La voiture ralenti à l'angle de la rue. Dissimulé par la vitre teintée, le jeune homme qui t'accompagne pointe son index vers ton nouveau boulot. Tes lèvres se pincent alors que tu te redresses, essayant de mémoriser les traits de celui que tu dois approcher. Tu sais ce qu'il te reste à faire. La voiture s'immobilise finalement, sans que le principal intéressé ne lui prête la moindre attention. Tu laisses échapper un soupire, laissant ton regard retombé sur le frère aîné. Tu es accoudée contre l'intérieur de la portière. Tu hoches la tête. Tu sais pertinemment ce qu'il attend de toi. Ton regard s'égard vers l'extérieur, retombe sur le fameux garçons. Tu dois entrer dans sa vie, tu dois le faire oublier ses problèmes, sans pour autant lui en créer de nouveau en lui brisant le cœur. Tu as du mal à comprendre pourquoi un garçon comme lui aurait besoin de l'aide de son frère pour se retrouver en agréable compagnie. Il est plutôt joli garçon et même s'il ne dégage pas la même prestance que son aîné, il semble enveloppé d'une aura délicieuse. Andrea te sort de tes songes, agitant une liasse sous ton nez. L'argent. C'est la principale raison de ton implication dans toute cette sordide histoire. Tu n'es pas très à l'aise à l'idée de tremper dans ce genre de mascarade, mais tu commences à manquer d'argent et ce n'est certainement pas ton travail au bar qui va te permettre de te sortir la tête hors de l'eau. Une part de toi veut aussi voir de quoi tu es capable... Si tu arrives à duper ce garçon. Tu as besoin de te prouver que tu as les talents de comédienne suffisant pour parvenir à tes fins. Tes doigts hésitent, mais ils viennent finalement se saisir des billets enroulés qu'il te tend.  T'étais sur le point de sortir de la voiture quand la poigne de l'italien se referme sur ton poignet, avec une force douloureuse, presque effrayante. Ne lui brise pas le cœur, ou je viendrais te briser les genoux et tu pourras dire au revoir à ta carrière.  Enivrant et effrayant à la fois, tu le toises, fronçant les sourcils. Tu étais habituée à ce genre démonstration de force et pourtant, cela continue à te déstabiliser, il continue à te déstabiliser. Je sais... Un sourire crispé vient fendre tes lèvres alors que d'un mouvement souple, tu te dégages de son étreinte. Tu enfuis la liasse de biller dans ta sac alors que tu t'extirpes de la voiture. Tu en perd pas de temps, tu ne regardes pas derrière toi, tu files vers ton objectif : Nev Di Pietro.

Il a le regard perdu dans le vague, il ne se doute pas le moins du monde de ce qui va se passer. Tu t'en voudrais presque de t’immiscer dans sa vie sous de faux prétexte, de  créer cette rencontre superficielle, sans la moindre spontanéité... Au fond, c'est tout ce que tu déteste, tu aimes te laisser guider par tes tripes, mais pas cette fois, la liasse de billet dans ton sac te rappelle ce pourquoi tu es en train de te prêter à ce jeu ridicule et aussitôt, les scrupules et la culpabilité s'envole. Tu fonces vers lui, L’adrénaline vient délicieusement parcourir tes veines, nourrissant chaque parcelle de ton corps. Tu le heurtes avec violence, l'extirpant de ses songes. Tu t'agrippes à son bras pour t'éviter une chute presque inévitable. Tu laisses échapper un juron avant de te confondre en excuse. Tes traits s'animent, Tu simules, dosant parfaitement chacune des émotions qui transparaît sur ton visage. Tes doigts demeurent consciencieusement accrochés à son avant bras. Je suis vraiment désolée, j'étais... Complètement absorbée par mes pensées. Je suis tellement maladroite... Cette journée tourne au cauchemar. Tu laisses la fragilité embraser ton regard, embrumé par ce qui pourrait ressembler à des larmes. Tu laisses finalement échapper un soupire, tu lâches son bras pour passer une main dans ta chevelure. Tu détournes le regard, tu en profites pour jeter un coup d’œil à la dérobée à l'élégante voiture qui disparaît au coin de la rue. Je... Nouveau soupire. Tu en reviens à lui, tes mains venant se camper contre tes hanches. Laissez moi au moins vous offrir un café... A moins que vous soyez attendu. Oui, bien évidemment que vous devez être attendu, pour qui est-ce que je me prend. Feindre le malaise, alors que tu as pénétré dans sa vie avec une brutalité savamment calculée.