PREMIÈRE PARTIE ♦ 04 Février 2009
Je ne suis qu’une adolescente. Qui se cherche. Qui se rebelle. Qui tente d’attirer l’attention sur soi. Mais quand je sors de cette chambre, je me sens différente. Il y a quelque chose qu’il s’est passé. Je ne saurai l’expliquer.
Je ne suis qu’une adolescente. Qui a fini de se chercher. Qui va se rebeller. Qui se pose de nouvelles questions. Je me surprends moi-même. J’ai encore toute la vie devant moi. Peut-être que je me trompe, peut-être que je me suis trompée jusqu’ici et peut-être que je me tromperais toujours. Pour une fois, je vais arrêter d’écouter les grands et vérifier par moi-même si cela est possible.
Je ne suis qu’une adolescente. Qui s’est trouvée. Qui sera toujours une rebelle. Qui sait ce qu’elle est. Car non, ce n’était pas un doute. Je viens juste de découvrir la vérité. Je ne suis pas comme les autres, la majorité de ces personnes. Je sais maintenant ce que je suis et ce que j’aime. Maintenant, il me faut l’accepter, savoir vivre avec et peut-être même l’avouer. Cela sera difficile, je le sais, j’en ai conscience. Ma vie ne sera pas aussi paisible que ce que je pensais, que ce que je désirais.
Je ne suis qu’une adolescente. Qui a fini de jouer sur les mots, qui se doit de voir la réalité en face. De vivre comme je le souhaite, avec qui je le souhaite. Je m’excuse d’avance si vous ne m’apprécierez pas. Je m’excuse d’avance si je vous blesse. Mais je ne m’excuserai jamais d’être la personne que je suis. Mais quel est le plus important ? Ce que nous aimons ? Ce que nous défendons ? Ou ce que nous sommes ? La question ne se pose même pas dans mon cas. Je connais toutes les réponses. Je me dois simplement d’assumer tout cela.
DEUXIÈME PARTIE ♦ 25 Février 2015
Je venais de croiser Adriel dans un couloir de l’université, il avait eu l’air anxieux et quand j’ai eu le malheur de lui demander pourquoi, il n’a fait que m’envoyer sur les roses gentiment, à sa manière. En me sortant un truc du genre
« Ne t’inquiète pas, c’est encore notre père. » Ou quelque chose qui y ressemble en tout cas. Mais ça ne me rassure pas, loin de là ! Je sais qu’aujourd’hui il a sa fameuse convocation pour devoir se décider sur son avenir. Oui, c’est aujourd’hui et j’ai l’impression de ne rien pouvoir faire pour lui. S’il avait bel et bien raison, alors Castiel a sans doute été voir notre géniteur, et ça, c’est mauvais signe dans la famille quand ça arrive ! Très mauvais signe même ! On ne peut pas dire que ce soit l’entente idéal entre les deux derniers hommes de la famille Snow, je suis la petite dernière, la seule fille et ce n’est pas facile à porter. Peu regardée par notre père, je suis toujours recalée au dernier rang. Malgré tout ce que je peux faire ou montrer c’est toujours ainsi. Heureusement qu’Adriel est là, lui. Il fait attention à moi, il veille sur moi et je tente d’en faire de même. Alors le voir dans cet état, ne me plait pas du tout !
Je prends mon portable pour pouvoir envoyer un message au troisième de la fratrie.
« T’as pas intérêt à déconner, penses à ton frère pour une fois ! » Et je l’envoie, sans me poser plus de questions que ça. Castiel a toujours fait en sorte de se battre avec Adriel, je suis au beau milieu de cette bataille qui ne sert à rien et le plus gros problème là-dedans, c’est l’enfant du milieu, ni plus, ni moins. Jaloux du plus grand, méprisant le plus petit. Il est assez difficile à gérer et j’espère au fond de moi qu’il n’a rien fait qui pourrait nuire au plus grand des Snow. Qui sait de quoi il serait capable pour impressionner notre père ? Et par la suite, qu’est-ce que pourrait faire notre père à Adriel pour lui faire regretter de ne pas faire ce qu’il attend de lui ? Je baisse la tête, ressert mon sac un peu plus contre mon corps en continuant à marcher. Pensant à tout ça. A mon frère. A ma famille qui se déchire de plus en plus. Les choses sont si compliquées dans ce milieu de neige. Ma pauvre mère qui supporte tout ça.
TROISIÈME PARTIE ♦ 5 Juin 2022
2022. J’ai 28 ans. Je ne suis plus du tout la même qu’auparavant. Je me lève en douceur, tentant par tous les moyens de ne faire aucuns bruits afin de ne pas réveiller la personne à mes côtés. Il est cinq heures du matin, le réveil est brutal, je prends soin de me lever en silence, mon réveil n’est pas celui de tout le monde, je le conçois. Assise au bord du lit je tourne mon visage vers la belle brune qui dort encore. Je sourie. J’ai tout risqué pour elle. Absolument tout. Et j’ai tout perdu, juste pour l’avoir, elle. Je me frotte les yeux doucement me donnant du courage pour m’en aller. Je soupire à l’idée de ce qu’il m’attend encore aujourd’hui. Je me lève et sors de la pièce en laissant ma fiancée seule dans le lit.
Oui. Fiancée. Ma vie a bien évoluée. Et ce sont d’ailleurs ces fiançailles qui ont tout chamboulées. J’ai tout révélé à ma famille. Absolument tout. J’aurai dût garder certains détails encore secrets j’ai l’impression car le message fut trop brut pour certains d’entre eux, notamment ma mère. Elle a cru un moment que Dieu la punissait de me faire aimer les femmes plutôt que les hommes. N’importe quoi. J’ai été jetée sans ménagements de leur maison et de leur vie par la même occasion. Je n’ai plus aucun contact avec la famille Snow, mise à part Adriel, que j’arrive à voir quelque fois. Il m’a accepté. Contrairement aux autres. Je lance la machine à café et sors une tasse en pensant à mon frère. Il me manque ce grand bonhomme. Le seul Snow à qui je pense ces derniers temps. Même si ma mère me manque terriblement aussi, je ne peux pas aller la voir, elle ne le voudra jamais. Deux sucres posées délicatement au fond de la tasse avant de verser le liquide chaud par-dessus et d’y ajouter une cuillère.
Le grille-pain me signale que mes tartines sont prêtes et je sursaute quand je l’entends, arrêtant par la même occasion de mélanger le sucre au café. La chaleur du pain sur mes mains me fait légèrement grimacer quand je les pose sur la table. Toujours la même chose, les même mouvements. Tout ça pour ramener de l’argent et payer toutes nos dettes. Ce n’est sûrement pas Monsieur Snow qui va venir en aide à sa fille. La personne qu’il doit probablement détester le plus au monde maintenant.
« Coucou. » Je me retourne. Et sourie.
« Salut. » Dis-je en voyant la femme de ma vie dans l’embrasure de la porte, la tête totalement encore endormie.
« Retournes te coucher, je viendrai te voir quand je partirai. » « Non je viens avec toi. » J’arrête de manger soudainement quand je l’entends dire ça.
« T’es sûre ? » Je suis trop étonnée.
« Oui, on doit avancer dans notre vie, je suis là pour ça, je suis là pour toi. » Cette femme est vraiment parfaite. Je lui prends la main et l’embrasse avant d’acquiescer. Aujourd’hui, je vends ma maison et tout ce qui est susceptible de rapporter de l’argent afin d’éponger toutes les dettes que j’ai accumulé ces dernières années. J’espère sincèrement pouvoir offrir à ma future femme une vie digne de ce nom. Et je ferais tout pour.