NOYADE PROLONGÉE
-Monsieur Renfield.
Je me leva et me dirigea donc vers celle-ci. Une fois à son niveau, je lui serra la main et entra enfin dans la pièce.
-Vous pouvez vous asseoir.
Ce que je fis donc.
-Alors. De quoi allons-nous parler aujourd'hui ?
Je ne dis rien et resta sur le canapé, les yeux perdus dans la blancheur du mur en face de moi.
-Cela fait quelques semaines déjà que vous venez et ne dites rien.. Je ne peux pas vous aider si vous ne parlez pas.
-Le silence me fait du bien, dis-je sans jamais quitter le mur des yeux.
Elle mit ses lunettes sur le bout de son nez et s'installa sur le fauteuil en face de moi. Elle avait un petit carnet et un crayon dans la main.
-Et bien, Noah, c'est un début. Mais qu'est-ce que ce silence vous procure ?
Je leva la tête vers elle.
-De l'attention.
-De l'attention ?
-Vous êtes là, devant moi, les yeux rivés sur moi. Cela suffit à me procurer de l'attention.
Elle nota quelque chose sur son carnet puis releva la tête vers moi.
-Noah, racontez-moi.
-Vous racontez quoi ? Vous le savez déjà, c'est écrit dans mon dossier.
-C'est vrai, mais c'est de votre bouche que j'ai envie de l'entendre.
-Et par où voulez-vous que je commence ?
-Et si on commençait par début.
J'eus un moment d'hésitation et égara mon regard vers ce tableau au bleu qui t'en fait perdre la tête...
-Mon père...
Je voulais parler mais je faisais un blocage énorme mes mains tremblaient et mes ongles s'enfonçaient dans le cuir du fauteuil.
-Continuez, vous êtes sur le bon chemin.
-Je ne sais pas quoi dire...
-Alors, parlez-moi de ce que vous voulez. De votre copine ?
-Non..
C'était encore pire. Je ne savais pas comment me sortir de ce cauchemar alors que tout le monde disait qu'en parler me ferait du bien, j'en perdais juste la tête.
-Très bien, laissons ça de côté, mais parlez-moi. Je suis là pour que vous me racontiez tout, je suis là pour vous écoutez et vous donnez des conseils. Je suis là pour que vous alliez mieux, mais si vous ne me dites rien, je ne pourrais rien pour vous.
-Noah n'est pas mon vrai prénom. Mes parents m'ont appelé Jacob, moi j'ai changé.
-Et pourquoi Noah, enfin pourquoi changer de prénom, comme ça ?
-Jacob, c'est moche, c'est vieux, c'est mon père. Il l'avait choisi et ce prénom est aussi horrible que lui l'a été. Alors j'ai changé.
-Et pourquoi Noah ?
-Ma copine... Elle me surnommait comme ça parce que j'étais selon elle, le défenseur des animaux. Je veux devenir vétérinaire et vous connaissez très bien l'histoire de l'arche de Noé. Et bien Noah est un dérivé de ce prénom, qui selon elle m'allait comme un gant...
Je me retins de lâcher une larme, mais croyez-moi, c'était dur.
Elle écrivait toujours sur son petit carnet, c'est bien ce qui me fit paniquer. Je ne voulais pas qu'elle note ça, j'avais seulement besoin d'une oreille. Je ne voulais pas qu'elle garde des traces de tout ce que je pouvais penser. Oui, j'avais peur.. Peur de quoi ? Sûrement de moi-même...
-Mon père est mort quand j'avais 14 ans, j'étais en dernière année de collège. Au lieu de rater mon diplôme à cause de ça et tomber en dépression, ou je ne sais quoi encore, j'ai enfin appris à vivre. Il m'oppressait, je devais rentrer dans une certaine classe et ressembler à un genre de personne parce que je portais le nom de Renfield. Enfaîte, ma soeur a le plus souffert. Il n'arrêtait pas de la rabaisser, la comparer à son autre fille qui était selon lui parfaite. Mais, ce que je ne comprends pas c'était que Lisa voulait toujours monter dans son estime alors que lui lui envoyait des horreurs. Pourquoi essayait-elle l'impossible, il ne la regardait pas pour la complimenter, juste pour lui reprocher d'être là.
Je m'arrêta et baissa les yeux sur mes mains qui se tortillaient.
-J'étais le fils à papa, celui qui était censé lui ressembler, hélas.. Personne ne comprenait le fait que cela me causait du tort, parce qu'il fallait que je sois toujours à la hauteur et contrairement à ma soeur, je n'étais pas sans cesse rabaissé, au contraire. C'est le problème, j'étais la personne que je devais être et voilà, mon père ne me portait pas spécialement d'attention, oui certes il n'était pas sans arrêt sur mon dos, mais peut-être que j'en aurais eu besoin... Parce qu'à le voir sans arrêt dire que sa première fille était la seule à la hauteur m'a fait le haïr.
