Je n'avais que douze ans lorsque mon frère, Joel et moi avons quitté Londres, pour une nouvelle vie, pour repartir à zéro. Quelques mois auparavant, nos parents avaient été violemment assassinés, sans aucune raison apparente. Afin de me protéger, Joel, qui était désormais mon tuteur avait décidé qu'il serait mieux pour nous de nous installer dans une ville lointaine, voir même un autre pays. C'est de cette façon que nous sommes atterris à Los Angeles.  Même si je n'étais qu'une jeune adolescente, je rêvais d'y retourner. Ce n'est pas pour rien qu'après le lycée, je voulais y faire mes études. J'avais certainement le temps d'y penser, mais après six ans, mes idées étaient toujours les mêmes. Je voulais retourner où je suis née pour poursuivre mes études en psychologie. Certes, je pouvais les faire ici, aux États-Unis, mais ce n'était pas ce que j'avais envie de faire. J’ai envoyé plusieurs demandes d’inscription, dans plusieurs centres universitaires, autant en Angleterre qu'aux États-Unis. Puis, les semaines se sont écoulées et j’attendais patiemment des réponses. Je ne m’attendais pas à recevoir une réponse aussi rapidement de l’Université de Londres et je l’ai appris à mes dépens. Après avoir passé une journée à l’école, je me suis arrêtée à la pâtisserie pour aller chercher des macarons. Mon frère et moi étions fervents de ces petites sucreries et je lui avais promis d’arrêter en chercher, après les cours.  « Joel, je nous ai trouvé des macarons super! » Lui dis-je, un large sourire accroché aux lèvres. Lorsque mon regard croisa le sien, j’ai figé sur place et mon sourire s’est totalement effacé. « Qu’est-ce qui se passe. » Joel prend quelque chose  dans ses mains. Une lettre et l’agite devant moi. « Qu’est-ce que c'est? Tu n'as pas vraiment l'intention d'y retourner. » Me dit-il avant de me la lancer. C’était une lettre de Londres. J’ai fait quelques pas pour m’installer devant lui. « Joel, je veux y aller. Je... » Lui dis-je. Joel leva les yeux vers moi. Il avait ce regard noir, qui me forçait à détourner le mien. En réalité, je ne savais plus comment je devais me tenir. « T'allais m'en parler quand? » Je n’avais pas osé discuter de cette option avec lui, avant même d’avoir une réponse. Je ne voulais pas qu’il se frustre pour rien. Je ne voulais surtout pas me faire de faux espoirs. « S'il te plait Joel, laisse-moi... » À ces paroles, mon frère s’importa. Il frappa sur la table de cuisine avant de se mettre à hurler. « NON! NON TU N'Y IRAS PAS! » Je comprenais que Londres était synonyme de douleurs et de mauvais souvenirs, mais je ne pouvais m’empêcher de vouloir y retourner. Nos parents avaient été tués quelques années plus tôt et leurs meurtriers couraient toujours. Je pouvais comprendre qu’il était inquiet, mais je ne pouvais m’empêcher de vivre, parce qu’ils étaient toujours en cavale.  « Tu n'iras pas. Point final. Fin de la discussion. C'est non. » Mon frère ajouta ses paroles sur un ton plus calme, cette fois. Il s’est levé et a quitté l’appartement. Il n’a pas remis les pieds à la maison pour les trois jours qui ont suivi. Trois longs jours à pleurer toutes les larmes de mon corps. Lorsque je me suis sentie assez forte pour parler à quelqu’un, j’ai téléphoné à Jack, le meilleur ami de mon frère qui habitait toujours à Londres. « Jack… C’est Harry! Est-ce que je peux te demander un service. » Ceci a été le début de ma conversation avec Jack. Je voulais tant aller à Londres et je savais qu’il était probablement la seule personne qui pourrait discuter avec Joel et qui pourrait le faire changer d’avis. Je prenais une chance. Peut-être que ça n’allait pas fonctionner, mais qui sait? Je lui ai expliqué la situation et il a accepté de m’aider. Après ces trois jours, Joel est finalement revenu à la maison et il a finalement accepté de me laisser partir, mais avec quelques conditions. Nous devions rester en contact le plus souvent possible, je devais vivre avec Jack et je devais revenir au pays après mes trois années d’études. Ce n’était pas un problème pour moi. J’étais tellement heureuse qu’il change d’avis que je ne pouvais qu’accepter ses conditions et je dois vous avouer que ce n’était pas les pires conditions auxquelles j’avais eu droit.

J’ai passé les neuf années suivantes à Londes. Eh oui, je n’ai pas respecté l’une des conditions de Joel, mais c’était pour mon bien. J’avais un emploi que j’adorais et je vivais toujours sous le même toit que Jack. Je revenais tout de même souvent à Los Angeles pour les vacances. Beaucoup de choses se sont produites dans ces années, mais depuis environ trois mois, je suis de retour, probablement au plus grand bonheur de mon frère. Jack a été transféré dans la ville californienne et j’ai décidé de le suivre, puisqu’il est maintenant plus qu’un simple ami, et ce, depuis environ 1 an. Joel n’en sait rien et je cherche toujours le meilleur moment pour lui en parler, mais c’est plus facile à dire qu’à faire, croyez-moi.