SOUS-TITRES SI NÉCESSAIRE

Des cris stridents, des hurlements et des bruits toujours plus sourds, assourdissants. Il hurle, il la frappe. Il a encore bu. Tétanisé, un petit garçon est recroquevillé dans le noir, les mains sur les oreilles comme pour se protéger du mal qui l’entoure. Et puis d’un coup la porte s’ouvre, laissant entrer la lumière aveuglante et une silhouette épaisse, musclée se saisit de l’enfant tandis qu’une autre, bien plus frêle, s’agrippe à l’homme en le suppliant. « Non, pas lui, laisse le tranquille, il ne t’a fait aucun mal ! » Un coup de pied et elle se tait dans un gémissement étouffé, et bientôt l’enfant est forcé à se tenir debout. Avec poigne, l’homme qui s’avère être son père l’entraine devant le corps éreinté et abimé de sa mère. « Tu vois, Ed, ça c’est une putain. Et tu sais comment on punit les putains ? » Silencieux, le gamin tétanisé secoue vaguement la tête, craintif, mais refusant de l’admettre. Robert Lensie défait sa ceinture de cuir abimée et la tend à son fils. « Frappe-la. » Mais les yeux de l’enfant s’écarquillent. D’ordinaire, le géniteur passe ses nerfs sur sa femme, puis sur son fils, mais il n’avait jusqu’à présent, jamais demandé à sa progéniture de passer à l’acte. Edward ne bouge pas, sachant que la colère de l’homme va s’abattre sur lui. Il voit sa mère trembler de peur, il ne peut s’y résoudre. « FRAPPE-LA ! » Mais l’aboiement carnassier de son père n’y change rien. Il jette la ceinture, Mary remerciant le seigneur dans son supplice, et le taureau est lâché. Edward sait qu’il ne peut échapper à la sentence, et son père ramasse alors la ceinture et rentre dans une colère noire : « TU DESOBEIS ? Très bien, c’est toi qui va être puni. » La seule chose qui vient à l’esprit de l’enfant, c’est de se faire la malle. S’élançant à toutes jambes vers la porte de sortie, il sent la ceinture véloce s’abattre dans son dos et il chute se prenant les pieds dans une chaise présente dans la petite pièce. Son père le charognard, jubile, s’esclaffe, sans aucun état d’âme. Un autre coup. Il recommence, et l’enfant encaisse difficilement. Jusqu’à ce qu’un bruit sourd ne vienne écrouler la masse volumineuse du géant qui tombe, des éclats d’un vase le rejoignant. Et puis Mary se trouve là, titubant mais toujours debout, elle sollicite son fils en s’agenouillant près de lui, cherchant à le soulever, mais elle en est incapable. « Viens, dépêche-toi. » Elle peine à respirer, elle a mal partout, les larmes de l’enfant perlent au coin de ses prunelles bleutées, mais tant bien que mal, ils quittent les lieux jusqu’aux voisins les plus proches. Ils les ont prié d’appeler les flics, et le cauchemar a été terminé.

