Des journées de merde, des soirées de merde qui s’enchainent. Certaines pires que d’autres. Ce soir, t’as juste décidé de te faire un tête à tête avec Jack Daniel’s. Ou presque. Parce que c’est complètement alcoolisée que t’es montée dans ta bagnole. Du moins, assez alcoolisée pour te faire retirer ton permis. Assez d’alcool dans le sang pour te planter. Pourtant, t’as juste l’impression d’être bien. Et puis, ça te passe surtout complètement au-dessus. Alors tu conduis, vite. Trop vite. Y’a des coups de klaxon qui s’élèvent de la rue à ton passage. Des insultes aussi sans doute. Mais tu continues de foncer, guidée par la culpabilité, la colère, mais surtout la tristesse. T’as besoin d’évacuer, de te défouler. C’est pas comme si tu pouvais t’en prendre à Nev. Ou même à toi. Pas vraiment. C’est pas comme si tu pouvais sérieusement frapper dans un miroir. Alors il reste qu’Andrea. Ouais, c’est forcément sa faute. Pourquoi il lui a dit ? Pourquoi il a ressenti le besoin d’ouvrir sa bouche ? Il te l’a dit, mais là tout de suite, c’est un peu flou dans ta tête. Tout comme les lignes qui défilent sur le côté de la route. Elles sont floues. Peut-être même doubles pour certaines.
Alors quand t’arrives devant chez lui, c’est dans un crissement de pneus que tu te gares n’importe comment. Un peu en biais, à moitié sur le trottoir, encore un peu sur la route. Tant pis. Et tu fonces frapper à sa porte. Ou plutôt tambouriner dessus. Tu dois avoir l’air complètement cinglée. Tant pis. Ils auraient bien raison de le penser. « ANDREA !! Ouvre cette putain de porte ! » tu fais pas dans la dentelle. Faut juste que tu passes tes nerfs sur quelqu’un. Et merde, t’as oublié la bouteille dans la voiture. Tu frappes encore plus fort, plus rapidement. « Andrea ! » Si t’avais été sobre, tu serais jamais venue. Parce que t’aurais su que c’était une mauvaise idée. T’aurais su que ça arrangerait pas ton cas. De toute façon, y’a pas grand-chose pour l’arranger. Nev peut avoir sa part de responsabilité, dans le fait que t’aies été voir un autre mec… Mais que ce mec soit son frère, ça, tu l’as bien fait toute seule.

job à peine terminé, réunion bouclée et tension nerveuse à son apogée. j'me retrouve incapable de dire si ça s'est bien passé ou pas. well. j'ai donné l'impression que tout tournait en ma faveur, mais ma paranoia et ma méfiance naturelles me font penser qu'il y aura un probable retournement de situation, et ça n'annoncerait rien de bon.
mains tremblantes, cigarette glissée entre les doigts, doigts qui tapotent nerveusement sur le volant du suv noir alors que je conduis jusqu'à la maison. petit rituel à venir, rituel de détente. je prévois déjà de faire couler mon bain, d'embarquer la bouteille de whisky avec moi, les clopes, le cendrier. tout le nécessaire pour souffler un bon coup.
si seulement.
à peine arrivé au début de la rue, que je la vois, cette voiture garée n'importe comment, juste devant chez moi. et malheureusement pour moi, je ne la reconnais que trop bien. je souffle, me passe mes mains devant le visage et tire frénétiquement sur ma cigarette.
j'me dépêche d'aller me garer devant la maison sans même prendre le temps de ranger la voiture au garage et j'en sors sans, là non plus, prendre la peine ni de fermer la voiture, ni même de fermer la portière, d'ailleurs.
nyla tambourine ma porte. nouveau soupir.
- nyla, nyla, calme-toi. qu'est-ce qu'il t'arrive?
je l'approche, un peu nerveux. sacrément nerveux. situation qui ne devrait même pas être en train de se produire, nyla qui ne devrait pas être ici, après ce que j'ai dit à nevio. après toute cette conversation. nyla qui pue l'alcool, et je soupire. encore.
- combien t'as bu de verres, au juste?
l'inquiétude qui passe au fond des yeux, de voir qu'elle a conduit jusqu'ici, qu'elle a suffisamment bu pour avoir pu éventuellement provoquer en accident, pour se tuer. qu'elle a suffisamment bu pour avoir pensé que quoi qu'elle veuille me dire, c'était beaucoup plus important que de rester saine et sauve.

