Il sort de l’ombre et s’empresse de courir vers le bâtiment suivant pour se coller dos à la pierre et ne pas être vu de sa cible. Tel un agent secret. Un assassin de la nuit. Sans aucune expérience. Cela pourrait être impressionnant mais il est facilement visible que cet homme n’a aucune connaissance dans le domaine. Et cela en devient presque ridicule. Devant lui, à quelques mètres à peine, sa cible. Arizona. C’est donc elle. Cette fameuse flic, trop bonne à se taper, comme dirait monsieur Felix.  C’est vrai qu’elle n’est pas moche. Mais putain, ça crève les yeux que cette femme est simplement une salope parmi tant d’autres. Oui, pardon pour les mots crus. Mais là, il faut dire les choses comme elles sont ! Alors pour prouver cette théorie, Kai a eu cette idée de génie … Enfin, génie, autant qu’il l’est, imaginez donc le niveau. La suivre. Jusqu’à ce qui pourrait sans aucun doute être sa prochaine victime. Il lui suffirait de la prendre en photo en plein crime, la main dans le sac … Ou dans un caleçon et hop ! Il aurait la preuve dont il avait besoin. Une simple photo à montrer à son ami et il le sauverait des griffes d’une cougar aux envies de sexe dans un ascenseur dignes des plus grands westerns.

Un coup d’œil. Elle est toujours là, à marcher sur le trottoir. Kai entreprend de changer de mur, il sort de sa cachette, avance de quelques pas en vitesse avant de se planquer contre un mur dans un nouvel angle d’immeubles. Ouf. C’est beaucoup plus difficile que ce qu’on pourrait penser. Une main dans la poche de jean. C’est bon, le téléphone est prêt pour prendre la photo qui fera tout basculer. Un nouveau coup d’œil pour vérifier que sa cible est toujours là et … merde ! Elle est où ? Arizona ? Youhou ? Où te caches-tu ? Coup de panique. Kai sort de sa cachette pour tenter d’apercevoir celle qu’il suit mais rien … Il ne la voit pas. Il ne l’aperçoit pas. Il était pourtant certain qu’une seconde auparavant elle était là, quelque part. Il venait de perdre sa trace. Et merde ! Merde, merde et encore merde !

Ah ! Mon dieu ! Non ! Kai lève les bras en l’air quasi immédiatement quand il sent que quelqu’un encercle son cou … Passage obligatoire pour l’air et donc pour respirer et vivre, on ne joue pas avec les cous des gens ! Non mais ! Ne vous as-t-on jamais rien appris ? Inadmissible ! Un moment de panique sans aucuns doutes, il reste avec les bras en l’air. Comme un gamin qu’on vient de prendre en flagrant délit au moment où il mange le dessert au chocolat quand il est privé de dessert … Le même air coupable sur la tronche. *Mais dans quel merdier est ce que je viens de me foutre ?* Simple pensée. Il commence à bafouiller. « Ben … Euh … » Oui. Non. Pas crédible. On respire. On se reprend. Après quelques secondes de panique, il n’a pas fait pipi dans son caleçon, mais cela ne saurait tarder, Kai arrive enfin à aligner quelques mots compréhensibles par le commun des mortels. « Je ne suis personne moi voyons. » On tente l’air innocent. Moi ? Faire une telle chose ? Jamais de la vie ! Je ne suis pas un obsédé sexuel aussi virulent pour agir ainsi. Mais est-ce vraiment crédible quand on l’aperçoit faire ses sauts ridicules à chaque coin de rue ? « Je me balade simplement, décontracté, sans aucune arrière-pensée et … » Il se rend compte qu’il commence à se justifier, un peu trop.

