RILEY & AIDEN

Chaque année, c’est le même déroulement. Les professeurs accueillent leurs nouveaux élèves, les premiers jours de la rentrée. L’occasion de se présenter, d’établir un premier contact et d’essayer de construire un rapport de confiance avec les étudiants. Tous mes confrères ne sont pas favorables à cette manière d’instruire, certains préférant mener leurs classes comme des sergents instructeurs. Mais pour ma part, l’autorité n’est pas le maitre mot de ma méthode de travail. Je lui préfère largement la complicité et le respect avec les élèves, ce qui, jusque-là, à toujours bien marché. Pour cette première de l’année, j’ai eu le droit à une salle de taille raisonnable, pouvant accueillir une trentaine d’élèves environs. C’est toujours plus agréable que de démarrer dans le grand amphithéâtre face à une assemblée entière. Les élèves déjà installés à leurs places n’attendent désormais que mes premiers mots qui lanceront l’année scolaire pour le domaine de l’astrophysique.

Je me tiens debout, devant la classe, un peu nerveux. Il y a des moments où je ne comprends pas comment j’arrive à faire des discours et parler durant deux heures de temps, tandis qu’à l’époque où j’étais moi-même étudiant, je passais la majorité du cours le nez dans mes classeurs en espérant surtout que le professeur ne m’interrogerait pas oralement sur quoi que ce soit ! Le temps passe et les gens changent. Après une discrète déglutition, je prends enfin la parole. « Bonjour à tous ! Je m’appelle Aiden Hargreaves et je suis comme vous le savez votre professeur d’Astrophysique. Vous pouvez m’appeler Monsieur ou Professeur ou Aiden … Comme vous préférez. J’enseigne ici depuis quatre ans déjà et pour l’anecdote, je suis Canadien » quelques détails lâchés comme ça, pour ne pas passer pour l’homme discret et réservé que je suis lorsque je quitte ma veste d’enseignant. « Mon objectif sera de vous enseigner le programme, qui sera constitué de Cosmologie, de la physique sous toutes ses coutures : Quantique, physique des particules, relativité etc…, de la planétologie. Bref, un programme bien chargé et sur lequel vous ne devrez surtout pas hésiter à intervenir si vous avez des questions. Il n’y a rien de pire que de se sentir perdre le fil peu à peu, alors n’hésitez surtout pas à m’arrêter, pour me dire s’il subsiste des zones d’ombres pour vous, dans le cours que j’expliquerais. » Je me souviens bien que malgré tout, à leur place, j’aurais préféré être largué plutôt que de déranger tout le monde avec mes questions. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ajoute toujours : « Si vous préférez, également, je suis disponible après chaque cours pour répondre à toutes vos questions, n’hésitez surtout pas »

Voilà, l’année est lancée. J’espère vraiment inspirer confiance à ces étudiants pour qu’ils puissent apprendre dans les meilleures conditions. Car s’il y a bien une chose que je ne me pardonnerai pas, ce serait l’échec scolaire d’un de mes élèves, dans la matière que j’enseigne.

 
 

on emploi du temps de l'année dans les mains, tu te dirigeais vers la salle du premier cours de la journée : l'astrophysique. Cette année, lorsque tu avais obtenu les horaires de tes classes et en même temps le nom de tes professeurs, tu n'avais pas manqué de noter la présence de Monsieur Hargreaves parmi eux. Apparemment, ce professeur enseignait dans cette université depuis quatre ans, mais tu ne l'avais jamais eu comme professeur jusque-là. Pourtant, toi aussi tu étudiais désormais depuis quatre ans, à cause de tes deux années de retard dû à ton passé tumultueux. Cet homme, tu le connaissais de vue et surtout des autres étudiants qui en parlaient. Notamment les étudiantes qui ne cessaient de baver sur lui grâce à son physique plus qu'avantageux. Il fallait avouer qu'il était très charmant et ne laissait pas indifférent, et tu comprenais pourquoi.

