Crime isn't real when
it's to get to the truth

Marguerite & Noah

« Putain ! » Voilà, c'était probablement le mot qu'elle utilisait le plus souvent dans sa vie, mais d'autant plus depuis qu'elle bossait ici. Pour le prestigieux L.A. Times. Noah avait été tirée de New York et embauchée ici depuis déjà plus d'un an. Et son boulot lui plaisait carrément, il n'y avait pas une semaine similaire à une autre. Sa rubrique, les faits divers. Mais elle ne se contentait pas de les reporter comme la police le voulait. De façon insipide et inintéressante. Elle savait pertinemment que c'était mal et qu'elle finirait par s'attirer des problèmes, mais on lui avait tellement menti dans sa vie qu'elle ne pouvait s'empêcher de toujours creuser plus pour dénicher la vérité. Elle se sentait aussi importante qu'une enquêtrice, puisqu'il fallait l'avouer, c'était ce à quoi son job s'apparentait. Bien sûr derrière, il y avait toute la partie écriture, c'était ce talent là qui lui avait permis d'être embauchée ici en premier lieu.

Mais ce soir, elle était prête à s'arracher les cheveux. Rien ne collait dans sa recherche d'informations. Il était déjà tard et officiellement, elle devrait être chez elle depuis bien longtemps. Pourtant elle était là, penchée au-dessus de toute cette paperasse, plissant ses yeux fatigués pour tenter d'y voir plus clair, à la lumière agressive de sa lampe de bureau. « Mais qu'est-ce qui ne colle pas, bon sang ? » Elle s'arrêta un moment pour se redresser, faire craquer son dos et sa nuque et soupirer un bon coup. Doucement, elle ferma les yeux et posa ses mains sur ses hanches. Dans sa tête, elle rassembla toutes les informations qu'elle avait dénichées depuis qu'on lui avait filé le sujet. Un meurtre de plus. Tout pointait dans la direction de l'accusé. Pourtant, Noah n'y croyait pas un seul instant. Soudain, une ampoule s'alluma au-dessus de sa tête. Il fallait qu'elle y aille ; dans cette maison qui avait été condamnée par la police six jours plus tôt. Là-bas, elle pourrait essayer de trouver quelque chose.

Mais y aller toute seule, c'était plutôt risqué. Personne pour faire le guet, personne pour l'épauler dans la compréhension de cette affaire. Elle éteignit sa lumière et passa la tête dans le couloir. Yes, le bureau de la petite française était toujours allumé. D'un pas assuré, elle traversa le couloir et toqua doucement à la porte avant de se permettre d'entrer. « Salut, alors t'es toujours là ? » Noah ne la connaissait pas bien, assez pour savoir que c'était une forcenée, elle aussi. « Dis-moi, j'aurais un service à te demander, » l'informa la jeune anglaise en s'asseyant sur un bout de son bureau. « Ça te dit de m'aider sur le sujet du meurtre de Martins ? » Elle tâtait d'abord le terrain avant de lui balancer qu'elle envisageait une violation de site sécurisé.    

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Marguerite & Noah

Les fesses posées sur le bureau de la jeune demoiselle au charmant accent français, Noah regarde un peu partout autour d'elle pour prendre possession des lieux. Après tout, c'est la première fois qu'elle rentre dans ce bureau sans y avoir été invitée. Et les fois où elle y a été effectivement invitée ont été très rares. Chevalier n'est pas là depuis longtemps et pourtant, elle a déjà su se creuser une place au sein de l'équipe. Parce qu'elle est douée et que le talent ici, c'est tout ce qui fait votre importance. Miss Alexander lit souvent les rubriques de sa collègue, assez pour constater qu'elle avait une plume particulièrement intéressante. « Tu me connais, boulot, boulot, » Non, Noah ne la connaît pas plus que ça. Mais toutes deux échangent quand même des politesses histoire de faire semblant qu'elles ne sont pas deux insociables. Car oui, s'il y a bien une chose qu'elles ont en commun, c'est ça. Leur manque d'ouverture au monde extérieur. Noah ne la connaît pas, mais elle a quand même remarqué ce trait de caractère. Au final, ça l'arrange bien. Non, elle ne la connaît pas, mais elle doit quand même avouer qu'elle a bien remarqué que Marguerite bossait tout le temps, en effet.  

Sans attendre, elle lui fait part de son besoin d'aide sur le sujet Martins. « Bien sûr, je ne dis jamais non à ce genre d’affaire. » La jeune femme se lève et tire une cigarette de son paquet pour la porter à ses lèvres en se rendant à sa fenêtre. Noah se mord la lèvre, encore en train de se demander si oui ou non, elle va confier son projet à sa collègue. « Il y a un problème avec cette affaire ? J’imagine que si tu viens me demander de te joindre à toi, c’est que quelque chose cloche. » Bon. Voici venu le moment fatidique.

La brune observe sa collègue un moment, comme pour la scanner. Noah sort une petite boîte métallique de la poche arrière de son jean et en tire un cigarette, qu'elle allume en rejoignant Marguerite près de la fenêtre. Elle tire une longue bouffée et la garde quelques secondes avant de la souffler à nouveau doucement. Ses yeux sont rivés sur la nuit tombée dehors. « Ouais en effet, quelque chose ne va pas. » C'est parti pour passer pour une folle paranoïaque. « Je ne sais pas si tu as suivi l'affaire, mais on dirait que si. Danny Martins est mort mercredi dernier et la police affirme qu'il s'agit d'un assassinat orchestré par son collègue et honnêtement, tout pointe dans sa direction. Il n'a pas d'alibi, ils ont eu une violente dispute en public dans leurs bureaux une semaine avant et Martins a eu la promotion qui avait été promise à Mills. En plus, on a retrouvé les médocs qui ont servi à tuer Martins chez lui. » Elle passait certains détails, mais rien qu'avec ça, Mills pouvait être inculpé. Noah prit une nouvelle taffe et se gratta la nuque quelques secondes avant de reprendre. « Mais je ne sais pas, j'ai cette impression folle qu'on passe complètement à côté de la plaque. Qu'ils ont loupé quelque chose d'énorme. » Elle n'avait aucune preuve pour l'instant, c'était juste un instinct, mais qui n'avait jamais été aussi fort. Noah se tourna vers Marguerite, une expression très sérieuse sur le visage. Voilà, elle se jetait à l'eau. « Donc j'ai besoin de retourner sur les lieux, là où on a retrouvé le corps sans vie de Martins. Mais ça a été condamné par la police. » Elle scruta le visage de Chevalier, sans ajouter un seul mot. Elle lui disait son projet, mais sans lui avouer officiellement qu'elle allait commettre un délit. Rien n'était engagé, elle attendait que sa collègue le comprenne d'elle-même et de voir ce qu'elle allait en dire.  

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