J'avais eu du retard dans mes règles et j'avais été paniqué à l'idée pendant quelques heures, voire quelques jours, même. Moi, enceinte ? Jamais de la vie. Impossible, je refuserais de suite, surtout si c'est Frank le père. Je pourrais jamais laisser ça se produire. Ses gênes ne sont pas assez bons pour être mêler aux miens. J'étais en panique depuis le retard du capitaine des armées rouges et j'étais certainement pas préparée. J'avais pas acheté de tampon dernièrement puisque j'avais la tête trop ailleurs. Ma surprise fut grande quand enfin elles sont arrivés. J'ai crié de joie dans les toilettes, réellement, avant de lever la tête vers le meuble pour voir que... la boite de tampon était vide. Le sachet de serviette aussi, parfait, il manquait plus que ça. J'envoie un sms rapidement à Ama' (dieu merci, j'emmène mon téléphone même dans les toilettes avec moi, il ne quitte jamais ma poche de jean) et puis je lui envoie un second pour lui dire de se bouger les fesses. J'vais pas rester ici pendant 20 ans quoi. En attendant, je joue à des jeux débiles, divers et variés sur mon téléphone. Ouais, le temps se fait long quand on attends sur des cabinets.

L'été n'aura pas été de tout repos pour moi au boulot. Avec les élections présidentielles qui approchent, nous avons la tonne de sujets à traiter. Aussi avec toutes les tensions que connait notre pays, d'ailleurs. Les journalistes ont beaucoup de sujets à traiter et même si on est pas souvent épargnés par les critiques des gens à notre égard, on essaie de faire notre boulot comme on peut. Du coup, quand je lis le sms de Deirdre, ma cousine, je souris mais ça ne m'arrange pas. Elle veut que j'aille acheter des tampons et, même si ça n'est pas l'acte de lui acheter ça qui me dérange, je ne suis pas sûre d'avoir le temps d'y passer avant que les magasins ne ferment. Finalement, en fin de journée, je décide de quitter le boulot un peu plus tôt que d'habitude uniquement pour ses tampons. Sauf qu'une fois devant la tonne de tampons qu'ils vendent au supermarché, je me sens un peu paumée. Je décide de prendre une boite de chaque taille et je finis par arriver enfin à l'appartement vers dix neuf heures. "Dei !", que je cris en posant le sachet plastique à terre pendant que je retire mes chaussures dans l'entrée. "J'suis là, j'ai tes tampons viens les chercher !" Ca m'étonne de ne pas l'avoir vu courir à l'entrée en m'entendant arriver donc autant l'appeler moi même.

Ce qui est bien avec Ama c'est que nous avons été plus ou moins élevé par les mêmes personnes : nos grands parents. Même si pour son cas, ça n'a pas été durant toute sa vie comme moi, on se voyait assez souvent, ce qui fait qu'on se comprends et qu'on se ressemble comme des sœurs. Elle est moins rock que moi mais on se comprends quelque soit la situation. Je me souviendrais toujours de sa tête quand je lui ai sorti deux billets pour aller voir Ed Sheeran en concert. Elle était tellement heureuse et au bout de sa vie. "Dei !" ... Elle vient sérieusement d'arriver ? "Rrrrr Ama !" je me retiens d'utiliser des mots vulgaires, réellement, "T'a mis 20 ans !" Je pensais qu'elle allait arriver dans les dix minutes qui suivaient, quand c'est une urgence on se motive un peu plus. "J'suis là, j'ai tes tampons viens les chercher !" Elle se fout de moi ? Non vraiment, elle se moque de moi là ? "Et j'me trimballe la chatte à l'air dans tout l'appart ?!" c'est rien, les règles qui parlent, l'attente, tout ça. "Tu peux m'les ramener ? ça fait trop longtemps que j'suis bloquée dans les toilettes j'sens même plus mes fesses." au bout du rouleau, je vous l'avais dis.

