SOUS-TITRES SI NÉCESSAIREACTE I, Scène 1 ♦ 9 novembre 1989« Sophie Anne Judith Denise Lacroix de Belcourt, vous êtes une femme remarquable. Depuis que mon regard a croisé le votre, ma vie n'est plus du tout la même. Avant, elle était morne, sans saveur. A vos yeux, cela est peut-être prématuré mais, vu les circonstances, acceptez-vous de m'épouser et de partager le reste de ma vie ? »Les yeux de la jeune femme tressaillirent. Des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Elle ne sut que dire, pourtant la réponse attendue était d'une simplicité enfantine. Elle n'aurait jamais cru passer le pas aussi rapidement. Elle se sentait merveilleusement bien avec lui. Il était son âme-soeur, elle en était persuadée. Pour autant, elle ne voulait pas précipiter les choses. Surtout que, certains membres de sa famille n'appréciaient pas cet Américain, opportuniste, arrivé en France de son lointain Dakota-du-Sud, venir ravir le cœur de cette Française de bonne famille. Ses pensées se bousculaient dans sa tête. Impossible de formuler de phrase. Devant son silence pesant, le jeune homme commença à douter, douter d'une réponse négative de la Française. Délivrance. D'une voix fluette, douce, délicate, elle souffla :
« Oui ! »Ils s'embrassèrent. Ils joignirent leurs mains sur le ventre de la jeune femme. La demande en mariage concrétisait les choses.
ACTE I, Scène 2 ♦ 29 avril 1990.« Sophie Anne Judith Denise Lacroix de Belcourt, acceptez-vous de prendre pour époux Andrew Charles Oliver Kendricks ?« Oui ! Je le veux !« Andrew Charles Oliver Kendricks, acceptez-vous de prendre pour épouse Sophie Anne Judith Denise Lacroix de Belcourt ?« Oui ! Je le veux !« Par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare uni, par les liens sacrés du mariage. »Silence.
« Vous pouvez embrasser la mariée ! »Le couple s'embrassa devant l'assemblée réunie dans l'église. Il se dirigea vers l'entrée où l'attendait un photographe chargé d'immortaliser le moment présent. Ils étaient magnifiques. Ils resplendissaient de joie ! La mariée était lumineuse. Depuis la demande en mariage, son ventre s'était bien arrondi. Elle ne pouvait plus cacher l'heureux événement qui se profiler. Le photographe s'apprêtait autour d'elle afin d'étendre la traîne à sa convenance pour que les photographies soient réussies. Au dessus de leurs têtes, les cloches de l'église sonnaient, annonçant aux alentours l'heureux événement. Le photographe revint vers son objectif et cadra le jeune couple, avant de prendre un premier cliché. Il leurs conseilla de se regarder. Au loin, une voiture approchait. Nouvelle photographie. Le moteur vrombissait. Nouvelle photographie. Puis, le photographe place les parents des mariés autour du couple. C'était une berline noire, une allemande. Obtenant ce qu'il désirait, il prit une photographie. Les pneus crissèrent devant le parvis. Surpris, le photographe se retourna. La vitre arrière, teintée, se baissa. Un silencieux apparut. Personne n'eut le temps de réagir. Trois coups partirent. Ils atteignirent leur cible. Le marié s'effondra dans les bras de son épouse. Elle ne réalisa pas immédiatement. Puis, sa robe blanche devint peu à peu écarlate.
« Andrew !? Andrew ! NOOOOOON ! Reste avec nous ! »Elle était anéantie et fondit en larme, en serrant l'homme de sa vie. Avant de s'éteindre, il lui put lui dire, une dernière fois...
« I love you Princess ! »ACTE I, Scène 3 ♦ 24 juin 1990Le soleil inondait le parc de sa chaleur. Les arbres offraient leurs premiers fruits d'été. Au dehors, les gens profitaient de la vie. Elle, elle vivait la vie par procuration, derrière les fenêtres de sa chambre. Drapée de noir, elle observait le monde, enfermée dans sa tristesse. Deux mois s'étaient écoulés depuis le drame de sa vie. Elle ne s'en était jamais remise. Privée de l'être aimé, elle ne vivait plus. Il était son tout ! Il était son nord, son sud, son est, son ouest. Il était sa lumière ! Elle passa, avec délicatesse une main sur son ventre. Une larme coula sur sa joue. Murée dans son silence, elle ne s'aperçut pas de la présence de sa mère, venue s'assurer qu'elle allait bien.
« Sophie ! Tu ne peux pas rester ici éternellement. Sors ! Vas prendre l'air, profiter du soleil ! »La mère tentait, une nouvelle fois, de créer un électrochoc. En vain, elle échangeait avec un mur. La future mère ne semblait pas prête à tourner la page. Elle était en deuil, encore. Même l'arrivée imminente d'un nouvel être, ne la sortait pas de sa torpeur.
« Laisse-moi, veux-tu ? Seule ! »« Ecoute ! Je comprends ta tristesse, ton désarroi, mais il faut que tu avances... Andrew ne souhaiterait pas ! »« Quoi ? Comment peux-tu savoir ce qu'il souhaiterait ou non ? Tu l'as toujours détesté ! »« Com... Comment ? »« Ni Papa, ni toi n'avaient accepté mon union avec Andrew ! »« Tu es notre fille ! Nous voulons le meilleur pour toi ! »« C'est pour cela qu'Andrew est mort !?« Pense au bébé ! »Sophie fusilla sa mère du regard, tout en caressant son ventre. Personne ne lui prendrait son enfant. Maintenant qu'il n'avait plus de père, elle serait là pour lui, toute sa vie. Et ses parents n'interfèreraient jamais sur leur relation.
« Je ne pense qu'à lui ! Jour et nuit ! A son avenir ! »« Dans ces cas-là, ne reste pas cloîtrée ici ! Viens avec moi te promener dans le jardin. Fais... »Elle la coupa.
