Qu’est-ce que je vais foutre avec des gants et une veste chaude ? Elle a cru que j’étais un esquimau ou comment ça se passe ? Le texto de Natacha me fait sourire … mais seulement à moitié. Je n’aime pas la patinoire. Oui, comme les gamins. Mais c’est vrai quoi, je ne fais que tomber, je ne tiens pas sur mes deux jambes, pourquoi, mais pourquoi a-t-elle eu cette idée horrible ? Pour se moquer de moi ? Elle ne pouvait pas mieux faire ! Je préfère nos habitudes de sorties, la plage, les bars … Bon, il pleut, c’est vrai que du coup, ça pose un petit problème. Je veux bien l’admettre. Mais la patinoire, tout de même ! C’est froid, givré, glacé, on ne peut pas marcher dessus. Mais dans quoi suis-je en train de m’embarquer ?

« On va foutre quoi à la patinoire ? J’y serais, bisous »

Il répond au sms, par habitude. Réponse courte. Rien de très argumenté. Et qui sait, peut-être vont-ils juste boire un verre dans un environnement froid. L’espoir fait vivre les petits ! Sans chercher à négocier ou à trouver une autre idée de sortie, de toute façon Kai savait très bien qu’il était impossible de discuter avec Natacha, le voilà prêt à l’attendre devant la demeure sportive et … Congelée. Lui, il est Hawaïen bordel ! Il vit à Los Angeles et le voilà embarqué dans un monde de glace. Brhhhh. Il en frissonne seulement à l’idée. Quand il la voit arriver, il lui fait la bise comme salutation et n’attend pas d’autres célébrations pour lui balancer en pleine face d’un ton intéressé. « On aurait pu se poser chez moi, au chaud et à l’abri tu sais. » Et avoir une occupation bien plus intéressante que ce qui nous attend à l’intérieur.

Faisant mine d’être innocent, Kai prend la tête du petit malheureux. Oui, celle qui ressemble au chat botté quand il décide d’être mielleux. Moment rare. « Insinuerais-tu que je ne sache pas contrôler mes hormones ? » Quel outrage ! Quel blasphème ! Bon, okay, il y a des moments où il faut savoir admettre ses torts. Mais en même temps, est-ce vraiment de sa faute si toute leur relation est partie sur cette possibilité d’être plus que des amis ? Non, pas avec des sentiments ou des trucs de ce genre. Les avantages d’une très bonne amitié, et plus si affinités ! Mais aujourd’hui, il saurait se contrôler. Ou du moins, il allait essayer, c’est un bon début.

Ils entrent dans le bâtiment. Non sans une grimace de la part de Kai et une forte envie de faire demi-tour. « Tu ne veux pas plutôt aller à la piscine ? C’est cool la piscine … » Tenta-t-il une dernière fois pour se dérober. Mais c’était peine perdue. Natacha avait dans l’idée d’aller patiner, ils allaient donc patiner. Quand elle dit A, c’est A. La solution B ne serait jamais étudiée. Et ça, le jeune Norton le savait très bien. Alors il se laisse faire quand elle le tira vers lui. On leur tend des patins avec les bons d’entrée. Kai lance un sourire à Natacha. Un truc du genre « non j’ai pas peur ! pour qui tu me prends ? » Mais au fond de lui il savait pertinemment qu’il allait se prendre la honte du siècle. Soyez prêt, sortez les caméras, c’est le moment où vous allez adorer voir un homme sur la glace … De quelle manière, nous l’ignorons encore. Ils se dirigent vers les vestiaires pour changer de chaussures, moment où Kai en profite pour passer un bras autour des épaules de Natacha en chuchotant, dans un dernier espoir. « Toujours pas intéressée par ma proposition d’aller chez moi ? » Sait-on jamais ! A force de persévérer, le changement d’avis peut vite arriver ! Dans le cas présent, il n’y croyait pas tellement à vrai dire.

J’explose de rire en voyant sa tête de chien battu. « Insinuerais-tu que je me trompe et que tu sache le faire ? » Je hausse un sourcil sachant pertinemment que j’avais raison. Après tout, c’est pour ça que j’aime nos ébats aussi, il faut bien se l’avouer. C’est passionné et bestial en même temps, il a des connaissances en la matière le petit Kai.