Tu entras dans la salle, retrouvant une fille avec qui tu t'entendais plutôt bien et t'asseyant à son côté. Tout de suite, vous vous mettiez à discuter de vos vacances, sachant que tu ne te dévoilais pas autant que tu ne l'écoutais. Au bout de plusieurs minutes, le professeur franchit le seuil de la porte et s'installa à son bureau. Pendant ce temps, tu continuas à parler sans te préoccuper réellement de son arrivée. Sauf que tu t'arrêtas lorsque le regard de ton amie, tout comme celui des autres filles, se tourna vers l'enseignant. Intérieurement, tu soupiras et grimaças un petit peu ennuyée par ce comportement. Tu trouvais ça incroyable et presque pathétique, franchement, toutes ces filles dont l'attention était détournée dès l'entrée d'un beau mâle dans une pièce. Tu ne les comprenais pas du tout et espérais ne pas être comme elles. L'homme avait beau être attirant, il n'en restait pas moins un professeur.

D'ailleurs, il se présenta à sa classe et tout le monde l'écouta avec attention. Comme il fallait s'y attendre, personne ne souhaita poser de questions à la fin de son discours et il proposa de venir à la fin du cours si besoin. De ton côté, tu restas silencieuse pendant ce court instant, mais une fois que le cours commença, tu ne pus t'empêcher de reprendre les discussions avec ta voisine. Bien sûr, vous ne parliez pas pendant tout le cours et vous étiez attentives de temps à autre mais comme toujours, vous vous dissipiez un peu de temps en temps également. Vous n'étiez pas les seules. Mais tout devant, il y avait ce garçon qui était assis tout seul et qui prenait toutes les notes. La jeune fille à côté de toi lança une moquerie à son égard, ce qui fit rire tout son auditoire autour de vous deux. Si un léger sourire apparut sur ton visage, tu ne suivis pas les rires, te souvenant qu'adolescente, c'était toi qui était la cible de moqueries à cause de ta différence. »

 

RILEY & AIDEN

Le cours était lancé, je commençais à développer le programme un peu plus en détail, tout en abordant petit à petit certaines notions de physique pour juger un peu du niveau globale de la classe. C'était facile de se rendre compte lorsque c'était un peu trop difficile à suivre pour les élèves. Sourcils froncés pour certains, panique pour d'autre ... Autant dire que quoi qu'en pensent les élèves, on peut lire sur leur visage comme dans un livre ouvert. Tout se passait pour le mieux, une majorité d'élèves suivaient et commençaient à noter la structure du programme ce qui n'était pas de trop étant donné la charge de travail. Cela permettait de savoir où l'on en était tout au long de l'année et de se rappeler pourquoi pas les leçons les plus lointaine en lisant l’intitulé des points abordés. Mais cette première heure fut perturbée par une élève qui semblait prendre plaisir à tourner un autre élève en dérision.

La moquerie ! Voilà un mot que je détestait ! Je le haïssais même, tellement j'en avais souffert dans ma propre adolescence. Montré du doigt et parfois même frappé parce-que ma tête d'intello BCBG ne revenait pas aux cancres du fond de classe... Ce mot là, je ne tolèrerai jamais qu'ils soit appliqué au sein de mes cours, quitte à me mettre quelques élèves à dos. Après tout, je n'étais pas là pour être leur copain ! D'un sourire agacé, et mettant une main dans ma poche, je coupai court à la plaisanterie de mauvais goût ! « Il reste un détail que j'ai omis de vous dire. Il n'y a qu'une seule chose que je ne tolère pas dans ma classe c'est la moquerie et la méchanceté ! » Mon regard azur et perçant, se posa alors sur l'instigatrice de cette triste démonstration « Que vous ne fassiez rien pendant le cours, c'est votre problème ! Si vous préférez parler sur facebook, faire des selfies ou discuter avec votre voisine, le premier à en pâtir ce sera vous ! J'estime que vous êtes assez adulte pour gérer vos priorités... Mais une seule autre remarque du genre que je viens d'entendre et vous aurez tous le loisir d'aller cracher votre venin dans les couloirs !» Mon regard fixa la jeune femme avec insistance, avant que je ne me tourne pour reprendre. « On dit que la méchanceté, dont la moquerie n'est qu'une forme d'expression, est la caractéristique des personnes souffrant d'un sentiment d'infériorité, se sentant obligé de salir toutes personnes pouvant paraitre potentiellement plus brillantes qu'elles à leurs yeux... Il semble que l'adage est confirmé, puisque les moqueries ciblent un jeune homme assidue et concentré sur le travail, qui pourrait effectivement éclipser l'étudiante qui ne fait que parler à sa voisine sans se soucier des cours... »

