Si elle oublie les règles, c’est peut-être bon signe. Je ne suis pas quelqu’un qui voit le verre à moitié vide mais plutôt à moitié plein. Alors je vois toujours le positif avant de voir le négatif. Et sans en faire beaucoup, j’ai peut-être réussi à marquer des points, voire même à la perturber. Ce n’était pas vraiment ce que je recherchais à la base en venant vers elle mais bon, elle s’est elle-même rendue intéressante au fil des minutes. D’une fille qui m’intrigue pour une raison encore inconnue à cette fille qui en plus d’être mignonne ne semble pas être conne comme les trois quarts présentes à cette soirée… Je devrais être satisfait, finalement. Et je le suis. Je ne boude pas mon bonheur d’avoir trouvé Deirdre, aussi étrange soit-elle.

Bien évidemment, elle loupe son deuxième coup. Ça aurait été trop beau pour elle. Ou trop moche pour moi. Surtout ça. Tout sourire, je dévie mon regard de son charmant visage au tapis vert et cherche à calculer un bon coup. Enfin, j’essaye. J’ai comme l’impression que mes cours de trigonométrie ne m’aideront pas ici ; quand on est mauvais à ce jeu, on est mauvais, point barre. Ça ne sert à rien de ruser. Alors, après m’être gratté le haut de la tête, je vais me placer là où j’estime être à la moins pire des places, puis je me penche pour tirer. Sèchement, proprement.  Mais pas très intelligemment. Putain, ce jeu est merdique…

Enfin ça, c’est ce que je croyais. Car si la bille que je visais n’est pas tombée, c’en est une autre, inattendue, qui finit dans l’un des trous. “Tu voulais voir mes talents ?” Je lance alors, fier comme jamais, à la recherche de ses beaux yeux. “Est-ce que je te plais assez pour que tu acceptes de m’offrir un truc que tu vends dans ta pâtisserie, un de ces quatre ?” Habile, hein ?