Je prends la main de Kai et le tire vers moi en entrant dans le bâtiment. Je me moque de lui quant au fait qu’il ne veuille pas y aller, n’hésitant surtout pas à le comparer à un gosse qui aurait peur que la glace fonde. « On a pas nos maillots et non on peut pas aller les chercher. On est là, on y reste Norton. » Je le regarde dans les yeux en souriant. « Allez, t’en fais pas ça va être drôle. » Je lui fais un petit clin d’œil et prends les places ainsi que les bons pour les patins. Je nous dirige ensuite vers le stand des patins, toujours main dans la main et je demande du 38 ½ pour moi. Je sens le bras de Kai entourer mes épaules. « Evidemment que si… » J’approche mon visage du sien, nos souffle se mêle. Mes lèvres s’approchent dangereusement des siennes et les frôlent avant que je me recule tout à coup en souriant. « Mais plus tard. Pour l’heure, on patine et si tu te débrouilles bien… » Je viens lui chuchoter au creux de l’oreille. « Je te laisserais me faire la même chose que la dernière fois…. »

Une fois nos patins remis, je m’assois sur l’un des bancs en face. Je lace mes patins et marche quelques pas aisément sur la lame. Mon regard se fixe sur Kai. « T’as besoin d’aide avec tes patins ? » Il n’y a aucune moquerie dans mes propos juste de la pure gentillesse entre amis. Et puis, je sais que je peux être chiante et je n’ai pas envie qu’il s’ennuie en ma compagnie.

Bien sûr que non il n’insinue rien. Ce serait mentir s’il venait à dire cela, alors il ne répond pas plus, pris à son propre piège. Et gardant sa tête toute mignonne pour une autre fois. C’était peine perdue, il allait être jeté sur cette patinoire, qu’il le veuille ou non. Et au vu de la détermination de son amie, c’était foutu pour lui, soyez en certains. Elle peut bien tenter de le rassurer, tout ce qu’elle fait, c’est empirer son état de nervosité. Oui c’est un gamin. Non il n’aime pas ça. Mais oui, finalement, il faut bien se l’admettre … Cela risque d’être drôle. Pour qui ? C’est une toute autre question que nous allons bien vite résoudre, quand vous vous rendrez compte du phénomène sur des patins. Mais quelle idée encore ! Pourtant, il la suit. Car au fond de lui, il ne refuserait pas un moment à ses côtés. Entre amis. Sans prise de tête. Juste à s’amuser, à passer du temps ensemble. (Bon certes il n’a pas le choix, homme soumis bonjour). Chacun demande sa paire de patins, non sans un regard bien douteux de la part de Kai. Qui a bien pu mettre ses pieds dans ses chaussures ? C’est hygiénique au moins ? Si un chat met sa tête là-dedans, il sera encore en vie ? Non parce que, j’aime bien les chats, ce serait embêtant de le voir mourir d’asphyxie à cause d’une odeur nauséabonde. Et sinon, la lame, c’est costaud ou ça peut se péter sous notre poids ? Faut les porter ces muscles voyez-vous. Bref. Encore une chose qui ne le rassure pas. Oui, voilà, il sourit à Natacha en faisant genre de rien. Non, bien sûr que non je n’ai pas peur, où vas-tu chercher ça ? Fais genre que tout va bien Kai, tout va bien.

Les quelques mots de Natacha suffisent à Kai pour lui redonner sourire. Il regarde son visage, la voie se rapprocher, sentant la proximité. Le sourire ravi aux coins des lèvres. Miam, elle met en appétit. Surtout quand ses lèvres effleurent les siennes. Un instant il crut bien pouvoir redonner les patins et repartir d’où il venait en bonne compagnie … mais non. Encore raté. « Comment ça si je me débrouille bien ? C’est du chantage. » Dit-il comme si on venait de lui coller une amende pour excès de vitesse sans raison. En tout cas, voici une belle motivation qu’elle vient de lui donner. « Si je me blesse, il faudra que quelqu’un prenne soin de mon corps, donc … » Il sourit, déjà ravi de sa réponse. « Que je me débrouille ou pas, je peux trouver une excuse pour avoir notre moment. » Oui, leur moment, c’est leur partie de jambes en l’air.

Il prend place sur un banc quand Natacha s’assoit sur celui d’en face. Elle a l’air à l’aise cette chanceuse. Kai, lui, il galère. Mais pourquoi est-ce que ce foutu pied ne rentre-t-il pas dans ce foutu patin !? Il est où le problème ? Il n’est pourtant pas Shrek et correctement proportionné, ça devrait passer, mathématiquement parlant. Quand enfin il réussit à glisser un de ses pieds dans ces dangereux accessoires, il lève la tête pour voir la belle brune marcher avec une grande facilité sur la lame de ses patins. Mais elle se la pète dis donc ! Elle lui propose son aide pendant que monsieur force comme un bœuf pour faire rentrer son deuxième pied, mettant alors un instant avant de répondre. « Ouf, enfin ! » Dit-il à voix haute comme signe de victoire. « J’ai réussi. » Bon, il faut juste lacer le tout et c’est bon normalement. En deux mouvements rapides, le tour est joué. Et maintenant … Il faut se lever et marcher jusqu’à la surface blanche qui les attend. Que c’est facile ! (ironie) Il se lève, cherche l’équilibre et semble content de voir que ça fonctionne. « Allons-y ! » Il lui montre la porte pour l’encourager à y aller en première, histoire qu’elle ne voie pas les dégâts. Un premier pas, puis un second. Des moulinets avec les bras pour ne pas tomber. Une grimace de concentration. Je vous présente Donald Duck sur des patins à glace !

