Il lui avait donné rendez-vous par texto. Sans faire de chichi, il voulait juste la voir. Le lieu ? Le Starbucks du campus. Un endroit public. Qui ne donnerait pas envie de se défiler. Un endroit propice aux discussions sans devoir entrer dans les tours, de s’énerver, de s’emporter pour rien. Même si, cela, il en doutait fortement. Il avait donc choisi cet endroit par stratégie. A ses yeux, il s’agissait de l’endroit parfait. Recevant son gobelet d’un café viennois au sirop de chocolat, il partit s’installer à une table. A l’écart. Attendant patiemment celle qui devait le rejoindre. Buvant tranquillement une gorgée du liquide encore bien chaud. Il était temps de faire un point avant le face à face. Maxime. Ce fameux Maxime. Comment allait-il aborder ce sujet ? Il hésitait entre l’attaque frontale et la douceur. Mais avec la femme qui allait arriver, la douceur, ça ne fonctionne que trop rarement. « Natacha ! » Dit-il en levant la main pour lui faire signe. Il venait de l’apercevoir entrer dans le bâtiment. Il se fait remarquer et l’attend. Quelques minutes, le temps que la commande lui soit servie. Non sans perdre l’occasion de se rincer l’œil sur la belle silhouette qu’elle sait mettre en avant. Ah les Collins … ! Ses yeux pétillent quand elle arrive à sa hauteur, il se lève, l’invite à s’installer d’un geste, dépose un baiser sur la joue de la brune et s’assoit en face d’elle en se raclant la gorge. Il devait donc maintenant débuter cette conversation. Tant pis si c’était mal fait. Il ne l’avait pas invité pour parler du beau temps ou des pâquerettes dans le désert de la Californie. Non. Il devait parler de LUI. Lui, cet homme qui était venu l’importuner à sa sortie de sport. Lui, qui se dit être son petit ami. Lui, qui ne semble pas enclin à la présence de Kai dans la vie de Natacha. Lui, qui fait bouillir les pensées de notre basketteur. « Tu vas bien ? » Par politesse. Plus que par réel intérêt. Elle ne lui avait pas donné signe de vie depuis bien longtemps. Alors pourquoi cela l’intéresserait-il finalement ? Elle doit n’en avoir tellement rien à faire de lui. Il soupire. « Okay, abordons le sujet sensible. » Il lève les yeux pour les plonger dans ceux de la jeune femme. « C’est qui Maxime ? Tu m’expliques ? » Un temps de pause. « Depuis le début. » Pas de s’il te plait, même si le ton de sa voix le laisse deviner. Il n’arrive pas à le prononcer. Il voulait surtout trouver la réponse, cette réponse, comment un homme de cette trempe a pu le remplacer aussi vite ? Aussi facilement ?

C’est mon mec … Allez, prends toi ça en pleine face Kai. C’est cadeau. Offert avec plaisir par Mademoiselle Collins. Il remarque la bague à son doigt. Mais il ne relève pas. Il écoute. Sans rien dire. En serrant la mâchoire. Bouillonnant d’une colère qu’il ne connaissait pas. Une jalousie qu’il ne soupçonnait pas pour elle. Lui qui pensait ne pas être attaché, pas à ce point. Alors il soupire profondément avant de reprendre la parole. Pour tenter de paraitre plus calme qu’il ne l’est réellement. Ce qui n’est pas chose aisée. « Les choses sont claires » Finit-il par jeter, comme ça. Sans ménagements. Alors que non, rien n’est clair, rien n’est certain. Pourquoi ce mec était-il venu le faire chier l’autre jour ? Lui qui n’avait rien demandé. Lui qui n’avait eu aucunes nouvelles depuis des jours, des semaines, il fallait que ce brun de pacotille vienne l’emmerder. Mais non, bien sûr que non, Natacha n’y est pour rien. Quelle idée aurait-il eu de penser cela ! Les pensées de Kai virent au sarcasme et il n’a qu’une seule envie, gueuler. Mais il se retient. Du mieux possible.

Le regard de Kai se jette sur Natacha. Cherche ses yeux. Pour ne plus les lâcher. « Pourquoi tu m’as rien dis ? » Telle était la question. Et il finit par se résigner, à poser cette fameuse question. « Toi et moi, c’est fini ? On oublie tout ? » Il voulait savoir. Savoir si cet attachement, il n’y avait que lui qui le ressentait. Il voulait savoir si avec ce mec, ce Maxime, ce connard, les choses étaient réelles. Si Natacha ne mentait pas. S’il représentait réellement quelque chose pour elle. Si Kai, lui, avait encore une chance ou si finalement, il n’était qu’un plan cul de passage … Comme ils se sont si souvent amusés à le dire. A le répéter. Encore et encore. Comme pour se persuader d’une chose qu’ils étaient en train de vivre mais qu’ils n’ont jamais voulu accepter. Parce que, finalement, ces parties de sexe, il les aimait bien. Peut-être plus encore que ce qu’il pensait. Oh il en trouvera d’autres des nanas. Mais des comme ça, des comme Natacha, il n’en est pas certain. Loin de là. « Si tu me dis que oui, je ne le prendrais pas mal et je te laisserai tranquille. » Comme une promesse qu’il venait de soumettre.