« A son avenir... sans père ! »S'en était trop pour la future mère. Le combat, perdu d'avance, la mère quitta la pièce, dans un silence pesant. Soudain, elle se ravisa lorsque sa fille s'exclama :
« Maman... Je crois... Je perds les eaux ! »Elle n'osait plus bouger, de peur d'aggraver la situation. Sa mère l'aida néanmoins à regagner son lit. Elle quitta la contemplation du parc et s'installa pour débuter le travail. Sa mère se hâta. Elle appela les servantes afin qu'elles lui viennent en aide. Il n’était plus temps d’aller à l’hôpital. De plus, tous les Lacroix de Belcourt sont nés ici, dans l’enceinte du château, depuis des générations. Impossible de déroger à la tradition. Les femmes de chambre arrivèrent avec serviettes, bassines d'eau chaude. Tout le monde s'activa autour du lit pour aider la future mère à mettre au monde son enfant. Après des heures d'efforts, la délivrance vint. Les premiers cris de l'enfant jaillirent ! Une servante le récupéra pour l'emmailloter dans un linge propre, puis délicatement, le déposa contre le sein de sa mère.
« C'est un garçon Mademoiselle Sophie ! »
Le couple n'avait jamais voulu connaître le sexe de l'enfant, afin de laisser la destinée choisir pour eux. Elle était heureuse ! Elle ne put cacher sa joie et ce malgré son état de fatigue. Toutes les personnes présentes autour d'elle s'extasiaient. Tout à coup, lorsque Monsieur Lacroix de Belcourt fit son entrée dans la pièce, le silence s'installa. Il s'approcha du lit, les yeux brillant d'excitation. Il s'empara, sans dire un mot, du jeune enfant.
« Mon premier petit-fils ! Tu es magnifique ! Comme ta mère ! »Il l'embrassa sur le front. Fier. L'enfant pleura. Le grand-père tenta de le calmer comme il put. Sans succès. Contraint, il rendit l'enfant à sa mère. Au contact de la peau de celle-ci, l'enfant s'apaisa presque instantanément. Ainsi se créa un lien indéfectible entre la mère et son fils. Un flash. Du haut de ses six ans, perché sur un fauteuil voltaire rouge et or, un garçonnet mitraillait son neveu avec son appareil photo polaroid.
« Confisqué ! Laisse ta soeur tranquille ! »« Mais ! Père... »Le patriarche le foudroya du regard. Le jeune garçon baissa les yeux et se réfugia dans les jupons de sa nurse. Le regard sévère de l'homme s'adoucit en se tournant vers sa fille. Il racla sa gorge et demanda :
« Comment appeler ce chérubin, cet ange ? »Silence de l'assemblée. Quelques bruissements épars. Epuisée la mère somnolait presque. Elle n'avait pas réfléchi au prénom du bébé, pas même avec Andrew. Elle ne sut quoi proposer, dire. Personne n'osa parler. Puis, le garçonnet, toujours dissimulé sous la jupe de sa nounou, minauda
« Aristide ! »« C'est une plaisanterie ? Ce n'est pas un prénom appartenant à l'illustre lignée des Lacroix de Belcourt ! »« Il est brillant pourtant, comme votre livre Père ! »Quelques rires. Le cadet se référait au livre de chevet, assommant, du maître des lieux. Une biographie d’Aristide Briand.
« Il s'appellera Antoine, comme son arrière-grand-père, votre grand-père ! »« Mais il puait du bec ! » ajouta l'enfant.
« Il suffit ! »Silence, pesant, glacial. Gêne. Le châtelain attirait à lui tous les regards. Chef de famille, il avait souvent le dernier mot. Pourtant, aujourd'hui, ce serait différent. Comme un pied de nez à son père, Sophie annonça son choix.
« Aristide Andrew Charles Kendricks ! »Elle l'embrassa, avant de sombrer dans le sommeil, sous le regard outré, choqué, de son père. Le lendemain pour réparer cet affront, le grand-père voulu son petit-fils à son nom. Ainsi, à l'état civil, l'enfant de feu Andrew Kendricks se nomme Aristide-Andrew-Charles Lacroix de Belcourt. Pour la première fois de sa vie, la châtelaine qui l’accompagnait, s’insurgea contre son mari afin qu’il respecte la volonté de leur fille. Il ronchonna mais capitula finalement devant les menaces de sa femme.
ACTE II, Scène 1 ♦ 8 juillet 1994Le château, aux mains de la famille depuis les évènements révolutionnaires survenu à l'aube du XIXe siècle, était une demeure élégante, raffinée. Deux ailes cloisonnaient une cour pavée ouvrant sur un double escalier. Au centre, une fontaine, surmontée d'un Hermès en bronze, libérait une onde pure. Là, une mésange vint se désaltérait, avant de prendre son envol. L'oiseau partit vers les jardins. Ses mouvements d'ailes étaient fluides, rapides. Il rasa les arabesques formés par les buis de ce jardin à la française avant de se laisser enivré par le délicat parfum des roses. Enfin, il se posa sur une branche d'un chêne centenaire. Il observa son environnement. Du mouvement en contrebas. Deux jeunes enfants courraient gaiement dans le poulailler, effrayant leurs habitants. Ils se penchèrent vers les différents nids et recueillir deux œufs. L'aîné en plaça un dans chaque quenotte de l'enfant de quatre ans. Fier, le jeune enfant s'échappa vers un bosquet à l'écart en criant.
« Maman ! Maman ! MAMAN ! 'Garde ! »Le bambin leva les mains et montra son trésor. Il s'agenouilla auprès de sa mère, allongée à l'ombre.
« Maxime et moi, on a trouvé deux oeufs ! »L'acolyte les rejoignit, le sourire aux lèvres. Il déposa un baiser sur la joue de sa soeur, perdue dans ses pensées. Puis se laissa tomber en arrière, les bras étendus, en croix. Il observait le ciel sans nuage qui s'offrait à lui. Pivotant sur le côté, il chatouilla son neveu qui ne put retenir ses rires. Il lâcha d'ailleurs les oeufs qui roulèrent et s'immobilisèrent quelques mètres plus loin, intacts. Ne supportant plus les chatouilles infligées, il supplia :
« Arrête ! »Il était à deux doigts d'être incontinent.
« D'accord ! »Silence.
