and all the devils are here
| Sujet: Les voleurs se cachent souvent où on ne les attend pas # Adam Mer 4 Jan 2017 - 20:35
| Ma main balaya les quelques mèches rebelles qui s’échappaient de mon chignon encore intact malgré que la journée avançait à tout rompre. Nous étions en fin d’après-midi, lorsque les lampadaires commencent à se vêtir de lumière et j’avais occupé mon temps entre une visite de scolaire le matin même et l’inventaire d’une de nos sections dédiées à l’Egypte ancienne. Etais-je éreintée ? Probablement, mais je ne détestai pas ce genre de fatigue puisque c’est ce qui me fait vibrer, l’une des seules choses qui anime mon cœur encore aujourd’hui. Les yeux émerveillés des enfants tantôt ravivait cette douleur qui parfois m’habite, à trente passé, je n’étais que célibataire, perdue entre le travail et la routine et je ne parvenais toujours pas à clôre certains de mes anciens sentiments. Parfois, je songeais à lui, ma seule véritable histoire quand on voit le chaos qui a malmené celles qui ont suivi. Je chassai ces pensées peu saines pour mon esprit et je m’occupai des dernières étagères que je devais remettre à niveau, sans que rien ne me fasse de lui comme parfois. Il n’y avait que des babioles, rien qui n’intéresse mes doigts pour le coucher sur papier. A vrai dire, je soupirai quand un de mes collègues me tira de ma rêverie, il n’était pas très grand, la cinquantaine passée, des cheveux grisonnant tirant sur ceux encore foncés mais son sourire charmant faisait tomber toutes les dames fortunées se perdant dans nos lieux et souhaitant faire de généreux dons. La collection permanente me rappelait que j’avais, fut un jour, fauté et je croisai les doigts que rien ne transparaisse. Il n’y avait aucun souci puisque j’étais la garante de ce que nous exposions. Je laissai donc mes étagères de poussière derrière moi pour épousseter la jupe et le chemisier que je portais et me dirigeai vers le hall d’entrée. A l’accueil, mon collègue reprit son poste sans sourciller et m’indiqua la personne qui, de dos, était désireuse de me rencontrer…Que faire ? Me cacher ? J’aurais reconnu cet homme, de dos, entre mille et le reflet de son visage sur nos baies vitrées me rappelait qu’il m’avait un jour brisé le cœur. Que faisait-il ici ? Nous n’avions plus de contact depuis des années et j’avais pansé mes plaies. Pourquoi remuer ce couteau dans la plaie ? Torturer mon être jusqu’à que je cède et que mes nerfs lâchent. Pourtant, je ne pouvais fuir et prendre mes jambes à mon coup, il avait probablement mon nom entre ses mains et savait que j’arrivais grâce à mon partenaire de travail. Je fermai un instant les yeux, inspirant profondément et m’imaginant le discours que je pourrais lui servir. Je n’étais point bonne menteuse et j’allais simplement rester professionnelle puisque ce n’était pas un rendez-vous mais une intervention de la police comme me l’avait dit le cinquantenaire. Je fis quelque pas en sa direction, restant dans son dos mais tentant de rassembler toutes les parcelles formant ma voix afin qu’elle soit le mieux fragmenté qu’il soit. « Bonjour Adam…agent Renfield, pardon. Vous vouliez me voir ? » Avais-je le droit de le tutoyer ? J’étais sur mon lieu de travail et je n’osais rentrer dans nos anciens déboires. De ce fait, j’esquissai un sourire et, même s’il se voulait surfait, il exprimait quelque part, cette tendresse d’antan, celle quand je le voyais rentrer le soir et que j’étais simplement heureuse.
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