Certaines histoires débutent à se trainer dans la boue, par des cris, des douleurs qui entrainent une colère noire, une haine sans égale et puis vous oubliez la noirceur pour la faire vôtre, se l’appropriant comme un poison, une drogue indivisible de votre âme pourrie jusqu’à la moelle. Edward Lensie a depuis longtemps troqué son innocence juvénile pour s’élever dans les rangs de la société. La misère, il l’a laissée derrière lui à Compton où il a vu le jour il y a 37 ans par une journée printanière un 23 avril. Les Lensie sont des américains  de la côte Ouest depuis des génération, mais l’épouse Lensie a entaché le tableau de son sang  écossais et de son tempérament fier.  Fortement influencé par le flegme britannique de sa mère, l’unique fils Lensie qui déteste qu’on l’affuble d’un quelconque surnom, a gravi les marches à une allure folle et a brillamment imposé ses qualités de meneur en développant The Lensie’s Casinos, dont il est propriétaire et qui abrite dans l’ombre ses sombres occupations de mafieux. Sa réussite questionne, provoque des jalousies maladives, suscite des convoitises, et ça lui plait. Edward est passé maitre dans l’art de dominer et d’écraser le monde de son charisme et sa poigne d’acier, qui lui a jadis permis d’obtenir brillamment son diplôme de l’UCLA dans le management. Lensie fait incontestablement tourner les têtes mais hétérosexuel,  il est damné par ses infidélités nombreuses et son statut d’homme marié ne fait que renforcer son tempérament de coureur. L’homme est un épicurien qui veut profiter de tous les plaisirs de la vie au grand dam de son épouse. Autrefois sans le sou, il fait maintenant  partie du milieu aisé où il s’épanouit comme un poisson dans l’eau. Armé d’un sourire hypocrite qui se veut rassurant, la manipulation dont il fait preuve n’a guère d’égale. D’un calme olympien dans la plupart des circonstances, mieux vaut éviter de le contrarier si vous ne voulez pas rejoindre le nombre incalculable de ceux qui ont disparu dans les limbes ou les abysses. Edward ne s’embarrasse de rien, il est égoïste et ne pense qu’à lui et ses propres intérêts. Il vit dans un monde d’apparences et ne connait pas la loyauté de loin ou de près. Malhonnête, menteur, il est plus facile de distinguer ses défauts que ses qualités, et pourtant on dit de lui qu’il est un jeune homme charmant qui a le sens des convenances, un vrai gentleman. S’il fait office de gendre idéal, Lensie ne se laisse pas malmener par les émotions. Il est peu expansif et se perçoit aisément comme un cœur de pierre. Terriblement borné, la contradiction l’insupporte et la moindre contrariété le transforme en un être immonde et colérique. Il manie le sarcasme à la perfection et veut croire qu'il a beaucoup d'humour, tournant la plupart des situations en dérision. Pourtant, sous cette immense carapace, érigée en rempart infranchissable se cache une impétueuse sensibilité, des sentiments refoulés qui pourraient le détruire.