un million de choses en tête, j'envoie tout chier plus loin aujourd'hui. j'envoie tout ailleurs, j'envoie tout dans les bras des autres. que chacun s'occupe de ce dont je devrais m'occuper, et que je m'occupe de moi-même, pour une fois. que je fasse ce dont j'ai envie. juste aujourd'hui, juste quelques heures.
putain, juste quelques heures.
j'embarque cesare avec moi, qui devient tout excité tout à coup à l'idée de partir promener, juste lui et moi. pas de nuit, pas pour un sale boulot, pas pour devoir grogner férocement après quelqu'un. juste pour aller promener.
moi aussi, j'en suis tout excité, j'dois l'avouer.
arrivé, garé, j'ouvre la porte au chien qui s'empresse de courir dans tous les sens. j'enlève mes chaussures que je tiens dans mes mains et avance, m'enfonce dans le sable fin qui recouvre les kilomètres de plage. j'avance, jusqu'au bord de l'eau, jusqu'à tremper mes orteils. j'avance jusqu'à pouvoir observer d'un meilleur oeil les surfeurs qui s'aventurent dans l'eau pas encore suffisamment chaude pour y plonger volontiers.
je les observe en me revoyant, plus jeune, plus fou, moins recouvert de responsabilités, glisser sur les vagues, encouragé par une nyla encore plus jeune et encore plus folle que je l'étais.
je nous y revoie, et un sourire tire mes lèvres. un de ceux qui se font rares.
un de ceux qui prouvent que j'suis visiblement encore capable d'être heureux, d'être ne serait-ce qu'un peu humain, encore. ce que tout le monde, jusqu'à moi, croit définitivement éteint.
j'attrape un bâton pour le lancer à cesare jusqu'à ce que mes yeux percutent son corps, ses hanches, son cul que j'apprécie autant que je déteste.
et j'prie pour qu'elle ne se ramène pas.
et j'prie pour qu'elle se ramène, aussi.

Le vent dans les cheveux, l’odeur de l’iode qui te chatouille les narines, l’écume sur ton visage… C’est tout ce dont t’as besoin. C’est ton élément. Un sentiment de liberté comment il en existe peu. Debout sur ta planche, à glisser sur ces rouleaux trop peu impressionnants. C’est bien trop calme aujourd’hui. Alors une dernière vague, et tu retournes sur la plage, ta planche sous le bras.
Y’a un truc qui te vole devant. Tu te stoppes. Un bâton, et t’en regardes la provenance. Andrea. Putain. Andrea. Tu tournes subitement la tête, vers l’océan, les vagues, ton échappatoire. Peut-être qu’il t’a pas vu. Peut-être que tu peux aller te jeter dans les vagues, te noyer et l’éviter ? Peut-être même que ton demi-tour passera inaperçu. Seulement le temps que tu prennes ta décision, Cesare est déjà à tes pieds, à te tourner autour. Alors forcément qu’il t’a vu, forcément qu’il continue à avancer. Tu pourrais faire l’air de rien ? Aller surfer ? Après tout, c’était quoi ? Un plan cul, une histoire de deux soirs et puis fini ? Evidemment que non. C’est un Di Pietro. Ça se saurait si c’était aussi simple. Tu soupires, tu prends sur toi, et tu te diriges vers lui. T’avances droit vers les problèmes. Puis merde, qu’est-ce qu’il fout là ? Andrea, tu le croises qu’une fois le soleil tombé. Qu’une fois que les ténèbres prennent possession de la ville. « Ça va, le soleil te brule pas ? » petite référence vampirique et à son mode de vie très nocturne. « Encore capable de vivre comme le commun des mortels ? » oui, tu le cherches, oui tu t’en fous. Tu te demandes s’il aurait fini par bouger ton cul si t’avais pas bougé le tien. Tu te demandes encore pourquoi t’as bougé d’ailleurs. Andrea. Andrea, les problèmes à l’état pur. La tentation de trop.  

