Mes pieds sur le pavé froid, glacé, immobile, horizontale. Commun aux corps qui chaque année chutent dans les couloirs gris de l’hôpital, gazés de l'odeur acre de la nicotine qui empeste de ces blouses blanches qui savourent les pauses. Ces longs couloirs remplis de portes. Des portes qui mènent à la mort, à un morceau du passé. Des portes vêtues de noms. Les noms de ces guerriers modernes. Ceux  dont les veines sont taillées, dont le sang n'est plus hémoglobine mais composés chimiques, anxiété. Des grammes, encore des grammes puis le trou noir, la chute. Le crâne qui explose sur le carrelage blanc. Blanc puis rouge, des nuances, ça ruisselle, c'est beau, c'est vivant, c'était.

L'ombre se tapisse aux murs. Elle est rapide, agile, habile.  Comme ces nuages d'oiseaux dans le ciel bleu, bleu comme l'iris de ses yeux avant son dernier souffle. Elle s'appelait Tamara, elle était belle, fragile. Elle était l'espoir, elle voyait tout en rien et rien en tout. Un rien était son tout. Tout pouvait être rien. Rien du tout, tout ou rien. Rien, elle choisissait rien. Rien c'est bien, rien c'est tout pour son voisin. Elle a quitté l'enveloppe de son corps comme une lettre ouverte, elle a cédé à la maladie.

La chevelure ardente file à toute allure, montre en main. Sa montre. Celle qu'elle m'a donné avec des étoiles dans les yeux, le cœur flottant sur la nébuleuse. J'accélère, toujours, encore. Mon souffle est saccadé, mon visage est igné, la température de mon corps monte, comme la haine qui parvient même à tendre ma glotte. J'aperçois Sidney de l'autre côté et dans un désespoir profond tente le tout pour le tout. « ATTRAPES-LA ! » Attrapes-la, oui, attrapes-la. Resserres tes muscles, deviens le filet quand elle est un poisson. Deviens le papier quand elle est un cadeau. Deviens la mère protectrice de l'enfant sauvage.  

La folie était prenante, l’alcool enivrant, le plaisir total. Elle n’était pu consciente de ses limites, est-ce qu’elle en avait ? Ce n’était même pas sûre de cela. Ses mouvements lui paraissaient fluides, entraînants. Son sourire était communicatif, tout le monde était joyeux. Elle était heureuse. Sidney ne demandait que cela. Du bonheur chez ses proches. Elle ne connaissait pas encore toutes les personnes, mais ça n’allait pas tarder. L’humain était un être qui demandait du contact, qui voulait de la communication, qui avait besoin d’être entouré pour pouvoir avancer. Elle se voulait dépendante Sidney, mais elle ne l’était pas vraiment. Elle n’aimait pas être seule. Alors elle fêtait la vie, elle fêtait son souffle, sa respiration, son cœur qui battait, tout.

La bouche pâteuse. Les yeux qui brillaient de par la fatigue, la luminosité bien trop forte. Le mal de dos pour avoir dormi sur le sol dur de la maison. Le réveil était douloureux. D’autant plus qu’il avait été causé par un abruti qui était tombé du lit. Elle avait même pas la force d’hausser la voix, elle voulait juste retourner comater et aller épouser l’homme de ses rêves, c'est-à-dire Leo. DiCaprio. Qui d’autre ? Il défendait l’environnement, il s’engageait pour de vraies causes. Bon, okay il faut l’admettre il participe au règne du capitalisme mais Sid avait la foi qu’il se réveille totalement un jour.

Elle finit par se lever. Elle passe une main sur son visage, se promet qu’elle ne refera pu jamais ça.. avant de soupirer en se disant que ça recommençait ce soir. Elle aimait sa vie. Totalement. E lle finit par s’habiller et sortir dans la rue, dans ce coin de Los Angeles qu’elle connait par cœur, qu’elle aime. Une jeune fille passa devant elle en courant comme si sa vie en dépendait et avant de pouvoir se poser des questions ou de gueuler, « ATTRAPES-LA ! » se fit entendre distinctement. Oliver. Elle reconnaîtirait sa voix entre mille. Sidney balançait son sac à travers la fenêtre pour ne pas être encombrée et commençait à courir. Dieu que c’était dur. Mais si il courait comme cela, c’est que c’était important. Ses muscles lui criaient pitié. Elle voulait s’arrêter. Sa gorge était en feu, ses yeux n’étaient pas au top… Elle voulut traverser la rue, focus sur la rouquine et laissait échapper un cri quand une voiture la klaxonna, s’arrêtant devant ses genoux. VA A GAUCHE TOI. qu’elle hurlait à son partenaire. Piège qui allait se refermer.