T’as fait la conne encore. T’as pas réfléchi. T’as juste pris ta voiture, guidée par tes remords et par l’alcool. Aucune réflexion. Aucune question. En général, t’es pas insouciante à ce point. Mais là, ça te passe complètement au-dessus. T’es pas du genre à risquer la vie d’innocent comme ça, aussi stupidement. Et pourtant, c’est bien ce qui aurait pu arriver. En plus de pouvoir en crever, t’aurais pu tuer quelqu’un. Une personne qui n’avait rien demandé. Un personne qui n’avait pas demandé à se trouver au milieu de ce foutoir qu’est ta vie. Puis chez toutes les personnes que t’aurais pu décider d’emmerder, il a fallu que tu choisisses Andrea. Il a fallu que tu choisisses la seule personne que t’aurais dû éviter pour arranger ton cas. Ou peut-être bien que tu sais que tout est foutu. Que t’as juste tout foutu en l’air. Ou peut-être que tu sais qu’il est le seul qu’il pourra te supporter à l’heure actuel. Mais t’as pas pensé à l’hypothèse qu’il puisse ne plus vouloir te voir lui non plus. Encore moins pour te supporter dans cet état aussi pathétique que ridicule. Non, définitivement, t’as pas réfléchi du tout aujourd’hui.
Au lieu d’ouvrir la porte, et de le voir devant toi –puisque tu le pensais chez lui, Andrea te prend par surprise en arrivant derrière toi. Ouais, t’aurais toujours pu t’exciter sur cette porte, ça n’aurait rien changé. « Ce qu’il m’arrive ? » répètes-tu. C’est que t’aurais presque l’air hystérique. « C’est qu’il me parle plus ! Voilà ce que j’ai ! Pourquoi tu l’as ouvert ? Pourquoi tu lui as dit ! » T’es même pas certaine de pouvoir entendre la réponse tellement ta colère est bruyante. Ca te fait un putain de bruit assourdissant dans les oreilles, et le mal de crâne va pas tarder à se pointer. Toi aussi, tu t’approches, et tu le pousses. Les deux paumes sur son torse, tu le pousses un peu plus fort, les larmes aux yeux, parce que tu contrôles plus rien. T’as jamais rien contrôlé. « Bah j’ai pris la bouteille ! » réponds-tu en levant les yeux au ciel comme si c’était la question la plus stupide au monde. Mais ça t’empêche pas de le pousser, de marteler de tes points sur ses pectoraux, avec des larmes qui menacent de franchir la barrière de tes yeux. « T’es con, Andrea. T’aurais dû te taire. On en serait pas là. » T’es même pas convaincante quand tu dis ça. Aucune conviction dans tes mots. Alors t’as beau balancé à qui tu veux que c’est la faute d’Andrea tout ça, tu sais bien que non. Et lui aussi, il le sait.

nyla devant chez moi. l'impensable qui se produit, et moi qui n'ait absolument aucune idée de comment je vais bien pouvoir gérer le truc. avant tout ça, j'en aurais profité, après l'avoir éventuellement consolée. c'est clair que j'en aurais profité. en cas de situation critique, j'aurais peut-être fait venir gemma. mais là, j'peux faire ni l'un, ni l'autre. j'ai le cul entre deux chaises, entre le fait de vouloir être là pour nyla, pour m'occuper d'elle et la soutenir, et le fait d'être loyal envers nev et de rester loin d'elle, ne plus l'approcher.
putain, j'aurais vraiment bien besoin d'un verre pour me remettre les idées en place.
sortir une bouteille d'alcool semble quand même ne pas être la meilleure des solutions vu à quel point elle a l'air d'être imbibée à cet instant très précis. j'peux pas m'empêcher de lui demander ce qu'il lui arrive, même si je pense très bien savoir ce pourquoi elle est là.
putain, j'suis vraiment dans la merde.
et nyla s'énerve, nyla s'énerve de plus en plus, elle me pousse, elle me frappe, et continue, à l'infini. je serre les dents, tiraillé entre l'envie de lui en foutre une pour qu'elle s'arrête, et le fait de réussir à encaisser sagement, parce que je sais pertinemment qu'elle en a besoin. non, j'pourrais pas lui lever la main dessus. pas à elle. mais putain, qu'est-ce que j'aimerais qu'elle s'arrête.
elle est au bord des larmes, nyla, et elle m'accuse, nyla, et j'peux pas m'empêcher d'avoir une boule au creux de la gorge, en m'disant que rien de tout ça ne serait arrivé si j'avais effectivement fermé ma gueule.
je baisse les yeux et passe mes bras autour d'elle, je profite qu'elle soit encore en train de me frapper inlassablement pour la serrer, la serrer aussi fort que j'peux contre moi. frotter son dos d'une main, embrasser sa tempe, et la berce calmement.