J'arrêtai de parler et fixa un point tout en stoppant ma respiration.
-Et pourquoi avez-vous ressentit le besoin de...
-De me droguer ?
Elle acquiesça d'un geste de tête.
-La vie peut-être... Le fait que je sois enfin libre de mes faits et gestes. Le fait que ma mère ne me porte plus aucune attention. Le fait de voir ma soeur se lancer dans des études d'oncologie pour combattre le cancer et essayé que mon défunt père soit peut-être fier d'elle depuis le ciel. Le fait qu'à 14 ans je n'avais encore jamais aimé quelqu'un. Le fait que je voulais me sentir un peu plus humain... Vous savez très bien comme moi que cela est illégal de consommer de la drogue, c'est peut-être ça qui m'a fait en prendre. Je ne sais pas, je ne sais plus...
-Pourquoi ne savez-vous plus ?
Je souriais.
-Et ça en arrive toujours à elle..
-Amy, n'est-ce pas ?
-Qui d'autre..

L'AMOUR EST UNE BLAGUE
Vous savez, c'est le genre de chose que l'on oublie pas, que l'on oubliera jamais. Vous savez, le grand amour, le premier, la perle rare, celui qui nous fait prendre conscience que la vie à deux est bien meilleure. Moi j'y ai cru. Quel bêta ! Et oui, la vie c'est pas un film, tout nous tombe pas tout cru dans la main. Il faut se battre ! Mais parfois le destin nous puni. De quoi ? Je ne sais pas. De trop aimer peut-être. De toujours vouloir plus. D'être heureux ? Parce que moi je l'étais quand tout a basculé... Je ne suis pas très doué pour raconter des histoires, mais je vais vous compter la mienne, ou du moins la partie la plus triste. Les histoires d'amours ça fais toujours audience et bien que je sois un homme, j'essayerais d'y rajouter fleur bleue et papillon. Bon, il était une fois un gars, moi, qui venait de perdre son père et croyez le ou non, sa vie était devenue plus belle. Enfin, avait prit une toute autre tournure, il n'avait plus l'obligation d'être celui que son père avait décidé qu'il soit. Il avait enfin prit goût à la vie qui s'offrait à lui. Mais cette vie là, ce n'était pas celle à laquelle il s'attendait. Il pensait qu'il verrait tout en rose, mais ce rose c'est noirci. Il était seul face au monde. Pas d'épaule vers lesquelles pleurer. C'est pathétique dit comme ça, mais quand on est laissé sans préparation au gré du vent, on se perd vite. Il a sombré, c'est drogué parce qu'on disait que l'on appréciait d'autant plus la vie avec ça. Que tout paraissait plus beau. A vrai dire, il a aimé ça. Aimé être différent. Aimé faire ces bêtises de la vie qu'il  n'avais pas pu faire. Aimé être ce gars qui n'était plus ce gamin de riche gâté. Et oui, il a sûrement fait sa rébellion de petit gosse de riche. Il a d'ailleurs fait pitié à sa soeur, et tous les gens qui l'entouraient mais, il en avais rien à faire... 
Et là c'est à ce moment-là qu'une magnifique blonde, taille mannequin aux yeux bleus fit son entrée. Le rêve. Le coeur du jeune homme ne bat plus que pour elle. Amour romanesque et idyllique. Tout est parfait. Elle l'aime. Il l'aime. Quoi demander de plus ? Ils sont jeunes et ils ont toute leur vie devant eux. Il a arrêté de se droguer pour elle. Elle lui a montré le vrai chemin de la vie. Il avait décidé d'occuper son temps honnêtement. Il est donc devenu bénévole dans un refuge pour animaux. Il ne voulait pas qu'améliorer mon karma, il avait trouvé sa voie, les animaux ! Grâce à elle il se voyait déjà vétérinaire dans un zoo, ou autre part. C'est à partir de ce moment qu'elle l'a appelé Noah, elle trouvait que ça lui allait mieux que Noé.
Mais vous le savez, comme dans toute merveilleuse histoire d'amour il y a un hic. Juste une petite chose qui fait tout capoter. Le petit pois sous une douzaine de matelas. Les deux jeunes gens c'étaient jurés fidélités et il l'avait même demandé en mariage. Vous savez quand on est jeune on ne sait pas vraiment ce que la vie nous réserve... La vie leur semblait si belle, les papillons voilaient, les oiseaux chantaient et leurs coeurs s'aimaient, leurs yeux ne se trompaient pas. Pourtant, un événement en entraînant un autre, ils s'étaient retrouvés dans l'une de ces fêtes où l'alcool coule à flot et où les seuls trucs qui se fument sont des joints. La jeune fille s'était contentée de danser au milieu des autres. Quand au gars, il s'était contenté de la regarder danser sans vraiment écouter ce que ses potes lui disaient. Il était là, perdu dans son amour qu'il avait pour elle. Et oui, digne d'un roman...
