Roméo avait séduit Juliette en grimpant à son balcon. Moi, je fuyais mes conquêtes en m'échappant par le balcon. La classe, non ?
Les escaliers d'urgences, apparemment utilisés en cas d'incendies, me sauvaient souvent la vie. Accessibles par les fenêtres, en général peu dangereux, ils me permettaient de quitter les lieux du crime dans un silence coupable. Ça, c'était dans le cas des appartements, quand il s'agissait d'une maison c'était encore plus simple. Quoi que souvent un peu plus douloureux. Non pas que ça m'arrive si souvent que ça, de coucher avec des inconnus, mais ils resteraient toujours la même chose à mes yeux. Des inconnus. Aussi, j'avais appris à fuir.
Ce matin-là, impossible de me souvenir si j'étais chez une Juliette ou un Roméo. Je me rappelais pas spécialement d'avoir bu, je ne sentais pas non plus une quelconque gueule de bois. C'était ses mouvements brusques qui m'avaient réveillé sans ménagement. Les yeux fermés le temps que l'inconnu s'en aille, je feignais de dormir, pour au final replonger dans les bras de Morphée. Un peu pathétique, je sais. Qui qu'il - ou elle - soit, cette nuit m'avait exténué et il me fallait un responsable pour mon humeur chafouin. Le reflet du soleil sur ma joue fut ce qui me réveillait pour de bon. Toujours seul, le plan de mon évasion se jouait déjà dans ma tête comme une tragédie grecque.
Le fait est que je n'avais jamais aimé le théâtre. La lecture en général ne me repoussait pas, c'était envers les personnages que j'avais un dégoût profond. Pour les êtres humains, en réalité. Et c'était exactement pour ça que je n'avais ni besoin de Juliette, ni de Roméo. La vie à Los Angeles était une saga que j'affronterai comme le Capitaine Némo s'il le fallait : bien à l'écart dans mon Nautilus. Les draps glissaient sur ma peau en me relevant pendant que je prenais le temps d'assimiler la chambre autour de moi. Décorée avec goût, le propriétaire des lieux devait avoir les moyens. Ce fut plus fort que moi, ma main caressait les draps. Non. Le confort de son lit, qui qu'il soit, ne me ferait pas rester là plus longtemps. Je profitais tout de même du matelas incroyablement moelleux cinq minutes de plus, pour m'étirer, puis enfin me mettre à chercher mes vêtements. Tout froissés, évidemment. En enfilant mon jean, je jetais un coup d’œil à mon téléphone. Lundi matin, un peu plus de 10h. Avec un soupir, je boutonnais ma chemise, celle de Fosselman's. Maintenant, je me souvenais : le patron m'avait demandé de faire la fermeture, hier soir. J'avais donc à peu près neuf heures de boulot dans les jambes, sans compter l'après fermerture. La raison de ma fatigue venait de là, évidemment.
Une fois habillé, j'ouvrais la fenêtre qui poussait un long gémissement plaintif. Putain, pour la discrétion, c'était mort. En vitesse, je l'enjambais pour poser le pied sur l'escalier en fer grinçant. À moins que ce ne soit la porte qui n'ait fait ce bruit ? Je me dépêchais de me cacher derrière la fenêtre. La curiosité fut plus forte que moi, je relevais la tête pour regarder la personne qui venait de rentrer. Ni inconnu, ni Roméo.
Une vague de chaleur m'avait percuté comme un train en plein visage. Ce dernier, je le sentais, virait vers une charmante teinte carmin pendant qu'un sourire gêné fendait mes lèvres. Bordel, il ne le verrait même pas ce putain de sourire. Avec la tête de l'écrivain qui passait l'encadrement de la porte, les souvenirs de cette nuit me revenaient lentement, mais sûrement. Mon sourire se béatifiait à cet instant où je sentais, à nouveau, glisser ses lèvres contre mon cou, sa barbe contre ma peau. Je secouais la tête, puis me cachais. Non Jack, tu n'as pas 16 ans. C'est une bonne pioche oui, je sais. Il est canon, et plutôt doué de souvenir, mais ça n'empêche pas qu'il vient probablement te demander de foutre le camps, et c'est exactement ce que tu as fait. Assis à essayer de reprendre ma respiration, une panique me gagnait rapidement en réalisant la connerie que je venais de faire. Ma veste. Avec tout ce qu'il y avait dedans, j'avais quand même réussi à l'oublier au pied du lit. À nouveau, je regardais discrètement à l'intérieur. Oswald, je ne le connaissais presque pas. On se croise souvent en soirée, là où je deale, ainsi qu'à la glacerie lorsqu'il essaye de bosser, d'écrire en paix. C'est tout ce que je sais, qu'il est écrivain. On a jamais réellement parlé, donc je suppose qu'il a dû se passer un truc à Fosselman's hier soir. Avait-il attendu la fin de mon service ? Le brun se penchait vers ma veste, sans me laisser l'opportunité de voir son visage. Visiblement peu intéressé par le vêtement, il s'était saisi d'un petit paquet en plastique ... Merde.