C'est vrai que ma relation avec Dei est certainement une relation de soeurs. On a grandi ensemble parce que petite, quand elle est arrivée chez nos grands parents elle aussi, je me suis occupée d'elle jusqu'à ce que ma mère vienne me récupérer. Et même après ça, un lien c'était crée entre nous et nous avons continuer à nous voir le plus possible. Je n'ai pas peur de parler de choses sérieuses, graves ou complètement connes face à elle parce qu'elle est comme ma petite soeur. "Rrrrr Ama !" Elle a l'air énervée, oops ? "T'a mis 20 ans !" J'éclate de rire, "Y'en a qui bossent ici, j'allais pas stopper ce que je faisais juste pour t'apporter des tampons !" Et maintenant, je veux qu'elle vienne les chercher parce que je ne sais absolument pas où elle est. Elle peut pas bouger son cul ? "Et j'me trimballe la chatte à l'air dans tout l'appart ?!" Je pouffe de rire et je me penche pour prendre le sachet plastique avant de me mettre en marche vers les toilettes, "Tu peux m'les ramener ? ça fait trop longtemps que j'suis bloquée dans les toilettes j'sens même plus mes fesses." Je lève les yeux au ciel et je toque à la porte, "Attends t'es restée ici depuis que tu m'as envoyé le message ?" J'ouvre la porte, sans aucun complexe et j'explose de rire, "Sérieusement tu savais pas mettre une serviette en attendant ?" Et qu'elle ne prenne pas l'excuse qu'il n'y en avait pas parce qu'on en a, je ne mets pas de tampon je déteste ça, j'préfère les serviettes moi.

Elle frappe à la porte par simple politesse parce que je sais très bien qu'elle finira par ouvrir la porte comme si je n'étais pas à moitié nue sur le trône. "Attends t'es restée ici depuis que tu m'as envoyé le message ?" Bah ouais, je vois pas le soucis ? Et voilà qu'elle ouvre la porte, qu'est-ce que je vous avais dis.. on a perdu le respect dans cet appartement, et depuis bien trop longtemps. Bon d'accord, je suis pas pudique pour le moins du monde et me balade à poil, mais quand même. "Sérieusement tu savais pas mettre une serviette en attendant ?" secoue la tête comme une enfant boudeuse, "et m'sentir comme un burritos dans ma culotte ? Non merci." j'ai déjà testé et très peu pour moi. Je préfère encore attendre une héroïne en retard plutôt que ça. J'attrape le sac entre ses mains et lui souris, "Tu comptes me regarder faire ?" grand sourire débile que je lui offre, j'ai juste envie de rire tellement ma situation est horrible.

Ce qui est bien avec Deirdre, c'est qu'il n'y a aucune barrière entre nous. Et c'est quelque chose qui m'a toujours énormément plu dans notre relation. Parce que mon père est parti alors que j'étais enfant et que ma mère.. ma mère m'a abandonnée et rien que ça, ça a constitué une barrière énorme entre elle et moi, même après qu'elle soit venue me chercher. Je l'ai détesté de m'avoir laissé, je l'ai haïs de m'avoir abandonnée de la sorte pendant plusieurs années. Et ça n'a jamais changé. Je pense que Deirdre est réellement la personne avec qui je suis la plus proche dans ma famille. Même plus proche que ma propre petite soeur. Du coup, je n'hésite pas à ouvrir la porte des chiottes et j'hésite encore moins à lui balancer qu'elle aurait du mettre une serviette que rester le cul à l'air, assise sur le trône pendant une bonne heure. "et m'sentir comme un burritos dans ma culotte ? Non merci." Je lève les yeux au ciel, "Un burritos, t'es vraiment une grande malade." Je ris en la regardant attraper le sac que j'ai entre les mains."Tu comptes me regarder faire ?" Je croise les bras à ma poitrine et je m'appuie sur l'encadrement de la porte, un fin sourire sur les lèvres. "Bah ouais, j'veux être sûre que tu saches comment faire." Je me redresse, "J'ai pris toutes les tailles, je savais pas du tout laquelle prendre" Je tourne alors les talons et je ferme la porte des toilettes pour la lasser faire son truc. Je pose mon sac sur la table à dîner, sortant mon ordinateur portable en attendant que ma cousine sorte des chiottes, habillée si possible.

