My weakness
Comme un souffle, un espoir. Il était là, sourire aux lèvres. Ce  sourire en coin qu'elle détestait tant. Celui qui indiquait qu'il allait l'humilier. Encore. Elle était loin l'époque des rires et des baisers sucrés. Loin le temps où les "je t'aime" fusaient. Plus rien aujourd'hui ne lui donnait envie de rester, pourtant elle était là. Bague au doigt, cœur serré. Elle y avait souvent réfléchi, mais elle ne pouvait se permettre de rompre ses fiançailles, pas après le bonheur qu'elle avait lu sur le visage de sa mère. Le souvenir du gentil Max traversa son esprit. L'homme qui l'avait séduite à la bibliothèque. Celui qui lui avait rapidement proposé d'emménager en remarquant ses problèmes d'argent. Celui qui la faisait rire aux éclats durant de longues soirées. Il s'était envolé ce Max là. Diplômé, il avait commencé comme avocat dans un cabinet réputé. La pression, le stress, son envie de tout réussir. Le bonheur du couple avait lentement disparu, laissant place à une colère constante. Beth ne le comprenait plus. Et lui, il était là, à la rabaisser. Au début, seulement lorsqu'il n'était que deux. Puis, devant ses amis. Ensuite, devant sa famille. Elle se laissait lâchement faire. Le bonheur reviendrait. Il le devait. Elle fut lentement brisée. Ne se pensant plus capable de réaliser ses rêves. Elle commença même à penser qu'elle ne le méritait pas. Max était beau, fort et couronné de succès. Il aurait pu en choisir une autre, probablement en claquant des doigts. Pourtant, il était là. Elle avait envie qu'il reste. Parfois.

My sorrow
Ses doigts serrèrent le coussin, trempé par ses larmes. Son histoire d'amour, celle qui faisait criser de jalousie ses copines, était morte. Devenue fumée. Comme si rien n'avait réellement existé. Max était parti. Il avait changé les serrures, lui avait fait sa valise. Elle était déposée sur le palier. Elle avait attendu là, des heures durant, lisant et relisant la lettre qui accompagnait la valise. Follement attachée à son bourreau, elle avait presque cru à une farce. Mais blague il n'y avait pas.
Sa mère l'avait consolé. Tout était la faute de son père, une fois de plus. Il n'avait jamais été présent, c'était le bouc émissaire parfait. Beth n'écoutait pas. Elle voulait simplement rester recroqueviller. Espérant qu'il reviendrait. Repensant à l'amour qu'il lui avait donné. Puis, se souvenant du mal qu'il lui avait fait. Cette relation malsaine la tuait à petit feu. Elle la regrettait.
Elle voulait tout abandonner, ses études pourtant presque terminées. Les heures de cours ratées lui importaient peu à présent. La chirurgie passait au second plan. Mais c'était grâce à elle qu'elle allait se relever.

My strength
Beth examinait un patient. Une petite fille, dont le poignet avait pris un angle plutôt étrange. Une mauvaise chute, disait son père. Le regard apeuré de la gamine suggérait à Beth d'attendre la version de la mère. Elle était en chemin. Probablement morte d'inquiétude. « Mon interne, Emily, va t’emmener passer une radio. On se revoit dans quelques minutes. » Un sourire chaleureux déposé sur ses lèvres. Sa main tapota le genou de sa patiente.
Son téléphone vibra. Elle savait qui c'était. Adonis. Celui qui avait réussi à lui redonner le sourire. Monde des merveilles. Il n'y avait pas que Max qui pouvait être responsable de ses papillons dans le ventre. Il n'y avait pas que lui qui pouvait la rendre heureuse. Adonis n'avait été qu'une petite rencontre, une nouvelle faiblesse. Des moments où elle s'abandonnait à lui sans penser aux conséquences. Des instants où elle était heureuse. Puis, les sentiments s'étaient mêlés. Sans parler d'amour, il était devenu presque indispensable à sa vie. Une bouffée d'oxygène.
Et puis, une nouvelle fois, la situation avait évolué. Transformée par une erreur. Risible. Une chirurgienne qui tombe enceinte sans le vouloir.
Se battre pour la vie d'autrui et ne pas accepter celle qui grandit en elle. Elle était perdue. En parler à l'homme marié qui l'avait mise enceinte ne faisait pas partie de son plan. Elle y sera pourtant bien un jour obligée.

Emily revint, accompagnée de Fiona. La petite fille rejoint immédiatement sa mère qui venait de passer les portes de la salle des urgences. Toujours un sourire ancré sur son visage, elle invita la mère et la fille à s’asseoir.

Le message resterait inconnu pendant de nombreuses heures encore.