"A bien y regarder, il a toujours été à l'écoute. Dans tous les domaines. Même si ça ne l'a jamais empêché d'être une forte tête. Après tout ce n'est pas incompatible. Il tient sans doute ça de Brahmaya, son grand-père. Ce caractère fougueux vous voyez? Mais ce côté curieux, à n'en pas douter il l'a pris de moi. Petite j'étais assez curieuse pour aller mettre mon nez partout, mais hum, ce n'est pas vraiment le sujet. Achille m'a toujours suivi dans ma cuisine. Il était toujours là lorsque je me mettais aux fourneaux. Que cela soit au restaurant ou à la maison. Il a toujours goûté à tout, rien ne le rebutait ce petit. Même la farine crue, même le gingembre encore terreux. Non vraiment on ne pourrait pas lui reprocher de faire des manières au sujet de la nourriture. Et puis petit à petit, il s'est mis à participer. D'abord timidement, comme attendant un feu vert, puis plus facilement. Je le revois là, assis sur la chaise, les pieds touchant à peine le sol (il était si chétif à l'époque, au regard du géant qu'il est maintenant!), à trépigner d'impatience. Je lui livrai alors mon savoir-faire. Mais vous savez la cuisine n'est pas qu'un affaire d'épices et de produits. Je ne lui ai pas seulement transmis quelques recettes, non. J'ai voulu lui inculquer des valeurs au travers de mon métier d'alors. La patience, la discipline, le goût des sentiments, la passion. Une ribambelle de sensations qui finalement sont autant d'ingrédients que sur une liste de courses. Ah oui, je suis une poétesse! On pouvait passer des heures autour de ce plan de travail, à converser, et il était loquace le petit. Ses questions étaient d'une pertinence rare pour un jeune garçon sur des sujets variés au possible. Je n'avais d'ailleurs pas toujours les réponses. Il passait d'un sujet à l'autre et se passionnait de tout. Il fallait dire que quand il n'était ni à l'école ni dans ma cuisine, il était cloîtré dans la bibliothèque familiale. A se goinfrer de mots et de verbes. Une très bonne chose, car la culture a tendance à se perdre. Achille m'a toujours impressionné par cette intelligence et cette vivacité d'esprit. Un exemple à suivre. Pour le reste voyez avec son grand-père!"
Ashanti, grand-mère, à propos de son petit-fils et de son éducation.


"C'est vrai que c'était un enfant assez frêle. Mais cela s'éduque. Attention, je ne parle pas de gonflette comme ces petites têtes assez bêtes pour croire qu'un peu de poudre peut vous transformer en monsieur muscle. D'ailleurs ce serait même offensant de votre part de me faire dire ça. Mais passons. Je voulais que mon petit-fils grandisse en étant bien dans sa peau et dans sa tête. C'est pour cela que dès son plus jeune âge je l'ai initié au même art martial qu'on m'avait aussi appris lorsque j'étais plus jeune. Le Kalaripayyat, un art ancestral de notre contrée natale: l'Inde. C'est l'ancêtre des arts martiaux. Complet, il mêle autant la méditation que des parties plus actives, physiques et martiales. Et au fil du temps les efforts donnèrent des résultats. Achille a toujours été très réceptif et curieux, il a donc pris cette apprentissage au sérieux. Il avait assez de jugeote pour comprendre que cela lui permettrait d'évoluer et de s'améliorer. La discipline ça s'apprend dès le plus jeune âge et avec lui j'avais du pain sur la planche! C'était un enfant turbulent et même s'il minaudait en faisant mine d'être sage devant Ashanti pour avoir quelques gâteaux. Un fin stratège ce bonhomme. Je ne l'ai en revanche jamais forcé à s'entraîner. Il pouvait comprendre l'importance du sport, et ses conséquences bénéfiques sur l'âme et le corps. Alors on travaillait ensemble lorsqu'il le pouvait. On travaillait sur des postures, sur des enchaînements. Le travail de la respiration, l'intérêt de bien se positionner. Il faisait des progrès époustouflants, jusqu'au jour où je l'ai senti capable d'intégrer l'Académie de Madame Li. Cela a fait débat dans la famille. Ma fille et ma femme refusaient qu'il abandonne l'école si jeune – 16 ans l'âge légal en France là où nous étions installés. Son père restait prudent ne voulant fâcher ni l'une, ni l'autre. Mais ils savaient tous que l'enseignement qu'il suivrait surpasserait celui de l'école traditionnelle et lui offrirait des perspectives d'avenir très intéressantes. Lorsqu'on lui posa la question il n'hésita même pas une seconde. Etre utile c'est ce qu'il voulait faire. Apprendre c'est ce qu'il voulait faire. Devenir meilleur c'est ce qu'il voulait faire. J'étais fier qu'il suive mon chemin. Mais encore une fois, on ne pourra pas me reprocher de l'avoir formaté. Il est resté libre de choix jusqu'au bout. Pour toujours. L'Académie de Madame Li, appelée officiellement Personal Protection Academy est une institution dans le domaine de la protection rapprochée. Une référence. Cette vieille japonaise transmet un enseignement d'élite pour devenir l'élite. On signe un contrat de 6 ans, pendant lequel on apprend tout. Des matières classiques comme les langues vivantes, les mathématiques, en passant par l'Histoire et la géographie. Plus tard viendraient, la finance, la géopolitique, la stratégie de guerre. Mais il y avait aussi des enseignements comme l'art culinaire, la couture, l'informatique etc. De plus, elle dispense aussi la connaissance et la maîtrise de tous les arts martiaux connus, ainsi que la maîtrise d'une grande palette d'armes à feu. Autant vous dire qu'en sortant de là, on est formé pour une vie ou deux! "
Brahmaya, grand-père, à propos de son petit-fils et des activités extra-scolaires.