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« Messieurs ! Que me vaut le plaisir de votre visite ? » Deux inspecteurs s’avancent en ces lieux où l’argent coule à flots et où l’on raconte que les arrangements vont de bon train. Ce ne sont que des rumeurs. Le sourire de l’hôte en atteste. Edward Lensie est propriétaire du plus gros casino de Los Angeles. Il l’a fait à son image : grandiloquent, clinquant, qui en met plein la vue, comme la montre qu’il porte au poignet ou encore son costume de soie sur mesure. A l’image de Gatsby, tout semble trop beau pour être vrai, mais jusqu’à présent, Lensie a toujours été disculpé, au grand regret des deux lascars présents en terrain ennemi. « Garde ton hypocrisie pour tes clients, Lensie. On a des questions à te poser, t’aurais du temps à nous accorder ? » Trop joyeux à l’idée d’en découdre, le chef d’entreprise se délecte d’un échange à venir, et continue son petit jeu : « Allons messieurs, vous savez que je n’ai pas une minute à moi ! Je vais vous faire une fleur et reporter mon déjeuner avec George Clooney à une date ultérieure. » Il se donne en spectacle, comme toujours, dans un style théâtral. Un homme les escorte jusqu’au bureau principal dans lequel les agents sont priés de s’asseoir. « Un Scotch peut-être ? » Demande-t-il poliment sans attendre de réponse. Tous deux déclinent, ils sont pourtant servis. S’asseyant dans un soupir presque enjoué, il croise les mains, posant ses avant-bras sur le bureau. « Eh bien ? » L’un des flics repousse le verre et sort un calepin de sa poche. « On enquête sur la disparition de Jake Denham, vous le connaissiez bien il me semble ? » Lensie sait que l’autre flic est à l’affut de la moindre de ses émotions, dommage pour lui, ce n’est pas ainsi qu’il obtiendra des informations. Il porte le verre de scotch à ses lèvres, et après une gorgée, il prend la parole. « Evidemment qu’on se connait, c’est mon assureur. Je comprends mieux pourquoi il ne répondait pas à mes coups de téléphone. Que lui est-il arrivé ? » Mais ce n’est pas lui qui pose les questions. « C’est ce qu’on essaie justement de savoir, Monsieur Lensie. Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ? » Il se gratte la tête, fait mine de réfléchir un petit instant, et répond : « La semaine dernière, mercredi ou jeudi. Nous avons mangé ensemble. Mon assistante pourra vous le confirmer. » L’inspecteur Shelby hausse un sourcil : « Pas de rencontre non-officielle ? Vous étiez pourtant amis. » Il secoue la tête, plein de sarcasmes. « Je n’ai pas dit que c’était un déjeuner professionnel. » L’inspecteur Barnes retint un rire, l’art de retomber sur ses pattes. Un vrai chat. « Où étiez-vous lundi soir ? » Il sourit. Ils se trompent de jour, ils n’ont rien pour le faire chanceler. « J’étais à Las Vegas. Vous savez que je détiens un autre casino là-bas, vous pourrez tout à fait remarquer ma présence sur les caméras de surveillance que je peux vous fournir sans aucun problème. » Mais Shelby ne voulait pas se laisser abattre. Replongeant le regard dans son carnet, il pose une nouvelle question ou plutôt deux: « Vous connaissez l’épouse de Monsieur Denham, Harriet. Quels sont vos rapports avec elle ? Avait-elle des soucis d’ordre conjugaux avec son mari ? » Edward ne cille pas. Il sait que le flic bluffe, qu’il n’a rien et qu’il vient le trouver que parce qu’il essaie de l’épingler depuis de nombreuses années. « Harriet et moi avons de bons rapports. Quant à leur vie privée, je ne suis pas vraiment bien placé pour en parler mais aucun d’eux ne semblait se plaindre. » Barnes jette un regard à Shelby. Il ne sert à rien de poursuivre, ils n’obtiendront rien de plus. « Merci de nous avoir accordé de votre temps, Monsieur Lensie, on vous recontactera si l’on a du nouveau. » Se levant brusquement, il se veut avenant. « Je vous raccompagne, c’est la moindre des choses ! J’espère avoir des nouvelles de Jake rapidement ! » Sauf qu'il n'en n'aurait jamais, et il le savait bien.

