j'suis à deux doigts de me perdre, moi aussi, dans mes conneries. le but était de perdre nyla, de jouer un peu avec ses sentiments sans trop de dommages collatéraux, juste lui remuer légèrement les tripes pour qu'elle comprenne ce qu'elle ressent et qu'elle l'avoue. qu'elle avoue tout, qu'elle s'avoue vaincue, surtout. le but était de la perdre elle, et c'est moi qui m'y perd un peu plus quand ma main glisse contre sa peau, toute douce, ce contact qui n'avait plus eu lieu depuis longtemps, trop longtemps. mes doigts dans ses cheveux. ses yeux au fond des miens. ses lèvres si proches. son souffle contre mon visage.
le jeu est trop dangereux, trop tentant. je risquerais autant qu'elle de m'y faire emporter.
mais sur l'instant, j'réalise pas. sur l'instant je vois juste les quelques petites étoiles qui commencent à doucement briller au fond de ses yeux. je le vois. son regard que je connais par coeur, celui qui se transforme en celui d'elle, en petite fille, des années auparavant. elle, que je connais par coeur.
prise au piège.
et moi avec. un sourire se dessine à nouveau sur mes lèvres, ma main qui s'avance à nouveau vers elle alors que je m'apprête à enfin baisser les armes pour de vrai, que je m'apprête à craquer et sceller le monologue d'un baiser. je m'y apprête, mais sa réaction, brutale, me coupe dans mon élan.
je recule d'un pas, et mon rire, inévitable, incontrôlable, passe la barrière de mes lèvres.
merde, elle m'a crevé.
- nyla, ça va. fais pas la tronche.
mais elle me pousse encore, et elle s'énerve, elle s'énerve franchement, ça se voit. j'me demande, l'espace d'une seconde, si elle ne serait pas en colère parce que je l'ai blessée, parce que je l'ai touchée en plein coeur. mais tout ça me sort vite de la tête.
je retourne vers elle, le sourire encore ancré sur mon visage, au risque de m'en prendre une, et je l'entoure de mes bras. je force le passage, la serre contre moi, qu'elle le veuille ou non.
- t'es moche quand tu fais la gueule, putain.
j'peux pas m'en empêcher.
- et si j'étais pas en train de me payer ta tête?
et si je venais de te dire la vérité? on ferait quoi? moi, je sais ce que je ferais. parce que je me suis trop retenu, et que maintenant, moi, j'y arrive plus. alors, d'un coup d'un seul, sans prévenir, je l'embrasse. tendrement, puis fougueusement. avec toute la passion que j'ai retenue depuis la dernière fois qu'on a eu l'occasion de s'embrasser.
parce que ça faisait trop longtemps.
parce que putain, ça m'avait manqué, ouais.

Pendant un instant, t’y as cru. Pendant un instant, t’as tout lacher. Pendant un instant, t’as cru qu’on voulait de toi. Tu t’es perdue dans ses iris, dans ses mots, de la douceur avec laquelle il les disait. Tu t’es laissée bercée par l’effet que ça te faisait juste parce que t’en avais besoin. Et pendant quelques secondes, tu t’es faite avoir. Et la chute. Brutale. C’est Andrea qui te parle. C’est Andrea qui a un sourire sur les lèvres. Et quand tu le gifles, il sourit bien trop. Il aurait pas dû sourire. Ca aurait du le blesser ou le vexer s’il était sincère. Mais non, il rit de manière incontrôlable et toi, ça te rend dingue. Ca te met hors de toi parce que t’en peux plus de ce foutage de gueule. T’en peux plus qu’on soit là, à se payer ta tête, à se re-pointer quand ça les chante, et à faire seulement ce qui leur passe par la tête.
