you must've known the storm was coming
when the clouds appeared
les néons s'éclairent sur ma peau trop pâle et tiraillée, mes traits fatiguées, mon regard embrouillé, mon esprit embrumé, du gars qui vient de se réveiller et qui est complètement paumé. complètement, en entier. une machine s'anime, des bip stridents s'accélèrent et l'odeur du désinfectant parvient à mes narines.
j'suis dans un putain d'hôpital?
putain. mes couilles.
j'essaye de me relever, brusquement, mon torse me tire, je manque de hurler et me laisse retomber en arrière aussi sec. une douleur vive, lancinante, aiguë, atroce, à la limite du supportable qui m'habite et refuse désormais de me foutre la paix.
putain de bordel de merde.
gemma se jette presque sur moi, me serre dans ses bras, aussi fort qu'elle le peut avec ses bras d'enfants, embrasse mon visage des dizaines de fois au moins, pleure, et refuse de me lâcher. j'ignore depuis combien de temps elle est là, sûrement trop.
il faut peu de temps pour que mon cerveau arrive à reconnecter les fils entre eux et comprendre ce qu'il s'est passé. il faut peu de temps pour que je me souvienne, que je réalise ce qu'il s'est passé. ouais, ça s'est vraiment passé.
la salope, elle m'en a filé, des coups de couteau. cette grosse pute.
si j'avais la force, je me collerais une bonne grosse gifle pour avoir été aussi con. mais je l'ai pas, la force. mentale, plus physique. j'ai plus rien, physiquement. j'ai plus rien, j'suis plus rien.
et maintenant? maintenant quoi? qu'est-ce qu'il se passe?
papa entre dans la chambre, de son calme toujours aussi olympien, mais la braise, le feu brûle au fond de ses yeux. papa fait sortir gemma en vitesse de la chambre. maman reste à l'entrée de la chambre, peinée, tête baissée, sans oser passer un pied à l'intérieur. son tour viendra. après. j'sais pas si nev a été informé.
papa a crié, papa a montré son mécontentement, sa rage, sa déception.
des mois de soins ont passé, l'empire installé à brisbane par mes soins a commencé à couler, et j'y suis retourné juste à temps pour tout rattraper.
tout rattraper et me venger.
sale chienne, j'te jure que tu vas bouffer.
j'ai attendu patiemment qu'elle sorte de taule, j'ai attendu patiemment des années parce que putain, la vengeance est un plat qui se mange froid. j'ai attendu patiemment qu'elle se reconstruise, même, pour bien la démolir.
je descends de la voiture ce soir, bien décidé à lui en faire voir de toutes les couleurs.
normalement, elle devrait être six pieds sous terre depuis longtemps. elle le serait si j'avais pas ordonné qu'on me la laisse. elle aurait croupi en prison, comme cette merde qu'elle est. mais je la veux pour moi tout seul.
mes baskets couinent sur le carrelage du hall de l'immeuble. j'ai décidé de ne pas mettre mes belles pompes, parce que je sais que je finirais les pieds recouverts de sang.
j'ouvre la porte de l'appartement comme s'il m'appartenait, comme si c'était là mon territoire. j'en suis le roi.
daddy's home, bitch.
les coups ont fusé, autant que les insultes. les os ont craqué, la vengeance est tombée, aussi sale que brutale. œil pour œil, dent pour dent. et un peu plus au passage. tout s'est terminé en beauté, dépendant du point de vue que l'on prend.
je l'ai écorchée vive, cette pute, je lui ai fait payer tout le mal qu'elle m'a fait, qu'elle a fait à ma famille, qu'elle a causé à mon business. je lui ai brisé les côtes une par une, je lui ai fait cracher ses dents, j'ai déformé son visage pour qu'elle soit méconnaissable, j'ai gravé 'traitor' du bout du couteau, sur sa peau.
j'ai laissé parler mon sentiment de vengeance, ma haine, mon imagination, avant d'avoir finalement pitié pour elle, avant d'en avoir assez d'entendre hurler, avant de lui avoir tiré une balle dans la tête.
voilà comment les problèmes sont réglés.
di pietro's way.
**(janvier 2017)
milo sur mes talons, sa petite main qui serre la mienne fort, très fort, et sa tête qui tourne vers moi toutes les trente secondes, qui cherche à comprendre ce qu'il se passe, où on s'en va, où est-ce qu'on marche d'un pas si décidé.
enfin, c'est moi qui l'ait le pas décidé.
lui, a du mal à suivre, trébuche, et je finis par l'attraper dans mes bras. ça ira plus vite comme ça.
- arrête de me regarder comme ça milo, j'te l'ai déjà dit, on va voir papi.
enfin, la première rencontre, tant attendue, celle qui me fout les jetons, les frissons, l'angoisse, même si rien ne paraît.
- y aura maman aussi?
- non, j'te l'ai déjà dit, maman est partie et elle reviendra pas.
je me retiens pour ne pas m'énerver. le pauvre gosse y est pour rien, si sa mère n'est pas suffisamment bien pour garder le droit de l'éduquer, ni même de l'approcher d'ailleurs. qui en a jugé? moi. qui l'a faite partir? moi.
on entre dans la grande villa de papa et maman, et milo se colle contre moi, un peu apeuré de se retrouver dans cet endroit qu'il ne connait pas, avec ce père qu'il connait encore si peu.
- andrea, chéri! tu es enfin arrivé!
maman est presque en train de nous courir dessus pour nous serrer dans ses bras, aussi bien milo que moi. si moi je me laisse faire sagement, trop respectueux pour rechigner envers la mamma, milo, lui, rit et la repousse légèrement.
un vrai sale môme. comme son père.
- où est papa?
- il se repose dans le salon. allez-y.
papa est malade. papa est mourant. papa doit laisser tout son héritage à ses enfants, et papa craint de ce qu'il va se passer ensuite. mais les affaires ne seront pas évoquées aujourd'hui. pas devant le petit.
on entre dans le salon alors que je repose milo sur ses pieds et reprends sa main dans la mienne. on approche de papa et je vois déjà une étincelle qui brille dans ses yeux, quelque chose qui s'allume et qui éclaire son visage blafard, un sourire qui tire sur ses lèvres et ses bras qui se tendent pour accueillir le petit contre lui.
- ton portrait craché, c'est ton portrait craché.
et le lot de conneries qui va avec.
- la relève sera bien assurée, t'en fais pas papa.