Non non non. Tout sauf ça. Avec un soupir, je me dépêchais de rentrer par la fenêtre, au diable l'évasion du siècle. Après avoir attiré son attention en me raclant la gorge, je profitais de l'instant où il semblait essayer de comprendre d'où je pouvais bien venir pour m'approcher de lui.
« J'allais partir pour pas te déranger plus longtemps, mais j'ai oublié ma veste. »
Armé de mon meilleur regard de chaton battu et d'un petit sourire, je tentais de tirer sur le paquet de cocaïne dans sa main, mais il m'avait vu venir. Putain. S'imaginait-il les problèmes que je pouvais avoir en "perdant" ne serait-ce que quelques grammes de la précieuse poudre blanche ? Changement de méthode : chantage affectif enclenché. Je me rapprochais un peu plus, une moue aussi adorable que je le pouvais sur mon visage. J'espérais que le regard implorant que je lui lançais suffirait à le prendre par les sentiments, à le faire céder.
« Tu peux me redonner ça, s'il te plaît ? »
Oswald H. Northumbrie
and all the devils are here
Date d'inscription : 26/08/2017 Messages : 36 Avatar : Jack Falahee Orientation sexuelle : Homosexuel(le) Situation sentimentale : Célibataire
Sujet: Re: Pochette Surprise ◈ Ft. Oswald Jeu 31 Aoû 2017 - 21:20
Pochette surprise
Oswald ne savait pas l'heure qu'il était quand il a ouvert les yeux la première fois. En tout cas ce qu'il savait, c'est que l'homme à côté de lui était en train de dormir. Du moins en apparence, Oswald n'avait pas spécialement envie de vérifier, il avait trop faim. C'est ça qui l'avait réveillé, des brûlures d'estomac. Après avoir légèrement gigoté sous sa couverture, il s'était levé pour enfiler le premier caleçon qu'il attrapa. Ses vêtements de la veille, à savoir l'un de ses costumes noirs, traînaient piteusement au sol, signe qu'ils avaient été retirés avec hâte. Avec hâte, c'est le cas de le dire. La nuit qu'il avait passée avec Jack était le genre de soirée qu'Oswald aurait du mal à oublier pour une seule et bonne raison : il n'avait rien bu la veille. Aucun alcool, rien, nada. C'est également pour cette raison qu'il s'est levé ce matin sans avoir une horrible gueule de bois. Vous savez, celle qui vous donne mal à la tête et qui vous empêche de vous lever ? Oswald la connaissait très bien mais ce matin, il se sentait bien. Jack devrait s'estimer heureux, c'est rare qu'Oswald couche en n'ayant rien consommé.
Le maître des lieux avait quitté sa chambre en refermant la porte derrière lui pour se rendre dans sa cuisine ensuite, un étage plus bas. Il avait cuisiné des ingrédients tout droit importé de l'Angleterre pour déjeuner : des oeufs, du bacon, des toast qu'il a faits griller, et surtout du thé noir. Oswald n'achète que très peu de nourritures ici, en Amérique. Il préfère se faire livrer des produits venant directement d'Angleterre. Ce matin il avait cuisiné plus que d'habitude étant donné qu'il avait un "invité" et qu'à ce moment-là, il pensait que son Roméo d'une nuit déjeunerait avec lui. Mais quand il eut fini de dresser la table et qu'il remonta dans sa chambre, c'est un lit vide qui l'accueillit.
Oswald souhaitait réveiller Jack pour deux raisons : d'une il n'avait pas envie de déjeuner seul et de deux, il voulait vérifier que tout allait bien pour le plus jeune. Il pouvait être un vrai connard parfois, mais il pouvait aussi être un type sympa, ça dépend de beaucoup de choses, le comportement d'Oswald est assez imprévisible. En remontant dans sa chambre il remarqua immédiatement que les draps étaient vides or, cependant, son regard fut attiré par une veste au sol qui n'était pas l'une des siennes. En creusant dans sa mémoire, il se souvint que Jack l'avait porté quand Oswald l'a emmené ici. Et un petit sachet s'était échappé de la poche de cette veste qu'Oswald ramassa : il s'agissait de poudre blanche. Ce n'était surement pas de farine ou de sucre, le brun ne s'attendait pas à trouver de la drogue dans la veste de ce jeune. Oswald s'était tourné vers le couloir en espérant le voir arriver « Jaaaack ?! » Il allait surement revenir d'une seconde à l'autre. Une envie pressante arrive plus vite qu'on ne pense et puisque qu'Oswald habite une grande villa, ça semble normal qu'il n'ait rien entendu depuis la cuisine avec les fourneaux allumés.
