" Oh merci, merci, merci Aedan ! " Je ne savais pas comment lui faire comprendre qu'il me sauvait. Encore. Il ne fait que ça. Être mon sauveur. Être la mascarade sur ma vie personnelle face à mes parents. Je ne me souviens même plus de la façon dont a démarré notre jeu. Tout ce que je sais, c'est qu'il accepte, une nouvelle fois. Bon, je dois bien avouer que j'avais mis tous les moyens de mon côté, les yeux presque pleureurs, les mains jointes en signe d'imploration. J'avais besoin de lui. Et il était là. Même s'il voulait refuser, il me sauvait à chaque fois. J'avais besoin de lui et je n'avais rien pour lui rendre pareille. J'allais lui devoir une faveur, une nouvelle fois. Remplissant mon tableau à son égard. Il souligne le fait que nous devons mettre un terme à ça. Il a raison. Mais nous y penserons plus tard. Je préfère ne pas répondre. Sachant que le jour où nous devrons y mettre un terme, je passerai un horrible moment. Je pourrai tout perdre. Ma famille me renierait. Il le sait. Il en a conscience. Et c'est pour ça qu'il m'aide. Le jour où la vérité éclatera, j'exploserai avec elle. Mais aujourd'hui, nous n'y sommes pas encore. Mais aujourd'hui, j'ai besoin de lui car je n'ai pas d'autre soutien car mon frère n'est pas là. Il refuse de plus en plus à faire des concessions, à participer à ces moments "familiaux" et c'est ainsi qu'Aedan intervient. Il se fait passer pour le petit ami parfait. Effaçant les doutes. Il est le soutien sur lequel je peux compter. Il efface toutes possibilités d'être démasquée. Il captive la curiosité de mon père, il impressionne ma mère. Il est parfait. Mais il a raison. Un jour, nous devrons mettre un terme à tout cela.

Je souris, un peu de travers avant de répondre un " Oui " un peu angoissé. Décidément, je n'aime pas ces moments où je dois passer des heures en compagnie d'un père qui ne me voit pas. D'une mère qui me regarde de cet oeil triste et trop bienveillant. C'est le Yin et Yang avec eux. Pour ne pas devoir répondre de façon plus détaillée, je resserre la cravate de mon petit ami. " Quand on n'a pas le choix ... " Je hausse les épaules tout en serrant le noeud de la cravate de manière quasiment parfaite. " ... Voilà. " Nous sommes prêts. À y aller. À affronter le pire.

" Les voilà ! " J'entends la voix de ma mère alors que nous approchons à peine de la porte de la maison des Snows. Je jette un regard à Aedan. " Merci. " Je ne développe pas plus. Il sait pourquoi je le remercie. Il sait ce qui l'attend. Il n'est plus à sa première entrevue avec ma famille. Je déglutis. Je ne suis pas prête finalement. Pas du tout. J'ai envie de faire demi tour, d'emmener Aedan loin d'ici, loin de cette famille qui n'est même pas la sienne. J'ai envie de fuir. Oui. Mais je ne le fais pas. Pour prouver à mon père que je ne suis pas faible. Que s'il faut l'affronter pour lui montrer que j'existe, alors j'en suis capable. Ou je pense l'être. Je prends la main d'Aedan dans la mienne, serre mes doigts autour des siens. Comme pour me donner du courage, pour trouver du soutien. Il pourrait s'agir de faire semblant, de montrer oh combien nous sommes amoureux. Mais il s'agit plus de sentir qu'il est là, près de moi. Et que je ne suis pas seule. La porte s'ouvre à l'instant où nous nous arrêtons devant. " Mes chéris ! " C'est ma mère. Toujours heureuse de voir quelqu'un, elle qui passe sa vie dans ce manoir sans aucune compagnie. Elle m'embrasse sans que je ne suis puisse dire quoi que ce soit et en fait de même avec  Aedan. Qu'elle semble adorer. " Entrez ! Entrez ! On vous attendez ! " Alors ça, je l'aurai parié. J'ai peur qu'on ne puisse plus disparaître discrètement maintenant. Nous y sommes.