and all the devils are here
| Sujet: Sauvée par le gong [Hemrick] Sam 24 Sep 2016 - 20:28
| Avoir la main leste ne suffit pas. Ni être assez léger pour courir vite. Il lui faudrait d'autres qualités. De plus grandes qualités. Des dons en arts martiaux. des qualités de comédienne. Une carrure effrayante.
Elle n'aurait pas du s'aventurer en ces lieux, pas seule, pas en pleine nuit, pas avec des talons... Mais elle n'est pas prudente, ou pas assez, trop vite perdue dans ses pensées, trop impulsive, trop optimiste et insouciante, pour ces choses-là.
On dirait presque qu'elle se met en danger. Volontairement. Inconsciemment. Que c'est pour cela qu'elle a giflé la petite frappe qui voulait lui extorquer son portefeuille, en ignorant ses deux compagnons, aux carrures rébarbatives.
A présent, elle court. Le souffle court. Le souffle étranglé, en fin de vie, bruyant. Les poumons lui brûlent la cage thoracique, le sang bat à ses tempes, elle n'entend plus que ses pas, les battements de son sang, sa respiration rauque et la course dans son dos. Courir. Courir plus vite. Si elle avait assez de souffle, elle appellerait à l'aide.
Elle essaie. Sa voix ne porte pas. Elle meurt dès qu'elle quitte ses lèvres et tente de franchir la rue sombre. Sale. Elle se perd entre deux poubelles, entre deux relents d'urine ou de déchets. Sa voix meurt au milieu des odeurs.
Elle n'aurait pas u les énerver. Frapper. Insulter. Refuser. La prudence était le meilleur choix. Avec le silence.
Ses talons claquent sur les pavés réguliers, inhumains, mathématiquement disposés, qui se soucient si peu de son sort. Elle entend la folle course de ses poursuivants s'approcher. Bientôt, ils la rejoindront. L'adrénaline lui donne plus de force et de souffle qu'elle ne le pensait possible, elle court, court, accélère un peu, vers cette artère plus lumineuse,peut-être plus fréquentée qui se profile.
Par miracle, elle ne se tord pas la cheville. Mais elle pleure et tremble, et sa bouche est ouverte sur un cri silencieux, alors que sa fuite continue. Puis une silhouette se dessine un peu plus loin, carrée, mâle, et elle s'y jette, comme jamais elle ne s'est précipitée vers un homme, l'accroche des doigts, se glisse dans son dos, balbutie quelques mots entrecoupés, incompréhensibles.
Peut-être son regard parle-t-il pour elle? Peut-être devrait-elle encore fuir? |
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