can't take my eyes off of you

Le Bottega Louie. Rien n’était trop beau pour Eva. Lysander lui avait promis de l’emmener au restaurant, histoire de renouer et de passer du bon temps avec la belle blonde. Pour cette soirée qui s’avérerait mémorable, il avait choisi ce restaurant haut de gamme dans lequel se pressaient quelques-unes des plus grosses fortunes de Los Angeles. Même, il n’était pas rare d’apercevoir une ou deux stars hollywoodiennes souhaitant se mêler à la population du centre-ville. De la cuisine italienne raffinée, travaillée à la française disait-on et surtout une vitrine impressionnante qui exposait les desserts les plus élégants de toute la ville. Le décor était épuré bien que le mobilier et les tables étaient ornés de dorures et d’arabesques baroques. C’était à l’image d’Eva : à la fois extravagant et délicat, décalé et unanime. Il lui avait demandé d’être sur son 31. Avec elle, c’était facile de se prendre pour l’élite de la Californie, de se fondre dans un jeu où ils étaient les rois du monde et les autres n’existaient plus. On n’aurait d’yeux que pour eux, c’était certain. Vêtu d’une chemise immaculée et d’une veste cintrée d’un bleu roi profond, Lys rayonnait le chic. Déjà, il se sentait à sa place, lançant ça et là des regards hautains à quiconque osait poser les yeux sur lui avant d’entrer dans le restaurant. Il attendait la jeune femme devant l’entrée, sachant pertinemment qu’elle serait légèrement en retard. Elle savait se faire désirer, elle l’avait déjà fait tant de fois. Même si l’homme était de plus en plus impatient, hors de question de tuer le temps avec une cigarette qui ruinerait sa tenue. Ils étaient les mêmes, lors d’une autre soirée, il aurait très bien pu être celui en retard. Là, c’était lui qui avait fait la réservation, il se devait de mener la danse et d’être à l’heure. Malgré tout, il ne résista pas à lui envoyer quelques sms pour lui signifier qu’il ne fallait pas non plus trop le faire attendre.

Comme d’habitude, Lys était d’une humeur euphorique. Il allait si mal que son excitation redoublait d’intensité. Tout au long de la journée, il était devenu une vraie pile électrique ingérable qui voulait être partout et tout faire à la fois. Il devenait encore plus exigeant, encore plus capricieux, encore plus exécrable. Dans cet univers qui ne le comprenait pas, Eva était la mieux placée pour le saisir, pour l’apprivoiser, pour le survolter. C’était un véritable vent de fraicheur et quand elle descendit de sa voiture avec chauffeur, resplendissante, un sourire vint aussitôt se plaquer sur les lèvres de l’Anglais. « Madame fait la princesse ? » Il glissa une main à sa taille pour déposer un baiser sur sa joue. Elle était sublime, c’en était presque agaçant de voir à quel point. « Prête à passer la soirée de ta vie ? Personne ne l’égalera jamais. » dit-il, conquérant. Il se dirigea vers la porte pour lui ouvrir. Il faisait une folie, mais il n’avait plus envie de jouer les raisonnables alors qu’il ne l’avait jamais été.