Il fallait faire un exemple de cette première fois ! Pour que cela ne se reproduise pas. Un exemple par le choix des mots ! Élever la voix ne sert à rien et j'étais d'ailleurs resté très calme en récitant mon monologue improvisé. La classe semblait maintenant ne plus avoir envie de rire et ma plus belle récompense fut ce regard du jeune homme qui semblait exprimer sa gratitude et son soulagement. Je repris néanmoins pour détendre un peu l'atmosphère « Ici, il n'y a que moi que vous êtes autorisé à moquer et critiquer. Enfin, dans mon dos, de préférence pour votre avenir ! » dis-je alors en esquissant un très léger sourire. L'humour pouvait faire redescendre toutes les tensions et bien que je ne sois pas forcément drôle, c'était une code dont je me servais parfois pour reprendre la main dans des situations complexes.

 
 

e nez plongé dans ton cahier, prenant note de la dernière phrase que tu avais saisi du discours de l'enseignant, tu ne compris pas tout de suite ce qui se déroulait. Tout ce que tu perçus, ce fut qu'il se coupa en plein milieu d'une phrase et cela te surprit. Un silence s'ensuivit et quand tu relevas la tête pour voir ce qui se passait, tu aperçus qu'il avait une main dans une de ses poches et qu'il s'était tourné vers toi. Enfin, plutôt ta voisine visiblement suivant les paroles qu'il prononça, rompant ce silence. Toutes les têtes devant se tournèrent dans votre direction et le temps d'une seconde, tu rougis. Tu n'étais pas visée certes, mais tu étais désormais associée à celle qui était sous les feux des projecteurs. Affichée, ta voisine commença à se faire toute petite et tu ne manquas pas d'en faire autant, plongeant ta tête dans tes bras sur le bureau, comme si tu faisais une sieste.

Les mots utilisés par l'enseignant eurent le don de te faire rire. Non pas par méchanceté pour te moquer du professeur, mais surtout parce que ta voisine ressentait certainement une pointe d'humiliation. Et ça, même si tu la connaissais un peu et t'entendais bien avec elle, ça te faisait du bien. Car au fond, tu aurais apprécié que tous tes professeurs de collèges ou de lycée puissent réagir de la même façon quand c'était toi qui était moquée et insultée par les populaires de l'établissement. Tu ne l'avais jamais montré et étais restée forte pour ne pas paraître faible par rapport aux pensées venimeuses des autres. Tu n'avais aucune intention de te laisser faire et dominer par les méchancetés mais bien évidemment, il y avait des moments où tout cela te blessait quand même. Tu compensais avec les fêtes, l'alcool, la drogue et le sexe... En tout cas, cachée dans tes bras, tu essayais d'être la plus discrète possible tout en riant un petit peu. Cela te faisait beaucoup de bien.

- Vas-y, qu'est-ce t'as, Hamilton ! s'offusqua-t-elle malgré tout, à la fin du discours de l'enseignant, visiblement bien vexée et offensée.

Pour éviter d'être à nouveau affichée par l'enseignant ou auprès de ceux qui suivaient l'affaire avec attention, tu restas dans tes bras pendant quelques instants. Tu ne répondis pas à l'affront de ta voisine, préférant feindre la morte plus qu'autre chose, même si cela énervait la jeune femme. Quand la situation se calma, tu relevas la tête et tu n'osas pas un regard vers elle, mais elle te frappa l'avant bras comme pour te chambrer. Tu poussas un petit cri car malgré tout, elle t'avait fait mal. Ainsi, tu l'observas avec un regard meurtrier tout en te caressant l'endroit endolori.