D’un coup d’un seul Kai se tait. Il ne parle plus. Et là, pour quelle raison, nous l’ignorons, un coup de génie vient le frapper de plein fouet. Mais oui ! Voilà comment il va pouvoir se sortir de ce mauvais pas ! Tout doucement, il se retourne, sans pour autant faire de mouvements brusques. Il tente simplement de se retrouver face à face avec Arizona … La salo… Bref vous avez compris. Un sourire sur les lèvres, le plus charmeur possible, il sait qu’il n’est pas moche, autant l’utiliser. « Okay, j’avoue tout. » Il baisse les bras et enfouit ses mains dans les poches avant d’avouer sur un air de confidences. « Je te trouve magnifique et je ne savais pas comment t’aborder. » Bonjour, moi c’est Kai, dragueur en chef, enchanté. Tu veux mon numéro ? On va dans un coin et on Ken ? Merci, au revoir. Il observe le visage de la sexy agent du FBI pour guetter une quelconque réaction. Alors beauté ?

Et merde ! Kai écarquille les yeux. Ça, ce n’était pas du tout dans son plan qu’elle sache qui il est. C’était fini pour sa couverture. Il n’avait aucune chance de se faire passer pour quelqu’un d’autre maintenant. Putain Felix, tu ne pouvais pas aller baiser ailleurs que devant des photos de nous ? Merci la discrétion. Alors Kai ne répond pas tout de suite. Tentant d’abord de réfléchir, de trouver un plan B mais absolument rien n’arriva à atteindre son cerveau. Bon. Maintenant qu’il était dans l’embarras, autant y aller jusqu’au bout. « Je sais très bien qui tu es et ce que tu fais. » Enfin, à part le prénom et qu’elle fait partie du FBI, il ne sait rien de plus, mais ça, elle n’est pas obligée de le savoir. Moins elle en sait et mieux ce sera. « Il ne m’a rien demandé. » C’était la vérité, le jeune Norton était ici de son plein gré, de son propre chef. Son meilleur ami n’avait rien à voir là-dedans. Il ne lui avait rien demandé, même s’il aurait probablement dû … La méfiance, avec une femme, c’est toujours utile. Voir même une nécessité. Dixit l’homme qui a déjà trompé plus d’une fois les femmes qui l’ont aimé. Quel paradoxe !

Une respiration forte. Kai décide de jouer carte sur table. Il prend son téléphone, enclenche l’enregistreur audio et glisse le smartphone dans sa poche avant de reposer son attention sur l’agent fédéral. Il était certain que cette manipulation l’aiderait à récupérer la preuve dont il avait besoin. « Je sais que tu fais semblant avec Felix. » Il commence doucement d’abord. « Que tu cherches quelque chose en couchant avec lui, je ne sais pas ce que tu cherches, mais tu l’achètes par le sexe. » Kai plisse les yeux. En réfléchissant un peu mieux, il pourrait vite comprendre que son meilleur ami n’a absolument rien qui pourrait intéresser l’agent du FBI, mais ça, ce serait trop réfléchir pour lui. Il croise les bras et ne perds pas une seconde le regard d’Arizona des yeux. « Alors tu joues à quoi avec lui ? Il fait partit des nombreuses conquêtes de salope que tu entretiens pour le travail ? » Il attaque. Il attaque car il sait que c’est la meilleure des défenses et probablement le moyen le plus efficace pour obtenir des renseignements.

Kai ne répond pas. Après tout, qu’est-ce que ça peut lui foutre de savoir comment il sait à quoi elle ressemble ? Il a des sources. Et il n’a aucun besoin de les partager et sûrement pas avec sa cible, sa victime, sa … Il ne sait même pas comment décrire la situation. C’est lui l’espion ! C’est lui qui doit sauter dans la rue et jouer des stratagèmes les plus sophistiqués pour attraper des preuves. Shit alors ! Il préfère rester muet sur la question. Elle croise les bras, Kai le remarque, mais il ne se laisse pas démonter pour autant et entre directement en confrontation avec Arizona. Il a besoin de la mettre en rogne pour avoir ce qu’il veut. Et étrangement, avec le peu d’informations qu’il possède, il était quasiment certain que la seule solution pour lui était de faire sortir Arizona de sa zone de confort. De toute façon, soyons franc, Kai n’a aucune autre idée sur la façon de faire.