Il te dit de pas faire la gueule, et toi, tu le pousses encore un peu plus, la colère dans le regard. Ca t’énerve encore plus. Pour lui, c’est juste une blague. Tout ça, juste une putain de grosse blague. T’as envie de lui hurler que t’en as marre, que t’en peux plus, qu’ils te font chier les frangins Di Pietro. Mais il comprendrait. Et t’as pas vraiment envie qu’il comprenne. Pas maintenant.
Il s’approche encore, avec ce même sourire sur la gueule, celui qui te donne envie de le baffer une nouvelle fois. Mais il t’en empêche, à te prendre dans ses bras. T’as pas ton mot à dire, t’es prise au piège, dans cette prison de chair.
« Je t’emmerde ! » S’il était pas en train de se payer ta tête ? T’es persuadée que si. Visiblement, c’est ce qu’il fait de mieux. Il se paie ta tête dès qu’il en a l’occasion, et il continue, avec son putain de sourire en coin. Seulement t’as pas le temps de répondre qu’il fond sur tes lèvres. La tendresse de son baiser te surprend, et y’a ton cœur qui s’emballe sous la surprise, sous les souvenirs. T’avais pas prévu ça. T’avais pas prévu de retomber sur Andrea. Parce que t’as la tête assez en vrac comme ça, et t’as besoin qu’il vienne y foutre un peu plus le bordel. Seulement là, t’es amorphe, t’es pas certaine de complètement réaliser. Alors tu te laisses embrassées, c’est quand ça devient plus passionné… peut-être plus lui, plus que vous, que tu te reconnectes avec la réalité. C’est aussi vivement qu’il y a quelques instants que tu le dégages brutalement, tes paumes contre ses pectoraux. « C’est quoi ton problème ?! Ca t'amuse ?» T’as des éclairs plein les yeux. C’est pas le moment de t’emmerder, encore moins de se payer ta tête. « Tu continues, putain ! Tu crois vraiment que j’vais te croire ?! » Tu peux pas, t’y arrives pas. Parce qu’il a ce putain de sourire sur le visage depuis que tu l’as giflé. Il arrête pas de sourire. Il arrête pas de rire, et tu sais qu’il se paie ta tête. Parce que c’est Andrea, et que ça peut pas en être autrement. Tu sais que le baiser, c’était qu’une autre manière d’essayer de te convaincre. D’avoir un argument de plus pour se foutre de ta gueule. Parce que ça a l’air de l’amuser. « Lache moi Andrea, sinon je t’assure que c’est ma planche que tu vas te prendre dans la tronche. »


 

à force de trop jouer avec le feu, je finis juste par me bruler. me brûler sans doute plus sévèrement que je n'en ai même l'impression. mamma m'a toujours averti des dangers de ce genre de conneries, mais la preuve en est, vu mon comportement, que j'ai toujours eu tendance à ne pas l'écouter. et j'imagine que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même aujourd'hui. c'est de ma faute si je joue au con, c'est de ma faute si je fais subir ça à nyla. la pauvre gosse, elle n'a rien demandé, elle.
c'est juste moi. j'avais une envie terrible de la serrer, de l'embrasser, de lui dire tout ça et lui faire cracher le morceau, peu importe par quoi il faudrait que j'y passe pour y arriver.
j'crois que j'me suis juste planté. c'était sans doute pas comme ça qu'il fallait que je fasse. sa gifle en témoigne. et mon sourire de con ne fait qu'envenimer la situation. sans parler de mon éclat de rire incontrôlable.
putain, j'fais rien pour arranger la situation.
c'est juste plus fort que moi.
j'arrive quand même, tant bien que mal, à la serrer dans mes bras, à la garder contre moi, et son flot de parfum qui m'envahit tout à coup m'apaise, il est comme rassurant, comme enivrant. alors mes lèvres se plaquent contre les siennes avec une tendresse qui ne m'est pas propre, et c'est à son tour de se retrouver apaisée, tranquillisée. immobilisée, même.
un sourire m'échappe encore une fois, je retrouve ma fougue naturelle, et nyla me repousse, à nouveau.
je la lâche, recule de quelques pas et lève mes mains en l'air, en guise de drapeau blanc quand je remarque les éclairs dans ses yeux, ce regard colérique qu'elle me jette, et la menace de sa planche de surf contre mon crâne, au passage. non pas qu'elle me fasse peur, mais j'aimerais éviter de me retrouver assommé.
le sourire me retombe, j'avance à nouveau vers elle.
je tente le diable.
c'est pas de ma faute, c'est la sienne, dans son bikini.
