Sujet: beauty behind the mask + harriet Mar 6 Sep 2016 - 14:15
beauty behind the mask ft harriet & aaron
Le bruit des verres en cristal qui s’entrechoquent et des rires qui s’entremêlent, des voix masculines qui tonnent et des violons qui romancent. Un sol marbré au reflet limpide, une tapisserie aux couleurs chatoyantes et aux détails si minutieux, des lustres si hauts et pourtant encore si imposants. Tant d’éléments qui, quelqu’ils soient, marquent parfaitement la distinction des propriétaires des lieux. Mais qui sont-elles donc, ces deux figures dont on entend parler depuis quelques semaines dans le Los Angeles d’en haut ? Ces deux visages qu’on entrevoit, mais avec lesquels on peut à peine espérer discuter. Si encore on était assuré de pouvoir les intéresser… Theresa et Georges Ambrose, héritiers d’une Angleterre novatrice et ancienne d’un siècle déjà, venus exposer leur richesse immaculée dans une mégapole qui, au moins, sait l'apprécier à sa juste valeur. Avec cet amour de l’argent et de la réussite, typiquement américain. Les Ambrose clament faire partie de cette noblesse réactive, ambitieuse et diplomate, enfin, c’est en tout cas ce qu’ils croient, dur comme fer, envers et contre tout.
Aaron n’a jamais profité des avantages d’une bonne naissance et pour cause, il a pointé le bout de son nez dans de vieux draps à peine plus propres que les serviettes usagées des Ambrose. A l’époque, son père débutait ses études en management ; quant à sa mère, elle disait adieu à un quelconque enseignement et saluait déjà une modeste carrière de serveuse pour s’occuper de sa propre mère, mourante, ainsi que de son nouveau-né. Rien ne fut aisé. La saveur de l’effort, la sensation des mains sales et l’odeur de l’échec, Aaron les a connues et en est ressorti chaque fois plus fort. Derrière l’objectif de son appareil photo, il capture les éclats de vie éphémères d’une classe sociale qu’il juge parfois d’ignorante, plus souvent d’hypocrite. Une haute société qu’il n’a jamais enviée mais qui possède l’argent que tout le monde désire, lui le premier. De ça jamais il ne se cachera, seulement il n’oubliera jamais de vanter son élévation. Celle du mérite, celle qui prend naissance en bas de l’échelle.
S’il est ce soir convié à titre professionnel, il a gravi les échelons, petit à petit, au point de côtoyer désormais quelques grands pontes culturels, voire politiques. Car tout est intimement relié, en fin de compte. Il reconnaît certains visages, dont celui du charismatique Lensie, comme toujours lumineux avec ses sourires de génie machiavélique. Qu’il s’agisse de ses sourires, de sa gestuelle ou de ses paroles, Aaron les soupçonne toujours d’être maîtrisés à la perfection. Autrement dit, non innés. Une attitude imitée de très près par celle qui l’accompagne et qu’il devine être sa femme. De grands airs distingués, pour ne pas dire hautains, sur une silhouette semble-t-il maigrichonne, en tout cas trop pour les penchants bien connus de l’artiste. Il la juge elle, secrètement, comme il juge toute cette foule environnante. Spectacle d’apparences qui tiennent au moins le mérite d’être esthétiques… Le grand brun n’aurait cessé sa flopée de prises si l’épouse Lensie, intuitive sur ce coup, n’avait pas décidé soudainement de poser ses yeux sur l’objectif, lui-même braqué sur elle. A cet instant et contrairement à ce que la bienséance aurait pu exiger, Aaron abaisse son appareil de plein gré pour la regarder, elle. Seulement elle, pendant de courtes secondes qui semblent s'éterniser. Qui peut bien se cacher sous ce voile au mystère trop grand, derrière ses yeux au reflet si terne ?