« J'allais partir pour pas te déranger plus longtemps, mais j'ai oublié ma veste. » Oswald s'était retourné vers la fenêtre en sursautant légèrement. Il ne s'attendait vraiment pas à voir Jack débarquer ici habillé. Combien de temps avait-il quitté cette chambre ? Avait-il emporté quelque chose ? Oswald eut l'air inquiet une fraction de seconde mais rien ne dépassait des poches de l'asiatique. « Tu peux me redonner ça, s'il te plaît ? » En voyant Jack arrivait pour reprendre le petit sachet, Oswald avait naturellement levé le bras pour l'empêcher de reprendre sa poudre. Mais il craqua devant le visage de l'autre homme. Tellement a-do-ra-ble. Ce gamin avait un secret, c'est sa gueule d'ange qui avait donné envie à Oswald de se le faire. Et il ne regrettait pas aujourd'hui.
Le plus vieux s'était rapproché de Jack pour passer son bras autour de sa taille et il vint doucement coller ses lèvres à l'une de ses oreilles pour lui parler. « Tu ne m'as pas dit que tu avais ça sur toi. On aurait pu s'amuser... » Ses lèvres glissèrent sur son cou et Oswald y embrassa sa peau. « ...Tellement plus que cette nuit. » En même temps que ses lèvres étaient occupées, il avait glissé le sachet de drogue dans la poche arrière du pantalon de Jack. C'était juste une excuse pour pouvoir lui mettre la main aux fesses. Son petit manège dura encore quelques secondes jusqu'à ce que ses lèvres furent bloquées par le col de sa chemise. Alors Oswald se redressa et lâcha Jack pour se reculer, un léger sourire aux lèvres. Un peu plus et il l'aurait jeté sur le lit pour le déshabiller. « Le petit-déjeuner est prêt, ne pense pas t'en tirer comme ça, j'ai ta veste en otage. » Fièrement il agita ladite veste sous le nez de son propriétaire et Oswald commençait déjà à s'éloigner, ne donnant pas vraiment le choix à Jack. Mais brusquement il se retourna. « Ne refait plus jamais ça. Je veux dire, passer par la fenêtre. Je ne veux pas que ma voisine appelle la police en pensant que tu me cambriolais. » Oswald se remit à marcher, toujours en caleçon. Il n'avait pas spécialement envie de s'habiller plus. De toute manière, il était dans sa villa, il pouvait faire ce qu'il voulait. Or de nouveau, il s'arrêta brusquement pour se tourner vers Jack. « Rassure moi, tu n'es pas un cambrioleur ? Car ton excuse pour ne pas me déranger plus longtemps, je n'y crois pas. Tu ne me déranges pas, nous avons passé une bonne nuit, non ? » Oswald fit une petite grimace et il se remit en marche.
L'alcool ne faisait pas profusion à Fosselman's. Le glacier proposait quelques bières, pour les parents les plus désespérés, mais pas un seul alcool fort. Rien qui n'aurait saoulé un grand gaillard comme celui qui se tenait à genoux en face de moi, sauf éventuellement les heures qu'il avait passées à écrire sur les tables en plastique froid du restaurant. Je constatais, non sans inquiétude, qu'à chaque fois que nous nous étions croisés, l'écrivain avait toujours de l'alcool à portée de main, qu'hier soir avait été une exception. Plutôt heureuse, en soi. Pourtant, je me questionnais : qu'est-ce que j'avais fait pour mériter sa sobriété ?
La surprise sur le visage d'Oswald fut foutrement satisfaisante. Son petit sursaut, un boost de confiance en moi. Plus je vieillissais, plus je regrettais de ne pas avoir rejoint la police comme papa l'aurait voulu. J'avais tout ce qu'il fallait pour devenir le meilleur espion du 21ème siècle. Un véritable fantôme qui l'avait fait tressaillir de peur. De terreur même ! Et puis ce con avait levé le bras. J'étais persuadé d'avoir été intimidant, mon rêve se brisait sitôt que je l'avais imaginé. Mon sourire s'était aussitôt transformé en moue vexée. C'était bas, très bas. Trop haut, en réalité. Sauter pour attraper le sachet m'aurait abaissé à son niveau, j'avais plus d'élégance que ça, moins de fourberie. En effet, la technique du "regarde-comment-je-suis-trop-mignon" s'était révélée très efficace, peut-être un peu trop. Il avait, à son tour, envahit ma petite bulle d'espace personnel, ma distance de sécurité, pour m'attirer contre lui. Je retenais ma respiration en sentant ses lèvres s'attaquer à mon pauvre cou sans défense. Je ne me sentais sincèrement pas à l'aise. Peu importe la soyeuse barbe qui me chatouillait la peau, je ne pouvais pas lui faire confiance juste parce que sa pilosité faciale me faisait le même effet qu'à une lycéenne lors de ses premiers ébats. Sa tenue - qui se résumait à un simple boxer, n'aidait pas non plus.
