NEW YORK, BRONX - SEPTEMBRE 2000
Dix ans. J'suis né y'a dix ans et dix ans que je vis dans la merde. Bon, pas littéralement parce que je sens bon, je me lave et tout.. mais ça n'empêche pas que je fais partie de cette catégorie de personnes assez mal tombées. Mes parents avaient tous les deux trois boulots pour pouvoir assurer ne serait-ce qu'un petit plaisir à la fin de la semaine. Ouais, bah non, forcément s'occuper de deux gamins c'était compliqué, surtout quand c'était deux garçons aussi agités l'un que l'autre. J'étais le plus grand, mais pas forcément l'exemple à suivre, au contraire. Et c'était pour ça que Noah me suivait dans toutes mes conneries. Ouais, les visites à l'hôpital se faisaient assez souvent avec deux garnements comme nous mais bon, on le vivait assez bien. Là, c'est mon anniversaire et comme cadeau.. j'avais eu cette planche à roulette. Un skate en somme. Ouais, c'était pas le vélo que je voulais, mais ça allait faire l'affaire pour le coup.

NEW YORK, BRONX - SEPTEMBRE 2007
Dernière année de lycée. J'arrive devant les portes, toujours sur mon skate. Le même que j'avais eu à mes dix ans. Il tenait le choc mine de rien. Bon, je l'avais rafistolé à bien des reprises et j'ai cru que j'allais le perdre. Mais non, il était là, il tenait bon. Je rejoignais mon groupe de potes, check de mise et c'était parti pour la dernière année. J'étais pas des plus populaires, genre l'équipe de football américain ou baseball et tout, mais j'étais quand même pas mal reconnu par les lycéens. Pourquoi ? J'étais le chimiste fou. Bon, pas si fou que ça, j'étais qu'un gamin de 17 ans qui savait y faire avec les différents ingrédients chimiques. En vrai, j'étais un peu un magicien pour eux. Même si ma presque obsession pour l'Irlande avait quand même bien marqué ma réputation. Ouais, j'avais depuis tout petit eu envie de traverser l'océan Atlantique pour rejoindre le pays des lepreuchauns. Depuis toujours et ça n'avait fait qu'augmenter avec le temps. L'année prochaine, j'irai là-bas, dans une université qui ne ferait qu'améliorer mes capacités de chimiste.

NEW YORK, BROOKLYN - JANVIER 2010
C'était pas encore pour maintenant l'Irlande, la preuve, je me retrouvais dans un community college. Une fac de merde parce que j'avais pas assez de tunes et les organismes ne voulaient pas me filer de bourses. Autant dire, ça allait ruiner toutes mes chances pour l'avenir. Le pire ? Ça faisait trois semaines que j'étais cloîtré dans ma chambre, fumant tout mon stock de weed que j'avais. Coeur brisé, voilà ce qui s'était passé. J'étais pas des plus sérieux à mon habitude, mais là, c'était violent. Amoureux et totalement investi, j'étais tombé de haut quand je l'ai vue, coucher avec un autre. Je n'sais pas qui c'est, pas eu le temps de voir la gueule du mec, mais dans mon esprit il est mort au moins dix fois. La seule qui puisse pénétrer dans ma chambre ? Danae. Ma meilleure amie, la seule qui est dans la capacité de me soutenir dans cette difficulté. Heureusement qu'elle est là, c'est grâce à elle que je suis de nouveau sur mes pieds. Seul problème ? Je ne suis plus le même. Les filles, qu'elles aillent se faire foutre sérieux, j'en ai ma claque. Maintenant, c'est girls, drugs, party. Et puis mon petit business quoi. T'as besoin d'une petite potion qui fait du bien ? Demande à Simon et ton vœu sera exhaussé. Bien sûr, ce changement radical faisait parler chez certains, mais je m'en fichais. Je me protégeais comme je pouvais.

LOS ANGELES, COMPTON - AVRIL 2016
Y'avait eu cette fille, rencontrée lors d'une soirée. Ouais, malgré le fait que je galère et que j'ai dix mille boulots, j'arrivais toujours à faire la fête, c'est dans mon sang. Ouais, je l'avais rencontrée et c'était tout de suite passé. Des nuits et des nuits ensemble, dans le même lit, et j'avais fini par la suivre à Los Angeles pour qu'elle vive son rêve. Elle aspirait à être une grande actrice hollywoodienne. Cliché. Mais voilà, je l'ai suivie et... ça n'a duré que deux semaines. Deux semaines avant qu'elle ne me quitte pour un mec bodybuildé avec dix kilos d'huile sur la peau. Alors je me retrouvais là, comme un con, dans une ville que je n'aime pas, qui m'éloigne encore plus de mes terres originelles. J'ai l'impression de pédaler dans le vent des fois, tellement c'est hallucinant toute la merde qui m'arrive. Cependant, une chose est certaine, j'allais pas laisser la vie continuer à m'enculer profond comme ça. J'allais me battre, autant de temps qu'il le fallait.