Manger. Bon sang, j'avais que ça à l'esprit, là. Los Angeles était en pleine agitation en ce milieu d'après-midi et je devais dire que mon estomac était dans le même état, tout aussi énervé. J'arrivais d'une séance de sport intensive que j'avais clôturée par une bonne demi heure de danse moderne. J'avais grandement besoin de décompresser ces derniers temps, surtout depuis que je m'étais mis en tête de commencer à fouiner sur la mort de mon père. Et décompresser pour moi, ça se résumait en trois étapes : la danse, la bouffe et encore un peu plus de bouffe. Bon d'accord, il y avait aussi beaucoup de clope. A bord de ma voiture rouge, je revenais sur Pasadena pour aller faire la loque dans mon appartement, mais avant je comptais bien faire un petit tour par l'épicerie. Après m'être garée, j'entrai dans le magasin et remontai mes lunettes de soleil dans mes cheveux détachés pour y voir plus clair. Direction le rayon des bonbons sans plus attendre, je savais déjà ce que je voulais de toutes façons. Un Kinder Bueno. Mais là, le drame. Il n'en restait plus qu'un et un gamin de seize ou dix-sept ans venait de le choper. Je me raclai la gorge, adoptant mon attitude la plus sympathique. « Excuse-moi, ça te dérange de me le laisser ? » Le blond me détailla de haut en bas, haussa une épaule et me lâcha un « Ouais, » qui lui aurait bien valu une baffe. Un peu outrée, je le fixai jusqu'aux caisses et là, ce petit con se barra in extremis du magasin sans payer MON Kinder Bueno. « Oh, hell to the no. » Dans la précipitation, je bousculai une jeune fille rousse pour me jeter à la poursuite de ce merdeux. Je m'excusai vite fait et j'étais dehors en moins de deux secondes. Sans hésiter, je l'attrapai par le sac à dos et le tirai pour l'arrêter. « Donne-moi ça tout de suite. » balançai-je avec mon air le plus menaçant. Aucun scrupule à victimiser un petit voleur.

Avez vous la moindre idée de la difficulté, en ce doux pays qu'est celui d'Ozalee, de trouver des Kinders ? Depuis que la loi a décrété que leurs oeufs surprise sont trop dangereux pour les enfants, les Etats Unis les ont interdit de séjour, mais depuis que la rouquine a eu l'occasion de se gaver de ces sucreries sur une plage de Saint-Tropez, en France, elle ne rêve plus que d'une chose: Recommencer. Alors, quand elle a entendu parler d'une épicerie vendant ces douceurs, elle a filé, après les cours, déterminée à se remplir l'estomac avant de filer réviser dans sa petite chambre étudiante, ne souhaitant nullement rejoindre la demeure Carstairs en ce moment. Elle arrive enfin, et là, c'est le drame: Plus de kinder buenos. Rayon vide. Catastrophe. Choquée déçue brusquée offensée offusquée heurtée scandalisée traumatisée, Ozalee repart, telle une enfant déçue d'apprendre que le père Noël n'existe pas, et le coup de grâce, c'est de voir ce gamin qui passe les caisses en... Glissant le dernier kinder bueno dans sa poche. Attendez, il a pas payé là? « Hey! » Qu'elle s'écrie, juste le temps de le voir courir, coursé par une brune qui la bouscule en s'excusant vite fait. Et elle fait quoi, Ozalee ? Ben elle suit. Elle court dehors, et constate vite que la jeune femme a déjà attrapé le voleur. « Donne-moi ça tout de suite. » - « Il est à moi! » Proteste le méchu, agressif, alors qu'il est si jeune qu'il est à peine plus grand qu'Ozalee. Et Lili, elle est rikiki. Venant aux côtés de la brune, la rouquine sort son téléphone, fait mine de composer un numéro.« Attends, bouge pas, je vais appeler les flics, on va voir ce qu'ils en pensent. Tu savais que cette épicerie avait remporté trois fois la médaille du meilleur équipement de vidéo surveillance ? Ils auront surement un gros plan sur toi en train de voler. » Le gamin les fixe tour à tour, et Oz, c'est la reine du poker, elle reste impassible.

