LONG LOVE LETTER.Ce n’est pas dans le meilleur des mondes que je vis. Après tout, j’étais une fille tout bonnement normale. A l’exception de la grande maison familiale dans laquelle je me retrouvais souvent seule. Comme livrée à moi-même.
Parce qu’ils étaient tous occupés.
Toujours occupés.
Jamais on ne s’intéressait vraiment les uns des autres. J’avais essayé une fois mais on m’a regardé étrangement. Comme si le lien du sang ne permettait pas d’avoir comme un lien fusionnel, semblable à de l’amitié.
Je n’étais pas la plus jeune, ni la plus vieille. J’occupais une place parmi une famille de six enfants et on pouvait compter aussi les cousins, les oncles, les amis…
Au final, on était tellement nombreux qu’on pouvait vite oublier quelqu’un. C’est un peu ce que j’ai toujours vécu dans cette famille. Pour la simple raison que j’ai toujours été différente. Alors que tous ceux qui dépassaient les 21 ans partaient en soirée, nous restions avec un chaperon à la maison. La plupart du temps, les jeunes choisissaient le film et tu te coltinais un Disney chaque vendredi et samedi soir.
Parfois c’était le jeudi aussi…
*Lâchons un soupir de désespoir*
Très vite, je me suis enfermée. Dès 14 ans, je restais dans ma chambre pour travailler. Ma seule échappatoire. Ou alors je déguerpissais de la maison avec mon petit vélo et je me rendais dans une sorte de petit garage pour bricoler.
Ma seule folie.
Un jour, j’ai reçu une superbe lettre. J’en ai savouré chaque ligne.
« COLLÈGE DE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE
Directeur : Albus Dumbledore
Commandeur du Grand-Ordre de Merlin
Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers
Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendrons votre hibou le 31 juillet au plus tard.Veuillez croire, cher Miss Marshall, en l'expression de nos sentiments distingués.
Minerva McGonagall
Directrice-adjointe »Bon OK, ce n’est pas vrai.
Déjà, j’étais beaucoup trop vieille et cette lettre venait d’UCLA dont j’avais passé les SATS afin d’intégrer le cursus que je voulais.
ET J’AI ÉTÉ PRISE !
FIRST TIME WITHOUT LOVE.La sensation de sa main sur ma peau est brûlante… Une sensation que je n’avais pas connue auparavant. Je ne saurais pas dire si cela est agréable.
Je suis incapable de penser, de réfléchir.
Concentrée, je tente de deviner les pensées de cet homme. On se connait à peine et j’ai l’impression de lui accorder le monde. Mon monde.
Son regard me détaille de toutes parts. Je suis nue sous ses doigts en quelques secondes, il caresse chaque courbe, sa main est ferme, c’est vraiment très intense. Il imprime chaque centimètre dans son esprit comme si c’était la première fois qu’il voyait une belle femme. Peut-être même une femme en général ?
J’ai l’impression que je n’arrive plus à respirer.
J’ai envie de pleurer…
De joie ?
De tristesse ?
Mes doigts agrippent la première chose qui leur vient : les accoudoirs. Mes ongles s’enfoncent dans le cuir alors que mes hanches et mes cuisses deviennent rouges.
Cela me parait une éternité. Je ferme les yeux.
Mon cerveau décide de ne plus être présent jusqu’à ce qu’un son sorte de sa bouche pour me faire comprendre que c’est fini.
C’est plus court.
Normal quand on sait qu’il finit par me pousser sur le sol et jette sans m’accorder un regard quelques billets.
« T’as le droit à un pourboire » dit-il sans aucune douceur avant de sortir.
Quand son ombre quitte mon champ de vision, je ne peux m’empêcher de me recroqueviller contre ce piédestal qui n’a rien de glorieux, mes jambes contre ma poitrine…
Les larmes montent et j’explose en sanglot…
Je suis une pute…