« Risti ! On amène les oeufs à Suzanne ? Elle nous fera peut-être un gâteau. » En attendant le mot magique « gâteau », les yeux du garçonnet s'illuminèrent. Gourmand, il s'en léchait déjà les babines. Il se recueillit les yeux et les tendit à Maxime. Il commença à gambader vers le château puis se ravisa. Se tourna vers sa mère, en toute innocence, il l'interrogea :
« Maman... Pourquoi tu es toujours en noir ? »Face à cette question, les yeux de la mère s'animèrent, surprise par cette question. Des larmes apparurent au coin des yeux. Ses pensées étaient submergées par un visage : celui d'Andrew. Sa tête pivota vers son enfant. Il lui ressemblait tellement. Les mêmes yeux, le même teint, la même délicatesse dans le visage. Malgré toute sa volonté, elle n'eut pas la force de répondre à son fils, murée dans son silence. L'enfant ne lui en tint pas rigueur et vint l'embrasser avant de tenter, en vain, de rattraper Maxime. Sans le vouloir, le jeune Aristide créa un électrochoc dans l'esprit de sa mère. Désormais, pour son fils, elle mit de la couleur dans sa vie.
ACTE II, Scène 2 ♦ 13 juin 1995Andrew,
Pour suivre les recommandations du psy, j'ai décidé de coucher sur le papier mes états d'âme. Cinq ans déjà que tu es parti. Ironie du sort nous avons été unis jusqu'à ce que la [larme] mort nous sépare t'arrache à moi !J'avais trouvé en toi ma moitié, mon âme-soeur ! Quelqu'un a brisé notre bonheur naissant [larme].
Tu serais tellement fier de lui. Il est ma lumière. Il te ressemble tellement. Chaque fois que je plonge mon regard dans le sien, c'est toi que je vois mon A[illisible]. Maxime l'a pris sous son aile. Ils font la paire. S'il y a bien quelqu'un qui t'appréciait énormément au sein de ma famille, c'est bien lui. Tu étais un modèle, d'humilité, de générosité... Père [la mine du stylo transperce la page] ne l'a jamais reconnu. Il t'a enter[illisible] avant même de te connaître. Heureusement mon petit Maxou a relevé le niveau. Tu ne seras pas étonné qu'il soit son parrain. C'est son ange gardien, je crois (avec toi bien sûr mon Amour).
Il lui a même sauvé la vie. Oui !Tes parents étaient là d'ailleurs. Ils étaient venus passer quelques jours en France, faire le tour des vignobles notamment. Ton père, avec son sens de la formule légendaire, avait dit au mien : « La France possède trois merveilles du monde ! Vous très chère (en me regardant), car vous avez fait chavirer le coeur de mon petit Andy (il était vraiment touchant). De votre amour est né Aristide, savant mélange de vos deux êtres exceptionnels. Et le vin, car il ne faut jamais voyager à sec. » P[trou]re était resté de marbre. D'une nature peu expansive, difficile pour lui de dissimuler le peu d'empathie qu'il éprouve pour les personnes de votre race (même si c'est stupide). Mais tu comprends, sa fille, sa petite princesse, s'amourachait d'un Américain, un parvenu. Il n'a jamais compris que notre amour loin d'être factice était véritable.
Je crois que je m'égare. Je ne suis pas ici pour faire le procès de mon père. Cela ne te ferait pas revenir. Malheureusement ! Comme je disais plus haut, Maxime a sauvé notre fils. Le repas s'éternisait. Mon père accaparait la parole, comme à son habitude, (je me demande d'ailleurs comment il ne t'a pas fait fuir), parlant avec passion de son jardin, des préparatifs de sa saison de chasse. Il faut dire que ton père n'est pas en reste. Il le bombardait de questions. Mon père, imbu de sa personne, était ravi de renseigner celui qu'il considérait comme un « Amerloque » ignare. Mère autorisa Maxime à se dégourdir les jambes et aller jouer. Notre petit Aristide, vivant dans son ombre, ne tint pas en place. Il me supplia sur sa chaise pour le rejoindre. Tu l'aurais vu. Une petite puce qui sautillait dans tous les sens, impatient. Alors qu'il rejoignait mon frère, ta mère me glissa à l'oreille : « Pendant un court instant, j'ai cru revoir Andrew, dans son attitude ! ». Elle semblait émue. Je lui pris la main, compatissante.
Les deux enfants courraient dans le parc, se faisant des passes avec le ballon. Maxime était très prévenant avec son neveu, veillant à ne pas lui envoyer trop fort. Malheureusement, une passe de sa part fut plus puissante que les autres. Vif, Aristide se précipita dans sa direction. Mais, emporté dans son élan, il tomba dans la piscine. Ne sachant pas nager, il se retrouva rapidement au fond de la piscine. D'abord, Maxime ne comprit pas la dangerosité de la situation. Puis, comprenant qu'Aristide était tombé à l'eau, il se précipita et sauta à l'eau, sans réfléchir. Arrivant au niveau de son neveu, il prit une grande bouffée d'air et plongea. Sa volonté farouche de sauver le jeune garçon lui donna la force de le soulever et le sortir de l'eau. Là, une servante prit le relai, alertée par des bruits suspects autour de la piscine. Elle lui prodigua les premiers secours (bouche à bouche) pendant que Maxime, horrifié, vint nous prévenir.
J'eus une peur bleue. Après t'avoir perdu, il était inconcevable de perdre notre enfant. Maxime ne savait plus où se mettre. Il se sentait coupable (et mon père, au lieu de le réconforter, enfonçait le clou !), relevant son manque de vigilance. Je me suis hâtée vers la piscine, relevant une nouvelle fois son manque de protection, et j'y trouvais mon bébé dans les bras de la servante, conscient. J'ai loué Dieu de ne pas me l'avoir pris et je l'ai serré contre moi, ne voulant plus le laisser partir. C'est là que mon père lâcha une phrase qui résonne encore et toujours dans ma tête : « Au moins, ça lui forgera le caractère ! ». Je décidai de le fusiller du regard. Comment osait-il dire une absurdité pareille ? Notre chérubin avait failli frôler la mort [son écriture devenait de plus en plus saccadée] Comment aurais-je vécu sans toi et sans notre enfant, fruit de notre amour. Je ne comprends pas comment je peux avoir un père aussi peu compatissant.
Je pense que ma plume va s'arrêter ici pour ce soir. Tu me manque terriblement ! Je t'aime.Depuis cet incident malheureux, Aristide a une peur panique de l'eau.
