I was the bastard with a broken crown.

   Ah, l’histoire de ma vie… Belle et fantastique histoire… Non, je déconne.
Il faut savoir que je suis né ici, à Los Angeles, la ville des anges déchus. Et des putes. Ma mère en était une. Enfin, pas vraiment… Je ne pense pas qu’elle se faisait payer, mais mon paternel lui offrait des cadeaux, lui payait un appartement, subvenait à nos besoins… en secret, dans l’ombre de sa première famille. Donc en fait, on peut dire que c’était une pute finalement ? Une pute entretenue qui n’avait pas besoin de se faire d’autres mecs. Une gonzesse qui n’avait jamais rien fait de sa vie, à part se faire engrosser par le premier mec marié, lui faire reconnaître l’enfant et lui faire cracher du fric ensuite. Ma mère était un putain de génie ! Elle avait trouvé la combine parfaite parce que ça fonctionnait très bien dans les premières années. On vivait dans un petit luxe, dans un bel appartement, on mangeait à notre faim, tout allait bien. Elle semblait même être fière d’elle quand elle foutait cette nourriture dans mon assiette en me répétant « c’est ton papa qui offre ». Sauf que je n’avais pas de papa. Je n’avais que le nom de mon paternel et une photo abimée par les années. Elle me faisait clairement chier. Je crois que je ne l’aimais pas trop en fait… Je suis monstrueux non ? Peut-être. Les psychologues trouveraient probablement des excuses à mon comportement, mais j’ai personnellement la flemme de le faire.

Où en étais-je ? La mère connasse, le père absent, le fils bâtard. Ah ! Ça me revient. Donc je disais que ça allait très bien les premiers temps, mais ce ne fut plus le cas lorsque le vieux paternel est mort. Crise cardiaque. Je n’en sais pas plus. Je suppose qu’il supportait trop de pression et qu’il était trop stressé… Ça se trouve il entretenait d’autres putains et d’autres bâtards, je n’en sais rien. Quoiqu’il en soit, une fois que le vieux fut mit sous terre, il a fallu qu’on quitte notre petit confort. La famille du défunt n’allait pas nous entretenir quand même… J’avais bon être le fils de, ils en avaient rien à foutre. Je n’étais qu’un inconnu, un type dont ils se fichaient complètement. Et c’était réciproque. Connards de bourgeois à la con. À partir de cet instant, il a fallu que ma mère se mette à travailler et… elle ne savait pas faire. Elle ne l’avait jamais fait de sa vie ! Elle se comportait toujours comme une espèce de cruche empotée en croyant que les hommes allaient tomber dans ses filets afin d’être de nouveau entretenue et tranquille pour les dix prochaines années. Je grandissais, je la voyais se débattre dans la vie, elle se noyait peu à peu… et ça me faisait un peu rire. Silencieusement. Discrètement. Je me moquais, oui. Parce que je m’en sortais mieux qu’elle. J’en avais marre de l’appartement miteux, des vieilles fringues que j’avais sur le dos : il me fallait faire les choses par moi-même et j’ai choisi la facilité : le vol. Le début de ma carrière illégale.

Je n’étais pas très doué au départ. Je ne faisais que des petits vols parce que j’avais la trouille de me faire prendre. Il fallait que je mette au point une technique. J’ai commencé au lycée où je volais mes petits camarades facilement, je trouvais ça amusant lorsqu’ils cherchaient les billets que j’avais moi-même dans la poche. Ouais, un rien m’amuse. Je me suis dis que c’était cool, que je m’en tirais bien, j’étais en solo, maitre de ma vie, jusqu’à ce que je rencontre une petite bande de mon quartier. Ils faisaient la même chose que moi et se faisaient pas mal de frics. Je me suis mis avec eux. Je me suis dis que c’était une bonne idée, que ce serait plus facile. Et c’est vrai que ça l’était. En cas de problème, en binôme, on refourgue ses trouvailles à son partenaire qui se barre en courant et les flics nous arrêtent mais ne retrouvent rien. On mettait ces petites techniques au point, c’était cool. Mais ça ne marchait pas toujours et on se retrouvait parfois chez les flics. Et au bout du compte, on se retrouvait aussi parfois dans ces centres, ces prisons pour mineurs. Ces coins où ils pensent nous inculquer des valeurs et du respect alors qu’on se tient juste à carreaux pour vite remettre le nez dehors et recommencer nos conneries. Cela a fonctionné pour moi. Sauf qu’en sortant de taule, je ne me suis pas remis au vol, j’ai visé un autre business : la came. J’ai été repéré par un dealer de drogues qui avait eu vent de mes exploits par un des gars de la bande avec qui je commettais ces vols. Il m’a mit à l’épreuve pour savoir ce que j’avais dans le ventre, voir si je n’avais pas la trouille de me faire prendre par les flics. Je ne l’avais pas. J’ai fais ma première journée tranquillement. La seconde aussi et ainsi de suite. J’étais un putain de bon élément. Un vendeur de génie ! J’aurai pu faire carrière dans ce domaine que j’aurai été élu employé du mois toute l’année, j’le jure.

Mais il y a trois ans, j’ai fini en taule. Ah, je n’y peux rien… Les gonzesses arrivent toujours à me distraire. Et cette fille là, elle me faisait des trucs dingues la nuit, elle me rendait fou alors dès que je la voyais, j’avais ces idées salaces en tête, je voulais trouver un coin et me la faire. Elle me tournait autour, me lançait des regards et… je n’ai pas vu les flics. Je suis resté là, comme un con, avec tout le matos et les billets avec moi. Ils m’ont chopé. Et vu mon casier judiciaire, ils n’ont pas été tendre : j’ai pris trois ans. Ils voulaient alléger ma peine si je balançais le réseau mais je ne suis pas fou, je ne veux pas mourir en taule moi, ni à ma sortie. On ne balance pas le boss, c’est la règle. Alors voilà, trois années derrière les barreaux. Ce n’était pas drôle. Quoique parfois ça l’était vu les cas que je croisais… Mais la taule c’est une jungle : soit on te bouffe, soit tu bouffe les autres. Je m’en tape j’étais protégé. Si tu reste fidèle au boss, t’as toujours quelqu’un qui veille sur tes arrières, c’est comme ça. Et je suis vraiment trop loyal comme mec. Sans doute trop, parfois…

Quoiqu’il en soit, une fois les trois années écoulées, je suis sorti et… j’ai repris mes activités. Cela fait depuis le mois d’avril de cette année que je suis de nouveau libre et je savoure ces instants magiques où mes sorties ne sont pas surveillées par des gardiens et limitées par des grillages. Sauf que je ne suis pas prêt de me calmer. Et je sais que ça craint. Si je me refais prendre, je tourne derrière les barreaux. Ma vie est vraiment merdique. Mais étrangement, c’est comme ça que je l’apprécie.