- allez, calme-toi bellezza, j'arrête, j'te promets, j'me fous plus de toi, j'le jure sur la tête de cesare.
tu sais combien j'tiens à lui.
j'avance encore, jusqu'à être tout près, et je prends sa main dans la mienne. juste sa main, rien de plus. juste sa main, ce contact suffisant pour peut-être la faire craquer, pour lui faire ressentir le milliard de choses que je ressens, et peut-être l'électrocuter, pourquoi pas.
- pourquoi tu réagis comme ça? j'croyais que je te tapais sur le système et que t'en avais rien à foutre de moi?
allez, dis la vérité maintenant, avoue tout, t'es prise la main dans le sac.
encore un pas jusqu'à elle, je serre légèrement ses doigts.
- j'dois être honnête, vraiment, avec toi sur au moins un point. ça m'avait manqué de t'embrasser.

Quand il promet d’arrêter ses conneries, sur la tête de Cesare, tu sais que là, tu peux le croire. En tout cas, plus qu’il y a quelques instants. Tu tournes la tête vers son chien. Pauvre bête. Avoir un maitre qui se paie la tête des gens mais qui jure sur sa tête. T’aurais peur à sa place. M’enfin, il y tient normalement. Alors tu devrais pas risquer grand-chose. Et cette pauvre bête non plus. Tu reportes ton regard dans celui de Celio alors qu’il avance. Tu te demandes s’il va falloir que tu lui en refoutes une. En tout cas, t’es sur tes gardes, et normalement, il est pas con au point de l’ignorer. Quand il glisse sa main dans la tienne, c’est un léger frisson qui te parcourt, mais tu sens tout ton corps se contracter. T’hésite à le dégager encore une fois, et pourtant, d’une certaine manière, ce simple contact t’apaise un peu. Pas complètement, mais c’est déjà un début. Ca calme la tempête qui fait rage depuis quelques jours, et plus encore depuis quelques minutes. Mais c’est sans compter sur ses questions. Sérieusement ?! « Andrea ! » laches-tu à bout de nerf comme un rappel à l’ordre, à défaut de lui lacher un beau ferme-la. Tu pensais qu’il avait lâcher l’affaire. Apparemment pas. « C’est le cas, je m’en fous. » Ouais, c’est ce que tu te dis. T’essaies de te convaincre, puis un jour t’ouvriras les yeux en te rendant compte qu’en fait, Andrea, il faisait pas que te taper sur le système. Ou qu’en tout cas, il y avait une bonne raison pour ça. Mais tu vois rien, ou t’es peut-être juste pas prête à l’avouer. Et puis dans tous les cas, y’a ta fierté qui te pousse à lui dire le contraire de ce qu’il veut entendre. « J’passe une mauvaise semaine. Faut bien que je passe mes nerfs sur quelqu’un. » explication pourrie et pourtant pas complètement. Plutôt véridique en fait. Tu passes sérieusement une semaine de merde. Tu dirais bien que t’as hâte d’être à dans deux semaines, mais tu sais pas si ça sera vraiment différent. Alors qu’il ouvre une nouvelle fois la bouche, tu relèves le regard vers Andrea. C’est plus fort que toi, t’éclates de rire à ces derniers mois. Ca, c’est le Andrea que tu connais. Nettement plus crédible que les salades qu’il t’a sorti il y a quelques instants. « Tu vois, là, je sais que t’es sincère. » Tu t’extpres finalement de sa main, pour venir poser tes fesses par terre. « J’te savais pas aussi sentimentale, Andrea. » laches-tu avec un sourire sur le coin des lèvres. Même si tu trouves que cet aveu est nettement plus authentique que le reste, tu l’imagines pas non plus se rappeler d’un baiser. Pourquoi le tien plus qu’un autre ? ou alors il raconte ça à tout le monde. Tes grands yeux azurs relevés vers lui, toute trace de sarcasme a disparu. « tu me rends un service ? » t’as pas envie de lui expliquer pourquoi, t’as même pas envie qu’il parle. T’as juste besoin d’un peu de tendresse, de réconfort, et mine de rien, Andrea, il est là depuis que t’es gosse. « Tu m’prends dans tes bras ? Pas longtemps. Juste une minute. »


 

c'est promis nyla, c'est promis, j'arrête de me foutre de toi. que cesare en soit témoin, que dieu aussi tiens, si ça lui fait envie. que toute la plage soit témoin. j'arrête de me foutre de toi. pour aujourd'hui au moins. pour demain, j'promets rien.