elle est là, elle est juste là. l'enfant qui a grandit si vite, la jeune gamine transformée en superbe jeune femme. la tentation même, la tentation dont j'aimerais encore goûter un bout. la tentation si douce.
casse-toi d'ici nyla, j'ai pas envie de te voir. j'ai autre chose à foutre aujourd'hui.
quoi que.
si tu viens par ici, j'suis persuadé qu'on pourra trouver de quoi s'occuper.
la pauvre enfant a l'air aussi paumée que moi sur ce qu'elle a envie de faire, sur son envie ou non de me voir, de me parler, d'être tentée. son regard et sa tête qui bougent d'un côté puis de l'autre, faisant mine de m'ignorer alors qu'elle m'a très bien vu.
pauvre gosse.
cesare lui tourne autour, il aboie, gentiment, il remue la queue, il essaie de jouer avec elle, jusqu'à ce qu'elle s'approche et que je le rappelle à l'ordre. on n'a pas besoin qu'il risque de lui bouffer un bras ou de l'emmerder. la dernière option, j'peux m'en occuper moi-même.
la voir face à moi en maillot de bain, les cheveux mouillés, le sel incrusté sur sa peau et la planche sous le bras me donne terriblement envie de sourire, d'encore un de ces sourires sincères. putain ouais, elle me donne envie de sourire celle-là.
mais j'sourierais pas. je saurais m'en retenir.
- ton sens de l'humour m'impressionnera toujours, nyla. c'est dingue. je me fends la poire, ça s'voit pas?
non, ça s'voit pas. visage impassible. tu m'fais pas rire. en fait, j'ai déjà envie de t'envoyer chier, parce que c'est presque un sport, et que ça m'a réellement manqué. on pourrait bien s'amuser, t'en dis quoi?
- ta vie, ça va? t'essayes d'avoir ton beach body prêt pour cet été? t'as du boulot, bon courage.
t'es putain de bonne.
viens que j'te ramène chez toi et que j'te saute au passage.

Ca devait être un moment sympa. Juste toi, ta planche et l’océan. Rien de bien compliqué, mais un bonheur absolu. Des plans simples rapidement perturbés par l’arrivée d’un chien que tu reconnais trop facilement. Et d’un maitre que t’aurais préféré évité. Pas maintenant. Pas encore. Pourtant, ça fait quelques mois que t’as retouché ou gouté son corps. Ca devrait aller. Sauf que t’es forcée de le reconnaitre, Andrea, il est pas simple à oublier. Tu sais pas si c’est son corps, sa façon d’être, mais c’est le genre de mecs qu’on oublie pas en deux minutes. Ou qu’on oublie pas du tout. Alors tu te lances, tu le rejoins, toujours pas certaine que ça soit la meilleure des idées. Tu le scrutes. Tu détailles son corps, mais t’évites ses prunelles. T’as pas envie de prendre le risque. Le risque de te perdre dans les profondeurs de ses iris, d’avoir envie de retenter l’expérience. Tu le sais, tu l’as compris la première fois, si tu t’y perds un peu trop, tu finiras par t’abandonner une nouvelle fois entre ses bras experts. Seulement à peine devant lui, que tu te mets déjà le chercher. Comme un foutu réflexe. Et il ne manque pas d’y reprendre, avec son sarcasme habituel. Toi, tu lèves les yeux au ciel. Quelle connerie que de t’être approchée. « Si, t’es au top. Mais faudra pas que tu forces beaucoup plus, si tu souris trop je pourrais croire que tu fais une attaque. » Il veut te chercher ? Il va te trouver, c’est certain. Tu ais même plus pourquoi c’est comme ça entre vous. Ca fait quelques années maintenant. Pourtant, c’était pas comme ça en Australie. Pas vraiment. Plus gamin sans doute. Mais depuis quelques années, ça a pris une autre tournure. Et plus encore depuis quelques mois. Une tournure que t’avais jamais envisagé, ni même imaginé. Après tout, c’est sur Nev que tu craquais depuis que t’as l’âge de craquer sur un mec, non ?
Une nouvelle fois, lu lèves les yeux au ciel avant de soupirer. Quel con. « C’est tout ce que t’as trouvé ? » un rire nerveux s’échapper de ta bouche avant que tu continues. « y’a quoi… T’es vexé que j’sois pas revenu, Andrea ? » Comme si t’avais réellement à bosser sur ton corps pour cet été. T’es pas du genre prétentieuse, mais ton corps, y’a rien à en redire, et il le sait aussi bien que toi.