Depuis toujours, on me faisait cette remarque incessante et contre laquelle je ne pouvais pas protester : t'es un véritable estomac sur pattes, toi. Oui, c'était complètement vrai. Heureusement que j'avais un métabolisme très actif et un grand amour pour le sport, sinon je me serais grandement empâtée depuis longtemps. Oui, j'adorais la bouffe et ce sale gosse venait de dérober la seule chose qui allait me combler de bonheur aujourd'hui. Et sans le payer, en plus ? Je sentais la moutarde me monter au nez rapidement. Quand je me lançai à la poursuite de ce malheureux, j'entendis vaguement un « Hey ! » que j'ignorai pour me précipiter hors du magasin. Ni une, ni deux, je chopai le gamin par son sac et lui ordonnai de me filer le Kinder. Bullying ? Non, j'lui apprenais juste la vie, c'est tout. Il m'était déjà arrivé de voler pour bouffer les premières semaines de ma grossesse quand j'étais à la rue, mais lui n'avait rien d'une personne dans le besoin. Donc tolérance au niveau zéro et puis c'était MON Kinder. « Attends, bouge pas, je vais appeler les flics, on va voir ce qu'ils en pensent. » Mais qui m'a collé cette andouille dans les pattes ? J'allais lui gueuler de foutre le camp lorsqu'elle continua son petit speech. « Tu savais que cette épicerie avait remporté trois fois la médaille du meilleur équipement de vidéo surveillance ? Ils auront surement un gros plan sur toi en train de voler. » Ok, ça c'était clairement faux donc je me retins de lui dire de se barrer parce qu'elle était clairement en train de m'aider à torturer ce gosse pour le faire céder. J'attrapai son téléphone dans sa poche en le faisant rapidement pour le surprendre et je me reculai de quelques pas. « Un iPhone 7 et t'as besoin de voler ? T'es vraiment un abruti. » J'activai Siri en appuyant sur le bouton Home et j'énonçai «  Appeler Maman. » De suite, le téléphone me répondit et lança l'appel. Je le tournai vers le gosse pour qu'il voit. « Après, si t'es toujours réticent malgré les caméras, on peut procéder autrement. » Téléphone en haut-parleur, on entendait les bip d'attente retentir.

Dans un monde de corruption, de vol, de trafics en tout genre, voilà qu'Ozalee s'improvise vengeuse masquée sans masque aux côtés d'une parfaite inconnue, tout ça pour apprendre les bonnes manières à un gamin péteux qui a osé voler un KINDER BUENO. Eh, que voulez vous, les temps sont durs aujourd'hui, surtout pour ce genre de sucrerie, et la jeune femme semblait être de son avis vu ce qu'elle disait à son arrivée. Enfin, elle a pas la tête d'une racketteuse, tout du moins. Après avoir sorti le bobard de l'année le plus sérieusement du monde - être fille de mafieux lui a donné des compétences d'actrice incroyable - la jeune étudiante échangea un regard entendu avec la brune aux yeux verts, qui semblait avoir compris où voulait en venir la rousse: Pousser le môme à bout. Et elle se montra plus vicieuse encore que Lili, en allant rapidement choper le téléphone du voyou. « Un iPhone 7 et t'as besoin de voler ? T'es vraiment un abruti. » La rousse acquiesce en haussant un sourcil. « A moins qu'il l'ai volé aussi. » Qu'elle renchéri d'un air provocateur, alors que la brune active Siri pour demander: «  Appeler Maman. » Ouh, appuyez sur les parents, ça pique. Une lueur de panique s'allume dans les yeux du gamin, dont le regard oscillait entre les deux héroïnes du jour. « Après, si t'es toujours réticent malgré les caméras, on peut procéder autrement. » Un bip, deux bip... Le gamin s'écrie "Ok, ok, OK! Je vais l'reposer! Dites rien à ma mère!" mais trop tard, une voix féminine décroche. Ozalee tend la main vers la brune, mimant avec ses lèvres un "Je peux?" pour mieux porter le téléphone à son oreille. « Oh mon dieu chéri j'ai encore confondu ton Iphone 7 avec le mien, faut vraiment qu'on arrête d'avoir le même fond d'écran! Je suis désolée madame, je voulais appeler ma maman, mais votre fils est trop mignon il a mis le même cœur que moi à côté de votre nom dans son répertoire, et j'ai confondu nos téléphones. Je vous ai pas dérangée au travail j'espère ? » Le tout d'une voix débordant de niaiserie tel les adolescentes éperdues en proie à leur première histoire. La mère, visiblement enchantée, balbutia que ce n'était rien, demandant à Ozalee de passer à la maison "quand elle veut" après le lycée. C'est avec un sourire narquois à l'adresse de l'adolescent décomposé qu'elle achève la conversation d'un « J'ai tellement hâte de vous rencontrer! Merci madame, au revoir. » Et voilà qu'elle raccroche, et qu'elle lance le portable au mome, qui le réceptionne comme on attraperait une bombe à retardement, le tout en demandant comment il allait faire avec sa mère désormais. « Alors ça, tu te débrouilles. Tu préfères quoi, trouver une histoire, ou que je vienne vraiment chez toi lui raconter comment on s'est rencontré, chéri? » Elle bat des cils, émet un rire cristallin, et le jeune homme commence à repartir. « Le bueno. » Qu'elle énonce fermement, Ozalee, faisant grogner le mome qui jette le gateau dans les mains de la brune avant de filer en courant.