Teintes vermeilles sur les lippes, un sourire esquissé devant son propre reflet qu'elle contemplait avec minutie dans la glace accrochée au mur. Des mèches indociles qui s'échappaient des attaches disposées ici et là, elle tâtait son crâne de deux de ses doigts pour essayer de remettre en place ces rebelles agaçants. Si cela ne tenait qu'à elle, elle aurait baladé ses paumes dans l'un des tiroirs de la salle de bain afin de s'emparer des ciseaux pour couper de façon maladroite les boucles insoumises. Malheureusement (ou fort heureusement, selon les points de vue), l'image se devait d'être entretenue et peu auraient apprécié l'harmonie malavisée résultant d'une expérience téméraire et irréfléchie. Un soupir, ce tantième qu'elle laissa s'échapper par contrariété, elle porta ses mains au niveau des élastiques, barrettes et autres instruments de torture qui maintenaient la crinière afin de s'en débarrasser. Les reposant sur la commode, elle riva ses yeux d'une œillade expéditive vers les aiguilles de la pendule perchée au mur. Tic, tic, tic. Si elle avait décroché son regard, le fredonnement des secondes qui passaient les unes après les autres la faisait grincer des dents. Harriet, un rien pouvait l'embêter et il était chose commune que de l'apercevoir, visage figé dans des traits tendus et contrariés, adouci par un sourire que l'on croyait franc mais vraisemblablement enduit d'artifices et de perfidies. Les sourcils froncés, elle laissa ses cheveux suivre les courbes de ses omoplates et de ses épaules, quitta la pièce avant même que le Lensie ne lui fasse remarquer que l'heure tournait et qu'il serait égrillard et grivois d'arriver ne serait-ce qu'avec quelques minutes de retard.
Harriet venait de ces banlieues qui avaient tout, ou presque, à envier des grandes villes. Elle se souvenait d'une Autriche au développement pataud et stagnant, de ces mornes allées aux couleurs ternes et sinistres. Pourtant, ici et là venaient s'ajouter les architectures étudiées, façonnées et sophistiquées et combien de fois s'était elle imaginée, l'insignifiante enfant, Madame de ces hauts lieux ? Mais les espérances avaient été bien trop grandes et la réalité, bien trop en retrait par rapport à ce qu'elle avait esquissé dans son esprit. A l'époque candide, elle avait cru que l'abondance à elle seule pouvait lui permettre de s'épanouir comme les souveraines de contes. Le seul problème étant que dans ces histoires-ci, on ne racontait que les bons côtés et on ne prenait pas la peine de grattouiller la surface plus obombre. Trimballée comme le vulgaire accessoire qu'elle pensait représenter aux côtés d'Edward, elle peignait un sourire bien élevé sur ses lèvres et se contentait d'écouter, d'acquiescer puis de répondre quand on prenait la peine de la remarquer. Ambrose ou les figures d'une gentry distinguée. Un patronyme avec lequel elle était parvenue à associer méfaits et bienfaits, faussetés et vérités, elle se trouvait là dans un troupeau où on raffolait d'une l'hypocrisie constante, d'une mascarade épuisante. Elle retint un soupir, coincé dans la gorge quand elle croisa le flash d'une appareil photo. Un sourcil arqué, elle avait daigné regarder un peu à sa gauche, puis à sa droite, comme pour voir s'il était braqué sur elle ou quelqu'un d'autre. Quand elle découvrit la réponse, instinctivement, elle eut cet air inquisiteur. Presque enjoué. Bien plus doux que ce qu'elle avait durant les instants précédents. Elle se permit de toiser l'homme quelques mètres plus loin qui semblait suivre ce même procédé. Elle ne pensait pas le connaître, ou peut-être l'avait elle déjà bousculer de façon nonchalante dans les avenues de Los Angeles ? Les faciès, elle en voyait des centaines, aussi bien morts que vivants, et beaucoup d'entre eux ne signifiaient rien pour qu'elle puisse se les remémorer aisément. Un regard vers l'époux, deux, trois mots soufflés sans même lui laisser le temps de rétorquer quoique ce soit, elle s'échappa dans le but de s'approcher de cet étranger qui ne lui semblait pas si méconnu. Arrêtant d'un geste de la main un serveur aux coupes pleines de champagne, elle en saisit une et remercia le subalterne qu'elle chassa tout aussi rapidement en souriant. En se tournant à nouveau vers le photographe, elle supprima le peu de distance qu'il y avait entre eux, pas trop proche, ni trop loin, assez pour pouvoir communiquer. « Là, c'est mon plus beau profil. » qu'elle énonça en tournant doucettement le menton vers la gauche, le verre de champagne s'approchant de ses propres lèvres sans qu'elle n'en savoure une goutte. « Ou comme ça ! » Et Dieu savait que peu avaient l'opportunité de la voir ainsi, l'habituée de la pokerface et de l'expression fignolée. Un rire qu'elle étouffa en voyant les visages par-dessus l'épaule de l'homme, elle se racla la gorge. « Harriet. » qu'elle lança pour se présenter, persuadée du fait qu'on la connaissait plutôt comme étant la femme de.