- calme-toi.. calme-toi nyla. j'suis désolé, j'te jure. j'voulais pas. calme-toi.
j'suis prêt à prendre toute la responsabilité pour ça. j'y suis prêt, j'le ferais sans broncher. seulement si elle se calme. je continue de la serrer, j'embrasse encore sa tempe, son crâne, son cou, plusieurs fois.
- on va rentrer, d'accord? on va rentrer, ça va aller.

Tu continues de le frapper, de le pousser, tu continues, mais ta force faiblit. L’alcool, sans aucun doute.  Mais Andrea, il est là, à encaisser. Il essaie même pas d’esquiver ou de se défendre. Il accepte chaque coup, sans broncher. Et quand il baisse les yeux, c’est ton cœur qui se srre. Peut-etre que l’alcool amplifie ça aussi. T’en sais rien. Mais ton cœur se serre quand même. Il  se sent responsable ? Vraiment. Si t’étais sobre, tu lui dirais que c’est pas sa faute. Pas vraiment. C’est la tienne avant d’être la sienne. C’est peut-être même celle de Nev avant d’être celle d’Andrea. Andrea, il savait pas. Il savait rien du tout. Pourtant, tu continues de déverser ta tristesse et ta colère sur lui. Jusqu’à ce qu’il ne passe ses bras autour de toi. T’essaies de te débattre, mais il te sert un peu plus contre lui. T’as l’impression de lutter dans le vide. Tu tapes contre son buste, sans grande conviction, mais tu finis par y poser ta tête, alors qu’il embrasse ta tempe. T’es crevée, la tête qui tourne, mal au crâne. T’as surtout mal au cœur. Une nausée pas seulement due à l’alcool. « Pourquoi t’es pas en colère ?! Pourquoi tu m’en veux pas toi ? » Il te serre un peu plus fort, et y’a une larme qui coule sur ta joue. Andrea, il continue de te réconforter au lieu de t’envoyer chier. Y’a vraiment un truc qui tourne pas rond chez lui. « Pourquoi tu m’insultes pas ? » Ce serait peut-être plus simple. Au lieu de ça, tu t’énerves sur un mec qui est prêt à encaisser une colère mal placée, et à te calmer pour Dieu sait quelle raison. « J’le dégoute. Il fait pas que me détester. J’le dégoute, Andrea. » C’est dur. C’est dur de savoir ça, d’accepter ça, d’un mec pour qui t’a toujours craqué, d’un mec après lequel t’as presque toujours couru.
Il ouvre alors la porte, pour vous faire pénétrer dans sa villa. Une foutue grande villa. Bien trop grande pour lui, il n’y a aucun doute. « C’est ta faute, Andrea. Ta faute parce que t’es son frère. T’aurais pu être n’importe qui d’autre… Mais non. T’es son frère… » tu t’éloignes, mais tu le regardes de la tête aux pieds comme si ce que tu racontais avait un quelconque sens. Ca en a pour toi en tout cas. Dans ton esprit embrumé par l’alcool. « Et puis… T’es toi. » Un mec un peu trop séduisant, un peu trop attractif. Un mec comme un aimant. Tu saurais même pas dire ce qu’il s’est passé à cette soirée, quand t’as raqué, quand t’as fondu dans ses bras. Une soirée comme un autre… Un flirt plus dangereux que les autres. Une étreinte passionnelle. Sans doute trop. Elle t’a marqué au fer rouge, que tu veuilles le reconnaitre ou non.