Natacha prend la main de Kai pour se rendre jusqu'à la surface blanche et gelée de la patinoire. " Pas aussi sadique ... " Marmonne-t-il pendant qu'elle lui lâche la main et le laisse seul accroché à la rembarde. Il la regarde faire, elle se débrouille avec une facilité qu'il ne connaissait pas. Presque jaloux, il sourit. Il y avait au moins un des deux qui s'amusait aujourd'hui. Elle revient vers lui pour demander s'il allait bien. Est-ce du foutage de gueule ? Une ironie mal placée ? Il garde une main sur le bord de la patinoire, loin d'être rassuré à l'idée de marcher, enfin patiner, sur un sol complètement gelé. Non, il n'aimait pas cette idée. Alors il fait genre de rien, sûr de lui. " ça baigne ! Je te regarde faire, vas-y, éblouis moi ! " Hors de question qu'il aille se ridiculiser. Malgré tout, il ne mentait pas. La regarder faire lui plaisait beaucoup.

Il pose un coude sur le bord et se loupe complètement. Il perd l'équilibre. Il ne sait plus comment se rattraper. Il tente de récupérer une prise qui pourrait le sauver en secouant les bras un peu partout. Mais c'est peine perdue. Ses patins avancent tandis que son corps recule. Et patatra. Les fesses sur le sol gelé il ne peut éviter d'exprimer ce mot. " Putain " Plus fort que lui. Etendu, dos sur le sol, les yeux levés vers le plafond, il entend les chuchotements autour de lui et décide de ne pas y répondre. Il le pressentait. Il le savait que cette activité, ce n'est pas pour lui. Il le savait mais il avait suivi la belle brune dans ses désirs. Les bras écartés, voulant peut être imiter l'ange au fond de lui, il ne bouge plus et soupire simplement. Qu'avait-il fait de mal pour mériter ça ?

Au secours. A l’aide. Que quelqu’un vienne aider ce pauvre malheureux qui ne sait pas tenir sur ses jambes. Il reste là, allongé, sentant le froid prendre possession de son corps. Il avait envie de gueuler. Il avait envie de jeter ses patins au loin. Mais non, il n’allait rien faire de tout cela. Pendant qu’il pestait au fond de lui, le visage de Natacha surgit juste au-dessus de lui. Comme ce petit ange qui vient vous secourir. Oh coucou toi ! Il lui sourit, innocemment. Moi ? Tomber ? Non, jamais de la vie voyons ! Moi ? Ne pas savoir patiner ? Bon, okay, d’accord, fini les excuses. Vous venez de trouver le point faible de Kai Norton. Il est complètement nul dans ce domaine. « Je suis une vraie merde » Marmonne-t-il quand elle vient le charrier doucement. Il ne se voile pas la face. La réalité est là, il est nul. Mais il devait se ressaisir et rapidement. Se taper la honte ça va deux minutes. Même s’il a l’habitude, ne le cachons pas, ce n’est jamais très agréable de passer pour le gros nul de service. Elle dépose un baiser sur ses lèvres, de quoi le motiver à se relever. Prenant avec plaisir la main de Natacha dans la sienne pour ne plus barrer le chemin. « Non je ne crois pas. » Dit-il en passant une main sur son épaule et en pliant les jambes doucement. Le voilà toujours en un seul morceau.

Kai se rapproche de Natacha, non sans jeter un regard suspicieux à ses pieds et en priant de ne pas tomber à nouveau, et enlace de ses bras la jeune femme. Question de survie. S’il tombe, elle tombera avec lui. Dos à lui, il profite de ne pas voir son regard en face de lui pour lui glisser doucement au creux de l’oreille. « Tu viens de voir tout mon talent pour le patin, rigoles maintenant. » Il peut bien lui donner cette autorisation-là. Il en ferait de même dans l’autre sens. Et il reste accroché à elle. Hors de question de se relâcher. Hors de question de tomber une nouvelle fois. « Je ne te lâche plus » Jusqu’à qu’ils rentrent chez lui, ensemble. Il n’a pas oublié. Il tient à sa récompense.