- Eh oh, tu vas te calmer Carter, avec ta fierté pourrie ! tu dis, en colère contre cette dernière.

- T'es qu'une sale frigide de toute façon, Hamilton ! répliquas-t-elle. Va te faire b**ser un peu, ça te fera du bien. Mais bon, pas sûr qu'un mec ait envie d'enc**er une fille comme toi !

Ta voisine, que jusque-là tu respectais, dépassa les bornes. Tu te redressas, te levant brusquement de ta chaise, pleine de colère. Elle n'aurait jamais dû dire ça. Dans ton geste rapide et violent, tu fis tomber ta chaise dans un fracas qui réveilla tout le monde. Un instant, tu restas debout devant la jeune femme et tu la fixais d'un regard meurtrier, hésitant à la frapper. Sauf que c'était le premier jour, le premier cours d'astrophysique et tu n'avais pas envie de faire mauvaise impression auprès de ton nouveau professeur. Or, si tu t'écoutais, tes travers passés seraient revenus et t'auraient poussé à la gifler violemment. A la place, tu rassemblas tes affaires, remis la chaise en place et partis du cours sans même demander à sortir.

- T'as eu tort de dire ça Carter, je te jure tu vas le regretter ! t'écrias-tu dans la salle.

Tu étais sur le seuil de la porte et tu sortis de la pièce juste après, claquant la porte. Pour toi, le cours était terminé pour l'instant car tu avais besoin de temps pour te calmer. »

 

RILEY & AIDEN

Habituellement, lorsque je dispensais des remontrance de ce genre, les élèves restaient calmes. Surtout celui ou celle qui venait d'être ciblé par ma remarque. Cela semblait différent aujourd'hui puisque la jeune femme que j'avais désigné juste avant, se prenait cette fois de bec avec sa voisine. Cela alla même plus loin puisque celle-ci semblait l'avoir frappée, ce que je n'avais pas pu distinguer clairement mais qui ne laissait que peu de doutes vu la réaction de sa camarade qui quitta la pièce en furie, lui promettant de se venger plus tard. Immédiatement, mon regard se posa sur la coupable, dans le même temps où mes paroles se voulaient plus cinglantes, sans êtres plus énervées pourtant « Lorsque je parlais de sentiment d'infériorité, je pense que j'étais vraiment loin du compte... Mademoiselle Carter, s'il y a bien un endroit où je n'aimerais pas être je crois que c'est dans votre tête... » M'appuyant sur mon bureau, sans m'asseoir véritablement, je levai le bras pour désigner la porte derrière moi sans tourner la tête cependant. « Sortez maintenant, et je vous conseille d'éviter de vous faire remarquer en dehors de cette classe. Tout le monde n'est pas aussi patient que moi » La jeune femme prit alors ses affaires en furie, me jetant un regard aussi noir que plein de colère. J'avais le pouvoir de ne plus l'accepter en cours ce qui mettrait immédiatement un terme à son année scolaire. Mais je ne voulais pas prendre de décision à chaud. Le plus grand problème dans cette histoire étant que cette étudiante à plus besoin d'aide que d'être enfoncée, malgré sa personnalité méchante, car elle devait sans doute avoir de gros problèmes pour réagir ainsi. Je verrais plus tard, à tête reposée.

Les deux étudiantes avaient maintenant quitté le cours, dont il ne restait qu'une dizaine de minute à tout casser. Toujours dans le but de dédramatiser la situation je repris devant les élèves « Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue.... Albert Einstein ! » Cette remarque ne manqua pas de faire rire quelques élèves qui se détendaient un peu. Pour une première, j'avais connu des jours meilleurs. Mais les suivants ne pourraient pas être pire, en tout cas, il le valait mieux pour cette étudiante si elle souhaitait ne pas finir son année scolaire en moins d'une semaine.