L'heure passait et était venu le moment de quitter cette soirée. Ils étaient tout deux sobres. Cette histoire j'en conviens vous semble juste improbable, trop fleur blanche et un peu trop cucul et pourtant, ça c'est passé comme ça...
La soirée tapait sur sa fin et il tardait au couple de partir d'ici et rentrer tranquillement chez eux, ils n'avaient pas ou très peu d'alcool dans le sang. Ouais, on peut dire un petit couple de vieux responsable. Malheureusement, alors qu'ils chantonnaient leur air préféré dans la voiture, Amy mains sur le volant et Noah à côté à la regarder, leur vie à basculée. Un taré qui lui avait un peu trop bu perdit le contrôle de sa voiture pour finir d'engloutir celle où se trouvait les deux jeunes gens. Amy perdit la vie sur le coup et Noah survécut...


REPRENDRE LES DESSUS
Tout était fini. Ma vie venait de s'écrouler à cause d'un fumier qui avait prit le volant alors qu'il était bourré. Dépression ? Oh ça oui. J'avais complètement perdu pied. Je n'étais pas retombé dans la drogue ou quoi que ce soit. Je m'étais enfermé dans ce que j'avais acquis. Enfaîte je ne voulais pas l'oublier et le seul moyen que j'ai trouvé pour continuer à la faire exister c'était dans les animaux. Elle croyait à la réincarnation et elle voulait reprendre vie en un ouistiti.
C'est ainsi que je décida d'entrer à UCLA pour suivre des études de vétérinaire et changer mon prénom pour changer de vie, ou du moins de vivre celle que j'aurais voulu avec Amy. Voilà, moi, Noah Renfield, brillant étudiant en médecine animal, riche, plutôt beau gosse, bénévole dans un refuge pour animaux et joueur de basket ainsi que de musique. Oui à mes heures perdues j'aime jouer du piano ou de la guitare pour me rappeler et continuer à faire vivre Amy. Elle était ma passion et ma raison de vivre. Maintenant je suis plus rien mais je sais que si me suicider me traversais l'esprit, elle me tuerait elle-même de ses propres mains après être revenu du monde des morts. Elle voudrait que je me reconstruise mais j'avais cette bague à l'annuaire qui me rappelait ce jour où on était parti se marier à Las Vegas...


Qu'elle belle connerie ! Qui peut réussir à survivre à une relation morte. Parce que oui, Amy est morte. J'avais mi du temps à l'accepter, mais je ne pouvais pas vivre avec son fantôme. Elle ne voudrait pas ça pour moi. Elle voudrait que je vive ma vie. Je ne savais pas bien comment, alors que je m'étais contenté durant des années à plonger le nez dans mes bouquins et réussir avec mention mes études. Voilà. J'ai mon diplôme en poche et je n'avais qu'une envie, tout foutre en l'air. J'en avait marre de ce foutu prénom, elle n'était plus là pour me faire voler au dessus de la réalité, et la réalité c'est que je suis Jacob Edgar Renfield, riche héritier d'une famille frappadingue. Pas étonnant qu'il m'arrivais de péter les plombs... En tout cas, dans ma décente aux enfers, je n'avais rien trouvé de mieux que de resté vivre au crochet de cette femme qui me sert de mère, enfin en ce qui concerne les petits chèques de fin de mois alors que je n'avais pas envie de rentrer dans la vie active et me contenter de mon bénévolat auprès d'un refuge. Mais faut pas croire que je vais vivre indéfiniment comme ça, ma mère me l'a rappelé en me parlant mariage. Sérieusement ? Elle veut que je me marie ? Elle qui avait jamais pu blairer ma femme, enfin ma défunte femme.. En tout cas ça a eu l'effet d'une décharge électrique. Putain faut que j'arrête de vivre dans le passé. Je repris mon vrai nom, Jacob, je décida de me trouver un vrai boulot, je suis désormais vétérinaire au zoo de LA, j'ai ma propre maison à Beverly Hills, j'avais rangé ma bague de mon premier mariage et continua à payer ma maison avec l'argent de ma mère. C'était sans penser que ma mère avait déjà manigancé tout, si je voulais toujours avoir ses cachets et bien je dois me marier avec une russe de bonne famille, une certaine Sofya Romanov. Quel dilemme !