Sujet: Re: beauty behind the mask + harriet Mer 14 Sep 2016 - 17:19
Il aurait pu sourire, en voyant cette femme épier à sa droite puis à sa gauche, comme pour se convaincre de quelque chose de pourtant… évident. Mais il n’en fait rien, s’interrogeant seulement sur ce qui peut bien lui traverser l’esprit à cet instant précis. A-t-elle cette pensée, étrange mais touchante, que ce regard soit adressé à quelqu’un d’autre qu’elle ? N’a-t-elle pas l’habitude qu’on la regarde, elle, la femme de cet homme clinquant, au beau milieu d’une foule ? Est-ce si présumable que cela en devient de fait absurde ? Y a-t-il surprise à découvrir sous ce masque sévère et orné d’artifices ?
L’un et l’autre se dévisagent, d’une façon différente certes, mais avec le même degré d’intérêt, à n’en pas douter. Aaron n’a pas le temps de songer à reprendre ses fonctions qu’il la voit déjà adresser quelques mots à son voisin, s’avérant aussi être son époux. A vrai dire, il ne s’attendait pas à cela. Ni à voir chez elle cet élan de vivacité, ni à voir sa silhouette se rapprocher de lui avec cette allure… à la fois souveraine et désinvolte. Le photographe peine à décrocher ses yeux d’elle ; seul Edward Lensie, en pleine discussion engagée, gagne de sa part un discret coup d’oeil avant qu’elle n’arrive auprès de lui. Sans timidité aucune, elle prend la parole. Il la regarde à nouveau, inévitablement, et se surprend à lui trouver un enthousiasme inédit. Un qu’il n’aurait jamais pensé voir surgir. Un qui rend soudainement toute la beauté à cette femme mondaine qu’il pensait perdue. Mais si la distinguée Lensie s’autorise à jouer avec lui sans le connaître, alors Aaron a encore tout le loisir de se tromper à son sujet, n’est-ce pas ?
Comme tout photographe qui se respecte, l’envie de capturer ce beau moment lui prend aux tripes. Elle qui prend la pose, lui qui se pince la lèvre, son objectif de nouveau braqué sur elle pour sauvegarder cet instant nature. Cela pourrait sembler banal, mais c’en est pourtant bien éloigné ; Aaron en a conscience. La voici qui se permet un rire, en fin de compte. Un qui semble aussi lumineux qu’inattendu aux yeux du photographe, et d’ailleurs, il ne peut s’empêcher de le lui rendre. Viennent aussitôt les présentations. “Aaron” répond-il à son tour, lui offrant un sourire des plus sincères. “Enchanté, vraiment. Je n’aurais jamais pensé avoir des grimaces à offrir au L.A. Times.” De quoi décomplexer un tant soit peu le peuple angelin qui n’a pas le chance d’assister à de tels événements ; “qui l’aurait cru, les riches savent aussi faire des grimaces !” est un gros titre qu’imagine Aaron avec un franc enthousiasme. Néanmoins, il s’agit bien d’une plaisanterie et Harriet s’en doutera si elle ne manque pas de clairvoyance. En la confrontant davantage à un humour bien différent de celui qui résonne faussement dans cette grande salle de réception, le trentenaire n’a d’autre but que celui de la voir rire. “Je vous préviens, il faudra me donner beaucoup en échange pour que j’accepte de supprimer ces preuves.” Ajoute-t-il, en agitant son appareil. A l‘intérieur se trouvent effectivement les preuves qu’elle s’ennuyait, avant de croiser son regard.
