invitation impromptue

Meredith et Paige

Finalement je n’avais pas vu la semaine passée. Courir aux quatre coins de la ville pour terminer les derniers détails de la mise sous tutelle des enfants., jongler entre le boulot et ma vie à la maison, tenté de les consoler alors que moi-même je n’avais pas  eu la force de verser une larme depuis l’enterrement. « Paige c’est malsain, tu as le droit de montrer de temps en temps ce que tu ressens, tu as besoin de prendre du temps pour toi, pour faire le deuil. » M’avait-on glissé aux funérailles. Faire le deuil. Sérieusement ? Comment le pourrais-je ? Alors qu’il était encore dehors. Il était là, quelque part à ma recherche. Peut-être était-il déjà  en train de nous épier ? Patienté, attendre le moment venu pour finir le travail ? En réalité, c’était devenue ma hantise depuis que Ava et Lincoln étaient entrés dans ma vie sans crier guard. Désormais  Je n’étais plus seule, ma sécurité passée en second plan et celle de manière et de mon neveu était devenue une priorité à mes yeux.

Depuis leurs disparitions, tout avait changé autour de moi, j’avais impression d’avancer à l’aveuglette, peinant à retrouver mes marques. Seule chose qui n’avait pas changé: mon boulot. Je côtoyais à longueur de journée des drogués, partait en couverture dans l’espoir de ramasser des informations, voire de dénicher des revendeurs de drogue. On me disait souvent de prendre beaucoup trop à coeur certaines choses. On m’a même traité de parano, voire d’obsessionnelle. Ces personnes ne savent ce que j’ai endurée, ce que je dois cacher. Qui je suis réellement, alors je les ignore, je sais ce que je vaux, ce que je dois faire pour protéger Ava et Lincoln. Une chose est sûre, je ne reculerai devant rien pour mettre fin à cette terreur.

Un soupire s’échappe de mes lèvres, il me faudrait sans doute du temps pour m’adapter à tout ce qui arrive. Cela ne fait un mois tout juste que Céleste et Jimmy nous ont quittés définitivement et je peine à réaliser encore ce qu’il m’arrive. Qui l’aurait cru ? Moi ? M’occuper de deux adolescents . C’était de la folie. Mais lorsque je m’étais retrouvé devant le testament de ma soeur, et le regard de mon neveu et de ma nièce derrière la vitre en face de moi, mon coeur s'était brisé,toutes mes bonnes résolutions envolées. Comment pourrais-je les abandonnés ? Ils étaient de ma famille, mon sang. Non je ne pouvais définitivement pas m’y résoudre. Il faut savoir que je n’ai jamais réellement eu la fibre maternelle. J’avais toujours admiré ma soeur pour cela, elle avait toujours l’art et la manière d’être juste, de composé avec sa vie de femme, d’épouse et… sa vie de mère. Comment faisait-elle ? Moi-même je peinais à peine à prendre le temps de décrocher le téléphone portable pour commander des plats à emporter.

Les papiers signés, j’avais fait ma demande de mutation pour travailler en étroite collaboration avec le F.B.I. Avoir un agent de la D.E.A en permanence avait finalement séduit le chef responsable de LA. J’avais alors plié bagage et m’étais envolé pour Los Angeles rejoindre mon neveu et ma nièce et vendre la maison. Je ne pouvais définitivement pas y vivre, dormir dans leur chambre. Il fallait que je tourne la page, les enfants aussi. J’avais donc acheté un nouvel appartement, un duplex avec l’argent de la vente de la maison. Les enfants s’y plaisaient et moi aussi. On avait finalement réussi en un temps-record à trouver nos marques dans ce champ de ruines qu’étaient devenue nos vies.

Une semaine, peut-être deux que nous avions emménagés, il restait encore des cartons disposé aux quatre coins de l’appartement. Je n’avais pas une seule seconde à moi pour me pencher sur le problème du « rangement ». Il fallait le dire, ce n’était pas ma priorité.

Il y avait eu tant de chose à assimiler en très peu de temps et je m’y étais faite. Les règles du F.B.I, la connaissance de mon « boss» par intérim, ou encore celle de mon nouveau partenaire, qui visiblement caché de nombreux secrets à en croire les rumeurs circulant sur son compte, mais peu importe, je n’étais pas de nature à juger quiconque, alors je lui laissais le bénéfice du doute. Après tout, j’allais bien voir par moi-même si je pouvais lui faire confiance ou non. J’avais même fait connaissance par inadvertance de sa soeur, une jolie brune, très sympathique, qui s’était rendue au bureau rendre visite à son frère. Nous avions finalement longuement discuté le temps que Jonas était au téléphone.

D’ailleurs, ne serait-ce pas elle au loin ? sur un banc en tenue de sport ? Je m’avance alors, légèrement transpirante, enlevant mes écouteurs, je ralentis, jusqu’à finir par m’arrêtais complètement.  « Meredith ? C’est bien toi ?ça alors je… je ne savais pas que tu courais par ici, toit aussi ! Le hasard fait bien les choses » Finis-je par lui dire, sourire aux lèvres.