Mary-Louise, son nom évoque la douceur autant que son visage dont les trente-deux années n’ont guère réussi à entacher l’air enfantin. Mary-Louise, c’est un parfum de fleur permanent, mélange de lys et de rose avec une pointe de vanille. Des doigts fins qui tirent les plus belles notes à un piano abîmé. De grands yeux clairs aux couleurs de l'océan qui vous suivent jusqu’au bout de l’univers. Mary-Louise c’est une petite silhouette qui se déplace agilement entre les pots de sa boutique de fleurs. Un accent anglais prononcé de par sa naissance à Londres et une vie dans la capitale anglaise pendant près de vingt-deux ans. Un air nostalgique fredonné et des sourcils légèrement froncés par la concentration quand elle réalise une composition florale. Mary-Louise est douce, une bouffée de tendresse dans un monde parfois cruel. C’est comme une tasse de chocolat bien chaud au coin du feu en hiver, alors qu’une tempête de neige rugit au dehors.
Mary-Louise est compréhensive, attentive, bienveillante. Elle ne se met que très rarement en colère mais dans ces cas-là, il ne vaut mieux pas se trouver sur son chemin. Quand elle est vexée, Mary-Louise devient boudeuse et va se plonger dans un livre ou une partition. Rêveuse, parfois maladroite, il lui arrive de se cogner contre les gens quand elle marche. Alors elle se confonds en excuse et offre le plus beau sourire du monde.

Mary-Louise est lumineuse, communiquant joie de vivre et bonheur simple par sa simple présence. Et pourtant Mary-Louise n’est pas si heureuse que ça. Mélancolie, nostalgie. Elle aimerait être plus forte. Elle aimerait assumer sa différence au grand jour, et ne pas dénigrer son bonheur au profit de celui des autres. La date du mariage n’est pas encore fixée, mais son promis la presse. Son père aussi. Il veut voir ses petits-enfants avant de quitter ce monde. Cela ne risque pas d’arriver et c’est qu’elle en culpabilise, Mary-Louise. Se forcer à épouser un homme est une chose, mais elle n’arrivera jamais à rester dans le même lit. En attendant, elle joue la carte de la pureté, prétendant qu’elle ne fera rien avant le mariage. Qu’elle se préserve. Mais dès qu’elle le peut, c’est dans des draps aux parfums féminins qu’elle se glisse. Son appartement, c’est son jardin secret, et son fiancé n’y a jamais mis les pieds, tout comme elle n’est jamais allée chez lui. Ils ne se voient qu’en public, elle joue la petite fille de bonne famille. Réservée. Prude dans ses robes aux inspirations fleuries. Ils ne savent pas, tous, en quelle lionne elle se transforme à la nuit tombée. Quand elle retrouve ses amantes secrètes, papillons éphémères. Elles se consument, s’abreuvent, s’épuisent jusqu’au lever du soleil qui éclaire alors les draps encore chauds. Indécents. Et alors Mary-Louise redevient douceur, tendresse et sourire pour faire face au monde.