Invité
and all the devils are here
Sujet: Re: beauty behind the mask + harriet Dim 18 Sep 2016 - 16:13
Harriet savait apprécier la beauté des choses. Et si elle n'avait que peu de temps pour se plonger dans des hobbies qu'elle préférait laisser de côté, il n'était pas gardé secret le fait qu'elle affectionnait l'art et ses dérivées. L'objectif capturant son attention, étonnée d'être la figure prise pour modèle le temps d'une poignée de clichés, surprise qu'on puisse, elle, la distinguer au sein d'une foule d'impériaux présomptueux et impertinents. Elle avait pensé être la souris indétectable, l'ombre derrière les grandes statures enviables. Celle qui d'habitude n'intéressait pas lors d'événements aussi glorieux ne pouvait être qu'enchantée d'attiser la curiosité du photographe qui avait abaissé son appareil photo. Harri n'avait pas hésité à s'avancer après avoir soufflé quelques mots à son mari, ne permettant pas à ce dernier de rétorquer sa décision dans un regard qu'il aurait été capable de lui lancer, s'étant détachée de son bras dès la lexie achevée. S'il était d'usage qu'elle s'ennuie durant ces soirées de flagrantes illusions aveuglant la roture jalouse des potentats, elle n'allait pas laisser filer cette chance qui pouvait la délivrer d'un inconfort certain. La coupe cristalline entre les doigts, elle avait tenté de ne pas apparaître sous l'inabordable Lensie dont elle en donnait l'image, perforant l'atmosphère déguisée de boniments et duplicités par une authenticité fragile. La grimace peinte sur ses traits, il n'était que trop peu commun d'assister à ces instants où Harriet se donnait le droit de sortir des sentiers astiqués, offrant ainsi un tempérament qui se voulait moins impitoyable. « Enchantée de même, Aaron. » qu'elle répondit dans un sourire, amusée par la remarque glissée dans la foulée. Elle faisait tournoyer le pétillant dans la coupe, sans grande envie de déguster ne serait-ce que quelques gouttes du breuvage qu'elle trouvait bien trop fade compte tenu de ses goûts et préférences. Scrutant le faciès face au sien, elle avait l'impression intrigante de l'avoir déjà croisé, d'avoir déjà contemplé une trogne semblable à la sienne. Où ? était l'interrogation qui résonnait dans son essence, une question qu'elle encoffra dans le fond de sa gorge car son interlocuteur ne semblait pas, à première vue, avoir le même ressenti. « C'est que tout le monde vous envierait avec cette photo des plus élégantes, » qu'elle dit en accentuant sur les deux derniers mots, « vous êtes bien là le seul à avoir eu l'occasion de capturer... ça. » En jetant un coup d'œil hâtif aux alentours, groupuscules qui s'étaient formés et dont les bavardages ne quittaient pas les cercles fermés, elle pouvait voir les allures insincères, les rires prétendus qui la faisaient normalement grincer des dents quand elle devait être de ces individus-ci. Là, elle n'avait que de la peine pour ceux qui s'étaient parés d'un masque de superficialité, et était bien contente de ne pas avoir, du moins ce soir, à agir de façon équivalente. La mine un brin étonnée mais le sourire taillé dans l'amusement, elle dessina ses traits d'un air faussement hautain. « Est-ce là une tentative d'intimidation que j'entends ? » qu'elle énonça d'une voix désagréable comme elle avait l'habitude de les entendre chez ces grandes dames, l'intonation faussée par un sourire au bord des lèvres qu'elle peinait à dissimuler. « Sachez que nous, nous ne cédons pas au chantage des profiteurs comme vous ! » Et elle fit tomber la fausseté dans cette assurance taquine qu'elle exposa, aussi bien sur son expression que dans ses yeux. « Mais je peux quand même vous offrir une coupe de champagne si vous voulez. Et attention, pas n'importe quelle coupe, mais la mienne ! » fit-elle en lui tendant le verre qu'elle n'avait saisi que pour prendre la pose. « En espérant que cela suffira pour combler vos attentes ! » Une pause courte qu'elle marqua avant de reprendre. « Et pour que jamais les photos où j'ai l'air de m'ennuyer à mourir ne soient dévoilées... »
Sujet: Re: beauty behind the mask + harriet Ven 23 Sep 2016 - 23:06