 
 

ouchée par les paroles cinglantes de ta voisine, qui t'attaquait sans aucune raison valable, tu avais besoin de décompresser. Tu filas aussi rapidement que possibles dans les escaliers pour descendre et sortir prendre l'air. Quand tu avais entendu ses paroles, tu n'en revenais pas : de quel droit se permettait-elle de te critiquer sur ta vie amoureuse ? Elle ne connaissait rien de ton passé, simplement de vagues rumeurs salaces que les hommes que tu avais repoussés ne cessaient de raconter pour t'humilier. Il n'y avait pourtant aucun mal à être naïve, fleur bleue et romantique quand il s'agissait d'amour. Tu avais des principes et tu n'étais pas prête de les surpasser juste pour des mots doux lancés dans l'intention formelle d'une simple nuit de plaisir. Tu avais besoin de plus, d'honnêteté, de tendresse et de réalité.

Etant partie aussi vite, tu n'avais donc pas remarqué qu'elle avait été virée du premier cours par l'enseignant en personne. Mais au bout d'une dizaine de minutes, tu remontas et là, au moment où tout le monde sortait de la salle que tu notas son absence. Tu ne fis pas part de ton étonnement à personne, restant aussi neutre et impassible que tu savais l'être. Tu laissas tout le monde s'en aller et même si tu avais un cours juste après, tu préféras prendre quelques petites minutes quand même pour venir t'excuser auprès de Monsieur Hargreaves. Après tout, tu avais abandonné le cours en plein milieu, sans aucune explication et surtout, en le perturbant. Autrefois, tu n'aurais certainement pas réagi de la sorte et aurais continué ta petite vie comme si de rien n'était. Mais cette fois-ci, les circonstances étaient différentes et même toi, tu avais légèrement changé et était devenue plus adulte et mature.

- Monsieur Hargreaves, dis-tu en entrant dans la salle pour attirer son attention. Je reviens pour vous dire que je suis vraiment désolée d'avoir perturbé et quitté le cours.

Aucune timidité ne se reflétait dans le ton de ta voix, calme et honnête. Tu ne ressentais aucune gêne et tes joues ne rougissaient pas, car tu avais la pleine maîtrise de ce que tu faisais. Confiante et déterminée, il n'y avait rien qui pouvait t'ébranler. Sauf peut-être ces yeux d'un bleu profond qui te déstabilisèrent immédiatement lorsque tu plongeas ton regard dans le sien. De loin, impossible de les apercevoir aussi distinctement. Désormais, tu comprenais l'une des raisons qui poussait les jeunes étudiantes à devenir hystériques en la présence de l'enseignant. Quand tu te rendis compte de tout cela, tu déglutis et baissas le regard plutôt sur ses lèvres pour ne plus être trop perturbée par la suite. Légèrement et presque indistinctement, tu hochas de la tête comme pour reprendre tes esprits. Et au final, tu étais sur le point de partir estimant que tes excuses étaient terminées. »

 

RILEY & AIDEN

Les élèves étaient sortis en silence. Moi, de mon coté, je m'étais assis à mon bureau, la jambe droite posée sur le genou droit. Ma main venait caresser mon menton pour porter mes doigts à mes lèvres. Je réfléchissais à ce que j'allais entreprendre ou pas à l'encontre de cette étudiante qui venais de perturber le cours par deux fois, avec une violence dans les mots qui me mettait vraiment mal à l'aise. Mal à l'aise vis à vis de cette autre camarade qui en avait fait les frais devant la classe entière et qui ne méritait sans doute pas un pareil déballage mêlé de jugement arbitraire.

Mais mes songes furent rapidement interrompus par l'irruption de cette jeune femme. Riley Hamilton dont je venais juste de vérifier le prénom sur mon registre de classe. Celle ci avançait vers moi et semblait déterminée ! En réalité, elle me présenta ses excuses pour avoir perturbé le cours. C'était tout à son honneur que d'être venu pour cela. Je la fixai donc du regard en l'écoutant, observant ses yeux aussi clairs que les miens. Après quoi, je me levai et fit quelques pas pour m'approcher de mon interlocutrice