mais pour aujourd'hui c'est certain.
seulement, la façon qu'elle a de me regarder, de réagir, après tout ce qu'elle a pu dire, est plutôt perturbant. agréablement perturbant. contradictoire. et moi, moi j'sais plus où me foutre, j'sais plus dans quel camp je dois jouer, si la balle est avec moi ou pas. j'sais pas si je peux continuer d'avancer, d'essayer de la draguer, de la charmer, de l'avoir avec moi, dans mes bras, contre moi. j'sais pas si je peux, j'sais pas si j'ai le droit.
tu souffles le chaud et le froid, nyla.
j'crois que je fais pareil que toi.
les questions sont sorties toutes seules de ma bouche alors que ma main s'est mise à serrer la mienne. t'as senti le frisson qui a parcouru mon corps, bellezza? tu l'as senti? il était puissant, j'te jure. surprenant. aussi surprenant que tu puisses l'être.
un rappel à l'ordre, un prénom prononcé comme avec une colère. une façon de dire que j'ai été trop loin. encore une fois. mais tu sais que j'peux pas m'en empêcher, tu sais que c'est plus fort que moi. j'vais toujours trop loin. c'est comme ça.
ses explications sont peut-être potables, peut-être vraies, mais elles ne sonnent pas comme ça à mes oreilles. elles ne peuvent pas. c'est forcément plus que ça. parce que c'est nyla et andrea.
- alors défoule-toi. frappe-moi, si tu veux. j'veux bien encaisser les coups pour toi.
si tu penses qu'après ça tu iras mieux, si tu penses qu'après ça tu seras un peu plus sincère avec moi, un peu plus honnête. si tu penses qu'après ça tu m'accepteras.
son éclat de rire provoque un nouveau frisson et un sourire instinctif. son éclat de rire qui résonne dans ma tête comme une mélodie.
j'devrais peut-être me ressaisir.
mais là j'peux pas. j'peux pas alors qu'elle me lâche et que ça devient comme un crève-coeur. j'peux pas.
elle est assise dans le sable maintenant nyla, et elle me regarde, avec ses grands yeux bleus dans lesquels on se perdrait bien volontiers, dans lesquels on irait se noyer. ces yeux bleus qui pourraient ordonner n'importe quoi, qu'on le ferait. ce genre de regard pour lequel on accepterait bien de tuer.
et la sincérité dans son regard.
un service, nyla? n'importe lequel. tout ce que tu voudras.
- tu peux pas t'passer de moi?
murmuré, à peine soufflé. j'voudrais pas créer de vagues, quand bien même je n'ai pas pu m'en empêcher. j'aurais mieux fait de me taire, mais j'en suis incapable.
alors je passe derrière elle, et m'assieds dans son dos, pour l'installer entre mes jambes, et mes bras glissent autour d'elle pour la serrer, mon visage au creux de son épaule, et un baiser dans son cou.