 

nyla juste en face de moi, je suis submergé par un flot d'émotions et d'envies absolument contradictoires. j'ai autant envie de lui sourire, de la serrer contre moi, de la ramener à la maison et de lui faire l'amour sauvagement sur le canapé que ce que j'ai envie de l'envoyer chier, de l'emmerder jusqu'au bout et de faire demi-tour finalement.
trop de contradiction pour un homme qui a du mal à connaître le juste milieu.
putain j'sais pas quoi faire.
j'sais pas quoi faire, et encore une fois, quand elle se met à parler, je me retrouve tiraillé entre l'envie de rire à sa réflexion qui, aussi ironique soit-elle, est plutôt véridique; j'souris pas souvent, et entre l'envie de l'envoyer chier de plus belle, parce qu'effectivement, c'est véridique; j'souris pas souvent.
putain qu'elle m'emmerde.
j'crois que je vais me taire, pour cette fois.
je me contente de hausser les épaules et m'allumer une cigarette, pour faire taire mes diverses envies, pour éteindre la petite étoile qui s'est mise à briller au fond de mes yeux et qui pourrait faire éclater un rire franc.
t'es trop con, andrea.
allez, ferme-la, nyla, saute à mon cou, trempe-moi avec tes cheveux qui dégoulinent et viens là que j't'embrasse comme jamais.
ou sinon, casse-toi.
- c'est sûr, c'est certain. j'attendais désespérément que tu m'appelles, t'es tellement inoubliable putain.
c'est une évidence même, j'suis tellement du genre à attendre qu'une fille me rappelle, à rester collé à mon téléphone en guettant un appel. c'est clair, c'est tout moi. du di pietro tout craché.
surtout pour nyla.
mes yeux roulent dans leurs orbites. du moins, dans ma tête. ou peut-être pour de vrai, aussi.
- parle plutôt pour toi. t'essayes de me faire passer un message? t'aurais aimé que je t'invite au restaurant peut-être? que j'vois personne d'autre que toi, et que je pense à toi nuit et jour, pas vrai? c'est normal, tu sais. j'suis le genre de gars dont on peut plus se passer.
ceci étant dit, si t'as envie d'un coup vite fait, j'suis dispo, là, tout de suite.

Tu lèves les yeux, exaspérée par son ironie. Exaspérée tout court de l’avoir en face de toi pour tout ce qu’il te fait ressentir. Cependant, tu t’approches avec un sourire sur le coin des lèvres. Il essaie de se foutre de toi, de se moquer gentiment de ces quelques moments que vous avez eu. « Fais gaffe, Andrea, on dirait que tu te retiens de sourire. » A force de l’avoir côtoyé, pendant tant d’années, lors de votre vie en Australie –une autre vie- t’as appris à le connaitre. Vos rapports ont changé, mais ses mimiques… ses foutues mimiques, elle reste. Mais il continue de te chercher. Encore un peu plus. Tu sais pas ce qu’il chercher à tenter d’inverser la situation comme ça. Il cherche à entendre quelque chose ? Il peut toujours essayer. Il aura rien. Il veut quoi ? Que tu lui dises qu’il est un bon coup et que non t’as pas oublié ? Juste par fierté, tu le diras pas. Et puis, il risquerait de se foutre de toi. Du Andrea tout craché. Pour lui, t’as sans doute été une fille de plus. Une parmi tant d’autre. Une parmi les six autres de la semaine. « Oh inverse pas la situation. J’suis très bien comme ça. Pas besoin d’une invitation à deux balles. Baises qui tu veux. Pour ce que ça me fout. » A sa dernière phrase, tu lèves les yeux au ciel. « C’que tu peux être con. Faut redescendre sur terre, hein. T’es plutôt le genre de gars à me taper sur le système. » D’ailleurs, t’as bien envie de lui foutre un coup avec ta planche. Et un Andrea assommé, un. Mais t’es pas certaine que ça soit un truc qu’il laissera passé –une fois réveillé. Alors pour le moment, tu prends sur toi. « Si t’es tant que ça le gars dont on ne peut plus se passer… Comment t’expliques que j’sois pas revenue ? » Tu le provoques un peu plus, au risque de réellement le foutre en rogne. Mais c’est un risque que t’es prête à prendre tant il t’exaspère. Pourtant, plus ses lèvres bougent, plus tu veux de nouveau les sceller aux tiennes. Arrête ça, Nyla. Ce serait une connerie. Plus encore que celles que t’as déjà faites. Tu comprends pas comment t'as pu te foutre dans une merde pareille.  
