Chaque jour qui passe offre la même représentation. Un ballet bien réglé, plus ou moins important de gens qui entrent et valsent à travers les œuvres puis s'effacent pour laisser leur place à de nouveaux protagonistes.

Parmi eux je devine des curieux mais parfois aussi, des regards d'initiés et lorsque je les vois loucher, j'aimerais me glisser dans leurs pensées, j'aimerais pouvoir lire leurs émotions, les comprendre. Connaître leurs impressions sur le travail de ces artistes que nous avons choisi, choisi de soutenir.  

Alors quand la fin de journée arrive, que la galerie se désemplie peu à peu, je m'autorise à me diriger vers l'un d'eux. Un curieux ou peut-être un initié, je ne sais pas, pourquoi lui … « Inspiré ? » Par la photographie qui se dresse devant lui, par les toiles qui tapissent certains murs, par les projections de vidéos et leurs diverses mises en scènes dans des box … Un mélange d'art que certains qualifient de désorganisé quand je me plais à l'appeler le patchwork.  

Croisant son regard, je lui souris. Ici, je pourrais être n'importe qui. Pas d'indices, pas de badge, pas de talons hauts ni de jupe crayons. Juste une tenue, de tous les jours un peu bohème qui fait de moi aussi bien une artiste, une gérante, qu'une totale inconnue … « Je m'appelle Myra. » Parce que l'anonymat ne me va pas. Pas complètement car il ne saura pas que la Fondation porte mon nom.