ACTE II, Scène 3 ♦ 23 mai 1996La jeune femme errait dans le bureau de son père, retournant tout sur son passage. Elle fouillait dans chacun des tiroirs de son bureau. Elle ne trouvait rien. Curieuse, elle sortit une liasse de papiers minutieusement ficelée au fonds du dernier. Elle détacha la liasse et commença à lire en diagonale. Factures, correspondance, notes diverses et variées. Rien de bien intéressant, à première vue. Pourtant, elle continuait à feuilleter. Soudain, elle tomba sur une note manuscrite. Ecrite à l'encre rouge. Elle était claire, concise. Aucune ambiguïté : « Andrew Kendricks affaire réglée ». Elle regardait cette écriture. Ce n'était pas celle de son père. Ses yeux s'embuèrent et des larmes commencèrent à couler. Elle ne pouvait concevoir que son père puisse être impliqué dans le meurtre de sang-froid, le jour même de son mariage, d'Andrew. Elle laissa choir le papier, avant de sortir de cette pièce étouffante. Elle avait besoin d'air. Elle accourut jusqu'au balcon. En contrebas, elle vit son père, toujours penché sur ses rosiers. Il les aimait ses rosiers, il les bichonnait, peut-être plus que ses propres enfants.
Elle devait s'entretenir avec lui, mettre les choses au clair. Elle descendit quatre à quatre les escaliers qui l'amenèrent jusqu'au hall d'entrée. Elle se précipita vers les massifs où, derrière, son père était dissimulé. L’entendant revenir le patriarche lui demanda :
« Tu l’as trouvé ? » Silence. La jeune femme s’approcha de son père et d’une voix claire et intelligible elle répéta ce que disait la note :
« Andrew Kendricks affaire réglée ! » . Elle le gifla. Dans son éducation, il fallait sans cesse respecter père et mère, mais là, elle n’en avait pas la force, elle n’en avait plus envie. En quelques secondes, elle avait découvert qu’il lui avait détruit la vie. Comment était-il impliqué ? Elle désirait le savoir ! Il tenta une réponse :
« Ecoute chérie ! Cet homme n’était pas fait pour toi ! De sa lointaine Amérique, il n’avait rien à faire avec une Française de ton niveau social. Ce n’est qu’un profiteur, qui a couru la dot, l’héritage de notre famille » Toutes ses paroles s’entremêlaient dans sa tête, elle ne sut s’il avouait son implication odieuse dans l’assassinat de son époux ou s’il déversait l’aversion totale qu’il avait toujours eue envers lui.
« Tu serais devenue qui avec lui ? Il t’aurait fait miroiter le rêve américain, puis t’aurais abandonné avec tes gosses, partant courir la gueuse sur les côtes de la Floride ! » Les larmes lui montaient aux yeux et commencèrent à couler le long de ses joues. Elle ne supportait plus qu’il vilipende ainsi Andrew.
« Crois-moi c’est ce qui aurait pu t’arriver de mieux ! ». Instinctivement elle le gifla. Il tenait des propos abjects. Elle lui rétorqua :
« Et enlever son père à Aristide, c’est aussi pour son bien ? Tu me dégoûtes ! ». Elle s’en alla. Elle ne souhaitait plus communiquer, d’une manière ou d’une autre avec son père. Elle décida de fuir cette maison, elle ne s’y sentait plus chez elle. Débuta alors, avec son fils, une longue vie d’errance à travers le monde.
ACTE II, Scène 4 ♦ 19 septembre 1998« De toute manière, ta mère c’est une pute et ton père c’est un pédé ! C’est pour ça que t’as un nom à coucher dehors ! ». Silence. Autour de lui, tous ses petits camarades le regardaient. Il était impassible, calme. Néanmoins, son regard fusillait, foudroyait même l’auteur de ces propos nauséabonds. Quatre revinrent s’entrechoquer, comme un disque rayé. Devant le manque de réaction du garçonnet, l’autre continua à déverser sa logorrhée vomitoire. Ses paroles ne l’atteignaient plus. Toujours ces quatre mots. Ils fouettaient son visage de marbre. Le jeune garçon avait un niveau de tolérance élevée lorsqu’il s’agissait de critiques, plus ou moins fondées, vis-à-vis de lui mais il ne supportait pas qu’on puisse s’en prendre à ses parents. Délibérément. Ses bras se contractèrent. Ses poings se serrèrent. Soudain, l’assaillant le poussa violemment au sol. Il tenta, comme il put de se rattraper. Peau et goudron ne vont pas bien ensemble. Il s’écorcha genoux et mains. Etourdi par le choc, il resta tête baissée, regardant ses écorchures aux mains, puis, tel un cheval en furie, il bondit sur son assaillant et commença à lui assener des coups sous les encouragements de la foule qui s’agglutinait autour d’eux. Son calme olympien face aux propos obscènes avait fait place à une rage intenable. Les coups fusaient sans qu’il puisse les arrêter. Soudain, il se sentit violemment tirer à l’arrière. Le bruit de la confrontation avait alerté les adultes qui, rapidement, étaient venus à la rescousse. La voix tonitruante de la directrice de l’institution les rappela à l’ordre :
« Messieurs Kendricks et Lizwood dans mon bureau, immédiatement ! ». Les deux gamins s’exécutèrent, têtes baissées, dans le silence. Ils reçurent une correction exemplaire, particulièrement Aristide qui, malheureusement pour lui, accumulait les mauvaises actions au sein de l’établissement. En plus d’être puni, il savait pertinemment qu’il allait aussi se faire houspiller par sa mère. Malgré son argumentaire tout à fait valable, il serait privé de jeux, de télé… Il entendait le refrain sempiternel de sa mère :
« La meilleure des défenses est l’indifférence ! ». A trop être indifférent, on finit par se faire marcher sur les pieds !
ACTE III, Scène 1 ♦ 25 décembre 2000La porte d’entrée grinça. Des éclats de voix. Des rires. Aristide était à mille lieux de se douter de la surprise qui l’attendait. Il lisait patiemment sa bande dessinée, sans réellement se rendre compte de ce qui se passait derrière son dos. Trop concentré sur sa lecture. Une main toqua à la porte. Elle s’ouvrit. Le visage de sa mère fit son apparition, rayonnant, souriant.