Harriet est “enchantée”, et Aaron veut bien la croire. Il faudrait être mauvaise langue pour accuser l’épouse Lensie d’hypocrisie sur ces quelques mots, quand bien même ce doit être l’un de ses langages habituels. Mais en l’occurrence, elle n’est pas avec tous ces hommes mondains qu’il faudrait impressionner et cela, elle doit en avoir conscience. Lui en tout cas le sent à son enthousiasme fourmillant et l’entend à son élocution apaisée. Si certains se seraient offusqués devant tant de naturel, lui apprécie cette détente à sa juste valeur ; une qu’il doit être bien rare à observer. Qui est-elle vraiment ? Doit-il continuer à s’interroger sur sa personne ou juste profiter de cette décontraction, sans aller chercher plus loin ? Aaron est un homme de cœur qui craint toujours les revers - raison pour laquelle il s’interdit souvent de laisser ses sentiments prendre trop d’ampleur. Il y a des terrains sur lesquels on est bien plus à l’aise que sur d’autres et ce, bien malgré nous. Lui se plaît la plupart du temps à affirmer son côté rationnel avec les gens, mais Harriet vient de lui donner quelque chose qu’il estime d’ores et déjà de rare, pour avoir côtoyé tant de fois ces soirées mondaines. Intérieurement, il se dit qu’elle doit faire partie de ces femmes que l’on aime avoir à son bras pour afficher une certaine réussite sociale. Celles auxquelles on apprend jeunes, bien trop jeunes, à sourire devant les objectifs de façon si peu spontanée. Parce que c’est dans la coutume de l’élite : honorer la bienséance au détriment de ses propres sentiments. Pour le photographe professionnel qu’il est, ces artifices sont évidemment d’une tristesse absolue, bien que sources d’élégance indéniables, et c’est bien un air navré qui se dessine d’abord sur son visage lorsqu’elle lui apprend n’avoir jamais présenté cette grimace à un autre photographe, quel qu'il soit. “Le seul à avoir capturé ça… Sous-entendu qu’il vous arrive vraiment de faire quelques grimaces chez vous ?” demande-t-il alors, sur un ton plaisantin, véritablement touché par cette confession qu’elle vient de lui faire. Si elle se montre honnête, Aaron quant à lui pousse un peu plus la taquinerie. Étrangement, il se sent pousser des ailes et par chance (si l’on peut appeler ça ainsi, quand on connaît la personnalité fort sociable du photographe), elle semble toujours plus réceptive, n’hésitant même pas à rentrer dans son petit jeu.
Il s’entend rire quand elle adopte ce ton de voix typiquement noble. Sans surprise, elle n’éprouve aucune difficulté avec cette imitation. “Je sais profiter des bonnes choses, assurément.” Par “bonnes choses”, il évoque sa présence à elle, son naturel un brin déconcertant… Parmi tant d’autres choses moins équivoques. S’il y a un terrain que le trentenaire connaît comme sa poche, c’est celui de la séduction. A l’aide de son sourire charmeur, le voilà qui poursuit : “J’ai bien d’autres moyens de gagner ma vie, si c’est à cela que vous faîtes référence.” Harriet Lensie n’a aucune fortune à envier ce soir, parmi tous ces individus présents, mais elle est peut-être loin de se douter qu’Aaron a déjà fait ses preuves dans le monde de la photographie. La valeur de ses biens en atteste sans aucun doute. Mais quoi qu’il en soit, l’heure n’est pas à savoir qui a la plus grande, plutôt à l’apprivoisement. Quand elle lui tend sa coupe de champagne, il décide de ne pas y toucher, quitte à vexer la dame. “Je vous la laisse. Vous en aurez plus besoin que moi.” Répond-il alors, une lueur complice dans les iris. C’est surtout une question de professionnalisme ; Aaron sait qu’il n’est pas là pour boire, uniquement pour accomplir son devoir. Écartant un moment son regard sur le mari de Harriet, en pleine discussion, il ajoute : “Je n’ai pas eu le temps de vous prendre en photo tout à l’heure, à vrai dire c’est vous qui m’avez pris de court.” Il murmure presque, repensant à ce moment où elle a soutenu son regard. Un instant plus tard, il va retrouver les prunelles sombres de la jeune femme et les fixe un moment, avant de reprendre la parole. “Vous êtes venue me voir seulement pour me demander de ne pas afficher votre triste mine ? Vous savez, j’ai des directives. Plus ou moins claires, certes… Mais personne ne doit avoir l’air de s’ennuyer, sur le papier. Après tout, qui oserait vouloir être ailleurs qu’ici, au beau milieu de tout ce luxe ?” Aaron esquisse un faible sourire, sans la quitter du regard. “Sachez en tout cas que je conserverai cette photo où vous grimacez dans mes archives personnelles. De ça, vous pouvez en être sûre.” Une promesse qu’il lui adresse, en quelque sorte, et il est déjà persuadé qu’il la tiendra. Son sourire, pourtant espiègle, dénote une sincérité qu’elle ne saura peut-être pas voir mais qui pourtant ne trompe pas.