« Oh! est bien merci ! Mais vous savez, je n'attendais aucune excuse de votre part, puisque je n'avais aucun reproche à vous faire...Mais j'apprécie votre démarche » Puis, un léger sourire s'afficha sur mes lèvres lorsque je repris « Au contraire, je salue votre self-control ! Je vous ai observé, les poings serrés, les sourcils froncés et une expression de colère sur le visage. Vous auriez pu lui en coller une belle, mais vous ne l'avez pas fait et vous êtes retirée plutôt que d'aller dans la surenchère en plein cours. Le professeur tout comme l'homme que je suis vous félicite car tout le monde n'en est pas capable. » Moi le premier. Certes, j'avais toujours été réservé et discret, mais une fois que je me sentais à terre, je n'hésitais pas à me jeter à corps perdu sur la source de mes tourments, même s'il mesurait dix centimètres de plus que moi et pesait bien 20 kilos de plus ! Comme dit l'adage, Il n'est pire eau que celle qui dort ...

Je m'approchais alors un peu plus, histoire de ne pas parler trop fort et d'être sur que cette discussion resterait entre nous deux seulement. « Je voudrais simplement savoir si vous préfèreriez ne plus la voir dans la classe, ou si vous pensez pouvoir supporter sa présence ... A l'autre bout de la pièce cela va s'en dire. Je voudrais surtout que vous puissiez étudier dans les meilleures condition. Et faites moi confiance pour faire ce qu'il faudra si vous jugez que cette fille là est capable de vouloir se venger de ma décision ...» Je ne voulais pas prendre une décision sans en avoir toutes les composantes. Mais surtout, je voulais que Riley comprenne que si je décidais d'entreprendre les démarches pour virer mademoiselle carter de l'université, je prendrais toutes les disposition nécessaires à garantir la sécurité de mon élève qui n'était qu'une victime.

 
 

on pas en avant. Ton pas en arrière. Tu étais en train de partir, sans fuir, alors que son intention à lui était de te parler. Sa voix douce et mielleuse sonna à ton oreille comme une musique et tu fus captée en rien de temps. L'écoutant t'expliquer que tu n'avais pas besoin de t'excuser et qu'il complimentait ta réaction, tes yeux se fixèrent sur lui sans pouvoir s'en défaire. Le tableau, le bureau, les tables, les chaises : rien, tu ne voyais rien autour de toi. Il n'y avait que cette lumière éblouissante qui entourait ce corps masculin qui te faisait face. Tu ne fis aucun mouvement de plus mais quand il termina son discours, tu lui souris timidement croyant presque sentir tes joues qui rougissaient légèrement.

Pensant qu'il avait vraiment fini, tu acquiesças de la tête comme pour le remercier car tu semblais avoir perdu ta voix. A nouveau, tu effectuas un pas vers l'arrière pour faire demi-tour et sortir de la salle avant de te rendre à ton prochain cours. C'était sans compter sur l'enseignant qui te retint en te demandant ce que tu souhaitais qu'il fasse par rapport à la jeune voisine qui t'avait importunée. Là, tu réfléchis une seconde mais ta décision était prise sans aucune concession. Tu te redressas, bombant un peu ta poitrine comme si tu étais fière de ce que tu pensais. Tu pris un air sérieux, presque renfrogné, tout du long de ses paroles que tu écoutais attentivement pour ne pas répondre trop vite. Tu regardais le professeur avec insistance.

- C'est vous l'enseignant, c'est vous qui prenez la décision, tu répliquas d'une voix directe et sûre de soi. Je n'ai aucune légitimité sur le fait de trancher sur le futur universitaire de Mademoiselle Carter. Je m'adapterai à toute situation, quelle qu'elle soit, même si elle ne me convient pas.

Toi et les règles, cela n'avait jamais été cela. Tu les connaissais mais tu les outrepassais bien trop souvent pour te permettre de juger une autre personne l'ayant également fait. Tout comme tu avais pu être sanctionnée par tes grands-parents ou tes enseignants du collège ou du lycée, c'était aux personnes compétentes de l'université de rendre leur décision. Pas à toi, petite étudiante autrefois élève turbulente qui avait dépassé bien des limites et qui avait bravé les punitions sans aucune pudeur. De plus, tu te considérais de loin celle qui avait le droit d'empêcher une jeune fille de continuer ses études. »