- j'veux bien le faire aussi longtemps que tu voudras.
parce que putain, qu'est-ce qu'on est bien, là.

Que tu te défoules ? que tu le frappes ? Ouais, l’idée t’a sérieusement traversé l’esprit. Pourtant, tu sais que ça changera pas grand-chose. Au fond, il y peut quoi Andrea à tous tes problèmes ? C’est pas de sa faute si Nev agit comme un con. C’est pas de sa faute si t’es entichée de son idiot de frère depuis ta puberté. Certes, t’en as eu des mecs, mais tu les as tous comparé à Nev. C’est pas de sa faute non plus, si y’a tout qui a vrillé et que t’as couché avec. Enfin pas vraiment. Ca c’est juste fait. Comme un déclic, ou quelque chose comme ça. Sans doute un peu trop d’alcool aussi. Une tentation trop grande, un mal être que t’as voulu faire disparaitre en retrouvant des bras familiers. Et des sensations, des sentiments brouillons, un peu flous, que t’aurais pas soupçonnés, que t’aurais pas imaginés. C’est pas de sa faute à Andrea si c’est le bordel dans ta tête. Ca va plutôt pas mal quand tu le vois. Quand tu le vois pas, t’as pas l’impression d’avoir fait une connerie, y’a pas tout qui se bouscule à l’intérieur. Et puis, Andrea il sait pas. Ca se trouve, s’il savait, Andrea non plus voudrait plus te voir. T’es une sacrée conne, Nyla.
« Hm, c’est ce que tu dis maintenant. » Pas sûr qu’il voudra toujours les prendre, les coups, quand il saura. S’il sait un jour. Evidemment qu’il saura. Les secrets, ça se garde jamais bien longtemps. Et au fond, tu sais pas lequel des deux est le secret. Sans doute Andrea, en réalité. Mais malgré ton humeur maussade, il finit par réussir à te faire rire avec ses conneries. Il finit par te faire sortir un rire franc et sincère, dénué de tout sarcasme. Et t’aimes bien quand il sourit comme ça. Un sourire naturel, sans arrière-pensée. Pas d’ironie, rien d’autre qu’une réaction instinctive et authentique.
Tu t’assois dans le sable, la tête relevée vers l’italien. T’as juste besoin d’un peu de tendresse, un peu de réconfort. Tu peux pas t’empêcher de sourire à sa question. Il changera pas. Toujours ce besoin de te chercher, d’une manière ou d’une autre. Incapable de se taire même quand il sait que tu peux l’envoyer chier à tout moment. « Si ça te fait plaisir. » un sourire sur le coin des lèvres, amusé. Non, tu prendras pas la peine de réfléchir. T’as pas envie de savoir. T’as pas envie de savoir si tu peux pas t’passer de lui. Ca engendrerait trop de questions, trop de problèmes, trop de migraines. T’as pas envie. Il s’assoit derrière toi, et te cales entre ses jambes, ses bras qui t’entourent, et son visage sur ton épaule. Ton corps, il réagit immédiatement quand il dépose un baiser dans ton cou. Tu l’avais pas vu venir, et c’est ton corps entier qui est pris des frissons. Pas désagréable. Mais t’es perturbée. Par toute cette tendresse. Andrea, tu le connais pas aussi délicat. Andrea, il est intense, sauvage, mais pas aussi doux. Ou alors il te l’a jamais montré. « … tu fais souvent preuve d’autant de délicatesse ? Je t’ai jamais vu comme ça. C'est surprenant. » finis-tu par dire en tournant légèrement la tête vers l’arrière. Pourtant, tu serres un peu plus ses bras autour de ton corps, quitte à le tremper, parce que là maintenant c’est juste ce dont t’as besoin. Tu ramènes tes genoux contre toi, pour y venir poser ta tête. « dis, tu surfes toujours ? »

allez nyla, vas-y, défoule-toi un bon coup, file-moi une patate dans le nez, aussi fort que t'es tracas te prennent la tête, extériorise tes angoisses et ta nervosité. j'le jure, j'veux bien encaisser les coups pour toi. j'dis ça maintenant, c'est vrai, mais même deux semaines après, ça n'aura pas changé. j'continuerais d'encaisser si besoin est. pas pour le plaisir de me prendre des coups, mais simplement pour pouvoir te permettre de te soulager un peu. j'suis pas doué pour le réconfort, pour les mots bien pensés, mais ça, j'peux faire. j'peux faire parce que c'est toi, c'est nyla, c'est la gamine que je connais depuis des années, celle qui a souffert, celle que j'ai protégé et que je continuerais de protéger.