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Il est tard. A chaque fois qu’il rentre chez lui le soir, il ne prête attention à rien, comme s’il relâchait la pression de journées harassantes et qu’il ne se souciait plus du danger. Un havre de paix où il devrait pouvoir faire le vide. A peine a-t-il mis les pieds dans l’habitacle qu’il se dirige tout de suite vers le bar où il se sert un verre de scotch. Il sait qu’elle est là, mais comme d’habitude, il ne fera pas le premier pas. Ca l’écorche. Il la revoie encore en panique face au corps de son ex-époux qu’elle a elle-même condamné. Malgré la stupeur dans ses yeux, Edward avait saisi le potentiel brimé de la jeune femme. Harriet, elle a besoin de respirer, de lâcher prise, d’extérioriser là où son cher et tendre contrôle à tout va. Il s’empare du verre qu’il vient de se servir et pousse la baie vitrée pour sortir sur leur terrasse dans la pénombre, juste illuminée par le travail somptueux du jardinier engagé il y a peu qui s’occupe de rendre le jardin majestueux. Une bouffée d’air frais s’immisce dans les poumons intoxiqués du propriétaire du casino et puis, il entend enfin le son presque rassurant de ses chaussures sur le plancher. Elle le rejoint dehors, sans un mot. Elle l’observe en silence et s’il n’y prête que peu attention au départ, il comprend que c’est le seul moyen qu’elle a trouvé pour l’agacer. Ca marche. Il attrape son paquet de cigarettes dans sa poche intérieure et l’allume sans quitter sa femme des yeux. Il la détaille, comme toujours, sans aucune gêne, il la connait par cœur. Tirant sur le cancer en barre, il finit par briser le silence : « Tu vas recevoir la visite d’un cadavre demain. Faudrait que tu le fasses passer pour le fait d’un tueur en série. » Elle se retourne, vivement, mâchoire serrée. « Je ne te sers donc qu’à ça. » Il ne dit rien. Il a fait passer sa consigne, à elle de voir si elle préfère voir les ennuis frapper à leur porte. Il s’enivre de sa cigarette, jusqu’à ce qu’elle s’en saisisse et l’écrase d’une traite sous ses pieds. « T’as qu’à te démerder avec tes conneries ! » Il se met pourtant à sourire, prêt à plaisanter, sûr de lui. « T’as tes règles ? » Elle déchausse alors sa chaussure et lui envoie dans la figure et ce n’est que par un court réflexe qu’Edward l’évite. Il ricane, et elle fond sur lui se mettant à le rouer de coups : « Ca fait des heures que je t’attends, et tu prends même pas la peine de me prévenir ! Va te faire voir Lensie ! » Elle s’écarte de lui, furieuse. « Tu sais quoi, je vais aller voir les flics et je vais tout leur balancer ! J’en peux plus ! » Les sourcils de Lensie se froncent enfin. Mais son ton lui, ne change pas. « Tu ne vas pas le faire. » En revanche, il s’approche d’elle, saisit son visage avec virulence, comme une menace qui la laisse de marbre. « Ne me tente pas. » Serait-elle capable d’aller se condamner tout autant que lui ? Il l’ignore. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il ne la laissera pas se saborder et l’entrainer dans sa chute. Il la relâche, lui tournant le dos, visiblement incertain quant à l’attitude à adopter avec elle. « C’était qui la putain d’hier ? » Qu’elle demande effrontément. Il lui fait de nouveau face. « Pas tes affaires. » Elle se mord la lèvre et elle commence à jouer à un jeu dangereux, une fois de plus. « Il y avait ce gars hier, Ezra, il m’a proposé de sortir ce soir. J’ai dit oui. » Et elle tourne les talons, presque guillerette à l’idée de s’en aller, sauf qu’Edward se déplace à vive allure pour lui barrer la route. « Tu n’iras nulle part. » Lâche-t-il on ne peut plus sérieux, saisissant son poignet. Se dégageant de son emprise, têtue, elle lui soutient en approchant son visage du sien. « J’irai où bon me semble et ce n’est pas toi qui m’en empêchera. » Elle pénètre dans le couloir qui mène à leur chambre pour aller se préparer. Il la suit. Il ne supporte pas sa défiance, encore moins de la savoir aller fricoter avec d’autres. Cette fois, il la bouscule en la saisissant au col, la placardant contre un mur. Si elle le craint, elle jubile d’avoir provoqué une réaction chez lui. « Bah vas-y, casse-moi la gueule, Eddie ! » La main de Lensie remonte vers la mâchoire de son épouse. Elle le rend fou comme son parfum l’enivre à lui en faire perdre les pédales et à mesure il sent son pouvoir s’exercer sur lui et il en vient à capturer ses lèvres pour perdre pied. La veuve Denham, épouse Lensie s’évertue à ne pas se laisser gagner par la déraison, par la soumission qu’il lui impose à chaque fois qu’il commence à poser ses lèvres sur son corps, mais la tentation est trop forte. Eve et Adam fautent à nouveau, que Dieu les pardonne.