« Risti chéri ! Quelqu’un est là pour toi ! ». Ni une, ni deux le jeune garçon sauta de son lit. Excité comme une puce. Il ferma sa BD et la rangea sur sa table de chevet avant de se précipiter vers la porte. Sa mère mutine, le laissa passer. Il le vit alors, dans le salon. Rouge et blanc. Avec une barbe blanche. Le Père Noël. Pas le vrai. Aristide le reconnut. Maxime. Il était beau. Le costume lui sied à merveille. Mais le jeune garçon n’était pas dupe.
« Tu es mieux sans barbe Tonton Max ! » . Il s’agrippa à lui, et lui tira la barbe.
« Tu m’as manqué Tonton Max ! » . Il lui fit une bise sur la joue avant de retourner dans les jupes de sa mère.
« T’as vu Maman ! Il est en père Noël ! Il est beau ! » . Il observait son oncle avec des yeux émerveillés. Il l’idôladrait. Il était l’homme de sa vie. Aristide n’avait pas eu la chance de connaître son père. Maxime, de six ans son aîné, l’avait substitué. Il trouvait en lui un modèle à suivre. Il avait une attitude, une prestance qui le séduisait, le rassurait. Il se sentait en sécurité. Il était son héros.
Il revint vers lui, la bouche en cœur, les yeux pétillants. Le garçonnet n’avait pas perdu le nord.
« Tu m’as ramené plein de cadeaux ? » . Il vit que l’élégant père Noël cachait quelque chose de volumineux dans sa hotte. Il tenta de découvrir la surprise, en vain. Maxime avait un excellent jeu de jambes qui lui permettait d’esquiver les assauts du garnement. Aristide ronchonna un instant :
« Vas-y Tonton Max ! Montre-moi ! » Il sautillait comme une puce devant son oncle, dans l’attente qu’il libère de son emprise, de ses mains puissantes, la bête, son cadeau pour Risti. Devant l’impatience du jeune garçon, il finit par lui tendre le gros cadeau, joliment empaqueté et enrubanné pour l’occasion.
« Tiens chenapan ! ». Aristide se saisit du cadeau, le posa au sol et commença à déchiqueter sans attendre le joli papier cadeau. Pour lui le papier cadeau n’était qu’une futilité. Le plus intéressant restait le contenant. Un camion benne ! Rouge vif. Il devint fou de joie. Sans attendre, il posa le camion au sol et commença à le faire rouler. Des ‘Vroums’ sortirent de sa bouche. Sa mère se racla la gorge et le regarda fixement. Il comprit. Il se rua dans les jambes de son oncle.
« Merci Tonton Max ! » . Il ne le lâcha plus. C’était son oncle préféré. Le seul !
« Je t’aime Tonton… » Silence.
« … mais le père Noel il a une vraie barbe ! » Sans ménagement, il tira dessus puis libéra son emprise en fuyant dans les jupons de sa mère en riant. Maxime réussit à l’attrapa et lui fit des chatouilles. L’enfant commença à rire à gorge déployée et lui supplia d’arrêter...
« Non ! Nooon ! Arrête ! Toooonton ! Arrête ! » Cascade de rire.
« Arrête ! Je vais me faire pipi dessus ! » . La pâle copie du Père Noël stoppa net. Il ne voulait pas frôler le drame ! Il lui rendit sa liberté. Risti s’accroupit, à nouveau devant son camion benne. Il le fit rouler doucement, retrouvant ainsi son calme. Les yeux pétillants, le sourire aux lèvres, il proposa à son oncle de jouer avec lui. Il accepta.
ACTE III, Scène 2 ♦ 25 janvier 2004Attention cette scène peut choquer !
- Spoiler:
Je le vois. Encore. Avec elle. Dans l’embrasure de la porte. Sa voix bourdonne dans ma tête. Toujours. Seuls. Ils pensaient l’être. Pourtant je demeurais dans ma chambre. Au chaud au fond de mon lit. Ils s’embrassèrent. D’abord dans le couloir. Avant de rejoindre la chambre du jeune homme. J’entendis des bribes de conversation. Incompréhensibles. Prestement je me levai. Curieux. De voir mon oncle. Jaloux. De le voir s’acoquinait avec une fille qui se l’accaparait. Maxime. Mon Maxime. Doucement j’ouvris la porte de ma chambre. Leurs baisers devinrent intenses. Je glissai dans le couloir, m’approchant de la chambre de Maxime. Une lumière tamisée. Elle était assise sur lui, les cheveux détachés. Ils échangeaient un long baiser. Les mains de Maxime glissaient dans sa chevelure d’ébène avant de saisir sa conquête par la taille et de la faire pivoter sur le lit, sur le dos, face à lui. Il entreprit de lui retirer son haut, pour laisser apparaître ses sous-vêtements en dentelle rouges. Elle était sublime. Une sirène. Elle avait séduit son oncle, l’emprisonnant dans ses filets. Et lui ? Un Apollon. La carrure d’un dieu. Un visage angélique encadré par une chevelure blonde parfaite. Une bouche suave. Une ravissante faussette. Des yeux pénétrants, tels des diamants bruts. Parfait. Tout simplement. A mes yeux. Leur corps à corps continua sous mes yeux avides, curieux, sans filtre. Il l’embrassa, puis il débuta la descente vers le fruit défendu. Il déposa un baiser dans le creux de ses seins, petits mais si bien proportionnés. Il les palpa avec ses mains expertes avant de descendre encore, vers l’origine du monde.
