So pray for me brother I need redemption I'm just a man A man on a mission
Les coups, ils partaient comme des paroles qu’on ne peut retenir. Ils se déversaient comme une rage éternelle, comme le sort d’un prisonnier condamné à l’incertitude. Il avait vu l’horreur, Miles, il l’avait vue se dessiner au cœur d’un monde sans joie et sans couleur. Il savait que les coups, ils étaient toujours plus violents, toujours plus forts, comme pour essayer de sauver un souvenir qu’on aurait peur d’oublier. Il savait que jamais le monde ne s’arrête de tourner. Il continue dans sa course folle, il se perd au creux des miracles et des mensonges. Il se perd dans la bonté des Hommes et dans leur cruauté. C’était facile de voir à quoi ressemblait l’être humain, de nos jours. Il suffisait d’entrer dans son bar, à Miles, et on découvrait les différentes manières dont ils choisissaient de se battre dans l’arène. C’était ça, dont il s’agissait. Une véritable arène, un monde où personne ne pouvait faire quoi que soit d’autres, si ce n’est se battre.
Il s’est caché derrière une nouvelle vie, Miles. Il s’est caché dans un monde auquel il n’a jamais appartenu parce qu’il avait peur de se retrouver dans l’ancien. Il avait tout abandonné pour être là, dans ce bar où il ne savait plus vraiment qui il était. Où il avait perdu tout ce qu’il avait essayé de devenir, des années auparavant. Une bagarre venait de se déclencher dans le bar. C’était devenu son quotidien, maintenant. Les coups qui partent et les mots qui fusent. Les insultes qui brûlent et les poings qui arrachaient des promesses silencieuses. Le type, il s’était retrouvé avec une mâchoire cassé. L’autre type, il avait la main sur son nez, visiblement cassé aussi. Il s’était mis en milieu, Miles, il avait essayé d’arrêter les coups, de les bloquer comme pour se rappeler d’une époque où il pouvait être un héros. Cette époque, elle avait disparue, derrière la fuite et derrière les non-dits. Il n’avait pas vraiment peur de perdre, pas vraiment peur de se tromper. Il faisait simplement ce qui était juste. Alors, quand il voit un flic arriver, il a l’impression à nouveau de ne pas être à sa place. Comme s’il était bloqué entre ce qu’il devait être et ce qu’il n’est plus. Il le regarde, les bras croisés, avant de s’avancer. Il connaissait la routine par cœur, c’était difficile de s’en défaire.
« J’suppose que je dois vous dire ce qui s’est passé, c’est ça ? »
Sujet: Re: adam&miles ✗ pray for me brother, I need redemption Sam 31 Déc 2016 - 7:03
Je ne le montre pas, mais je ne suis pas rassuré. Lorsqu'Adam m'annonçait qu'il désirait devenir policier, je croyais à un rêve infantile qui se dissiperait au fil des années. Lorsque le rêve à commencé à devenir réalité, les choses sont devenues plus compliquées. Il me raconte des histoires, de temps en temps. Pour m'amuser ou pour me divertir. Je ne sais pas trop, et pour tout dire, ça n'a pas vraiment d'importance. Je me contente de fumer ma pipe sur le porche, en attendant calmement que le lendemain arrive. Pour mon fils, il n'y a jamais de lendemain. Il n'y a que le présent. Il serait inutile de finir une visite sur de mauvais termes vu leur irrégularité et l'absence d'une garantie qu'il ne s'agira pas de la dernière.
Ce matin, il nous a raconté une nouvelle histoire. C'est rarement la même deux fois, avec lui. Et en même temps, c'est toujours la même chose. Des types cons, des types dangereux. Des types qui se prennent pour les rois du monde et qui le méprisent pour ce qu'il représente, et pour l'arme qu'il porte sur le flanc. Pour eux, ce n'est pas Adam Renfield : pour eux, c'est un simple flic. Un simple flic qui ferait mieux de coffrer tous les arabes plutôt que de s'en prendre à eux, fiers citoyens Américains. Ils n'ont pas tort. Cela fait des années que j'ai arrêté d'essayer de le faire comprendre à Adam. Il ne veut pas comprendre qu'il n'a pas besoin de toujours se lancer dans le feu de l'action. Il refuse de comprendre que certains combats ne valent pas la peine d'être battus tandis que d'autres ne sont pas assez défendus. Il ne cherche pas à nous protéger des menaces venues de dehors. Il croit nous protéger de nous-mêmes.
Ce soir là, il était en mission. Le LAPD avait reçu un appel concernant des cris dans le quartier, ainsi que des bruits de verre cassé. Ayant été en patrouille dans un quartier voisin, ce fut à lui que la tâche d'aller jeter un oeil sur la perturbation fut remise. Son costume exhibait fièrement son allégeance au LAPD, cette machine infernale qui se nourrit avec l'avenir de notre jeunesse. 203 officiers sont morts, ici. Le 204ème n'est jamais loin. Ce soir là, il s'était garé près du bar d'où provenait la commotion. De l'extérieur, tout semblait plutôt calme, au départ. Il était sorti de la voiture, avait pris soin de bien la verrouiller, puis s'était dirigé vers le commerce. Il était environ une heure du matin. Je trouve ça un peu tôt pour se retrouver dans de tels états. Parfois, j'oublie à quel point les temps ont changé.