elle est bloquée, elle est là, au creux de mes bras, contre mon torse, bien calée, bien serrée, et moi qui essaie tant bien que mal de la calmer, de la bercer, de la faire s'arrêter. qu'elle cesse sa colère, et sa violence. mais rien n'y fait. elle cogne encore, même serrée. puis plus rien. l'arrêt brutal, et mes lèvres contre sa tempe.
le calme qui fait un bien fou.
puis les questions qui reprennent et ma gorge qui se serre à nouveau. la vérité, c'est qu'au fond de moi, je suis un peu en colère. au fond de moi, j'ai un peu envie de l'insulter. au fond de moi, je lui en veux. parce que j'aurais voulu qu'elle ne fasse jamais ça à nev, qu'elle ne me mente jamais non plus. parce que j'aurais voulu l'avoir pour moi tout seul, quand même.
- ça servirait à rien, nyla. je sais que t'as pas fait tout ça intentionnellement. je sais que t'as jamais voulu nous faire de mal.
même si c'est bel et bien ce qui est arrivé. à nevio comme à moi, sans doute plus à lui qu'à moi ceci étant dit. mais quand même.
c'est resté non intentionnel.
- non j'crois pas que ce soit ça.. j'pense qu'il est surtout blessé..
à vrai dire, j'dois bien avouer que j'suis pas bien certain de ce que nev ressent vis-à-vis de tout ça, et comment je vais devoir agir. j'arrive pas à savoir s'il est réellement blessé comme la logique le voudrait, ou s'il n'en a vraiment rien à foutre de nyla, comme ses messages le disaient. difficile à dire.
toujours est-il que j'ouvre la porte de la villa pour que nyla rentre, moi derrière elle, sur ses pas. et la culpabilité me revient à nouveau, et la façon qu'elle a de me regarder me fait croiser mes bras sur mon torse.
putain, j'suis trop sobre pour ça.
je me fais blâmer, je me prends la faute en pleine figure, parce que je suis moi? parce que je suis un trop grand charmeur? parce que j'ai trop insisté auprès de nyla pour avoir ce que je voulais?
putain.
- je sais, c'est de ma faute. j'vois pas de solution pour me rattraper, malheureusement.
je fais demi-tour, dos à nyla, pour lui servir un grand verre d'eau et lui tends, lui montre le canapé pour qu'elle s'installe. qu'elle s'allonge, qu'elle fasse ce qu'elle veut. je me sers un verre de whisky, allume une clope et m'assieds sur la table basse à côté d'elle.
- je vais rester loin de toi, maintenant. tu sais.. pour éviter que ça se reproduise. mais si c'est toi qui revient vers moi nyla, j'y pourrais rien..
est-ce que je vais seulement en être capable, moi, de rester loin de toi?
est-ce que j'en ai seulement envie?
pas le moins du monde.

Non, t’as jamais voulu ça. T’as jamais voulu blesser Nev. Tu voulais juste passer à autre chose. Justement parce que t’y tenais trop. Parce qu’il t’a dégagé, juste comme ça. Alors toi, au lieu d’avoir le cœur en miettes, t’as voulu t’amuser, t’as voulu jouer. Et au lieu de trouver un inconnu, t’as eu le déclic dans les bras de son frère. Tu saurais même pas l’expliquer, ou même le reconnaitre. Mais Andrea, il a quelque chose. Tu sais pas pourquoi, ça t’a pas sauté aux yeux toutes ces années. Pendant tout ce temps, tu voyais que Nev. Il éclipsait tout le monde. Pourtant, ce soir-là, Andrea, c’était le plus gros des aimants. Un putain de jeu, une putain de soirée. Des ébats que tu peux pas oublier. Des ébats que t’as tenté de reléguer à l’état d’erreur. De connerie fatale. Mais c’est pas que ça. Puis t’as pas voulu le blesser, lui non plus. Andrea, il y peut rien dans tout ça. Ca a beau être un mec à femmes, il allait pas deviner que t’avais vu Nev pendant des mois. Il allait pas non plus deviner que ça recommencerait après. Et toi, tu pouvais deviner qu’Andrea serait pas simple à oublier. Que peu importe ce que tu ferais, il resterait dans un coin de ta tête. « J’ai jamais voulu ça. Mais je l’ai fait. » laches-tu alors que tes poings s’écrasent une dernière fois contre son torse. Pendant quelques instants, tu te laisses calmer. Brièvement. T’es apaisée par ce baiser sur sa tempe. Un contact doux, chaud, agréable.