"Hum est bien on avait de ses nouvelles assez régulièrement. Bien que madame Li n'autorisait que deux sorties par an, on avait souvent de ses nouvelles. Le principal était qu'il aille bien, qu'il soit bien traité. Effectivement j'évitais de penser à ce qu'elle pouvait bien leur faire subir comme entraînement, mais mon père n'aurait jamais confié l'éducation d'Achille à n'importe qui. Il changeait à chaque fois que ne le voyions. Il devenait un beau jeune homme, grand, athlétique et tellement mâture pour son âge. Il n'usait jamais de la force acquise mais était toujours fan de ses tours de passe-passe. Nous avions au fil du temps des conversations très riches et intéressantes. Mon fils me manquait certes, mais je savais qu'il construisait  son avenir. Que vous dire de mon fils? En tant que mère je ne suis que très peu objective. Un esprit fin, une grandeur d'âme. Une tête bien faite dans un corps bien fait. S'il a des défauts? Evidemment! Têtu, colérique, animal à sang très chaud, rebelle, impulsif. La liste est aussi longue que ses qualités. Mais quel homme voudrait naître sans défauts? Ce qui le distingue peut-être c'est cette tendance à vouloir les sublimer. A s'affranchir d'eux. Mais c'est le travail d'une vie, et je pense pouvoir dire qu'il est devenu un homme intègre et passionné.  
Oui je n'ai été que trop peu présente pour lui et cela pourrait être mon seul et unique regret. Il a eu des grands-parents merveilleux, aussi bien du côté maternel que paternel. Heureusement qu'ils étaient là d'ailleurs. Mais j'aurais aimé assister à son éducation. Faire ce que toutes les mères font habituellement vous voyez? Malheureusement, en tant que médecin urgentiste je partait toujours au mauvais moment. Mais Achille m'a toujours rassuré à ce sujet. Il ne m'en veut pas. Aujourd'hui nous essayons de nous retrouver et notre relation est d'autant plus fusionnelle. Il faut dire que la mort de son père n'a pu que nous rapprocher. Dans notre deuil, nous avons su trouver l'un et l'autre un soutien immortel. Un rayon d'espoir dans l'obscurité de la mort. J'ai puisé chez Achille sa force de caractère pour ne pas sombrer. Il a pu panser ses blessures avec mes mots et ma douceur de mère."
Anjali, mère, à propos de son fils et de sa vision des choses.


"… Rien à déclarer! Haha! Je plaisante! Mon humour voilà ce que mon cher fils tient de moi! Hahaha! Non mais vous pouvez rire, ce n'est que vérité vraie! Mais nous les trublions de l'humour, les rois de la galéjade ne sommes que trop peu reconnus par le monde actuel. L'époque médiévale nous étions de vrais garants de l'équilibre de la société. Rien que ça oui! Peut-être qu'il a changé maintenant, encore un peu. Depuis qu'il est chez Madame Li il pousse comme un champignon! Je vous jure, la première fois que je l'ai revu j'ai cherché mon fils derrière lui. C'est dire! Elle fait un travail de fond c'est une certitude. Et je n'ai aucune crainte là-dessus. Dans quelques années, il deviendra le meilleur garde du corps du monde et respecté de tous c'Est-ce que je lui souhaite. J'espère qu'il trouvera des petits moments pour nous quand même! Haha! Bon je vais arrêter de jouer les papas poules sinon ma virilité risque d'en prendre un coup! Ah vous voulez des anecdotes? Mais vous allez me faire chialer! Bon allons-y … C'était un petit soir d'été, le genre soir où la fraîcheur nocturne, assis dans l'herbe suffisait à vous faire imaginer de lendemains magiques, des matins fabuleux, des journées fantastiques et d'autres nuits à réfléchir sur le futur. On regardait les étoiles, lui et moi, côté à côté, générations de Dupré (oui je porte le nom de ma femme, je suis tellement dans le game) assemblés là. C'était notre jeu favori, contempler la voûte céleste et donner le maximum de constellations. Ce soir-là c'était spécial. Je ne saurai pas dire pourquoi mais il y avait cette odeur particulière dans l'air. Achille me regarda et me dit "tu sais pourquoi j'aime regarder le ciel? C'est parce que tu es à côté de moi. Mais si un jour tu es à côté de la grande ourse, pour moi tu seras toujours à côté de moi là dans l'herbe." L'immense sagesse de l'enfant de 7 ans assis à côté de moi..."
Léonard, père, à propos de son fils et de ses qualités, enregistré quelques années avant son accident mortel.