On était au beau milieu de l'après-midi et au lieu de me pencher sur un nouvel article, j'étais en train d'endosser le rôle de justicière qui prend à coeur qu'un adolescent vole dans les magasins. Non, en réalité je trouvais que c'était un petit abruti, mais je pensais avant tout au Kinder qu'il m'avait dérobé. « A moins qu'il l'ai volé aussi. » Elle marque un point. Le téléphone en main, je détaillai de haut en bas le gamin qui se tenait face à moi, puis rétorquai. « Non, regarde comme il est sapé. Ça se voit jusque dans sa coupe de cheveux qu'il vomit de l'argent. L'iPhone 7 a sûrement été financé par papa et maman, comme tout le reste de sa vie. » Ah, ça s'était transformé en attaque personnelle sans que je m'y attende. Bon, très bien. La rouquine me prit le téléphone des mains et prit le relais avec la mère. « Oh mon dieu chéri j'ai encore confondu ton Iphone 7 avec le mien, faut vraiment qu'on arrête d'avoir le même fond d'écran! Je suis désolée madame, je voulais appeler ma maman, mais votre fils est trop mignon il a mis le même cœur que moi à côté de votre nom dans son répertoire, et j'ai confondu nos téléphones. Je vous ai pas dérangée au travail j'espère ? [...] J'ai tellement hâte de vous rencontrer! Merci madame, au revoir. » Juste avant qu'elle ne raccroche, j'ajoutai d'une voix forte : « Chéri, tu me rejoins quand tu veux dans la douche ! » Voilà, mon accent anglais était assez prononcé pour que sa mère pense qu'il y avait ménage à trois. Explique-toi avec ta génitrice, maintenant. « Alors ça, tu te débrouilles. Tu préfères quoi, trouver une histoire, ou que je vienne vraiment chez toi lui raconter comment on s'est rencontré, chéri? » Je rigolai avec la jeune inconnue et tendis une main dans la direction du gosse alors qu'il commençait à se barrer. Il envoya la friandise dans mes mains et tailla la route sans attendre. Voilà une bonne chose de faite. Je me tournai vers la rousse et commençai à marcher pour m'éloigner du magasin. Quand même, on allait pas manger ça devant les lieux du crime. « Tu sais que t'es un peu effrayante ? Il a dû faire dans sa culotte Superman. » fis-je sur le ton de la plaisanterie. Je tendis ma main vers elle, pour me présenter. « Noah. » J'attendis qu'elle la serre puis j'utilisai mes deux mains pour déchirer l'emballage du Bueno. « On partage ? »

L'art et la manière de s'en prendre à un gamin. A elles deux, les deux demoiselles s'acharnent sur le voleur de kinder, et lui prennent d'abord son téléphone. « Non, regarde comme il est sapé. Ça se voit jusque dans sa coupe de cheveux qu'il vomit de l'argent. L'iPhone 7 a sûrement été financé par papa et maman, comme tout le reste de sa vie. » D'un rapide coup d'oeil, Ozalee observe sa victime, et hoche la tête en disant un bref : « Fair enough. » Il a la dégaine parfaite du gosse de riche, et Lili, elle en connaît un rayon là dessus: Elle en est une. Les éléments s'enchainent ensuite, et voilà qu'elles lui font le coup de l'appel à maman, qu'Ozalee prend en main. Nailed it. Et bouclé en beauté par le « Chéri, tu me rejoins quand tu veux dans la douche ! » de mon acolyte improvisé, à l'accent anglais exagéré. Résultat ? Un adolescent paniqué en fuite, et un kinder bueno entre les mains de la brune, tandis qu'Ozalee éclate de rire en faisant un signe de main d'adieu au jeune homme. « Tu sais que t'es un peu effrayante ? Il a dû faire