Tu rentres dans la villa, Andrea sur tes talons. Et tu pètes encore un cable. L’alcool, ça t’empêche de voir que t’es dégueulasse avec lui. Que tu continues de lui foutre ça sur le dos quand tu sais au fond que c’est bien toi le problème.
« Toute façon, y’a plus rien à faire. » T’es pas pessimiste, juste réaliste. T’as beau avoir bu, ça, tu sais le reconnaitre. C’est juste foutu. La seule chose qu’il te reste à faire, c’est dire au revoir à Nev. Et même ça, il te laissera pas le faire.  Il te sert un verre d’eau, et toi, tu le regardes bizarrement. C’est pas de l’eau que tu veux, c’est son whisky. Il s’assied face à toi, et tarrives pas à regarder ailleurs. « Loin ? » tu poses le verre d’eau sans même y avoir touché. « t’y pourras rien, ça veut dire quoi ? » tu fronces les sourcils, et tu te lèves en soupirant. Beaucoup trop vite. T’as la tête qui tourne et tu perdrais presque le peu d’équilibre que t’as. Tu chopes son verre de whisky et le descends cul sec. « Oublie ça, c’était une connerie de venir. Evidemment que toi non plus tu veux plus me voir. » Tu lui reposes son verre sur la table basse, prête à reprendre la route. Aussi vite arrivée, aussi vite repartie.

elle arrive à se calmer nyla. petit à petit, ça prend du temps, et ça prend des efforts, mais elle y arrive. ses coups se font plus faibles et moins fréquents, et elle va bientôt abandonner. j'le sens, j'le sais.
oui, tu l'as fait princesse. c'est vrai. t'as pas fait ça intentionnellement, t'as pas voulu nous faire de mal, à aucun de nous deux, t'as pas pensé aux dommages collatéraux, mais c'est vrai que ça a quand même été fait. mais à quoi bon ruminer les erreurs, hm? c'est fait, c'est fait. on a qu'à ne plus en parler.
si seulement.
elle rentre dans la maison, et la voilà à nouveau, la furie, prête à tout détruire sur tout son passage, qui pourrait réveiller tout calabasas si elle se l'était mis en tête, qui pourrait casser tous mes meubles, même me faire un coquard si elle en avait envie. de ça, j'en doute pas une seule seconde. j'voudrais juste qu'elle reste vraiment calme.
je soupire, lui porte un verre d'eau. j'ai franchement aucune idée de s'il y a encore quelque chose à faire, mais j'crois avoir quand même une once d'espoir, que tout n'est pas foutu, que nev n'est pas brisé à ce point-là.
loin, loin. pas si loin. toujours dans ton ombre, toujours à surveiller, peut-être à te protéger. loin, pas dans tes bras. si j'en suis capable.
elle m'arrache mon verre nyla, le boit cul sec, le pose et commence à partir. j'reste con un instant, et me lève subitement pour la rattraper.
- j'ai pas dit ça, pas du tout. tu restes ici, nyla.
tu restes ici. c'est pas une proposition, c'est un ordre. tu restes ici jusqu'à demain matin au moins, jusqu'à te désoûler. ou peut-être te soûler encore un peu, qui sait. mais toujours est-il que tu resteras ici.
je mets mes mains sur ses hanches, tente de la faire reculer, la faire retourner au canapé, alors que mes mains souffrent de ne pas pouvoir les serrer, ses hanches, brutalement, sauvagement, passionnément, alors que mes yeux se perdent dans les siens et que mes lèvres souffrent de ne pas pouvoir attraper les siennes.
- putain, t'as pas idée à quel point j'ai encore envie de te voir. j'le jure.
t'as pas idée, nyla. tout n'est pas perdu. putain, j'te jure, j'rêverais de pouvoir rester à tes côtés, te garder avec moi. j'rêverais que tout soit plus simple que ça, quand même. j'rêverais que rien ne soit arrivé, peut-être.
mon front s'écrase doucement contre le sien et mes yeux se ferment, mes mains resserrent légèrement la prise.
- j'peux pas faire ça à nev..
combat intérieur, entre l'envie et la raison, entre ce que je devrais et ne devrais pas faire, sans être capable de trouver la bonne solution, de trouver un juste milieu, même malgré le fait que nev m'ait donné son aval. j'y arrive pas, putain, j'y arrive pas. j'suis complètement perdu. même nyla doit être perdue, à l'heure qu'il est.