 

nyla, nyla qui n'a jamais peur de rien. nyla qui n'a jamais peur de moi. elle s'en bat les couilles, cette fille-là. elle n'a pas peur de m'envoyer chier, de m'insulter parfois, de me frapper si l'envie lui prend. elle n'a pas peur de me repousser, même violemment. elle n'a pas peur de représailles parce qu'elle doit très bien savoir, même au fond d'elle, qu'elle n'aurait jamais aucune représailles.
pas parce que j'suis pas le genre de gars à user de représailles, loin de là, c'est même carrément moi.
mais parce qu'elle sait que nyla, j'la toucherais jamais. j'lui ferais jamais de mal, du moins jamais physiquement. nyla, même, j'tuerais celui qui lui fera un jour du mal.
nyla, c'est pas la famille, mais ça l'est presque. nyla, c'est pas une amie non plus, mais on n'en est pas loin. nyla, c'est pas ma meuf, mais c'est pas tout à fait mon plan cul non plus.
nyla c'est beaucoup plus que ça, et y aura jamais de mot pour le décrire.
nyla, c'est surtout une emmerdeuse. et putain, quelle emmerdeuse.
à sa remarque, un sourire ne peut pas s'empêcher de venir tirer mes lèvres, cette fois. j'ai lutté autant que j'ai pu, mais là, j'ai craqué. un sourire en coin, certes, un peu sarcastique. mais un sourire quand même.
- ça t'ferait mal que je sois en train de te sourire, hein? tu craquerais trop pour ma belle gueule, c'est sûr.
à moi les fleurs, à moi les bouquets, même.
putain, ma belle gueule, j'sais pas comment elle fait pour y résister même, actuellement. le sourire en coin, le regard mi-tendre, mi-ténébreux, avec un brin de petite colère pas bien sincère.
mais la suite, la suite, j'peux pas m'empêcher de rire. un rire léger, bref, et mes mains qui s'enfoncent dans mes poches pour l'accompagner.
qu'est-ce que j'suis con. qu'est-ce que je te tape sur le système.
allez, roule-moi une pelle maintenant, je sais que t'en crèves d'envie.
j'avance jusqu'à elle, quelques pas, et maintenant moins d'un mètre qui nous séparent, si peu de centimètres, en fait. juste pour l'avoir tout près, juste pour qu'elle sente mon odeur comme je pourrais sentir la sienne, juste pour qu'elle plonge ses yeux au fond des miens et qu'elle craque la première.
- j'en sais rien. peut-être que depuis des jours t'hésites à m'appeler mais que t'as une fierté plus grosse que toi? peut-être que tu luttes, là, que t'en meurs d'envie, de m'avoir à nouveau. peut-être que t'es tiraillée.
peut-être que tu vas craquer.
mais en tout cas, pour ta fierté, ça c'est certain. à force, j'te connais par coeur.

Evidemment que tu craquerais. Evidemment que tu craques à son foutu sourire, même un peu sarcastique. Parce qu’il en fait pas souvent. Parce qu’il est bien plus beau comme ça, et que ça te tue de le reconnaitre. Parce que t’es pas censée vouloir d’Andrea. T’es pas censée vouloir quoique ce soit d’Andrea. Si ce n’est son amitié, un semblant d’affection. Comme une affection fraternelle. Rien de plus. « Ça va les chevilles ? J’dis juste que t’es pas obligée de te retenir de sourire. Je sais que t’as envie de sourire quand tu me vois. » laches-tu en haussant les épaules. Le truc, c’est que tu sais pas toujours si c’est un sourire sincère ou s’il se paie juste ta tête. Les deux sont plausibles.