Je ne sais pas vraiment pourquoi il nous a raconté cette histoire. Je me demande s'il voit les frissons qui parcourent le corps de sa mère à chaque nouvelle histoire, ainsi que les poils qui se hérissent sur mes avants-bras. Selon les histoires, nos réactions diffèrent. Celle de ce matin était relativement basique, compte tenu des autres. Désarmé, le revolver toujours dans la ceinture, il s'était introduit dans le bâtiment afin d'adresser l'altercation en personne. Histoire de s'assurer que personne ne commettrait l'irréparable. À sa place, je les aurais laissé se taper dessus comme des hommes – les deux méritaient probablement tout ce qu'ils auraient eu. Adam n'est pas moi. Parfois, je me demande comment il fait pour être aussi différent de Rosa et moi.
Toujours est-il qu'il est entré dans le bar. Il a balayé la salle du regard assez rapidement, comme on lui a toujours appris à faire, afin de mesurer l'ampleur des risques et de prendre en considération tous les facteurs essentiels. Son regard s'est posé sur les trois individus qui semblaient en plein duel avant que l'un d'entre eux ne lui adresse la parole. Visiblement, le jeu s'était déjà calmé avant son arrivée. À ce moment là, mon regard a croisé celui de Rosa. Le soulagement que je lisais dans son regard traduisait celui au fond de mes pensées. On a signalé des bruits perturbateurs à cette adresse. Je suppose que vous êtes le propriétaire ? sont les paroles qu'il a répondu à l'homme. Rien qu'à la façon dont il les a reportées, je pouvais imaginer son regard au moment même où il les avait prononcées. Il a toujours eu des yeux particulièrement froids – une particularité qui s'était révélée comme étant à la fois un atout et une faiblesse dans sa ligne de métier.
Invité
and all the devils are here
Sujet: Re: adam&miles ✗ pray for me brother, I need redemption Ven 20 Jan 2017 - 14:25
Take a look in the mirror and what do you see. Do you see it clearer or are you deceived in what you believe ? Cause I'm only human after all, you're only human after all, don't put the blame on me.
⌁ ⌁ ⌁
« On a signalé des bruits perturbateurs à cette adresse. Je suppose que vous êtes le propriétaire ? » Il avait tout quitté pour un bar, Miles. Tout quitté pour oublier un passé dont il avait honte, dont il avait un peu peur, aussi. Il s’était habitué aux mots qui se perdent et aux promesses qu’on ne peut pas tenir. Il avait menti, parce que le mensonge, c’était ça, le plus facile. Sourire de plus en plus faux, de plus en plus difficile à simuler. Illusions qui parvenaient à peine à cacher ses regrets. Il avait fui, Miles. Peu importe à quel point il aurait aimé être un héros, il était parti. Comme tous les autres. Il aurait aimé se croire plus fort. Invincible, en quelques sortes. Comme si le monde matériel arrivait à peine à le toucher. Sauf qu’on réussit rarement à être aussi fort que dans nos rêves. Simulacres qu’il avait choisi de garder auprès de lui, comme pour se dire qu’un jour, il avait essayé de se battre aussi. Puis il était tombé. Soldat qui n’avait pas la force de porter ses propres armes.
« Ouais. » Il regarde autour de lui. La vie continuait. Le monde ne s’arrêtait pas de tourner. D’autres flics finissaient par prendre la place qu’il s’était battu à avoir. Course folle qui ne s’arrêtait pour rien, même pas la mort. Il regarde le policier, il croise ses bras. Un peu comme pour essayer de se rappeler de ce que ça faisait, d’avoir du courage. « J’pense que c’est évident, non ? Ils étaient bourrés. Ils ont commencés à se foutre coup après coup, alors j’suis intervenu. » Traits fatigués, désabusés. C’était censé être une ville de rêves, Los Angeles. Mais pour la plupart des gens, elle n’était devenue que le symbole de leurs rêves perdus, envolés. Ceux qui s’étaient perdus dans la cité des anges sans vraiment pouvoir en revenir. Ceux qui se levaient tous les jours en se demandant comment est-ce qu’ils allaient affronter le reste du monde. Il se met à regarder dans le vide, Miles, comme s’ils pouvaient trouver une réponse caché dans la lumière blanchâtre des lampadaires, dans les visages sans nom qui se perdent au milieu de la foule. Sauf que comme toujours, il ne trouvait rien, si ce n’est son propre reflet. « C’est souvent comme ça, hein ? » Les poings au lieu des mots. Lui aussi il avait laissé parler sa colère, parce que c’était plus simple, plus facile. Il ne valait pas mieux que ceux qui se cachaient derrière de bonnes intentions pour justifier leurs mensonges. Il ne valait pas mieux que ceux qui saignaient encore sur le bord d’une ambulance. Les choses ne changeaient jamais vraiment. Peut-être que pour Adam aussi, le monde était devenu si froid que son sourire, il avait dû l’effacer de son propre visage. « ça m’étonnerait que ça change du jour au lendemain. »