Le stress s'était immiscé au plus profond de ses entrailles. Comme un drogué en manque de sa came, Adélaïde était persuadée de ne pas pouvoir tenir sans ses médicaments régulateurs. Son idiot de chien avait tout avalé et maintenant qu'elle l'avait emmené d'urgence chez le vétérinaire pour le faire vomir et qu'elle le savait hors de danger, l'inquiétude pour lui était retombée et c'était pour elle-même qu'elle s'inquiétait. Elle était clairement à la limite d'une crise de nerfs, de celle où le stress vous prend tellement aux tripes que ça fini en larmes et en besoin sévère d'être rassurée. Elle était dans cet état quand elle avait franchit les portes de l'hôpital en pleine nuit. Pourtant, elle se sentait bien en dehors du stress de savoir qu'elle n'avait plus de médicament pour sa bipolarité. Si l'idée de revoir Jane ne lui faisait pas si peur, peut-être qu'elle aurait pu tenir encore quelques jours sans médicament et sans que cela n'ait de conséquence, mais l'idée qu'elle puisse refaire surface lui fichait tellement la trouille qu'elle se retrouvait à une heure impossible dans un box d'hôpital à attendre, sa jambe se balançant dans le vide, signe d'une inquiétude devenue palpable dans l'air.

Quand le docteur arrivait enfin dans la pièce, elle ne s'attendait certainement pas à ce visage. Est-ce qu'elle avait envie de raconter à un type, même un médécin, qu'elle est complètement tarée et qu'elle a besoin de médicament pour ne pas virer psychopathe du sexe et connasse infinie? Non, pas vraiment. Elle n'en avait pas envie, elle voulait voir son médecin habituel, celui qui lui prescrit ses médocs tous les mois sans se poser de questions parce qu'il sait et surtout sans lui poser de questions parce qu'il est déjà au courant de tout et qu'elle n'a pas à se répéter, à se sentir de nouveau honteuse. Bien qu'elle lui serrait la main avec automatisme - et parce que son père l'avait suffissament éduquée pour qu'elle soit polie - elle n'en restait pas moins silencieuse et tombait des nues sous la révélation, de quoi la faire davantage stressée. « Non, je savais pas... » L'inquiétude s'entendait certainement dans sa voix et dans sa façon qu'elle avait de le regarder - ou plutôt, au contraire, d'éviter soigneusement son regard. Elle allait être obligée de lui dire, n'est-ce pas? C'était certainement marqué dans son dossier médical mais y mettre des mots, c'était bien différent.

« J'ai besoin de médicaments, s'il vous plait. Mon chien a gobé ce qui me restait par accident. » Elle aurait pu attendre les cinq jours qui lui restaient avant le renouvellement automatique de son ordonnance mais elle ne voulait prendre aucun risque et l'idée lui faisait trop peur de toute façon. Prendre des médicaments étaient devenu une habitude de tous les jours et c'était rassurant. Ainsi libre dans la nature, sans contrôle médicamenteux, elle craignait le pire quant bien même elle n'avait pas de raison de le faire jusque-là. Elle se sentait soumise à cette habitude quotidienne mais Jane avait fait trop de dégâts pour lui permettre de revenir, c'était hors de question. Pas un mot de plus, pas un mot de moins. Le stress lui nouait la gorge, incapable de parler, alors qu'elle baissait soigneusement son regard pour camoufler ses larmes d'anxiété qui commençaient à humidifier ses yeux.

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