dans sa culotte Superman. » Dit alors l'anglaise tout en s'écartant de l'épicerie avec la jeune Carstairs. Tout en riant, elle hausse alors une épaule : « Fallait bien trouver un moyen de faire fuir les garçons, et vu mon petit gabarit, on a oublié les cours de muscu. Puis entre nous, c'est plus drôle de jouer avec les nerfs des gens. » Ah ça par contre, c'est un domaine dans lequel elle excelle. Une fois à l'arrêt, la jeune femme lui tendit la main. « Noah. » Main qu'elle saisit avec un demi sourire. « Ozalee. Ou Lili, si tu préfères. » Beaucoup trouvent son nom trop compliqué. Et là, c'est la délivrance, quand elle déchire l'emballage du précieux chocolat. « On partage ? » AMEN. D'une moue, la jeune fille laisse entendre qu'elle ne dit pas non, puis hoche la tête en reprenant sa marche aux côtés de Noah. « Tu sais qu'en France, la pub précise de ces gateaux ils disent précisément ces mots à chaque fois ? Enfin, en français : On partage? » Petite anecdote qu'elle doit à ses voyages à Paris. Curieuse, la belle demande finalement : « Anglaise, ou très bonne imitatrice de l'accent? »

La rouquine qui était devenu ma partenaire de crime pendant quelques minutes approuvait mes propos quant au statut social du jeune débilus. Mais en jetant un coup d’œil rapide à la jeune femme, je pouvais clairement dire qu'elle était du même statut social. Ces gens-là dégageaient un aura spécial sûrement, c'était écrit sur leur front, je ne sais pas. Mais on pouvait voir au premier coup d’œil qu'elle était plutôt riche qu'autre chose. Bon, côté argent je n'avais pas à me plaindre, mais bon. Et puis, qui sait ? Si ça se trouve ça se lit sur mon visage aussi que j'ai du pognon dans les poches. « Fallait bien trouver un moyen de faire fuir les garçons, et vu mon petit gabarit, on a oublié les cours de muscu. Puis entre nous, c'est plus drôle de jouer avec les nerfs des gens. » Je rigolai un peu en l'imaginant avec des gants de boxe taper sur quelqu'un. Autant, j'étais une crevette mais chez elle, c'était encore plus prononcé. « T'as bien raison, avec des gabarits comme les nôtres on peut pas trop compter gagner par la force physique. » Elle se présenta à moi et me proposa son surnom. Non, j'aimais beaucoup Ozalee et je ne trouvais pas ça plus bizarre qu'un autre prénom. Bon, si elle tenait à ce que je l'appelle Lili, je le ferais bien sûr. « Tu sais qu'en France, la pub précise de ces gâteaux ils disent précisément ces mots à chaque fois ? Enfin, en français : On partage ? » Je la regardai en haussant les sourcils, étonnée qu'elle sache un truc comme ça. « Non, je savais pas du tout. » J'émis un petit rire toujours surpris. Elle était spécialiste en pubs étrangères, ou...? « Anglaise, ou très bonne imitatrice de l'accent ? » J'esquissai un sourire tout en déchirant le papier de la friandise qu'on venait de dérober au petit voleur. « Anglaise pure souche. Je viens de Londres, j'ai grandi là-bas. » Ça faisait plus de six ans que j'étais aux Etats-Unis, donc j'aurais pu perdre l'accent. Mais je ne faisais rien pour, ça me plaisait cette différence. « Et toi, tu as des origines françaises pour en savoir autant sur les pubs Kinder de ce pays ? » dis-je au travers d'un petit rictus. Je sortis une barre de Bueno et je la lui tendis, extirpant la mienne de l'emballage par la même occasion. « Cheers ! » fis-je en tapant ma barre contre la sienne.

