Il entre dans la chambre. Sans autorisation. Sans l’avoir demandé. Il entre dans la chambre et dégage son vêtement pour rendre visible son insigne à la ceinture. LAPD. De quoi ne pas se faire renvoyer sans ménagements. L’inspecteur à la barbe brune ne dit pas un mot. Il regarde les infirmières d’un air distant et d’un œil non connaisseur. Leurs gestes. Leurs paroles. Leur langage professionnel, il n’y connait rien. Lui, tout ce qui l’intéresse, c’est cet homme sur le lit d’hôpital. Il lui jette un regard peu sympathique. Il attend un moment, un instant où il pourrait glisser les mots qui lui brûlent la langue. « J’ai des questions à poser » Mais personne ne semble bien intéressé par ses paroles. L’excitation se fait autour des blessures du patient. Du sang qui gicle. Des termes médicaux lancés à tort et à travers. Le policier tente une nouvelle fois. « J’ai besoin de lui parler, c’est un meurtrier. » Il tente d’utiliser un mot assez dur pour avoir de l’attention. Mais personne ne semble bien enclin à détourner les yeux vers lui. Il est comme invisible. La porte s’ouvre de nouveau et un médecin supplémentaire pénètre dans la chambre. Peut-être plus expérimenté. Peut-être le responsable de ce cas. Peut-être … Docteur Matthews. L’inspecteur de police exprime une moue. La surprise se lit sur son visage. Et le temps semble s’arrêter dans la pièce. Les deux hommes se font face. Pendant que le patient semble se stabiliser. C’est eux, ces deux trentenaires, qui se désintègrent à la simple vue de l’autre.

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Je ne pensais jamais le revoir. Si un jour on m’avait dit que je me retrouverais face à lui. Face à cet homme. Je ne pense pas que j’aurai cru une seule seconde à ce qui me semblerait être un mensonge. Mais le voilà. Lui. Ce meilleur ami que je pensais avoir perdu. Cela fait si longtemps, si longtemps que je ne l’ai pas vu. Et maintenant qu’il est face à moi. J’ignore quoi faire. J’ignore quoi dire. Je ne fais que le regarder. L’observer. J’ai envie de le prendre dans mes bras et de lui dire combien je suis désolé, combien je suis heureux de le revoir. Mais je n’ose pas. Et je reste là. Statique. A le regarder. En espérant qu’il fasse le premier pas, qu’il dicte les premières paroles. En espérant ne pas paraître trop stupide. En espérant … Car oui, j’espère. Peut-être trop. Après tout ce que nous avons vécu. Après tout ce que je lui ai donné comme souffrances. Je me trompe. Et au fond de moi je le sais. Alors je prends la parole. En espérant désamorcer une bombe qui a déjà démarré. « Ethan, on devrait discuter. » Je n’en ai plus rien à foutre de ce meurtrier sur ce lit d’hôpital. Je n’en ai plus rien à foutre de ces infirmières qui semblent soudainement intéressées par les ragots du samedi soir. Je n’en ai plus rien à foutre du monde extérieur quand je retrouve cet homme. Ce frère.