DEVIL BESIDE YOU

Il est 3h33 du matin et je ne dors toujours pas. Ces voix ne cessent de raisonner dans ma tête et je lutte pour ne pas succomber. Adrian, toi qui me regarde d’en bas, peux-tu me dire à quoi ressemble la maison de Satan ? Toi et moi, on a toujours su que le Diable était notre Père et qu’on finirait nos jours enfermés dans les méandres des Enfers. Papa et Maman pleurent chaque jour ta disparition tandis que moi je t’envie. Ce monde me méprise et je le méprise tout autant. Avoir une certaine notoriété et un visage angélique, accompagné d’un sourire pétillant suffit à corrompre l’ennemi. Au fond, les êtres humains s’en fichent de qui nous sommes vraiment, ils veulent juste un petit sourire pour se laisser berner et voir uniquement ce qu’ils veulent voir à travers ce qu’on laisse percevoir… Du moins ce qu’ils pensent percevoir.

Aux yeux de Papa et Maman, je suis une folle à lier en manque d’amour qui ne demande qu’à trouver le Charming Prince pour enfin guérir. Ils sont drôles. Je suis folle, ils le savent et en même temps ce sont les premiers à magnifiquement mentir sur mon état de santé. Tu sais qu’ils mentent très bien sur ton meurtre ? Car oui, on t’a tué Adrian. Tu es peut-être trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment… Who knows ? Mais je n’y crois pas. Nous sommes les Deans, la famille accroc au pognon et aux milles problèmes. A UCLA, personne ne nous approchait, nous sommes les bêtes de foire préférées de nos chers amis étudiants... Pourtant, sur Instagram, tout le monde m’adore sous prétexte que j’ai 500 000 followers et que mon visage apparait sur de nombreux magazines. Le virtuel atténue la férocité et la dangerosité de l’humanité à travers un cliché. Pourtant, le virtuel ne reflète que notre réelle identité. Nous nous cachons pour mieux attaquer, car le mensonge est devenu notre meilleur ami et notre signature pour survivre.

Après tout, qui pourrait croire que la belle et angélique Olympéa ait fait tout ça, dis ? Pourquoi une mannequin internationale serait une véritable psychopathe qui se bat pour ne pas que sa « dark side » gagne le dessus ? Tout les fous sont enfermés, n’est-ce pas ? Je suis libre donc je suis… Normale ?

Sourire, voilà ce que les gens veulent voir. Ca fait désormais 2 ans que j’ai arrêté mes vas et viens à l’HP de Los Angeles. 2 ans déjà… 2 ans que je berne tout le monde tandis que j’ai envie de tout détruire. Les gens m’exaspèrent, m’énervent, ils parlent de bonheur et d’amour comme si la vraie vie était… Ca. La vraie vie, c’est toi Adrian. Je ne crois pas en l’Humanité, tous les psys m’ont dit que mes voix n’étaient pas réelles, mais comment peuvent-ils juger de ce qui m’est réel alors qu’ils ne sont pas dans ma tête ? Parfois je rêve encore de mon enfance où la manipulation m’était encore si simple. Dès petite j’avais compris ce que les autres voulaient voir en moi, ou de moi. Tu me diras, on me l’a fait payer à plusieurs reprises. Tu te souviens de Monsieur Francisco au lycée ? Il me baisait tous les soirs avant d’aller rejoindre sa femme dans sa belle baraque. Etais-je consentante ? Au début : non… Puis j’ai appris à aimer ce qu’il me faisait. Dommage qu’il soit décédé d’un accident de voiture un an après. Il m’a pris ma virginité, il m’a blessé émotionnellement et physiquement… Et ça me manque. Si Papa et Maman le savaient, ils aimeraient tu crois ? Toi… T’en penses quoi ? Comment t’aurais réagi en sachant que ta petite sœur chérie se faisait baiser comme une chienne après les cours ? Ah la magie de l’HP. Heureusement que je n’étais que dans le service de jour, je m’en serais voulue de louper le collège, le lycée… Certes, on me bastonnait et m’harcelait car j’étais souvent absente dû à mes journées obligatoires à l’HP... Mais je n'ai jamais rien dit. J’adorais effrayer certains d’eux… Certaines d’entre elles surtout. Ca me manque.

Je suis folle Adrian tu le sais très bien. Toi qui m’a toujours protégée et chouchoutée, tu es sûrement déçu de voir qui je suis vraiment après tes nombreux coups de couteau dis ? Quelle sensation ça fait dis-moi ? Parfois j’ai envie de succomber et de tester sur moi-même, mais je suis tellement emprisonnée dans ma bulle mensongère que je ne sais plus où sont mes limites. Parfois j’arrive à croire que je suis quelqu’un de bien mais dès la Lune levée, j’entends ces voix me hurlaient de drôles de choses. Les cachets ? Ah oui, les fameux cachets. Papa et Maman n’ont jamais vérifié que je les prenais vraiment. A l’HP on m’obligeait à les avaler en face des infirmiers, au début je le faisais mais mes voix me manquaient. Puis petit à petit, je réussissais à les cacher sous ma langue, me contentant de sourire et de faire ma docile. Quand tu te montres respectueuse et qu’ils pensent que tu collabores avec eux, étrangement, ils se mettent à te croire en oubliant tout ton passé. Ah l’espèce humaine…

Pourtant, je ne sais toujours pas qui t’a tué et pourquoi. Comment les gentils policiers pourraient penser qu’une si jolie, gentille et calme fille comme moi pourrait être responsable de près ou de loin d’un si tragique… Accident ? Crois-moi Adrian, je ne t’ai pas tué. Tu étais la seule personne à qui j’osais me confier. Je voyais dans tes yeux que mes paroles t’effrayaient mais quand j’étais à tes côtés, les voix disparaissaient. Pourquoi alors n’ai-je versé aucune larme à ton enterrement ? Ah oui, car je t’envie. Pourquoi pleurer ta mort ? A mes yeux, tu as juste quitté un monde de merde qui ne nous a jamais correspondu. Je me force à paraître normale, je suis normale, n’est-ce pas ? Je fais de l’équitation, je suis gentille, sage, souriante, belle, je suis populaire, je suis riche, je suis douée dans tout ce que j’entreprends. Pourquoi alors chaque nuit je ferme à clé tout mon appartement que Papa et Maman me paie gentiment ? Serait-ce de la peur ou de la paranoïa ? Mes voix me disent juste de le faire.