Sans attendre son aval, il la débarrassa de sa petite culotte. A présent je voyais, de loin, son jardin secret. Fasciné. Je vis mon Maxime plongea. Il commença à titiller à coups de langue l’entrejambe de sa conquête. Entreprenant. Je l’observai avec intérêt, glissant ma main à l’intérieur de mon caleçon. Il continua de lui procurer du plaisir. A coup de langue. Elle gémissait de plaisir. D’une main, elle l’encouragea à poursuivre, appuyant avec ferveur le sommet de son crâne. Le jeune homme leva la tête, croisa le regard de sa conquête avant de se replonger dans les méandres de son être. Plus intensément. Plus profondément. Elle félicita son esprit d’initiative, en susurrant dans un souffle : « Oh ouiii… Maaaaxiiiime… ». Emporté par le frisson procuré, elle accentua l’emprise de sa main dans la chevelure du bel éphèbe blond. Il s’enhardit et continua. Gourmand. Coup de langue. Respiration haletante. Il écarta plus encore les jambes de sa conquête offrant à son regard et à sa bouche experte son trésor sous un nouvel angle. Puis il remonta, doucement, titillant au passage le bout des seins de sa dulcinée. Avant de l’embrasser langoureusement. « Tu aimes ? » souffla-t-il. Elle acquiesça. Pour ma part, j’appréciais le moment. Leurs corps entrelacés. Son corps. A lui. Dessiné parfaitement par les dieux. Ses bras musclés, ses fesses magnifiques. Son visage angélique. Sa bouche. Ses lèvres charnues. Je voulais l’embrasser, sauter sur lui, toucher sa peau. Il me faisait un effet dingue. Mon caleçon laissait apparaître une proéminence.
Pourtant je n’avais pas fini de vivre des émotions. En effet Max roula sous sa partenaire, tout en continuant à l’embrasser. Et là, ce fut à elle de lui procurer du plaisir. Il se mit à genoux et lui proposa de sucer son pénis. Elle tint fermement la barre et commença à lui faire ce plaisir. Maxime fermait les yeux, savourant l’instant. Le pied. Il prenait son pied. Je le sentais. Et cela avait des répercutions sur mon être. Je me branlais en observant le spectacle. C’était trop bon. Dans mon coin, je ne pus éviter un expressif « Putain ! », qu’ils n’entendirent heureusement pas. Je me nourrissais de ces images. De cet entrain de la part de la jeune femme pour assouvir les envies du blondinet. Elle le suçait tellement bien. Il en redemande avide ! « Vas-y Poupée ! ». Elle mit plus encore du cœur à l’ouvrage… J’en puis plus. Je m’imaginais à sa place, procurant à Maxime un plaisir similaire. Je l’imaginais susurrer mon nom à la place du sien… Risti… Risti… RISTI… Trop d’émotion. Je me soulageai dans mon caleçon. Tandis qu’ils continuaient leur activité, je m’éclipsai dans ma chambre, les yeux remplis d’étoiles, avec un seul visage en tête. Le seul qui m’émoustille. Maxime.
ACTE III, Scène 3 ♦ 17 avril 2006Attention cette scène peut choquer !
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Une journée radieuse. Un soleil resplendissant. Une mer calme et d’un bleu hypnotique. Une journée impérissable. Pour moi. Pour lui. A jamais. Son sourire charmeur. Ses cheveux au vent. Un corps finement ciselé par des séances de musculation, de natation, de sport. Il s’entretenait. Pour mon plus grand plaisir. Comment ne pas succomber à son charme ? Comment résister à son aura indéniable ? Impossible. Il était juste parfait. Il était la pomme que je souhaitais ardemment croquer. Nous nous étions bien amusés ce jour-là. Taquineries de sa part. Eclats de rire. Journée parfaite. Sur le papier. Si elle n’avait pas été là. Sa conquête du moment. Cette grognasse aux gros seins. Je ne comprenais pas. Que lui trouvait-il ? Elle ne lui arrivait pas à la cheville. Elle n’avait rien dans la cervelle, tout dans le soutif. Rien en commun. Incompréhensible. Une seule raison possible, à mes yeux. C’est une bonne suceuse ! Mieux encore que la précédente. La regarder se pavaner à son bras m’insupportais. L’envie sourde de lui faire manger le sable s’empara de moi. J’haïssais Maxime de l’avoir choisi, elle, cette dinde. Regardez-là mettre outrancièrement sa main sur le cul du bel éphèbe. Heureusement qu’il conservait, encore, son maillot. Et son sourire niais, reflet de son intelligence limitée, je désirais le faire disparaître. Définitivement, elle devait avoir un sacré coup de langue pour l’avoir séduit. Quelle pouffe !
Je la regardais, une cigarette coincée entre les doigts. Elle se consumait, doucement. Sans réfléchir une seconde de plus, j’approchai la cigarette de son visage. J’imaginai sa terreur. La peur de se faire défigurer. Elle l’avait mérité cette catin. Sourire satisfait lorsque la cigarette flirta trop près d’elle et tel Icare, brûla de manière irréversible son visage qui disparut dans l’oubli. Seul lui subsistait. Divin sur le papier glace. Posant la cigarette, je pliai la photographie, pour ne voir que lui. Je l’imaginais nu comme un vers, les muscles contractés, le regard fixé sur moi. Je commençais à m’imaginant lui faire mille et une gâteries, lui offrir mon corps, tout mon être, pour son plaisir personnel. Je gémissais de contentement, emporté par mon imagination débordante. Un corps en corps viril avec lui. J’étais à deux doigts de l’apothéose quand la voix de ma mère me rappela à la réalité. Je sursautai. Elle était de l’autre côté de la porte. Elle me demandait de descendre. Je lui dis que j’arrivais. Coup de pression. Attrapant la photo au vol, je la glissai dans ma boîte de pandore. La boîte des interdits. Mon trésor personnel. Les photos de Maxime.
ACTE III, Scène 4 ♦ 3 novembre 2010Attention cette scène peut choquer !
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Je toquai. Impatient. J’observai mon reflet dans le vernis de la porte. J’étais canon. Ténébreux. Le verrou sauta et la porte s’ouvrit. Face à face. Enfin. Il me fit entrer à l’intérieur de son appartement feutré, joliment décoré dans le goût urbain. Plaisant, à son image. Il me proposa un rafraichissement. Je déclinai. Je n’étais pas ici pour boire un verre. Il demeura silencieux. Je m’approchai de lui, l’attrapai par sa cravate et l’entrainai vers le sofa. Enigmatique je lui soufflai : « Je préfère amplement te sucer ! Longuement… ». Il ne se fit pas prier. Il déboucla sa ceinture et ouvrit sa braguette. Agenouillé devant lui, j’observai avec intérêt le tissus blanc griffé Calvin Klein. Je caressai ses jambes avant de faire glisser son caleçon et libérer son sexe. Plein de promesses. Je le touchai, commençai à le branler. D’excitation il gonfla. Et là, une première fois, je le mis en bouche en décalotant le gland. Et je commençai à faire des va-et-vient, gentillets. Il appréciait, visiblement, me poussant à aller plus loin. Fond de gorge. Je manquais de m’étouffer. Alors que je reprenais mes esprits, il me parlait. Je ne comprenais rien.
