Il me propose une cigarette. J’en attrape une. Je l’allume. Je tire dessus. Je fais du pied à Félix. Rire un peu. Voir sa réaction. Me confronter à lui. Je ris de plus bel lorsqu’il me désigna tout en employant le prénom de Kai. J’en profite pour me glisser dans la brèche. Instant jouissif. Imaginer Félix et Kai, bras dessus, bras dessous. Ensemble. Moment d’anthologie. « Je savais que tu préférais Kai ! Mais je te rassure ! Tu n’es pas mon genre ! Oh non ! T’es trop moche gars ! » Une mocheté relative. Une mocheté pas si moche que cela. Une mocheté potable. Une mocheté qui se regarde. J’observe mon ami. Pensif. Attitude inhabituelle. Silence. Je tente de calmer mon rire, mon ardeur. Un signe au serveur. Deux nouveaux cafés. Caféine. Nicotine. Savant mélange de lendemain de soirée. Mon jeune ami me fit sursauter lorsqu’il eut une fulgurance, comme lorsque l’on secoue généreusement une bouteille de coca-cola et qu’on la déleste de son bouchon. Il commença à avoir des résurgences de souvenirs. Des bribes. Je l’écoutai avec attention. Le serveur arriva avec ma commande. Je le remercie. Silence. Je prends le sachet de sucre, déchire son extrémité et déverse son contenu dans la tasse avant te touiller lentement. Je regard Félix et résume ses pensées : « Donc vous avez dansé, vous avez fait un remake de la guerre des étoiles, avant même qu’il te dise ‘je suis ton père’, tu as flairé une filouterie de sa part, tu l’as abandonné comme une pauvre merde, et pour soigner ta lame émoussée tu es retourné à la forge pour te requinquer un peu ! ». Silence. J’absorbai une gorgée de café. Je tirai une nouvelle fois sur ma clope et lui envoyai toute la fumée au visage : « Passionnant ! ». Ironie. Ennui mortel. Déception. Rien de croustillant en somme. Simple erreur de jugement.