mais crois ce que tu veux nyla, je vois dans tes yeux que tu es sceptique.
alors moi, j'hausse simplement les épaules pour toute réponse.
j'suis pas doué pour le réconfort, mais quand même, je veux bien essayer. encore une exception que j'suis prêt à faire pour ses beaux yeux. tenter de la serrer contre moi aussi longtemps qu'elle le voudra, aussi tendrement que je pourrais.
alors je me glisse dans son dos, je l'entoure de mes bras, mes mains qui glissent sur sa peau mouillée, mon visage qui trouve une place au milieu de ses cheveux qui dégoulinent, un baiser dans son cou qui se transforme bien vite en baiser contre sa tempe alors que mes bras la serrent plus fort encore.
- mouais, non.. pas vraiment..
n'y prends pas trop goût. j'sais pas quand ça pourra de nouveau arriver.
- quand la situation l'exige et le permet, surtout. c'est plutôt rare. tu sais, j'suis un connard mais j'suis capable de reconnaître quand un peu de tendresse est nécessaire.
sois étonnée, j'avoue l'être tout autant quand je me rends compte que c'est bien moi qui suis capable de ça, mais le fait est que c'est franchement pas désagréable, et j'serais bien capable de rester encore des heures figé comme ça, juste à la serrer, et embrasser sa peau.
rien que ça.
elle se penche contre ses genoux et je suis le mouvement, appuyé contre son dos, la tête posée sur son épaule, le visage tourné vers la mer, les vagues.
apaisant.
- parfois, quand j'ai le temps. tôt le matin, souvent.
avant de commencer la journée, quand je suis encore un homme banal, et pas un monstre de torture et d'intransigeance.
- j'vois plus ma vie sans le surf maintenant, tu sais.
tu m'as rendu accro, j'imagine.

Tu peux pas t’empêcher de sourire. Pris en flagrant délit de tendresse, Andrea. Essaie pas de te justifier. Ca arrive peut-être même plus souvent qu’il veut bien l’admettre. Mais sa réponse t’amuse plus que de raison. « Donc là, tu m’as considéré comme un cas désespéré avec besoin de tendresse ? » demandes-tu avec un sourire dans le coin des lèvres, prête à de nouveau le taquiner. Pour ce qui est du fait d’être un connard, t’es bien curieuse de savoir pourquoi il se qualifie ainsi. A cause de ses activités professionnelles ? Ou de son attitude avec la gente féminine ? En attendant, le fait que Andrea se tape qui il veut, quand il le veut n’est un secret pour personne. Mais tu sais pas si c’est de connard que tu l’aurais qualifié. Sauf quand, évidemment, il se paie ta tête comme il y a à peine quelques minutes. A déblatérer ses conneries. A vouloir te faire croire des choses dont il ne pense pas un mot. « Donc le connard a un cœur ? Promis, j’le dirais pas. » Toujours ce même sourire en coin sur les lèvres, plus encore lorsque tu repenses à l’Australie. Tu sais qu’il a un cœur. Parce qu’il serait prêt à tout pour sa famille. Et un mec insensible ne ferait pas ça. Andrea, il tuerait pour chacun d’entre eux. Et puis, il était là pour toi, quand ça allait pas. Vos rapports n’avaient rien de franchement semblable à ceux d’aujourd’hui, mais il avait été là. A te border comme une gamine, à rester au pied de ton lit, à te tenir la main, juste pour que tu te sentes un peu plus en sécurité, au moins le temps d’une nuit.