T’es surprise de l’entendre rire. Un rire franc, mais bref. Un rire qui sonne bien dans tes oreilles, un rire qui te laisse pas indifférente. Il s’avance, et tu sens ton corps se tendre, comme à l’aguet du moindre geste. T’aurais voulu reculer, par précaution, mais t’es incapable de faire un pas. La seule chose que t’es foutue de faire, c’est de rester plongée dans ses prunelles. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Sans parler de son odeur qui vient te chatouiller les narines, mélangée à celle de l’iode de tes cheveux dégoulinants. Puis c’est à ton tour d’éclater de rire à sa réflexion. Un rire franc, sincère, dépourvu de sarcasme, même s’il ne va pas tarder à venir. C’est vrai que ta fierté prend de la place. C’est vrai que t’as eu envie de le voir. Et t’as réussi à te raisonner. T’as réussi à te dire que c’était une connerie. Pour toi, et pour à peu près tout le monde. Plus encore vis-à-vis de Nev. Et pourtant, c’est bien lui qui a mis fin à cette pseudo relation que vous aviez ? Peu importe ce que c’était, d’ailleurs. T’avais bien le droit de voir qui voulais. Seulement son frère, même toi, qui te fous d’à peu près tout, tu sais que ça, ça passera pas. Ca passera jamais. Et comme une conne, tu l’as fait. C’est pas que t’en as pas envie. C’est que tu te sens coupable de le désirer. Mais t’as toujours autant envie que Nev revienne, tout autant que tu rêves de le faire galérer pour ce qu’il a fait. C’est un foutu bordel. Un putain de gros bordel où tu te trouves coincée –quoique pas tant que ça- entre les deux frères Di Pietro. Y’a vraiment que toi pour te foutre dans une merde pareille. Et plus encore pour être face à Andrea, à te rendre compte que t’as toujours envie de lui. « C’est une manière détournée de me faire comprendre que c’est exactement ce que tu ressens ? » Parce que c’est quand même vachement précis ce qu’il te dit là. Et surtout vachement vrai. Il pourrait pas te balancer comme ça comme s’il ne savait pas un minimum ce que c’était.  « Et pour ce qui est de ma fierté… Je l’admets. Mais elle reste toujours moins encombrante que la tienne. » T’aurais du faire un pas en arrière, pourtant, ton corps avance. Pas beaucoup, mais bien trop pour garder un semblant de distance de sécurité. Tu joues avec le feu, et cette fois, tu risques de te bruler. « T’arrive pas à me sortir de ta tête, Andrea, et tu veux pas l’avouer ? Pauvre chéri. »

 

mes chevilles, mes chevilles sont parfaites, elles sont parfaites comme le reste, comme ma belle gueule, comme le sourire que je retiens, c'est vrai. j'voudrais surtout pas me laisser aller et m'avouer vaincu à sourire le premier.
pourtant putain, j'dois bien reconnaitre qu'elle a un peu, voire pas mal, raison. c'est vrai que j'ai envie de sourire quand je la vois. reste à savoir si c'est un sourire sarcastique à l'idée de la réflexion que je vais pouvoir lui balancer, un sourire diabolique à l'idée de la crasse que je pourrais lui faire, un sourire charmeur à l'idée de ce que je pourrais lui offrir.
ou peut-être un sourire sincère, à l'idée de la retrouver.
mais ça, c'est quand même moins fréquent. soyons honnêtes. ça arrive, mais putain, tellement moins souvent.
alors j'préfère me taire, j'préfère juste me contenter de m'avancer, d'aller au plus proche de son corps, de son odeur, de son visage, et ses lèvres toutes proches des miennes.
qu'elle craque.
que moi j'arrive à me retenir, surtout.
son rire me fait légèrement chanceler, fait battre mon coeur un peu plus fort et un peu plus vite, s'emballer au point de ne plus savoir dans quel sens il doit pomper. je me ressaisis rapidement, me contente de sourire et passer ma main contre sa joue.
putain.
sa peau douce. ça m'avait manqué, ça je le reconnais. mais j'le reconnaitrais pas à voix haute, ça non plus.
elle approche encore, et j'passe ma langue sur mes lèvres, une fraction de seconde. j'peux pas empêcher mes yeux de divaguer, de jeter un regard à ses lèvres, à elle. trop tentantes.