Invité
and all the devils are here
Sujet: Re: beauty behind the mask + harriet Ven 11 Nov 2016 - 18:47
Elle avait cette habitude à observer, à analyser. De gauche à droite, ses iris n'arrêtaient pas de sillonner un horizon aux carrures élégantes. Elle tentait, parfois, de s'accrocher à la concentration qu'on lui connaissait seulement dans son domaine professionnel, le reste du temps à s'égarer, à ne pas se focaliser sur une seule et même tâche. Elle écoutait, elle tendait l'oreille, ici et là, à assimiler des discussions qui n'étaient pas siennes, à se mêler de choses qui ne la regardaient pas. Une curiosité, l'insatiable envie de connaître, de savoir et d'utiliser dans des futurs plus ou moins lointains ces informations qu'elle avait attrapé dans la volée. Manipulatrice, ou l'égoïste indifférente aux sorts des autres tant que le sien restait triomphal et sans embûches. Ces dernières, pourtant maints et considérables, s'estompaient sous les supercheries, dans des intimidations mêlées aux corruptions dont elle essayait de se détacher. Mais à chaque fois que l'idée de devenir meilleur lui traversait l'esprit, il y avait cette obligation de se sortir d'un pétrin, un énième. « Évidemment. Qui ne s'amuse pas, parfois, à se regarder dans un miroir et faire des têtes étranges ? » qu'elle questionna à son tour, comme surprise que cela ne soit peut-être pas une pratique courante. Et pourtant, elle était de ceux à, parfois, tourner la tête vers son reflet et tenter des mimiques disgracieuses. Et peut-être était elle la seule à agir de cette façon. « Mais tout ça, à l'abri des regards indiscrets. Ou presque. » Néanmoins, il n'y avait pas que le miroir qui avait cette attention toute particulière. Le téléphone d'Harriet pouvait de temps à autres être rempli de clichés qui valaient le détour mais qu'elle, comme toute personne sensée, gardait dans des dossiers dont personne n'avait accès. Elle n'avait pas besoin de voir sur les lèvres de ses employés, la raillerie taquine de ceux qui pensaient être assez proches d'elle pour jouer d'une moquerie qu'elle ne digérait venant d'eux.
Un refus, elle garda alors la coupe de pétillant entre ses doigts. Haussement des épaules quand il déclina l'offre, elle la porte à ses lèvres et en but une gorgée. « Vous savez profiter des bonnes choses... » Elle marqua une pause, fit tournoyer le breuvage dans le cristallin, regardant les petites bulles qui s'étaient formées. « Mais pas assez pour profiter d'un petit verre en ma compagnie. » Elle aurait pu marquer l'indifférence sur ses traits, auraient pu agir avec cette condescendance qui la caractérisait et dont les autres aimaient la décrire. Pourtant, ce n'était qu'une moue légère qu'elle dessina, mêlée à un artifice qui pouvait être déroutant. On ne pouvait pas réellement savoir si la sincérité avait façonné l'expression, ou si c'était encore une fois la taquinerie qui prenait le dessus. Mais Harriet, elle se plaisait à laisser le doute subsister, à garder dans le vague ceux à qui elle s'adressait. « Mh, de toute façon ce n'est pas comme si j'étais très photogénique. » Car elle était toujours dans l'exagération quand elle se savait l'objectif braqué sur elle. Des sourires forcés, des postures peu naturelles qui montraient la préparation derrière la photographie. Souvent, se trouvant trop banale, trop commune sur les portraits pris sans qu'elle ne s'en rende compte, certains y voyaient un charme. Elle, trop aveugle pour discerner un glamour dont la définition lui était différente par rapport aux autres, était de ceux qui demandaient la suppression des clichés pris sur le vif. Aux dernière réflexion qu'il énonça, c'est avec n sourire empli de malice qu'elle se positionna à côté du photographe et d'un geste de la main en tendant son bras, désigna cette foule élitiste. « C'est vrai, qui n'envierait pas cette atmosphère ? » Une gorgée, une énième, elle se racla la gorge. « Ces hommes et ces femmes, si honnêtes et sincères quand ils se revoient après quelques mois. » Elle riva son regard sur les groupes formés, sur ces gens qui ne faisaient aucunement attention au monde réel qu'ils ne voulaient plus jamais côtoyé. « Qui se demandent, les uns aux autres, comment ils vont, dans l'intonation bienveillante et