« Un mec aussi occupé que toi trouve le temps ? » tu tournes légèrement la tête pour pouvoir le regarder légèrement. Des fois, tu te dis qu’Andrea vit pour son boulot. Il vit boulot, respire boulot. En même temps, avec des familles comme les vôtres, c’est peut-être normal. « Oh, y serais-je pour quelque chose ? » Comme dans un sursaut, tu prends ses mains pour te détacher de son étreinte et te lève rapidement en lui tendant la main. « Viens. On va en faire. Sur la même planche. » Un sourire amusé sur les lèvres, il pourrait croire que tu blagues, mais t’es totalement sérieuse. « Sauf si tu penses ne plus être capable d’assurer… » Tu te retiens de ne pas rire, de garder un semblant de sérieux pour le chercher un peu plus.

 

nyla qui ne peut pas s'empêcher de déformer ce que je dis, évidemment. sinon ça serait moins marrant, si elle ne prenait pas le plaisir d'essayer de retourner mes propres mots contre moi-même. ça serait moins marrant, si elle ne cherchait pas à m'envoyer une petite pique, même gentille, même innocente. je reste silencieux, j'veux ni confirmer ce qu'elle dit, ni chercher à me défendre. juste laisser planer le doute.
ose me dire que sur l'instant, t'étais pas un cas désespéré avec besoin de tendresse.
on sait tous les deux ce qu'il en est, vu la façon que tu as eu de t'appuyer contre moi, de me laisser de te serrer et même d'en demander encore, et encore un peu plus, de me laisser t'embrasser le cou, et la tempe, de te blottir contre mon torse. on connait la vérité, on peut aussi bien faire comme si de rien n'était.
autant sur ton besoin de tendresse que sur ma capacité à en donner.
ou pas.
sourire en coin qui se fait voir, même légèrement entendre et mes doigts qui pincent sa joue tendrement, comme une gamine qu'on aime bien, qu'on taquine.
- moi, un coeur? vous devez vous tromper, m'dame. c'est pas moi, ça.
j'ai p'têtre bien un coeur, ou plutôt une connaissance en empathie, un savoir sur la façon d'agir avec certaines personnes, un sens de l'honneur et de la loyauté, un désir de protection. peut-être pas un coeur, mais juste un peu d'humanité, à ce qu'il parait.
sa tête tourne vers moi et je souris plus pleinement, plus grandement. mon regard divague à ses lèvres et putain, qu'est-ce que j'ai envie de lui coller un baiser à cet instant précis. un forcé, qu'elle ne voudra pas. elle me poussera, sans doute, mais j'en crève d'envie.
ressaisis-toi, mon gars.
- pas le choix que de trouver le temps, quand on a une double vie. faut sauver les façades. j'suis qu'un italien immigré qui aime le surf et les bagnoles, moi.
sourire charmeur, en coin, et j'replace une de ses mèches de cheveux mouillés derrière son oreille.
j'l'ai rarement, le temps. trop rarement à mon goût. trop rarement au goût de mes habitudes de la vie australienne, au goût de mes envies. oui, t'y es pour quelque chose nyla, mais ça, j'l'avouerais pas. évidemment que c'est à cause de toi. ou grâce à toi plutôt. si c'est pas toi, qui d'autre?
la fougue, l'air qui frappe contre ton visage, la mer qui mouille tes cheveux et ton corps qui dompte les vagues. c'est toi, nyla. personne d'autre.
elle se lève, j'attrape sa main mais m'lève pas tout de suite.