Ozalee ne s’est caché de son statut social, sans s’en vanter pour autant. S’en cacher serait ridicule, et s’en vanter serait suicidaire, au vu d’où vient la fortune de son père. Mais au moins, elle, elle a le respect du prix des choses, pas comme le petit con qui se sauve alors qu’elle se retourne avec la brune pour savourer sa victoire, le tout en argumentant de sa façon de se défendre assez originale. Ozalee et les mots, c’est tranchant, c’est dangereux. « T'as bien raison, avec des gabarits comme les nôtres on peut pas trop compter gagner par la force physique. » Hochement de tête de la part de la rousse. Elle sait se défendre, bien sûr, mais elle ne se voit pas tellement parler des cours forcés que son père lui a fait prendre pour qu’elle sache se défendre, que ce soit à mains nues ou armée. Ça serait un peu weird. Puis finalement, instant anecdote, elle apprend finalement à Noah que la pub française des buenos dit justement « on partage ». L’avantage d’avoir passé de nombreux étés sur les côtes méditerranéennes françaises. Après un haussement de sourcils, elle finit enfin par répondre : « Non, je savais pas du tout. » Elle hausse une épaule avec un sourire mutin, et répond : « Eh bien maintenant tu le sais ! » Puis, vint le moment fatidique d’ouvrir le papier de la friandise. Le bruit sonne presque comme une douce mélodie aux oreilles de la Carstairs, qui interroge la brune à ses côtés sur son accent. « Anglaise pure souche. Je viens de Londres, j'ai grandi là-bas. » Elle écoute, hoche la tête avec une moue. L’accent anglais l’a toujours fait rire. « Ca s’entend clairement, les anglais ont une façon de dire les mots tellement différente d’ici ! » En Californie, selon les étrangers, et surtout les british, ils bouffent les mots. Pour Lili, ça a toujours été la normalité. « Et toi, tu as des origines françaises pour en savoir autant sur les pubs Kinder de ce pays ? » Elle sort finalement les deux barres de bueno pour en tendre une à Ozalee, laquelle sourit comme une gamine de six ans tout en répondant : « Nope, je suis américaine pure souche. Ma famille a de lointaines origines anglaises, mais elle est implantée ici depuis un moment. Je vais juste souvent en France pour mes vacances, et j’ai appris un peu la langue.» Elle a toujours aimé apprendre les langues qui l’intéressent, et le français en fait largement partie. Sa barre sortie également, elle « trinque » avec Noah en riant. « Cheers ! » - « Cheers, camarade ! » Qu’elle répond Presque en Coeur, avant de croquer dans le biscuit. Orgasme gustatif. « Je comprends pas qu’on puisse interdire certains Kinders ici. Leur créateur est un pur génie. » Qu’elle marmonne la bouche pleine, avant de croquer à nouveau dans le gateau. Une fois sa bouche finie, elle interroge à nouveau Noah : « Et sinon, justicière de l’épicerie, c’est ton job ou tu fais quelque chose d’autre ? »

Franchement, j'en revenais pas que je venais de racketter allègrement un lycéen qui venait lui-même de voler un magasin. Le côté bon samaritain en moi aurait voulu que je ramène la friandise dans l'épicerie et que je la rende à son propriétaire, ou que je la paye, tout simplement. Mais bon, oh, le mal était déjà fait, alors à quoi bon ? Ça, c'était mon côté gamine de seize ans qui fait du vol à l'étalage pour survivre qui parlait. Donc j'allais me faire un plaisir d'engloutir le truc et peut-être que la prochaine fois, j'laisserais un petit plus au caissier pour calmer mon Karma. Sûrement même, parce que j'avais déjà des scrupules. Voleuse en carton. Ozalee, elle, avait l'air de très bien se porter et de se concentrer uniquement sur le régal que c'était. Elle me balançait un truc sur un pub française et je la regardai bizarrement un instant avant de rire sur cette connaissance insolite. « Eh bien maintenant tu le sais ! » Certes, j'allais pouvoir me la péter aussi maintenant. Je lui confiai alors que j'étais une anglais pure souche, ce qui ne l'étonna que très peu visiblement. « Ça s’entend clairement, les anglais ont une façon de dire les mots tellement différente d’ici ! » Je ris et hausse les épaules, coupable et fière de mes origines de British pompeuse. «  C'est sûr, vous bouffez un peu les mots vous ici et nous on a tendance à tout prononcer, même ce qui existe pas. » Oui bon c'est drôle, mais pas touche à ma nation, hein. « Nope, je suis américaine pure souche. Ma famille a de lointaines origines anglaises, mais elle est implantée ici depuis un moment. Je vais juste souvent en France pour mes vacances, et j’ai appris un peu la langue. » Je ne sais pas pourquoi mais quand elle me raconte ça, je la trouve mystérieuse et je dois dire que ça m'intrigue carrément. Sûrement mon côté enquêtrice qui ressort sans que je le veuille. « Des origines anglaises, hein ? » commentai-je avec mon regard pour la sonder, ce regard que je réussirai jamais à contrôler. Pour me distraire, je trinque nos Kinder ensemble en rigolant et j'avale la première partie sans attendre. Putain, que c'est bon. « Et sinon, justicière de l’épicerie, c’est ton job ou tu fais quelque chose d’autre ? » Je rigole et je décide de terminer ma bouche avant de répondre, même si elle vient de limite me cracher dessus en parlant la bouche bourrée de Kinder. J'serais bien tentée de lui rendre la pareille. « C'est mon job pendant la nuit, j'ai un masque et un costume en latex, même. Sinon la journée j'écris pour le LA Times, c'est légal au moins. » Je la regarde et je ne peux pas m'empêcher de la sonder à nouveau. Mais bon, pour me détendre et continuer sur la lancée de la plaisanterie, je lance : «  Et toi,  c'est ton job de braquer des gens pour obtenir ce que tu veux ? » Rejoins la team costume latex.