Tic tac ; First time_

Une vie simple mais belle. Deux parents là pour moi. Aucuns problèmes de fric. C’est de ça que je rêve. Je n’ai pas une belle vie, je n’ai pas de personnes autour de moi qui peuvent porter le titre de parent, je n’ai pas d’argent. Harpé hors de mes rêves idylliques, je retrouvais la réalité. Petit, je dormais beaucoup. C’était un moyen comme un autre, d’imaginer un monde parfait. Loin de ma mère, de mon père inexistant et des tracas de la vie réelle. Je dormais tellement que ma mère m’avait emmené chez le médecin à mes dix ans. Je ne sais même pas d’où elle sort le fric pour payer les frais.

Mais cet homme nous avait reconduits vers un psychologue. Je ne comprenais pas. Pourquoi j’avais besoin de ça à mon âge ? Sois disant à cause de ma situation. C’était de l’argent envoyé en l’air pour moi. Mais finalement, parler face au psychologue me faisait sentir… Mieux ? Pendant toute ses années, cet homme suivait mon cas avec attention, m’offrant même des séances gratuites quand je ne pouvais pas payer. Mais, il avait dressé un portrait de moi qui ne me plaisait pas. Ses mots, sur son carnet, je n’étais pas comme ça. Quand je lui avais dit ça, il avait encore une fois, noté un nouvel adjectif.

‘’ Colérique, en manque d’attention, forte rancune, maturité, étrange, ne vois pas la réalité.’’

Ding dong ; One more time_

Voir ce psychologue m’emmerdais de plus en plus. Dès mes quinze ans, je séchais ses heures pour aller bosser comme barman ou dans les cuisines. Au diable les études, j’abandonnais petit à petit certains de mes rêves. Devenir scientifique ou bien créateur de jeux-vidéos, c’était loin derrière moi. Tout ce qui comptait, c’est gagner de l’argent. Si ma mère ne foutait rien, eh bien elle ne va rien foutre seule. Dès que je peux, je me tire.

Entre deux cours et boulots, je me laissais aller quelques fois. Je ne touchais pas aux merdes comme la drogue ou l’alcool, mais plutôt à une autre forme de plaisir. Celui qu’on peut trouver avec une autre personne, en unissant nos corps. J’avais goûté au sexe à l’âge de quinze ans et je ne regrettais pas. Avec un homme, puis une femme et encore et encore. Je trouvais une forme d’attention chez eux et c’est tout ce qui me suffit.


‘’Matérialiste, vénal, vulgaire, je m’en foutiste, feignant.’’

Tin tin ; with friends_

Plus jeune, je n’étais pas vraiment le genre de personne qui aime être entouré. Je n’aimais pas réellement les gens et les gens ne m’aimait pas, ça m’allait parfaitement. J’étais hautain d’après eux, et j’en passe des adjectifs. Parfois, certains passait aux mains avec moi, mais je ne me laissais pas faire. Frapper, encore et encore. Ca me permettait d’évacuer sans une once de culpabilité. Tout ça ne m’aidait pas à me sociabiliser dans la vie de tous les jours.

Les jours de week-end, quand le café où je travaillais était fermé, je m’ennuyais. Et je ne pouvais supporter ça. Il faut toujours que je trouve quelque chose pour m’occuper. Ce genre de jours, j’allais sur twitter retrouver mes ‘amis’. Sur internet, je pouvais m’entendre avec beaucoup de mondes, je me sentais mieux. C’est à partir de mes quinze ans que j’avais commencé de le twitter game. Sans poster de photo de moi, j’arrivais à me faire une petite réputation. Je tweetais à propos des jeux auquels je jouais quand j’avais assez d’argent pour les acheter, mais aussi à propos des tracas de la vie quotidienne auquel ses abonnés pouvait s’identifier.

‘’Solitaire, asocial, violent, absence de sentiment de culpabilité, égocentrique.’’

Fine ; murder_

Les ennuis pour moi avaient commencés vers ma deuxième année de lycée. J’avais des absences qui commençaient à me bouffer. Je pouvais être en cours, fermer les yeux quelques instants puis me réveiller en pleine rues, une heure après. Et sans le moindre souvenir. C’est frustrant de pas savoir ce qu’on fout dans un endroit alors qu’on était ailleurs.

Et c’est à cause de ça, que les flics ont commencé à s’intéresser à mon cas. Ça avait débuté par une absence, qui m’avait fait me retrouver devant une scène de crime. J’avais vu le visage du tueur et celui de la victime. J’avais pris peur et je m’étais enfui. Mais une habitante du quartier m’avait vu et dénoncé. La victime s’était avéré être une connaissance du lycée, avec qui j’ai eu recours aux mains.

La deuxième fois, j’avais prévu un rendez-vous avec un ami de twitter qui passait dans ma ville. Mais encore une absence. Alors que de base j’attendais face à la gare, je me retrouvais presque de l’autre côté de la ville, face au quartier industriel. J’avais devant moi, mon ami qui essayait de ce défendre face à son agresseur. Même veste et casquette, c’était le même homme que la dernière fois. Je n’avais plus le contrôle de mes jambes et je restais planté devant la scène. Le tueur m’avait vu, étirant un sourire en portant son doigt contre ses lèvres, signe que je devais me taire. Mais je ne pouvais même pas réagir, paralysé par la peur.

Et ça recommençais, encore et encore. J’étais à chaque fois innocenté car il avait pas assez de preuves contre moi. Quand on m’interrogeait, je ne pouvais décrire le visage du tueur, mais juste cette casquette sombre avec trois anneaux sur le devant et cette veste kaki avec un lion derrière.

‘’Souffre d’absence, stressé, perte de mémoire minime.’’

Not today ; men_

Ma mère s’était décidée à se marier. Avec le mec qui m’avait interrogé. Elle avait dû tomber sous son charme quand elle est venue me chercher de garde à vue. M’enfin, ça me dérangeait pas, tant qu’elle était heureuse, et moi libre de faire ce que je voulais. Je n’avais plus besoin de bosser pour deux, j’avais plus de temps libre. Il était temps pour moi de prendre des vacances, loin de ses meurtres. Mais une autre idée titillait mon esprit.

J’avais toujours vécu sans présence paternelle et j’avais toujours été curieux de savoir l’enculé qui avait laissé ma mère et moi, seuls. Depuis que j’étais petit, j’imaginais sa vie, mais aussi la vie que j’aurais pu avoir s’il aurait été à mes côtés. Et ma mère qui voulait rien lâcher comme info’. J’avais presque l’impression qu’elle avait été violé et c’est pour ça qu’elle ne voulait pas m’en parler. Mais quand j’avais présenté cette idée, elle m’avait presque crié dessus en disant que ce n’était pas ça. Au moins, j’étais fixé.

J’avais fait un vrai boulot d’enquêteur. J’étais parti dans la ville d’origine de ma mère et j’avais pu retrouver des informations. Un certain Derek Sven-quelque-chose. Et d’après ce que j’avais entendu, il tenait une boite de nuit. Parfait, j’avais déjà de l’expérience dans ce boulot, me faire engager ne seras pas un problème.

Non, les problèmes, c’est moi qui va les crées. La vengeance ? Peut-être. Mais je vais m’amuser un peu avant, ça pourrait être amusant.