Il me demanda de me relever, de prendre sa place. Je m’exécutai. Il m’extirpa de mon pantalon, abaissa mon boxer et commença à me branler d’une main puissante, virile. Nous échangeâmes des regards appuyés alors qu’il me procurait un plaisir immense. Sa main contre ma bite, je ne pouvais espérer plus. Un cadeau il me faisait. Afin de le récompenser, je lui caresser sa chevelure blonde, soyeuse. Je le dévorais des yeux. J’attendais cela depuis tellement longtemps. Sa branle devenait plus intense, il jouait avec moi et mes désirs. Je me mordis le bout des lèvres afin d’atténuer un gémissement. Je fermai les yeux un instant quand je la sentis… Chaude. Humide. Sa langue flatta l’extrémité de mon phallus, légèrement. Sacrebleu ! C’était bon. C’était rien, mais c’était tout à la fois. L’aboutissement d’une pulsion, celle de m’offrir à lui. Joie immense. Il continua son exploration phallique en s’amusant avec mon gland, avide d’être en contact répété avec sa langue. D’une main, il malaxait mes deux boules. Enfin, il commença à me sucer à proprement parlé. D’abord timidement afin d’éveiller en moi un plaisir non dissimulé. Sans contestation possible, il était plus doué que moi. Il le faisait avec art et délicatesse, comme un professionnel de la fellation. Je n’aurais pu rêver mieux. Je ne pensais pas qu’il puisse le faire aussi bien. Il cachait bien son jeu. Je prenais mon pied. Joignant mes mains derrière la tête, j’observai la scène. Sa tête blonde avalait par intermittence mon pénis.
« Vas-y Max, donne tout ! ». Il ne fit pas prier. Il englouti ma tige jusqu’au bout. Etonné, mes jambes s’étirèrent inconsciemment, comme habitée par une colonie de fourmis. « Oh grand Dieu ! Oui comme ça ! Oui ! Oui ! Ouiiiiiii Maxime ! Reste ! Le pied ! ». Il se retira, comme la mer dans l’Exode. Pour mieux revenir et m’emmener au nirvana. La sève montait. Doucement. Plus le plaisir s’intensifier, plus son niveau s’élevait. Je dus stopper ses ardeurs pour éviter le débordement. Mes mains autour de son visage, je l’observai, en sueur. C’est alors qu’il me proposa d’aller plus loin. Mon cœur s’emballa. Oui grand fou, allons plus loin. Je t’offre mon cul, fais-moi grimper aux rideaux, que nos corps ne fassent plus qu’un… A jamais… « Non ! On ne peut pas aller plus loin. C’est immoral. Ok, tu vas bien me dire que dans la Bible Loth se farcit toutes ses filles ! Certes, dans Games of Thrones, le vieux schnock derrière le mur engrosse toutes les siennes les unes après les autres, comme Homer mangerait des donuts, mais entre nous ce n’est pas possible. A ton avis, que dirait-elle ? Elle aurait honte de moi, son fils unique, la prunelle de ses yeux. Et toi ? Elle te renierait tout simplement, pour m’avoir souillé, m’avoir entraîné avec toi sur un terrain glissant, pauvre âme pècheresse et incrédule que je suis. Non, revenons vers la Lumière, vers Dieu, qui nous aime comme nous sommes dans nos différences. Ne tombons pas du côté obscur de la force… Tu as vu ce qu’il est advenu de Dark Vador, je ne veux pas finir comme lui. Restons-en là, avec cette fellation magistrale, cosmique, à en perdre son dentier ! En tout cas, aucun doute, tu as dû en sucer des Mister Freeze ! ». Je me relevai, revêtis mon caleçon, mon pantalon, tout comme si de rien n’était, sous les yeux ahuris, stupéfait du blond. Je me dirigeai vers la porte, et comme un au revoir, je lui lançai : « Sans rancune ! ».
ACTE III, Scène 5 ♦ 13 mai 2013Adossé au comptoir, j’avais la mine des mauvais jours. Les cours à l’université m’ennuyaient. Maxime était parti Dieu sait où avec sa gonzesse et moi, je n’avais rien à me mettre sous la dent, même pas une friandise avec laquelle me délecter. Lorsqu’une femme entrait dans le café, son antre, elle ne le satisfaisait pas. Soit elles ressemblaient aux peintures abstraites de Picasso. Elles ne ressemblaient à rien, soyons franc. Un œil qui dit merde à l’autre ce n’est pas très vendeur. Dans la vie, certains ont plus de chance que d’autres. Les premiers ouvrent les portes, les autres se prennent dans la gueule. On voit le résultat. Lorsqu’elles sont potables, c’est-à-dire affublé d’un visage qui ne laisse place à aucune improvisation artistique, avec un corps agréablement proportionné, elles sont limites dépassées. Je ne fais pas dans les produits périmés. Si leurs mamelles, têtées par une ribambelle d’hommes, tombent dans le café. No way ! Je préfère les produits frais, un bon pain au chocolat, chaud, croustillant et un chocolat fondant en bouche. Je buvais ma bière, sans joie, dépité par ce choix restreint. Je finissais ma bière, saluait le barman, un ami, avant d’affronter les ombres de la nuit.
Je marchai dans la rue, l’esprit ailleurs lorsqu’une voix féminine m’apostropha :
« Excusez-moi ! Vous n’auriez-pas l’heure, par hasard ? » Pour une créature à la voix aussi exquise je pouvais tout donner, même la taille de mon sexe. Je me retournais. Pourvu que ce ne soit pas un laidron, qu’elle ne soit pas aussi moche que sa voix est belle. Grand Dieu, elle était sublime. J’en aurais fait volontiers mon quatre heures, mon minuit aussi.
« Evidemment ! » Dis-je enjoleur, mettant en avant mon sourire impeccable.
« Il est 21h03 et 24 secondes pour être exact ! » Elle fit un petit bruit strident :
« Mince, je suis en retard ! ». Je rétorquai finement :
« Probablement ! Votre copain devra se coltiner le match tout seul avec pour seul compagnie un pack de bières ! ». Elle resta bouche bée, j’avais semble-t-il visé juste.