Elle s’énerve et un sourire en coin illumine le visage de Kai. Parfait ! Il avait justement besoin de ça. « Ouais tu fais semblant. » Dit-il simplement, comme si cela paraissait logique. Il avait besoin qu’elle s’énerve encore, davantage, pour avoir les informations qu’il voulait. L’enregistreur audio toujours en fonction dans sa poche, il évita de réfléchir pour affronter Arizona. Il fait un pas en avant en direction de l’agent fédéral, la surplombant légèrement de par sa masse musculaire. « Je sais que tu l’utilises ! Je ne sais pas ce que tu cherches, ce dont tu as besoin, mais je sais que tu l’utilises ! » Il en était certain. Il ne lui manquait qu’une seule chose, la preuve. Pour faire ouvrir les yeux à Felix et lui montrer oh combien il se faisait manipuler par cette vieille garce. « Franchement, comment une vieille salope dans ton genre peut foutre avec un beau gosse comme lui ? Qu’est-ce que tu lui veux ? Tu joues ta pute ? Tu le baises bien et après il te file du fric ? » Il était cru. Un brin méchant. Mais il fallait bien ça pour la confrontation. « Tout ça pour de la bite ! » Il gueule à moitié sur Arizona. Sans forcément avoir une mauvaise intention. Et par conséquent, il s’énerve, instinctivement. Le ton monte. Et il n’était pas prêt de le baisser. Il le sentait. La vérité allait éclater. Ce n'était plus qu'une question de secondes dorénavant.

Elle répond. Et Kai savoure ce moment. Il était temps d’accélérer la cadence. Jusqu’où était-il prêt à aller pour prouver la mascarade dont elle fait preuve ? Pour son meilleur ami, il était capable de beaucoup de choses, voir quasiment de tout !  Du grand Kai se prépare. « Je n’ai aucune honte ! Je ne fais que révéler au grand public ta véritable identité ! Ton véritable but ! » Il recule d’un pas et écarte les bras comme pour montrer qu’il n’a rien à cacher à tous ces passants de la rue. Avec son sourire aux coins des lèvres. Ce sourire qui énerve tant. « Je ne suis pas une pute qui se fait payer pour baiser avec les plus jeunes que moi, j’en ai rien à foutre des autres. » Et il parle plus fort, comme pour prouver ses paroles. Alors on a peur de ce que les gens pensent madame ? On a du mal à avouer qu’on n’est pas assez bonne pour se faire baiser par des gens de son âge ? Un problème d’égo peut-être ? Ouh qu’il savoure le Kai. Car il a totalement confiance en sa capacité pour lui faire péter un plomb. Il finit par baisser les bras, sans retirer pour autant son petit sourire narquois.

A l’attaque ! Kai se rapproche d’Arizona rapidement. En faisant deux pas en avant et pour coller son visage à l’oreille de l’agent fédéral. « Alors quoi ? S’il ne te paye pas et s’il n’est pas ton indic c’est quoi la magouille dans l’histoire ? » Il marque un temps d’arrêt sans pour autant décoller son visage. Au contraire. Il la surplombe légèrement et utilise son avantage physique pour montrer sa présence. « C’est ton prof de sexe ? Il t’apprend à jouir, toi, la salope qui a couché un millier de fois probablement pour son métier. » Il sourit. Fier de lui. « T’es une belle pute, le genre qui se fait passer pour quelqu’un d’autre simplement pour aller se faire sauter dans tous les sens. C’est du beau. » Il pose une main sur la hanche d’Arizona, sans ménagement. Et continues. Plus doucement. « Tu dois être tellement en manque que je pourrai te prendre dans cette rue, après tout, t’aimes tellement qu’un homme te prenne par derrière. » Il va trop loin. Il le sait. Mais il le devait pour avoir la vérité. Pour l’entendre avouer. Il recule son visage mais ne détache pas sa main. Son corps toujours aussi près du sien. Il observe ses traits. A la recherche d’une réaction.