"Un burritos, t'es vraiment une grande malade." Je me met à sourire, je sais qu'elle adore ma manière de parler. Elle aurait pu avoir la même, sauf qu'elle est trop glamour, Ama, elle est bien trop fille pour être comme moi. Je la regarde, attends, et lui demande si elle va continuer à me regarder longtemps. Non parce que le reste, je sais le faire. "Bah ouais, j'veux être sûre que tu saches comment faire. J'ai pris toutes les tailles, je savais pas du tout laquelle prendre" Je rigole en secouant la tête, "Ouais bah ça va j'suis pas Hulk non plus !" elle a pris toute les tailles.. on dirait qu'elle parle de capote quoi. Je fini mon petit truc, me rhabille et wow c'est fou comme on se sent mieux, réellement. Je sors des toilettes, et dit en écartant les bras et en regardant Ama, "Dobby est un être liiiiiibre !" je la regarde en souriant puis m'approche pour voir ce qu'elle fait sur son ordinateur, et râle un peu, "sinon tu fais des pauses quand tu bosses ?" ou alors faut m'expliquer, avoir un boulot si prenant c'est pas humain, ô combien on est passionné par ce qu'on fait. Je passe par la cuisine et attrape quelques raisins en main avant de venir m'asseoir à côté d'elle tout en grignotant, "d'ailleurs Frank à parler de t'inviter à manger ou j'sais pas quoi.." t'attends pas à de la grande cuisine, clairement ça sera du KFC réchauffé ou un truc comme ça, dont il sera fier parce que c'est Frank et qu'il est fier de tout ce qu'il entreprends, même quand il n'y a pas de quoi.

"Ouais bah ça va j'suis pas Hulk non plus !" Je lève les yeux au ciel en tournant les talons pour la laisser faire son petit truc. C'est marrant, parce que cette fille me désespère mais.. elle me désespère comme une petite soeur désespère sa grande soeur vous voyez ? Même si parfois elle me saoule, j'peux pas m'empêcher de l'aimer malgré tout. On ne choisit pas sa famille de toute manière, c'est ce qu'on dit non ? "Dobby est un être liiiiiibre !" Je lève mon nez de l'ordinateur pour la regarder et je fronce le nez, "Dobby est un elfe libre", que je dis pour la corriger. Ca rentrera jamais dans son crâne, elle se goure tout le temps quand elle me balance cette citation d'Harry Potter. "sinon tu fais des pauses quand tu bosses ?" Je ris un peu et j'hoche la tête alors que mon regard se baisse de nouveau sur mon écran d'ordinateur, "Je devais juste vérifier un truc, ça va." J'suis journaliste, les news elles arrivent en temps réel et j'peux pas juste fermer les yeux et les oreilles sous prétexte que je ne suis pas au bureau. Quand j'entends une info j'veux en savoir plus maintenant pour pouvoir écrire un article le plus rapidement possible. Aujourd'hui, c'est la guerre des informations: le premier qui publie une info gagne, c'est comme ça que ça marche. "d'ailleurs Frank à parler de t'inviter à manger ou j'sais pas quoi.." Je tourne la tête vers ma cousine et je grimace immédiatement, "M'inviter à manger ? Attends c'quoi cette histoire ?" J'attrape l'écran de mon ordinateur pour le baisser et garder l'attention sur ma cousine, "Mauvaise idée, convainc le de pas faire un truc pareil". Je ne veux pas avoir à faire à Frank, je n'aime pas ce type je ne le sens vraiment pas. Je fais des efforts pour ma cousine mais c'est vraiment le minimum du minimum. Pas question de commencer à copiner avec le gars qui lui sert de pseudo mec.

J'étais pas une vraie fan d'Harry Potter, pour dire vrai ça ne m'avais jamais vraiment intéressée. "Dobby est un elfe libre" je la regarde, lui offre un regard noir (plus ou moins) "gngngng" petit bruit inutile qui marque le fait que je râle. De toute façon, c'est difficile de lui faire lever les yeux de l'écran. "Je devais juste vérifier un truc, ça va." De toute façon tu vérifie tout le temps des trucs. T'es toujours les yeux rivés sur ton ordinateur, constamment. Et si c'est pas l'ordinateur, c'est le téléphone portable, tu pourrais être une chaîne d'informations continue à toi seule. Enfin presque. Je parle de.. ce gars dans ma vie qui décide à l'inviter manger. "M'inviter à manger ? Attends c'quoi cette histoire ?" hausse les épaules, lève les yeux au ciel. J'en ai aucune idée, c'est une lubie. Tu sais, il aime faire des trucs bizarres, c'est juste un nouveau truc fun qu'il a trouvé à faire. "Mauvaise idée, convainc le de pas faire un truc pareil". Je rigole nerveusement, "Tu crois que j'ai pas déjà essayé avant de t'en parler ?" La première chose que j'ai faite c'est de lui dire non, que c'était mort. Mais il est têtu, tu sais, donc me voilà ici, à te faire passer une invitation pour un dîner auquel je n'ai moi-même pas envie de participer.