« Je suis comme qui dirait un peu devin… Je lis dans les yeux des jolies filles. Aujourd’hui, utiliser des animaux c’est un procédé tellement galvaudé et, se perdre dans les yeux d’une femme c’est tellement magique et ça n’a jamais tué personne. Pétrifié peut-être, les compagnons de Thésée en ont fait l’amère expérience avec la Gorgone Méduse… Mais revenons-en à vos yeux. Ses deux saphirs… Ils me disent tant de choses… » Ingénue elle demanda
« Et que vous disent-il ? » Je continuai à l’observa ardemment :
« Ils me disent que, dans le fonds, vous êtes heureuse d’être en retard, car vous avez fait ma rencontre et que vous n’êtes pas insensible à mon charme. Ils me disent que vous avez une envie soudaine de fumer, n’est-il pas ? » Elle acquiesça. Je sortis de ma poche un paquet de cigarette, lui offrit une cigarette, elle s’en saisit et la coinça entre ses lèvres. D’une main j’allumai mon briquet et embrasa la cigarette. Sourire charmeur. Je repris mon discours :
« A moins que vous préfèreriez un bon vieux cigare ? ». J’en avais un dans mon calbut. Chut. Et je jouais carte sur table
« Parce que dans le fonds, dites-moi si je me montre, vous m’avez pas accosté afin de connaître l’heure ? Vous saviez déjà que vous seriez en retard ! » Elle commença à me raconter sa vie. Je n’en n’avais strictement rien à foutre moi de sa vie. Elle chouinait. Mais qu’elle se taise !
« On va pas tergiverser trois heures ! Avec ton mec ça va pas ! Tu as la chatte en feu, tu veux que je te culbute pour emmerder ton gars ! ».
Sans attendre je l’attirais dans une ruelle, derrière un local à poubelle et nous nous adonnâmes à quelques plaisirs non dissimulés. La besogne rondement mené je me rhabillais et je traçai ma route sans même connaître son nom. Avant de m’éclipsai je lui soufflai :
« J’ai vraiment du mal avec les femmes maquillaient comme une voiture volée. En arrêtant de te maquiller à la truelle, tu serais magnifike ma chérie ! Mais à côté de cela tu as une belle paire de miches et une belle paire de meules. Rien à dire ça remonte le niveau ! » Je tournai les talons mais ne bougeai pas. Je fis volte-face :
« Il t’en reste un peu sur les lèvres ! Je doute que l’excuse du petit suisse fonctionne. Bonne continuation ! » Je rentrais chez moi.
ACTE III, Scène 6 ♦ 19 juin 2015Tout transpirant, je rentrais chez moi. Je m’étais bien dépensé, acharné sur le ballon de volley, pour évacuer la pression. Mes adversaires n’apprécièrent pas mon jeu véloce. Pourtant c’était une manière pour moi de lâcher prise. A présent, je rentrais chez moi, pour prendre une douche chaude, me prélasser, me décrasser. Je pris un car. Il restait une place à côté d’une jeune femme tranquillement plongée dans la lecture de son livre. Sans même lui demander son avis, je m’assis, reprends ma respiration. Elle ne bougea pas d’un iota, comme si je n’étais pas là. Quel manque de considération pour moi. Après tout je n’étais pas n’importe qui. Je l’observai, toujours obnubilée par son livre dont je n’arrivai pas à saisir le titre. Je pivotai la tête, regardant le rétroviseur central, voyant le chauffeur parler avec les passagers du premier rang.
N’ayant toujours aucune réaction, je raclai ma gorge, pour signaler ma présence et me présentai.
« Bonjour ! Je m’appelle Aristide ! Et toi ? » Rien. Elle tourna une page, sans même lever les yeux vers lui. Quel manque d’éducation. Cela ne coûte rien de se présenter, de discuter quelques minutes dans les transports en commun, par convivialité, pour passer les temps. C’est toujours agréable, plaisant.
« Tu lis quoi ? » . Je sentis de l’exaspération dans sa respiration. Elle montra, en quelques secondes la couverture de son livre. Pris au dépourvu, je n’eus pas le temps de lire le titre. Elle commençait à me taper sur le système. Qu’elle le dise franchement si elle ne voulait pas échanger avec moi. C’est simple. Trop compliqué pour elle.
Je bouillonnais de l’intérieur. J’avais hâte d’arriver chez moi, de prendre la douche, de quitter cet espace clos et de ne plus la voir. Pourtant, au premier abord, je ne l’avais pas trouvé désagréable. C’est même plutôt charmant une jeune femme qui lit… Si innocente. Finalement, avec franchise je lui dis
« Si tu ne veux pas me parler, dis-le moi directement au lieu de rester mutique, comme une carpe. Je suis suffisamment intelligent pour le comprendre. Mais visiblement, ce n’est pas ton cas. C’est beau de lire, de faire miroiter un semblant de culture, mais ça ne remplace pas le savoir vivre ! » Dis-je énervé. Elle ferma son livre, le glissa dans son sac et me sourit :
« Je ne te trouve pas intéressant ! Je ne vais pas entamer une conversation avec toi. Et de toute manière je descends maintenant. En plus tu pus le rat mort. Horrible ! » Elle se leva. Je tentai de la retenir par la main, pour lui demander des explications. Sans succès elle s’échappa et descendit du car. J’hallucinai, elle m’avait filé sous les doigts. Jamais une demoiselle ne m’avait ainsi ‘humilié’ de la sorte. J’en étais choqué. Tant pis, je passerais à autre chose, à une autre proie plus tendre. Un seul mot s’échappa de ma bouche lorsque le car reprit sa route :
« Salope ! » . Je ne sentais pas le rat mort. Après du sport on ne sent pas la rose. On sent l’homme, la virilité exacerbée. On dégage un côté bestial. Je m’entretiens :
« Connasse ! » soufflai-je doucement entre les dents. Elle n’avait pas décelé mon potentiel, ne me laissant aucune chance pour tenter une approche. Pourtant j’avais été courtois, je m’intéressais à elle. Incompréhensible. Tant pis. Elle ne me méritait pas de toute manière.