- sérieusement? ouais, j'suis p'têtre un peu trop rouillé pour ces conneries. j'suis vieux moi, tu sais.
attends un peu que j'te montre ce dont j'suis capable.
mais avant, sa main fermement tenue dans la mienne, je tire dessus doucement mais fermement pour la faire tomber contre moi, dans mes bras, et la serre. encore une étreinte, rien qu'encore un peu. pas beaucoup, juste un peu, et mes lèvres qui trouvent leur chemin contre sa joue, mes lèvres tirées dans un sourire encore immense.

« Si, un cœur. Je t’assure qu’il est là, un peu caché derrière ta connerie. » que tu réponds en riant. Il a beau te dire ce qu’il veut, toi, tu le sais. C’est peut-être de la loyauté… Mais pas à ce point là. Et le désir de protection, il vient forcément de son empathie, et de son cœur. Ca marche pas autrement.
Tu tournes légèrement la tête, pour le regarder, et surtout pour savoir s’il continue de surfer. Mais son regard, il dévie sur tes lèvres, et pendant un bref instant, tu te demandes s’il va oser. Alors ton cœur, il s’emballe un peu trop. Et à cet instant, tu sais pas si c’est de l’excitation ou de la panique. Tu peux pas t’empêcher de sourire. Ouais, la façade… Tu sais un peu trop bien. Et pourtant, t’as même pas les activités de ton père. T’es juste la fille de. La « fille de » qui fait un peu trop de conneries. « Oublie pas les femmes. » Ouais, qu’un italien qui aime le surf, les femmes et les bagnoles. Là, c’est Andrea. Sans ça, c’est incomplet. Tu le laisses faire, lui et ses gestes délicats qui continuent de te surprendre, à te remettre tes mèches de cheveux trempées derrière l’oreille. T’as toujours adoré qu’on te touche les cheveux. Ca te fait un bien fou. Mais il répond pas. Il a pas l’air de vouloir te dire si t’y es pour quelque chose pour son amour pour le surf. T’espères que oui. Le surf, c’est tellement ta vie, une manière d’être, de ressentir, que d’avoir insufflé cette passion à quelqu’un, ça te plait bien. Surtout à Andrea. Un peu de liberté, d’insouciance dans son monde de brut. Juste l’écume des vagues, le vent contre son visage, l’iode qui emplit ses narines. Pas de meurtres, pas de manipulation, pas de colère noire. Juste lui et sa planche. Alors tant pis, réponse ou pas, tu te lèves, prête à le faire monter sur la tienne. Debout, tu ris. C’est vrai qu’il est vieux l’italien. Vieux, et toujours attirant. « Ouais, un vrai papi. Va falloir te remettre en forme. » t’as un sourire sur le coin des lèvres, un sourire qui prouve clairement ton amusement face à son âge soi disant avancé. Mais au lieu d’attraper ta main pour se lever, il te tire fermement à lui. T’atterris entre ses bras, et tu peux pas t’empêcher de rire. Un rire franc, réellement joyeux, et bordel que ça fait du bien de se lâcher un peu. Surtout en ce moment. Surtout après cet épisode avec Nev. Tu sais pas si c’est le fait de ne rien avoir vu venir, ou si c’est de sentir ses lèvres s’étirer contre ta joue, qui te fait sourire un peu plus, mais là, t’es juste bien. Tu vas jusqu’à glisser ta tête dans son cou alors que tu continues de rire légèrement. T’y déposes un baiser, avant de légèrement te relever sur tes bras. « C’était une tentative désespérée d’échapper au surf ? Pour que je ne puisse pas constater ta baisse de niveau ? » Tu pensais pas qu’Andrea pouvait encore te surprendre à ce point là. A faire preuve de légèreté. Andrea, tu l’as vu changé. Tu l’as vu s’endurcir, un peu trop même. Tu l’as vu se retrouver avec des responsabilités, trop rapidement. Tu te demandes parfois s’il a réellement profité, ou si c’est ce qu’il veut.