaque mot prononcé je risquais de perdre un de ses souvenirs. Je préférais le garder pour moi. Mais je savais que ce n'était pas forcément la meilleure solution. Garder un en soi un événement aussi douloureux, ce n'était pas sain et je le savait. Je me raclais la gorge avant de sourire un peu gênée.
« C'est moi qui ai posé la question intrusive en première. Je vais pas t'envoyer chier.  » C'est que ce n'était pas parce que c'était moi la flic qu'il ne pouvait pas me retourner une question.
« Pas très souvent. » Depuis la mort de Liam, il y'a 9 ans, j'avais du mal à voir mes parents. Ca me rappelait toujours qu'il manquait quelqu'un. Je pense que Felix a du capter cette mélancolie qui traversa mes yeux à ce moment là. J'avais du mal à la masquer lorsqu'on me parlait de ma famille.