inquiète. » L'ironie. Encore cette même espièglerie. « Alors qu'en réalité, ils se sont déjà tués des centaines de fois dans leurs pensées tellement ils s'agacent mutuellement. » Un léger coup de coude complice qui vint accompagner ses propos, elle reprit. « Vous la conservez pour mieux l'utiliser plus tard, quand je m'y attendrai le moins, c'est ça ? Je vois clair dans vot' petit jeu !» qu'elle énonça, comme si elle se sentait menacée par l'image qu'il avait pu capturer, comme si elle savait que certains en étaient capables bien que lui paraissait de confiance. « M'enfin, si je vous fais du tort un jour, vous savez que vous avez de quoi vous venger. » Un regard en coin. « Même si ce n'est pas dans mon attention de vous nuire, évidemment. »
Sujet: Re: beauty behind the mask + harriet Sam 3 Déc 2016 - 11:33
Il a pourtant l’habitude de fréquenter cette société, élevée aux rangs les plus hauts. Il connait le caractère éphémère de tous ces artifices, de tous ces sourires que l’on pourrait croire sincères, si l’on n’y connaissait rien en la matière. En réalité, c’est froid, presque glacial. Des contacts que l’on ne recherchent pas pour leur tiédeur mais plus pour ce qu’ils pourraient nous rapporter. Dans ce beau subterfuge bourré d’exubérance, Aaron n’est certainement pas le plus malaisé. Son expérience dans ce milieu lui a fait comprendre que derrière ces façades comédiennes, se cachent des personnalités la plupart du temps ordinaires, tristement marquées par les déboires de la notoriété imbue, celle que l’on recherche parfois, celle que l’on se voit imposée souvent.
Harriet Lensie, ordinaire ? Elle l’était, avant qu’il ne croise son regard et qu’il y voit quelque chose de particulier, d’invisible à toute autre personne que lui. Une lueur inattendue, dans ces yeux de biche ennuyée par toutes ces mondanités. Et il faudrait être fou pour ne pas s’y accrocher. Aaron Campbell, amoureux de ces détails qui signifient tant, et surtout amoureux des femmes aux grands mystères, celles qui donnent de leur être sans même le savoir. Quiconque lui a légué ce don de perception a fait de lui un homme bien plus sensible que l’on pourrait le croire.
Ce verre qu’il lui refuse gagne en attrait, aussitôt l’invitation déclinée. Il en regarde une dernière fois le contenu, apporté très vite aux lèvres de la brune toute en beauté, quoique désappointée. “Croyez-moi, le verre porte bien peu d’intérêt à mes yeux, à côté de vous.” Ce qu’il s’autorise à dire, non sans un subtil regard, bien que peu équivoque, ne vient ni plus ni moins de son tempérament d’homme persuasif dont le meilleur des moyens sera toujours, selon lui, la séduction. Harriet, si agréable à regarder et si flatteuse de par sa présence, ne peut qu’inciter le photographe à user de ces bons procédés. “Le photographe a le pouvoir de rendre une personne photogénique. Et n’est pas photographe qui veut, il faut un regard particulier.” Un regard qu’il s’imagine porter sur elle, un instant, entre quatre murs blancs, sans personne d’autre qu’eux deux. Il a confiance en son talent, il a le sentiment de pouvoir capturer d’elle ce qu’elle ne soupçonnerait peut-être même pas.
Mais l’attention est bientôt portée sur toute cette foule pimpante, dont la jeune femme dresse un portrait fort vraisemblable. Son sarcasme fait sourire Aaron et nourrit son désir d’en connaître davantage sur elle, seulement elle. C’est comme s’il ne pouvait voir que la partie haute de l’iceberg et s’imaginer, non sans intrigue, les couleurs plus intenses de la partie immergée. Interceptant son regard en coin, il répond : “Et quelles sont vos intentions pour ce soir, alors ?” Il demande, taquin, avant de poser son regard sur un groupe à quelques mètres d’eux, dont les membres ne sont que prestige. L’appareil photo posté devant l’oeil, il fait une prise, deux prises, et reporte bientôt son attention sur celle qui l’accompagne toujours. “Votre époux ne préférerait pas vous avoir à ses côtés ? Ou peut-être ne vous en préoccupez-vous pas, de ces ordres.” Les mots sont forts. Le choix est aiguisé, audacieux. Ponctué d’un regard profond porté sur elle, sur ces gracieuses prunelles quelque peu distraites. Aaron ne connaît pas grand chose d’Edward ; le strict nécessaire et selon lui, c’est amplement suffisant.