- c'est vrai. j'dois bien le reconnaitre, j'arrive pas à te sortir de ma tête, nyla.
mes doigts glissent dans ses cheveux.
- j'te l'avoue, j'suis honnête. j'pense à toi. ça me hante. et ma fierté m'a empêché de te le dire. mais j'suis sincère avec toi maintenant. alors on fait quoi? dis-moi. moi j'veux juste t'avoir pour moi, c'est tout. j'demande pas la lune, tu vois.
putain, quel jeu d'acteur.
peut-être que c'est vraiment la vérité? la vérité vraie.
peut-être.
j'suis moi-même en train de me perdre entre le jeu et la réalité, j'suis en train de me perdre entre ce que je lui dis, à savoir si c'est vrai ou si c'est juste pour la faire craquer.
y a certainement un peu des deux.

Sa main sur ta joue, c’est comme une putain de décharge électrique. A la différence que c’est aussi agréable que douloureux. Ca ramène bien trop de souvenirs. Ca te rappelle trop bien le contacte de ses mains sur ta peau, ses caresses sur ton corps. Alors pendant quelques secondes, tu te perds dans ces foutus souvenirs. Tu te perds dans les méandres de ton esprit, juste guidée par son toucher, et son odeur qui te chatouille un peu plus les narines. Tu reprends contact avec la réalité, et tu le vois, tu vois ses yeux se fixer sur tes lèvres. Un peu trop longtemps pour que ça soit innocent. Un peu trop longtemps que ça veuille ne rien dire. Et là, il avoue. En tout ca, c’est à ça que ça ressemble. Et ses doigts qui glissent dans tes cheveux. T’as l’impression de défaillir, et y’a ton cœur qui s’emballe un peu trop. Tu sais pas comment tu fais pour rester là, sans bouger, au lieu de céder. Céder à cette foutue tentation. Céder à ses lèvres. Mais il continue. Les mots affluent, et toi, tu réponds plus de rien. T’as jamais cru vouloir entendre ça un jour. Pas jusqu’à ce qu’il dise et que tu te rendes comptes que c’est plutôt agréable à entendre. Agréable et flippant. T’as l’impression de perdre pied, et tes yeux doivent te trahir. Finie l’assurance, bonjour la petite fille un peu fragile, un peu trop sauvage qui se demande ce qu’elle doit faire face à tout ça, face à lui. Et là, ça te heurte comme un putain de mur que tu prendrais plein de fouet. C’est Andrea. Il se fout de ta gueule. Il en pense pas un mot. Pas vraiment. T’es à peu près certaine qu’il dirait pas non à une nuit de plus dans le même lit, mais ça s’arrête là. Mais là, c’est vicieux. C’est blessant. Il joue avec tes nerfs, et tu dois reconnaitre que pendant quelques tu t’s faite avoir. Avant même de t’en rendre compte, tu lui assènes une gifle, des éclairs plein les yeux. Tu déglutis difficilement en prenant sur toi pour ne pas montrer plus d’émotions face à ce mec qui joue un peu trop. Tu le pousses, tu pestes. Tu te fous d’avoir frappé Andrea Di Pietro. Tu te fous bien de sa réputation et de cette foutue aura qui l’entoure. Il peut bien faire ce qu’il veut, c’est pas ça qui va t’arrêter, et jour, ça pourrait être un problème. « T’es un putain de gros con, Andrea ! » tu le pousses encore, et encore. « T’en penses pas un mot ! Alors arrête juste deux secondes de te payer ma tête ! » Tu le pousses une nouvelle fois, un peu plus fort. « Dégage. » Ton sang bat un peu trop fort contre tes tempes, et ça résonne. Ce serait presque étourdissant. Honnêteté, sincérité, qu’il a dit. T’as bien envie de lui faire bouffer tout ça.