« Tu ne m'as pas dit que tu avais ça sur toi. On aurait pu s'amuser... »
Son souffle chaud fut la goutte de trop, je poussais un soupir d'aise pendant ma tête roulait inexorablement sur le côté. Un peu plus, et je fondais sur place. Littéralement. Il ferait durer le plaisir autant qu'il le souhaiterait, j'avais envie de tout sauf de lutter.
« ...Tellement plus que cette nuit. »
Je me raidissais un peu en comprenant ce qu'il suggérait. Pour être franc, je ne touchais que rarement aux drogues dures. Elles avaient, à mes yeux, bien trop d'inconvénients pour trop peu d'avantages. Certes, on plane plus fort, plus longtemps. J'avais même composé mes meilleurs morceaux sous cocaïne. Ouais, le rush des examens de fin d'année, tout ça. Mais putain ce que la descente était dure, et putain ce que ça coûtait cher. Peut-être 150 ou 200 dollars pour ce qu'il avait dans la main. Une somme conséquente pour un produit qui ne coûtait quasiment rien à produire, et qui ne me rapporterait au final que très peu d'argent. Sur ce qu'il venait de me subtiliser, je ne toucherai pas plus de dix pourcents, si les patrons se sentaient généreux. A tout casser, de quoi me payer un café en terrasse avec un petit croissant. Ma principale source de revenus s'avérait être les junkies de Los Angeles. Hier soir, je devais retrouver un habitué sur le chemin du boulot à mon appart, sauf que devoir faire la fermeture avait salement compromit notre rendez-vous. Aussi, j'avais été obligé de me balader avec la précieuse poudre dans mes poches toute la journée. Très rassurant, il suffisait de croiser un flic, et j'étais mort. En parlant de poche ... Putain, il est pas en train d'en profiter un peu trop, là ? La main d'Oswald, habilement glissée dans la poche arrière de mon jean, y restait trop longuement à mon goût. Entre sa paume qui me laissait une sensation de chaleur sur la peau, et le froid causé par le départ de ses lèvres de mon cou, je ne savais plus où donner de la tête. Heureusement pour moi, il s'était reculé avant que mon cerveau n'implose. Sans me laisser le temps de protester, d'exiger qu'il reste là où il se trouvait, Oswald avait reprit la parole.
« Le petit-déjeuner est prêt, ne pense pas t'en tirer comme ça, j'ai ta veste en otage. »
Je me retenais de souligner que ma veste serait certainement trop petite pour lui, et que la garder ne lui servirait à rien sauf à faire un éventuel trophée. Le petit déjeuner était un luxe que les étudiants se refusaient souvent, aussi, mon regard s'était instantanément illuminé. Me levant en général aussi tard que je me couchais, j'avais toujours considéré qu'un café suffisait à tenir jusqu'au repas du midi. Mon dernier vrai petit-déjeuner remontait probablement à l'époque où j'habitais encore chez mon père. Mes mains s'étaient posées sur mon ventre, de peur qu'il ne gargouille et balaye au passage le peu de sex-appeal qui m'avait permit de conquérir Oswald. L'odeur de viande cuite m'avait complètement distrait de Roméo ainsi que de la provocation qu'était de secouer l'otage sous mes yeux.
« Ne refait plus jamais ça. Je veux dire, passer par la fenêtre. Je ne veux pas que ma voisine appelle la police en pensant que tu me cambriolais. »
Il marquait un point. Avec une grimace, j'acquiesçais d'un mouvement de tête.
« Excuse-moi, je passerai par la porte la prochaine fois. »
Avec un petit sourire malicieux, je le suivais de nouveau. Jusqu'à ce qu'il s'arrête, encore.
« Rassure moi, tu n'es pas un cambrioleur ? Car ton excuse pour ne pas me déranger plus longtemps, je n'y crois pas. Tu ne me déranges pas, nous avons passé une bonne nuit, non ? - Ouioui, plutôt »
Une réponse timide, qui me permettait d'esquiver la première question, jusqu'à ce que je m'arme d'un petit sourire. Rien à voir avec cette nuit, non. C'était la vue des toast bien grillés, ainsi que du petit-déjeuner parfaitement anglais qui m'emplissait de joie. La seule chose que je cambriolerai aujourd'hui, ce serait son frigo. Par politesse, j'attendais qu'il s'installe pour faire de même et entamer à mon tour un toast savoureux à souhait. L'odeur du thé anglais était divine. Je m'empressais de le remercier avec un sourire un peu trop enthousiaste.
« Merci Oswald, c'est vraiment bon. T'étais pas obligé tu sais ? »